Kiske-Somerville

Interview date

8 Septembre 2010

Interviewer

Blaster of Muppets

I N T E R V I E W

Interview M. Kiske & A. Somerville (en face à face)


Comment vous êtes-vous retrouvés impliqués dans ce projet ?

Michael : C’était l’idée de Serafino (de Frontiers Records). Tu sais, il était déjà responsable de pas mal de choses comme Place Vendome… c’était également lui qui avait eu l’idée de faire des versions acoustiques de mes vieilles chansons d’Helloween. J’ai enregistré une chanson pour un groupe qui s’appelle Indigo Dying, c’était un duo avec une chanteuse… c’est là qu’il a eu l’idée. Puis, il m’a demandé si cela m’intéresserait d’enregistrer tout un album de ce genre. Et ensuite, je crois qu’il a très vite contacté Matt Sinner, il l’avait déjà en tête. Et Matt est vraiment celui qui s’est occupé de tout…

Amanda: Matt est efficace !

M: Il s’investit vraiment à fond. On voit tout de suite que c’est bien plus qu’un travail pour lui.

A : C’est vraiment un mec génial. Et il est si détendu, relax, facile à vivre…

M : Et le tournage du clip était vraiment marrant aussi !

Avez-vous pris part à l’écriture de chansons ou de mélodies ?

M: Elle, oui.

A: Oui, en effet. Mais tout avait déjà été mis en place par Magnus Karlsson, Matt… ils sont arrivés avec quasiment toutes les chansons. Cependant je leur ai demandé s’il était possible d’intervenir dans le processus créatif car je suis aussi bien compositrice que chanteuse… et Matt m’a dit: “Oui, pas de problème, si tu as quelque chose à nous proposer, envoie-le nous”. J’ai donc écrit quatre chansons, et trois d’entre-elles ont fini sur l’album.

Lesquelles ?

A : “A Thousand Suns”…

M : … qui est ma préférée !

A : “Arise”, et la bonus “Set A Fire”.

Justement, “Set A Fire” est assez heavy et agressive, j’ai été plutôt surpris de vous entendre chanter (Michael) sur un tel titre étant donné que vous n’êtes pas vraiment attiré par ce style. Vous n’avez pas eu de problèmes à faire ça ?

M : Je n’ai personnellement pas besoin que les guitares soient aussi heavy, mais tant que la chanson est bonne, ça ne me dérange pas.

Prévoyez-vous de donner quelques concerts pour promouvoir cet album ?

A: On adorerait ! Mais, tu sais, ça ne dépend pas vraiment de nous… cela dépend de comment l’album marche.

M : Oui, on ne vous prévoit pas de tournée si l’album ne se vend pas. Mais oui, ce serait sympa.

A : Par contre, nous partons en tournée ensemble avec Avantasia !!

C’était une de mes prochaines questions… Vous me confirmez donc que c’est bien officiel ? Voilà une grande nouvelle !

A : Oui, nous sommes vraiment impatients !

Oui… je le serai bien plus quand j’apprendrai que vous venez en France. Parce que pour l’instant, aucune date française n’est annoncée, on parle seulement de l’Allemagne, la Suisse et l’Amérique du Sud…

A : Et bien j’espère… mais tu sais, j’ai entendu dire qu’il se pourrait bien qu’il y ait des dates pour la France, l’Italie et l’Espagne (elle sourit)…

M : Et j’ai entendu que Kai Hansen ferait également partie de la tournée !

Ainsi que Jorn Lande, Bob Catley, Sascha Paeth…

A : Oui, les habitués !

Avez-vous eu l’opportunité d’enregistrer vos chansons ensemble ou avez-vous travaillé séparément ?

M : J’avoue que je préfère travailler seul dans mon propre studio. J’ai mon propre rythme… et je ne crois pas trop en l’efficacité d’interventions extérieures pendant les sessions d’enregistrement, je n’aime pas trop ça.

A : Il avait peur que je lui fasse mal aux oreilles ! (rires)

Y a-t-il d’autres chanteurs ou chanteuses avec qui vous aimeriez enregistrer des duos ?

M : Ce n’est pas quelque chose auquel je pense vraiment. J’aime écouter d’autres chanteurs mais je ne m’imagine pas chanter avec eux pour autant. J’aime beaucoup Bono de U2, Tom Chaplin du groupe Keane… et bien d’autres. Cependant, je dirais qu’il est sans doute plus intéressant pour moi de chanter avec une femme…

A : Je ne suis certainement pas contre. Comme Michael, il y a beaucoup d’artistes que j’aime et je ne dirais certainement pas non s’ils me demandaient d’enregistrer un duo avec eux…

M (l’interrompt et mime une conversation téléphonique) : Oh, salut Bono… Non, désolé, je n’ai vraiment pas le temps… (rires)

A (en riant): … mais je n’y pense pas vraiment plus que cela.

Quels sont vos chansons préférées sur l’album Kiske-Somerville ?

M : Et bien, “A Thousand Suns”, “Silence”… tu sais quoi, j’ai oublié… Je n’ai même pas reçu de CD !

A : Moi non plus (elle rit) ! Cela dépend un peu de mon humeur du moment. Je suis réellement fière de chaque chanson sur ce disque. Bien sûr, j’ai un lien plus fort avec celles que j’ai écrites mais j’aime beaucoup “Silence”, et aussi “The End Of The Road”…

Enregistreriez-vous une suite à ce disque s’il avait du succès ?

A : Oui, complètement !

M : Je ne pourrais me résoudre à tuer le projet. En fait, c’est vraiment une bonne chose qu’on m’ait demandé de faire ce disque avant que je n’intègre mon nouveau groupe Unisonic, parce que j’ai eu beaucoup de propositions… et maintenant, je ne les accepte plus. Maintenant que je suis à nouveau dans un vrai groupe, je ne peux plus. Quand on est en solo, on a le temps, on fait ce que l’on veut… mais maintenant, c’est terminé. Donc, je suis vraiment content que ce projet soit arrivé juste avant Unisonic, parce que s’il marche bien, je ne peux pas le laisser tomber, ce serait un crime !

Quels mots utiliseriez-vous pour inciter les gens à écouter ce disque ?

M : Je dirais qu’il a une vraie intensité dramatique…

A : … et il a du cœur ! Tu sais, pour la plus grande partie de la scène metal aujourd’hui, les mecs sont tellement effrayés à l’idée de parler d’affaires de cœur, de leurs émotions ou d’utiliser le mot “love” qu’à l’écoute de certains albums, je me dis qu’il me manque vraiment de l’émotion. Mais ce disque ne parle que de ça : d’amour, de relations humaines… je pense que c’est cool, ça change.

Oui, mais c’est tellement plus marrant de parler d’épées, de dragons ou de rois.

M (il sourit): Oui… je me demande si ce n’est pas Black Sabbath qui a inventé ce genre de choses… avec Ronnie James Dio. Les paroles de Dio étaient toujours comme ça… et tournaient autour de trucs un peu médiévaux, fantastiques… mais c’était vraiment bon. Tu sais, quand Dio est mort, j’ai ressorti “Holy Diver”, “The Last in Line”… j’ai toujours mon vieux disque de “Mob Rules” ; j’ai récemment commandé “Heaven and Hell”… Dieu que ces disques étaient bons !

Oui, mais c’est ça le truc avec Dio, il était si incroyable que s’il avait fait une chanson sur une assiette de frites, je l’aurais écoutée !

M (il rit) : Tu sais ce qui était marrant à propos de Dio, c’est que sa voix est tellement puissante et énorme qu’on ne remarque pas vraiment à quel point ce type chante haut. Quand Bruce Dickinson chante “Hallowed Be Thy Name”, on entend bien que c’est vraiment aigu. Dio fait la même chose sur “Heaven and Hell” mais ça ne sonne pas aussi aigu tellement sa voix est énorme !!!

Alors, vous m’avez déjà confirmé que vous partiez en tournée avec Avantasia…

M : Oui, en fait, Tobias m’avait déjà demandé de participer à la tournée précédente… il m’avait même offert beaucoup d’argent (il sourit)… mais je n’étais pas prêt.

Oui, mais cette fois, c’est différent parce que vous avez recommencé à donner quelques concerts avec votre nouveau groupe l’été dernier.

M : C’est exactement ça ! Maintenant, j’ai été sur scène à nouveau, j’ai sauté le pas…

Alors, qu’est-ce que ça vous a fait de vous retrouver sur scène après seize années sans tourner ?

M : Pendant les trois premiers concerts d’échauffement, c’était un peu bizarre… l’adrénaline était si forte ! Parfois, je ne contrôlais pas tout… je poussais un peu trop ma voix. Puis, j’ai vite réappris. Le deuxième concert était meilleur, ainsi que le troisième…. Quand nous nous sommes retrouvés au Sweden Rock Festival, je me sentais bien. Mais ce qui a été le plus excitant pour moi, c’était de rencontrer les fans. Il y avait une grande séance de dédicaces, et j’ai vraiment été touché de voir tous ces gens qui voulaient que je leur signe… il y avait de tout : des albums “Keeper of the Seven Keys”, mes albums solo, du Place Vendome… Et les gens étaient de tous âges ! Certains n’étaient même pas nés quand j’ai quitté Helloween, et d’autres avaient mon âge. J’ai vraiment été surpris et touché. Parce que, tu sais, après avoir été absent pendant si longtemps, je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre.

En parlant de votre absence justement, il semble que vos rapports avec la scène metal soient un peu compliqués depuis quelques années, avec pas mal de malentendus. Comment ça se passe aujourd’hui ?

M : Oui, c’est un ensemble de choses, tu sais… Au début, j’étais vraiment énervé et dégouté de la façon dont les choses se sont terminées avec Helloween. Et après, c’était la façon dont mes albums ont été traités par certaines personnes qui voulaient toujours les comparer à du Helloween…

Avez-vous souffert des critiques de certaines personnes ou certains magazines qui n’aimaient pas vos disques parce qu’ils étaient trop éloignés d’Helloween ?

M : Oui, oui, j’en avais vraiment ras le bol ! Je pense avoir un peu muri par rapport à cela. Je ne m’en soucie plus trop. Tout le monde est différent… et je comprends bien maintenant qu’on ne devrait jamais essayer de plaire. Il ne faut jamais faire quelque chose dans le but de plaire, ça ne marche pas. Il faut d’abord se faire plaisir et si ensuite on peut trouver un public à qui ça plait, alors c’est bon. Il faut faire son truc et puis ça marche, ou ça ne marche pas. Donc, oui, j’étais en colère à propos de pas mal de choses. J’avais le sentiment que certaines personnes dans le monde du metal étaient vraiment étroites d’esprit. Tu sais, quand tu t’exprimes sincèrement, c’est de l’art, c’est vrai, c’est authentique. Certains groupes ont tellement peur de faire quelque chose que les fans ne comprendraient pas qu’ils prétendent rester vrais et purs en ne déviant pas de leur voie… alors qu’en réalité, ils ne font ni plus ni moins que se vendre. Artistiquement parlant, c’est complètement mauvais. Je n’aime pas les masques, je n’aime pas ce qui est faux… et aussi, je n’aime vraiment pas ces conneries sataniques. Je crois en quelque chose de bon, je ne crois pas en l’église mais je suis quelqu’un de spirituel, je crois que la vie a une signification et une morale… Je ne dis pas que la musique se doit d’être belle tout le temps. On peut exprimer l’agression, ça peut être tout à fait justifié. Mais exprimer l’agression ou la frustration et idéaliser la violence sont deux choses totalement différentes ! Il y a donc une partie de la scène metal dont j’ai vraiment eu marre. Mais bon, il y a aussi eu des malentendus ou des amalgames. Par exemple, je n’ai jamais rejeté mon passé avec Helloween, jamais. J’adore les Keeper of the Seven Keys. C’était juste un problème personnel… surtout une personne qui essayait de se débarrasser de moi et c’est tout. Et quand Kai a quitté le groupe, l’alchimie ne fonctionnait plus. C’est tout ce qu’il y a à en dire. J’aime toujours mes disques de Judas Priest, mes albums préférés d’Iron Maiden, et il y a plein de choses dans le metal avec lesquelles je n’ai aucun problème tant que ce n’est pas satanique.

En parlant de Kai Hansen, je viens juste de me rendre compte que vous deux allez vous retrouver sur scène ensemble pour la première fois depuis 1988 !!

M : Oui, c’est super. Je ne le savais pas moi-même il y a encore quelques jours. C’est vraiment génial !

Vous avez enregistré quelques reprises d’Elvis Presley avec Helloween ou pour vos albums solos. Aimeriez-vous faire un disque constitué de reprises de vos chansons préférées ?

M : Oh oui… mais il faudrait vraiment que ce soit du Elvis. J’adore sa période entre 1968 et 1971…

A : Oh mon dieu ! J’étais juste en train de me dire en t’écoutant… Jorn Lande et toi devez vraiment vous asseoir à côté dans l’avion. C’est un grand fan d’Elvis, il voudrait enregistrer un album hommage… il en parle ces jours-ci avec Sascha Paeth !

M : Hé… vous savez quoi ? Je viens de me souvenir qu’à l’époque où j’étais encore sous la houlette de Rod Smallwood, tu sais le manager d’Iron Maiden, un gars sympa… il y avait eu des discussions portant sur un projet d’album de reprises d’Elvis Presley. J’avais dit à Rod que j’adorerais le faire… mais il ne m’a pas retenu.

Mais l’album a-t-il vu le jour ? Parce que ça ne me dit vraiment rien…

M : Je ne sais pas… peut-être qu’il ne s’est jamais fait. Le projet a probablement capoté parce que je n’en faisais pas partie (rires).

Maintenant, vous semblez plus occupé que jamais. Il y a l’album Kiske-Somerville, la tournée avec Avantasia, votre nouveau groupe Unisonic. Cependant, reste-t-il d’autres projets dont on ne serait pas au courant ?

M : Non. Surtout pas maintenant que nous avançons avec Unisonic… je suis à nouveau dans un vrai groupe, les “années projets” sont pour ainsi dire terminées.

Justement, où en sont les choses avec Unisonic ?

M : Pour le moment, nous sommes en train d’écrire. On a enregistré une bonne démo avec quelques titres, car certaines maisons de disques le demandaient… c’est plutôt cool.

Vous n’avez pas encore signé de contrat ?

M : Non, non… mais c’est vraiment génial, un grand label qui vous contacte et veut entendre une démo… c’est excellent ! Avec un peu de chance, l’année prochaine, nous aurons un album ainsi que la possibilité de tourner.

Je me souviens avoir lu, il y a quelques années de cela, quelque chose sur une possible collaboration avec Roland Grapow et Kai Hansen, ce projet a-t-il été abandonné ?

M : Oui, ça n’a jamais eu lieu. On s’est assis et on en a discuté… mais je dois admettre que la raison principale de mon intérêt pour la chose était la présence de Kai, parce que, pour moi, les meilleures années d’Helloween étaient avec lui. Finalement je ne suis pas mécontent que ça n’ait pas eu lieu… Parfois, je me dis qu’il faut laisser les choses telles qu’elles sont. J’apprécie plus le fait d’être dans Unisonic, c’est frais, nouveau.

Amanda, j’avais beaucoup aimé l’opera metal Aina (un projet qui réunissait Sascha Paeth, Michael Kiske, Tobias Sammet, Glenn Hughes et bien d’autres musiciens de renom), une suite est-elle envisagée ?

A : Et bien, en gros, j’en ai écrit une. J’adorerais qu’on fasse une suite, mais la maison de disques qui avait sorti le disque a fait faillite… Donc, oui, j’aimerais un deuxième épisode mais je n’ai pas encore vraiment eu le temps de prendre l’initiative.

Avez-vous d’autres projets après l’épisode Kiske-Somerville et la tournée Avantasia ?

A : Je vais participer à la tournée Rock Meets Classic au mois de janvier 2011. On y retrouvera d’excellents musiciens comme Ian Gillian (Deep Purple), Lou Gramm (Foreigner), Steve Lee (Gotthard), Dan McCafferty (Nazareth)… et Matt Sinner sera là aussi. Nous jouerons avec le Bohemian Symphonic Orchestra de Prague. Ensuite, j’aimerais bien consacrer un peu de temps à ma carrière solo.

M : Tu devrais te procurer son album “Windows”, il est vraiment super. Il y a beaucoup de styles différents dessus, je l’adore.

A : Merci.

Peut-être une dernière question pour Michael car nous n’avons plus beaucoup de temps… Au cours des années passées, vous avez participé à des tonnes de projets, parfois juste pour une chanson ou deux, y en a-t-il un que vous chérissez plus que les autres ?

M : Sans hésiter ce duo avec Amanda et Aina, honnêtement. Il y a comme une touche de beauté et d’innocence que j’aime vraiment beaucoup. Et je dois dire que j’aime aussi Revolution Renaissance de Timo Tolkki, ça s’est avéré être très sympa.

Merci beaucoup pour cette interview, j’ai passé un excellent moment en votre compagnie…

A : Merci pour votre intérêt et à bientôt.

M : Oui, merci. A bientôt, avec un peu de chance lors de la tournée avec Avantasia.


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