Kruger

Interview date

10 Septembre 2014

Interviewer

philippec

I N T E R V I E W

Interview Renaud


Merci Renaud (chant) de nous accorder cette interview. Peux-tu faire un petit historique du groupe ?

Houlà ! après 13 ans, l'exercice historique devient périlleux ! On va laisser planer le mystère et/ou te renvoyer à internet...

Les quatre ans d'attente entre votre nouvel album et son prédécesseur, est-ce une volonté de votre part ou lié à la conjoncture économique ?

La conjoncture économique, c'est un concept qui nous passe un peu au-dessus, je dois dire... C'est-à-dire, on a toujours fait ce groupe sans gagner un kopeck, et même si on est pas candides, le côté économique ne fait vraiment pas partie de nos stratégies !... Non, la raison, c'est simplement le peu de temps qu'on a hélas à disposition pour composer, ajouté au fait qu'on est très, très lents pour écrire des morceaux, et qu'on est assez perfectionnistes, pour couronner le tout. Du coup, il faut toujours poireauter 3 à 4 ans entre chaque album (une attente qu'on a essayé de couper avec le EP  "333" sorti en avril 2013 !

Pouvez-vous présenter à nos lecteurs votre nouvel album "Adam & Steve", titre par titre ?

Bottoms Up : morceau le plus abrasif de l'album, teigneux de bout en bout, et celui où notre amour immodéré de Breach (depuis toujours) est le plus palpable.

Discotheque : plus mid-tempo, et très mélodique, on n'a pas encore eu l'occasion de le jouer sur scène, mais on trépigne ... !

Adam and Steve : morceau-titre, punkisant, qui va tout droit, un régal à jouer sur scène ! Et l'apologie de la relation homme-homme, comme on peut s'en douter.

Charger : morceau un peu "trilogique" avec trois parties assez distinctes et autant d'ambiances différentes... un hommage idiot à Dodge.

Mountain Man: du tricotage dans tous les sens, un morceau assez complexe mais qui déboîte,  sur le thème de l' "abominable homme des montagnes" (le redneck du Wyoming, pas le migou!)

The Wild Brunch : paru en 2013 sur le EP "333", un morceau lourd et teigneux qu'on adore, il est tordu tout en étant très catchy, avec quelques gimmicks de voix presque « refrainesques ».

Herbivores : aussi paru sur "333", un morceau à tiroirs, très alambiqué, où il est difficile de trouver deux fois le même riff à la suite... très "krugérien" dans le côté tordu.

Farewell : une longue tirade instrumentale, qu'on voulait en référence à "The Drive Dun", morceau un peu similaire d'un vieil album, "Cattle Truck".

Quel est le thème général que vous avez voulu aborder sur votre opus et la signification de son titre ?

« Adam and Steve » vient d'un reportage que j'ai vu dans les news sur les manifs anti-gay en 2012 aux USA. Deux abrutis du Tea Party tenaient une pancarte "Adam and Eve, not Adam and Steve" - je me suis dit de suite "nom d'un chien, ce slogan à la noix, il faut en faire quelque chose... ! " ; c'est devenu un titre de morceau puis celui de l'album. Après, la thématique "pénétration anale entre hommes" ne traverse (si j'ose dire) pas l'album en entier, même si elle revient de temps en temps. Y a aussi plein d'autres thèmes assez ineptes, qui vont des virées à moto au végétarisme. Je vous renvoie vers les paroles si ça vous tente de creuser... !

Quand on écoute votre musique on ressent des multitudes d'influences, où prenez-vous votre inspiration ?

L'inspiration, ça va et ça vient, c'est assez délicat. Parfois on n'est pas productifs pour un sou, parfois on est moitié productifs (rarement beaucoup !). C'est une savante alchimie entre l'humeur des musiciens, la qualité du St-Emilion en répète, et le temps qu'on a à disposition pour composer... Et derrière tout ça, toujours les ombres de Breach, Neurosis, Tool et Entombed qui planent...

Comment se fait un album de Kruger, comment partagez-vous les tâches ?

Les quatres musiciens (les autres, donc) jamment, essaient des trucs, mettent des idées bout à bout, les défont, enculent pas mal les mouches, et au bout de longues heures un morceau prend forme... C'est un processus assez long, très peu structuré, et plutôt démocratique ! Ensuite, une fois le morceau mis en place, j'essaie des voix et on ajuste le tout.

Comment définiriez-vous votre musique?

Au niveau du style, les étiquettes changent un peu chaque année, donc on se contente de lire et entendre ce qu'on dit de nous (parfois avec le sourire). Les albums sont tous un peu différents, après on a notre son (je crois). C'est assez métallo dans l'achalandage des riffs et des rythmes, et aussi assez punk dans la façon de le jouer (en live en tous cas).

Comment s'est fait le choix de l'artwork de l'album et qui en est l'auteur?

On a la chance d'avoir pas mal de gens "de la branche" au sein de Kruger : Raph, notre batteur, produit des groupes (donc c'est lui qui enregistre tous nos albums), moi-même je bosse dans la musique, donc je m'occupe du management, et Raul, notre guitariste, est graphiste, donc c'est lui qui s'est collé à l'artwork, avec plus ou moins carte blanche. On n'est jamais si bien servis que par soi-même, hein ?

Est-il facile de faire de la musique en Suisse et plus particulièrement du Metal ?

Facile, ça veut pas dire grand-chose... Disons qu'il y a une certaine profusion de groupes, de salles de concerts, de structures semi-pro, de subventions par rapport à la taille du pays, donc c'est sans doute plus évident de démarrer que dans un autre coin, après c'est un marché minuscule donc pour développer un groupe, tu es obligé d'aller voir à l'étranger – et ça, ça coûte du temps, de l'énergie et du blé, du coup ça filtre un peu les groupes qui en veulent et ceux qui veulent juste faire les beaux devant les filles !

Coroner et Celtic Frost sont dans leurs styles deux groupes cultes, comment sont-ils perçus dans votre pays et vous ont-ils influencés?

Tu oublies Samael, The Young Gods, Nostromo... ! Bien sûr, d'avoir des « parrains » de ce type crédibilise passablement les groupes suisses, et motive les troupes à aller de l'avant.  Après, ce ne sont pas forcément des groupes qui font partie de nos chouchous, niveau musical.

Votre participation au Hellfest en 2011 et la tournée avec Gojira vous ont-elles amené plus de fans ?

Le Hellfest, on l'a fait trois fois, également en 2006 (alors encore le Fury Fest) et en 2008 ! C'est un festival vraiment dingue, et évidemment une super visibilité. Et la tournée avec nos potes de Gojira l'an passé était un régal, à tous les niveaux. C'est sûr que ce genre d'opportunités (on a eu d'autres très jouissives aussi, dans d'autres pays) aide à nous faire de la pub... C'est un peu le seul truc vraiment important, pour durer et avoir un petit following : tourner un maximum. Même si dans notre cas on est finalement assez rares sur scène, pour cause d'agendas de ministres...

Vous êtes francophones, que pensez-vous de la scène metal française et avez vous de bons contacts avec certains groupes ? Si oui, lesquels ?

Gojira, on vient d'en parler. Bien sûr, eux, on les aime d'amour. Les Sleeppers, avec qui on a pas mal joué à l'époque, et plein d'autres groupes qu'on a croisé sur la route. Pas forcément toujours des groupes de metal, d'ailleurs.

Envisagez-vous une tournée européenne pour promouvoir "Adam & Steve" ?

C'est dans la boîte, la deuxième moitié d'octobre on tourne avec nos compatriotes Coilguns ! Puis le Pelagic Fest à Berlin en décembre, et une tournée en février 2015.

Pour finir peux-tu nous raconter un bon moment passé en tournée ?

Il y en a eu une tripotée, difficile de choisir... ! Un des plus récents a été le Rock Altitude festival, où on partageait la scène avec Converge et Down. A notre sortie de scène, Phil Anselmo était là à nous applaudir, disant qu'il était fan, et nous a même passé de la pommade plusieurs fois pendant le show de Down... ! C'était assez plaisant, il y en a un ou deux parmi nous qui ont fait dans leurs culottes.

 


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