Indica

Interview date

31 Mai 2010

Interviewer

Ostianne

I N T E R V I E W

Interview Jonsu (par téléphone)


C'est assez inattendu de savoir que vous avez signé avec Nuclear Blast. Comment avez-vous obtenu ce contrat avec eux ?

La première fois que nous les avons rencontrés, c'était pendant la tournée européenne de Nightwish. Ils ont dit qu'ils aimaient ce que nous jouions et étaient intéressés par le groupe. Et ils ont une grande passion et foi en nous. C'est pour ça qu'on a signé le contrat.

Quel est le sujet de cet album ?

Tout l'album parle de liberté. L'album est un recueil de petites histoires qui parlent de personnes qui sont inadaptées aux situations qu'elles vivent dans leurs vies et quel genre de monde elles inventent pour survivre. Ça parle aussi de la manière dont l'esprit s'échappe et devient libre. Donc, la liberté est un thème général dans l'album et c'est pourquoi nous avons voulu utiliser le même genre d'images dans le visuel de l'album comme des clés, et des portes.

Comment avez-vous choisi les chansons qui sont présentes sur "A Way Away" ?

Il y a eu beaucoup de cris et de bagarres. (Rires). C'était vraiment difficile, chacune d'entre-nous avait sa chanson préférée et nous avions beaucoup de demandes de fans ou de mails dans lesquels ils disaient : "vous devez faire cette chanson ou celle-ci.". A la fin, nous avions à peu près vingt-cinq chansons et nous pensions encore "non, non, non, nous devons faire cette chanson !". Finalement, merci Seigneur, nous avons trouvé une solution. Après quelques semaines de réflexion, nous pensons maintenant que c'est un album parfait.

Comment as-tu réécris les textes ?

J'ai lu quelques poèmes et chansons du poète Canadien Rory Winston et je voulais travailler avec lui. Je lui ai demandé s'il voulait être impliqué dans ce projet et j'ai commencé à travailler avec lui. Et nous avons du refaire toutes les paroles, parce qu'il le fallait, c'est impossible de faire une traduction. Tu ne peux pas traduire de la poésie ou des paroles, tu perdrais trop de choses. Donc, nous avons réécrit les paroles, puis nous avons produit et réarrangé tout l'album, parce que je voulais un large choix pour la production. Je voulais que la production soit un grand pas en avant pour nous.

Quelles sont les différences principales entre écrire en finnois et en anglais ?

Je dirais que la plus grande différence est dans le rythme. Parce que le rythme, le flux et le groove de la langue sont complètement différents. Donc ça change complètement la nature de la chanson. Donc, je dirais tout le flux que l'on trouve dans la langue.

Les orchestrations ont été retravaillées. Pourquoi avoir changé aussi cette partie ?

Parce que les chansons sont assez vieilles. Et bien sûr, à présent, nous sommes beaucoup, beaucoup plus sages, (rires) et nous voulions ajouter de meilleures et de nouvelles idées aux chansons. Nous avons aussi travaillé avec Tuomas Holopainen et nous avons passé beaucoup de nuits et de jours à parler des chansons et de nos différentes approches. Et nous voulions que ça soit très dramatique, donc, c'est pour ça qu'on a utilisé des sons d'orchestre. Et nous voulions que ça soit un peu plus dans le style bande originale.

Est-ce que vous considérez cet album comme un album à part entière ou plutôt comme un best-of ?

Oh non, non, je ne vois pas cet album comme un best-of parce que certaines chansons sont vraiment différentes. Tout d'abord, quand nous avons décidé de faire cet album, nous pensions que nous allions peut-être faire un album complètement nouveau. Puis nous avons tourné en Europe et nous avons donné beaucoup de concerts et les gens demandaient vraiment que nous fassions des versions compréhensibles des chansons que nous jouions. Nous avons aussi voulu recréer les chansons et donc c'est pour ça que nous avons décidé qu'il n'y avait pas de place pour de nouveaux morceaux. Mais il est certain que le prochain album sera complètement nouveau. Mais au final, je dirai qu'il est plus compliqué de travailler sur d'anciennes chansons et d'essayer de tout faire en meilleur, parce que c'est une route sans fin.

Qu'espères-tu avec cet album ?

Qu'est-ce que j'espère ? Je ne sais pas. Au final, jusqu'ici, nous avons connu de super moments et des aventures nocturnes très intéressantes avec cet album. Maintenant, nous sommes à Paris, la semaine dernière nous étions en Italie, Finlande et Allemagne. Donc, ça représente beaucoup de voyages un peu partout et j'espère que cet album apportera beaucoup de joie et d'espoir aux gens car c'est notre raison principale de faire de la musique.

Votre album a été chroniqué dans plusieurs webzines metal et les gens l'ont aimé. Comment expliques-tu que des amateurs de metal apprécient votre musique ?

(Rires). Et bien, c'est chouette qu'ils aiment ça. Je ne sais pas, il y a toujours eu à nos concerts des personnes avec des cheveux longs et qui aiment plus le metal. Je pense qu'il n'y a pas tant de différences que cela, les gens ne sont pas si éloignés que cela les uns des autres et avec des groupes différents, ils peuvent avoir les mêmes sentiments. Et c'est peut-être parce que nous avons quelques parties de guitares...

D'après toi, est-ce que "A Way Away" sera un tournant dans votre manière d'écrire ?

Oh oui, ça va l'être, car maintenant, nous avons cinq albums en Finlande et une compilation. Et maintenant, on sent qu'il est temps de sortir de chez nous, de voyager et de faire apprécier notre musique par des gens de tous les coins. Donc, le prochain album sera en anglais également. Et je ne pense pas qu'il soit impossible que nous réécrivions en finnois, et que nous fassions un album en finnois et anglais dans le futur.

Votre producteur est Tuomas Holopainen. Certains fans ont peur qu'il ait trop d'influences sur vous et que vous perdiez votre identité. Qu'as-tu à répondre à cela ?

Je sais. Je me souviens que quand nous avons annoncé dans les magazines finlandais que nous allions travailler avec Tuomas, quelques uns avaient vraiment peur et se disaient "oh, oh, oh qu'est-ce qu'il va se passer ?!". Mais pour moi, un producteur, même un très bon producteur comme Tuomas qui était un peu le sixième membre du groupe... Je ne vois pas un producteur comme étant quelqu'un qui vient de l'extérieur et qui s'impose "ok, fais cette chose comme ça, il faut changer ceci". Le travail principal d'un producteur est de comprendre les personnes, l'âme du groupe et les chansons et d'en faire quelque chose de plus fort. Il fait aussi ressortir le meilleur des musiciens, des personnes du groupe. Donc je pense que Tuomas a réussi et a eu de supers idées, mais je n'ai jamais vu que notre musique était proche de celle de Nightwish. Mais ce qui peut rappeler Nightwish, ce sont les orchestrations qu'il y a sur certaines chansons, mais je pense que si Tuomas les avaient composées, elles auraient été différentes. Nous avons toujours fait notre musique et il est impossible de changer l'âme originale des chansons. Nous travaillons seulement avec des personnes que nous ressentons bien pour notre musique.

Vous ne laissez pas le pouvoir à quelqu'un d'autre.

Oh non, on ne peut pas. Parce que tu sais, c'est comme avoir un enfant. Je sais qu'en tant que compositrice, je suis un peu têtue et un jour Tuomas m'a même dit que j'étais la personne la plus têtue qu'il n'ait jamais rencontré. (Rires). Cela a été un choc pour moi parce que je pensais qu'il avait rencontré beaucoup de personnes qui étaient vraiment bornées. (Rires). Mais tu sais, il est aussi compositeur, et il est aussi têtu quand il s'agit de ses propres chansons.

Vous avez tourné un clip pour "In Passing". As-tu quelques histoires à nous raconter à ce sujet ?

Nous l'avons fait avec Patric Ullaeus. C'était vraiment une expérience sympa et intéressante. Et c'était très mignon, il y avait beaucoup de petites filles avec les cheveux rouges (rires). Il y avait plein de "petites soeurs de Jonsu" et Patric m'a dit qu'il y en avait beaucoup qui avaient les cheveux rouges. J'espère que si elles ont colorés leurs cheveux, elles vont s'en débarrasser, parce que c'est difficile à faire partir et donc, beaucoup d’entre-elles vont avoir les cheveux orange cet été. Mais c'était chouette de travailler avec lui. Nous avions déjà travaillé avec lui la première fois, et on lui a aussi demandé pour "Island Of Lights" qui n'est pas encore sorti. Mais quand nous sortirons l'album, il y aura une version digipack avec DVD et CD et les vidéo-clips y figureront aussi.

Pendant votre tournée avec Nightwish, vous avez acquis un succès à travers toute l'Europe. Comment avez-vous géré cette réputation soudaine ?

Je ne sais pas. Je ne le vois pas. Même si c'est dans toute l'Europe, on a déjà travaillé en Finlande, on a déjà tourné et sorti des albums pendant sept ans. Je ne vois pas que le monde change. Aller en Europe, c'était juste voyager dans de nouveaux pays et rencontrer de nouvelles personnes. Mais au final, la ligne conductrice est la même. Tu veux toucher les gens et leur donner quelque chose. Je ne sais pas, même si en Finlande, ce n'est pas notre culture, les gens ne te courent pas après. Les gens vivent assez pacifiquement. Parfois, ils nous demandent s'ils peuvent nous parler, ou si on peut signer des autographes, mais au final, en Finlande, on est en paix. C'est sympa de voyager, de rencontrer de nouvelles personnes, mais je ne vois pas de changements dans ma vie.

Vous êtes ensemble depuis 2001, il n'y a pas eu de changements de line-up pendant toutes ces années. Comment expliques-tu la stabilité qui règne dans Indica depuis ses débuts ?

Bien sûr, il y a eu des crises au sein du groupe. Mais c'est comme un mariage avec les autres filles. Parfois, on passe par des mauvais moments, mais il y en a des bons aussi. Il y a une amitié et un amour très fort entre nous. Et même si tu penses "oh, c'est la fille la plus affreuse que je n'ai jamais rencontré", il faut dépasser tout cela et travailler ensemble. Et j'aime les filles, même si parfois nous sommes de mauvaise humeur, ça n'a pas d'importance. Je ressens toujours que c'est de plus en plus excitant chaque jour.

Même si "A Way Away" n'est pas encore sorti, as-tu déjà des idées pour le prochain album ?

Oui, j'ai commencé à y réfléchir. Mais je pense qu'il nous faut un peu de temps pour que nous discutions, que nous trouvions dans quelle direction nous voulons aller. Je suis sûre que nous allons le faire cet été. Mais en ce moment, je cherche un jour de libre. Je n'en ai pas eu depuis longtemps. J'aime ce travail, c'est la meilleure chose qui me soit arrivée, mais j'ai besoin d'un jour de repos. La raison pour laquelle j'en ai vraiment besoin est que je suis rentrée chez moi, après être allée en Allemagne, parce que j'avais une émission de télé à faire en Finlande. J'ai vu toutes ces factures, et je n'ai pas pu les ouvrir les mois derniers et ils disaient quelque chose comme ça : "d'accord, on va prendre votre maison, vous allez devoir vivre dehors". J'ai complètement oublié de payer les factures, et les gens ont besoin d'un jour parfois pour avoir une vie normale, sinon, je vais avoir des problèmes et je vais bientôt me retrouver à la rue.

Quels sont tes souhaits pour le futur d'Indica ?

Le futur d’Indica... Mon plus grand souhait que nous créions le plus de musique possible toutes ensemble... Je ne sais pas... Bien sûr, c'est intéressant d'aller dans de nouveaux endroits et de toucher plus de monde. C'est ça. Je pense vraiment que la musique a un fort pouvoir et que ça peut faire une grande différence chez les gens. Parce qu'à chaque fois que j'ai eu des problèmes dans ma vie, j'ai ressenti que, d'une certaine manière, la musique sauvait ma vie. J'espère que ça peut apporter la même chose aux gens.

Aujourd'hui, vous êtes à Paris et vous allez rencontrer quelques fans cet après-midi...

Oh oui ! Nous venons d'arriver, nous avons fait une séance photo et maintenant cette interview et puis nous allons rencontrer des fans français. C'est vraiment super !

Pour toi, quelle est l'importance de rencontrer ces fans ?

C'est très important. C'est la raison pour laquelle on fait de la musique. Les fans sont ceux qui rendent tout ça possible.

Pour finir cette interview, que pourrais-tu dire pour convaincre les gens d'écouter "A Way Away" ?

(Hesitation). Convaincre les gens... (Rires). Je ne sais pas, je suis vraiment mauvaise quand il s'agit de convaincre les gens d'écouter notre musique. J'espère qu'ils se feront leur propre jugement. Et bien sûr, j'espère qu'il apportera beaucoup de joie et d'amour aux gens.