Nightmare

Date Interview

25 Mai 2013

Interviewer

Blaster of Muppets

I N T E R V I E W

Interview Jo, David, Yves et Franck (en face à face)


Vous tournez beaucoup actuellement pour "The Burden of God", pour l’instant vous faites la première partie de Circle II Circle, comment cela se passe-t-il ?

Jo : Très bien. Super.

David : Génial.

Jo : Une belle tournée, de belles rencontres avec les musiciens d’Eternal Flight et Circle II Circle… de bons moments. Une tournée qui remplit le contrat, c’est qu’on attendait… de la camaraderie, beaucoup de rigolade et de la bonne ambiance.

David : Oui, ça passe très très vite !

Aurez-vous la possibilité de donner quelques concerts en tête d’affiche en France ? J’ai vu que vous alliez le faire en fin d’année… mais en Russie !

David : On va donner un concert en tête d’affiche à Grenoble. Sinon, on finit déjà cette tournée, on se pose une journée ou deux puis on repart pour Dubaï pour un festival avec Yngwie Malmsteen, Epica, Myrath, Dark Tranquillity… Et après, quand on revient, on a encore quelques fests… On est bien occupés !

Yves : Quant à la Russie, on est en train de travailler dessus mais ce n’est pas complètement confirmé. Aujourd’hui, ils n’arrivent pas encore à nous donner les garanties qu’on demande… On attend donc, ce n’est pas officialisé.

Puisqu’on parle de vos concerts, vous avez récemment participé au PPM Fest en Belgique. Quels souvenirs garderez-vous de ce festival ?

Jo : Le PPM, c’est une sacré machine de guerre, une super organisation… On n’est jamais déçu.

David : Et puis, il y a un côté particulier, un côté familial, qu’on ne retrouve pas ailleurs quand même.

Jo : Un bon esprit… On est toujours bien accueillis, très respectés… c’est vraiment super !

Et en tant que spectateurs, qu’est-ce qui vous a marqué pendant ce festival ?  

David : Moi, Queensrÿche m’a mis une sacrée gifle ! Je ne m’attendais pas à ça !

Jo : Oui, c’est clair, en plus ils ont joué des morceaux qui ont baigné notre jeunesse…

Yves : Oui, Queensrÿche, à l’unanimité !

Et vous avez également donné un concert au Havre dans le cadre de la Full Metal Cruise Party, mais c’était un concert de reprises de Dio… Cette idée est-elle venue de vous ou vous a-t-on demandé de le faire ?

Yves : En fait, ce sont les organisateurs qui tenaient à ce que dans chaque port, il y ait quelque chose de particulier, qui diffère un peu des concerts plus classiques sur le bateau. Ce sont les gens du Wacken qui organisent ça en fait, et ils nous connaissent bien, on a déjà joué trois fois au Wacken, et je peux vous donner le scoop, ils nous ont reprogrammés pour l’année prochaine aussi, donc là, ils voulaient un truc différent. Alors, comme Jo, Dio c’est vraiment son truc… c’était donc l’occasion de faire quelque chose de spécial.

Jo : Alors voilà, on s’est dit qu’on pouvait faire quelque chose avec des reprises de Dio. On s’est engouffrés dans la brèche.

Yves : Et on en a profité pour faire un petit warm-up de la tournée, Zak Stevens est venu chanter Heaven and Hell avec nous, ça a été l’occasion de se rencontrer, de discuter un peu…

Que pensez-vous de ce nouveau concept de croisière metal ?

Jo : En fait, c’est simple, il faut le faire une fois… et après, on ne s’en passe plus ! C’est tout bonnement génial. Du metal plein la tête, dans de supers conditions, avec des douches propres, des lits propres, de la bouffe à volonté, à boire… C’est génial.

La promiscuité avec les autres groupes et les fans ?

David : C’est impeccable. Les fans sont très respectueux.

Jo : Fantastique. C’est l’idéal ! Tu choisis tes groupes, tu peux voir plein de concerts, si tu loupes un groupe, vu que chaque groupe fait deux concerts, tu peux te rattraper… J’ai adoré.

Cela fait maintenant un an que "The Burden of God" est sorti. Êtes-vous satisfaits des retours obtenus par l’album ? Marche-t-il bien ?

Jo : C’est un album qui nous a permis de passer un certain cap. On est beaucoup plus crédibles avec cet album qu’avec les précédents. C’est un disque qui a touché le public, mais aussi les promoteurs, les producteurs… Du coup, on est plus souvent invités sur des fests ou des dates…

Yves : On a un planning bien soutenu. Là, on a beaucoup de dates alors que la période n’est pas facile pour faire des concerts. D’ailleurs, on sera à un festival, Tous A La Brie, début juillet qui est un super festival organisé par des pros. On invite tout le monde à y aller, c’est vraiment un fest à soutenir.

Petit retour sur Dio, on en parlait un peu plus tôt. Jo, on te compare souvent à lui, on te surnomme même parfois le Dio français. Comment tu vis cela ? Est-ce que ça te touche ou est-ce que ça t’ennuie ?

Jo : Oui, ça me touche. Dio est quand même l’un des chanteurs qui m’a donné envie de me mettre au chant. C’est lui qui m’a fait découvrir le hard rock. La première fois que je l’ai entendu, c’est sur l’album "On Stage" de Rainbow avec ce chant est magnifique… J’ai grandi, musicalement, avec ce genre de musique, ce chant, cette voix… Et c’est vrai que, certainement, dans la façon dont je chante, on peut entendre des influences de Ronnie James Dio, c’est clair.

Et quels sont vos héros ? D’autres plus récents notamment ?

Jo : Il y a d’autres chanteurs qui m’impressionnent : Russell Allen de Symphony X ou Jorn Lande, ce type peut tout faire… c’est incroyable.

Quels sont les groupes qui vous accrochent en ce moment ?

Jo : Il y a pas mal de choses sur lesquelles on accroche comme ça ponctuellement, et qui tournent… Par exemple, il y a des morceaux dans le dernier Avantasia que j’adore… Amaranthe aussi.

David : Moi, je suis extrêmement difficile et j’ai un éventail de goûts hyper ouvert, alors c’est un peu difficile de donner comme ça quelques groupes… Mais j’ai bien accroché sur pas mal de groupes en festival ces derniers temps, comme Iron Savior, Astral Doors, Sabaton bien sûr…

Vous êtes des vétérans de la scène française et avez démarré dans les années 80. Pourtant, on sent bien dans votre musique aujourd’hui des influences diverses et parfois modernes avec un son qui évoque plus le thrash que le heavy classique des 80’s…

Jo : On est contents de l’entendre ! Au niveau de nos influences, c’est vrai que les guitaristes composent pas mal… Franck a pas mal bossé sur les derniers albums, et il écoute plus des trucs comme Arch Enemy, Nevermore. Du coup, il a des riffs un peu comme ça, assez puissants, qui font qu’on ne peut pas nous cataloguer dans le heavy des années 80.

Peut-on espérer un nouvel album de Nightmare en 2014 ?

Jo : C’est même sûr.

David : Non seulement, c’est confirmé mais en plus ça arrive très vite.

Yves : C’est confirmé par la maison de disques. Ils sont venus nous voir à Hambourg… On a discuté du planning et ils nous ont un peu mis le feu au cul (rires) !

David : Oui, normalement c’est prévu pour la mi-2014, vers le mois de juin…

(Franck et Matt arrivent et se joignent à nous)

Jo : Ouais, alors allez composer un peu, les guitaristes !! Justement, on parlait juste avant de l’apport des guitaristes dans Nightmare, du côté un peu plus frais et thrash au niveau des riffs, ce qui fait que ça enlève un peu la note années 80 de Nightmare…

Franck : Bah moi, c’est vrai que je suis plus axé thrash et ce que je souhaitais vraiment c’était obtenir un mix parfait entre le côté heavy pour la voix de Jo qui est pour moi le point fort du groupe…

Jo : Merciii… (rires)

David : Fayot !!

Franck : Non mais c’est vrai...

David et Jo : Oh le fayot (rires)…

Franck : Bon bah allez-vous faire enculer (rires) !!! Bon, enfin voilà, je voulais garder le côté mélodique et heavy du chant mais amener la musique sur un terrain plus agressif et moderne… Et je crois que ça se marche bien. Et effectivement, je ne crois pas qu’on puisse définir Nightmare comme un groupe de heavy. C’est ni du prog, ni du thrash… c’est un peu une sorte d’hybride, un groupe entre deux mondes.

Jo : Et on va continuer à durcir le ton. On va durcir la partie rythmique… On en discute, mais on va certainement s’orienter vers un son encore un plus agressif…

David : Disons qu’on est très satisfaits de notre dernier album mais on est déjà un peu critiques. Si on devait regretter quelque chose, ce serait l’agressivité des guitares de notre album précédent…

C’est exactement ce que je me suis dit quand j’ai écouté l’album, qu’il était très bon, mais que le son avait moins de pêche que les précédents…

Jo : Voilà, on est d’accord. Du coup, on voudrait retrouver un son un peu plus agressif… L’idéal serait un son plus proche d’Arch Enemy par exemple…

Franck : Pour moi, l’idéal, ce serait de garder le côté catchy des refrains du dernier album, parce que je trouve qu’ils sont assez puissants, ce sont des refrains que tu retiens… mais pour le côté instrumental, de se tourner un peu plus vers la direction d’"Insurrection".

David : Exactement, on va remettre les guitares en valeur !

Jo : C’est vrai qu’on a un peu perdu ça sur le dernier…

Franck : En même temps, c’est un mix difficile… Et puis quand t’es en studio, t’as pas de recul, et t’écoutes ça sur des enceintes énormes, tu te rends pas toujours compte…

David : Et pendant trois mois, t’as la tête dedans… c’est vrai que ce n’est pas facile d’avoir du recul. Dès qu’on est sortis du studio, on avait déjà envie de faire un truc différent…

Franck : Je pense que c’est une bonne chose.

Jo : Oui, on reste toujours très critique… et c’est aussi pour ça qu’aucun album ne ressemble à un autre dans la conception…

Franck : Ouais, c’est vrai, tu prends "Dominion Gate", "Genetic Disorder" ou le dernier… Ils sont tous assez différents…

Jo : Et sans parler de "Cosmovision" ou là, c’est carrément autre chose… Mais c’est marrant, il y a beaucoup de fans de "Cosmo"… Le nombre de personnes qui nous disent : « Mais quand est-ce que vous nous refaites un truc dans ce trip-là ? »

Oui, c’est la première fois que j’ai entendu du Nightmare, c’est vrai qu’il est sympa même si ce n’est pas mon album préféré, je vous avais vus en concert au Wacken à l’époque et c’est à ce moment-là que j’ai eu envie de creuser Nightmare et…

Franck : Et quel est ton album préféré du coup ?

Difficile, j’hésite un peu entre "The Burden Of God", j’adore vraiment beaucoup de mélodies et de refrains sur cet album justement, et en même temps, j’ai toujours gardé une affection particulière pour "The Dominion Gate"…

David : Il y en a beaucoup qui accrochent sur celui-là...

Vous dites que "The Burden Of God" vous a apporté plus de crédibilité. Que pensez-vous justement du manque de crédibilité ou de renommée dont semble souffrir une partie de la scène metal française ? J’ai remarqué que, souvent, quand quelqu’un parlait d’un groupe de metal français, il s’empressait d’ajouter : « Non, mais tu vas voir, c’est français… mais c’est bien ! »

Jo : Voilà, voilà, c’est horrible… C’est vraiment bizarre cette façon de penser que pour un groupe français, faire un truc de qualité, ce n’est pas acquis…

David : Pour moi, ce n’est pas tant un problème de crédibilité mais plutôt une histoire de budget, tout simplement parce qu’en France, il n’y a pas beaucoup de public. Il y a plein de très bons groupes français qui ont les épaules pour aller jouer aux Etats-Unis ou en Allemagne. Le souci c’est que chaque groupe dans son pays arrive à monter une structure, à avoir un budget, à faire des concerts… mais nous en France, on galère vraiment. Il y a des - entre guillemets - petits groupes en Allemagne, comme Orden Ogan par exemple, et bien eux quand ils font des « petits » concerts chez eux, ils ont quand même 500 personnes qui viennent les voir. En France, il y a très peu de groupes qui attirent systématiquement 500 personnes…

Franck : Et puis, il y a un autre problème, c’est qu’aujourd’hui, quand tu dis « groupe français », pour beaucoup, c’est forcément du heavy des années 80, ça renvoit à une musique des années 80. Alors qu’il y a quand même Dagoba, Gojira…

Jo : Mais c’est vrai qu’on nous cite toujours ADX, Sortilège, Blasphème, Warning…

David : Sachant qu’en plus, on est un peu boudés par ces groupes-là qui, du coup, ne nous mettent pas dans la même catégorie qu’eux. Le dernier exemple, c’est le Paris Metal France Festival… On n’est pas dedans, quoi, et pourtant on est un groupe français aussi. Ce n’est pas une critique mais c’est vrai que j’aurais bien aimé y jouer…

Franck : Oui, mais c’est vrai qu’on ne fait plus vraiment partie de cette scène…

Jo : En tout cas, c’est vrai qu’en France, on a toujours du mal à avoir une image de groupe conquérant alors qu’à l’étranger, ce n’est vraiment pas pour nous vanter mais quand tu parles de groupes français, Nightmare est cité d’entrée, on nous connaît…

Quels sont les pays dans lesquels vous marchez le mieux ?

Jo : L’Allemagne, la Belgique…

David : L’Espagne aussi.

Franck : Il y a aussi une énorme demande en Amérique du Sud.

Jo : Oui, c’est vrai, on a pu voir au 70 000 Tons (NDLR : la fameuse croisière Metal), des Brésiliens, des Mexicains qui étaient venus juste pour nous, avec des affiches, des photomontages, plein de trucs qu’ils avaient fait… Vraiment des trucs incroyables. On est vraiment crédible à l’étranger.

Franck : Mais en France, il y a un côté ringard qui est attaché à notre nom…

Jo : En France, on a des très bons groupes, c’est clair mais tout est vampirisé par la variété.

Yves : Regarde, une affiche comme ce soir, Eternal Flight, ça joue grave… Circle II Circle, Zak Stevens qui reprend du Savatage, la grande époque. Là, en Allemagne ou dans d’autres pays en Europe, il y aurait des gens plein la rue… Et là, on voit bien que c’est très calme. Il n’y a quand même pas beaucoup de monde…

Franck : Il y a quelques années, Dio est passé à Lyon, il y avait 150 personnes… C’est hallucinant.

Vous sentez-vous soutenus par la presse metal ? Avez-vous déjà lu beaucoup de choses négatives sur vous ?

Jo : En toute sincérité, pas trop, on n’a pas lu trop de trucs négatifs. On a plutôt bonne presse en règle générale. Une fois, je me rappelle, j’ai lu un truc vraiment pas sympa…

David : Mais le gars ne recommencera pas parce que Jo s’en est occupé (rires) !!!

Jo : Euh oui, la personne est en train de moisir au fond de la Seine avec des chaussures en béton (rires) !

Franck : Bon, après, il y a toujours des gens qui n’aiment pas Nightmare, mais ils ont le droit, c’est normal, c’est le lot de tous les groupes…

Jo : Après, faut dire, il y a quand même une mouvance qui marche bien en France, c’est le thrash ou des trucs plus extrêmes, il faut que ça déboite, que ça soit moderne, que ça aille vite, fort… Et nous, on est un peu à contre-courant, on a gardé des valeurs de mélodie, de refrains qu’on retient… ce sont des valeurs qui sont importantes pour Nightmare…

Oui, mais d’un autre côté, en France, un certain nombre de groupes plus mélodiques marchent très bien et remplissent le Bataclan par exemple. Je pense à des groupes comme Edguy, Hammerfall, Sonata Arctica… Du coup, votre « problème » vient peut-être du fait que vous êtes un peu entre deux mouvances, non ? Parce que vous ne faites pas un truc trop mélodique à la Edguy justement, et d’un autre côté, vous n’êtes pas non plus dans le sillage d’Arch Enemy. Et j’ai souvent remarqué que les groupes qui restaient entre deux univers, un mélodique et traditionnel, et un autre plus moderne, puissant et agressif, avaient plus de mal à attirer les projecteurs sur eux en France… Comme s’il fallait absolument appartenir à une mouvance assez gentille ou à une carrément plus méchante.

Franck : Oui, mais si on était allemands, est-ce que ça changerait quelque chose ?

Yves : Oui, je pense…

Jo : Ouais, c’est possible, mais c’est vrai qu’avec notre style, selon le plateau qui est proposé, on est soit les gentils, soit les méchants…

David : Oui, c’est vrai que ça revient souvent ça.

Jo : Sur un plateau typiquement heavy metal mélodique, on est les méchants parce qu’on arrive avec des gros riffs et tout… Quand on fait certains concerts en France, à côté de groupes plus brutaux, on est les gentils…

Franck : On a fait un festival en Allemagne, le Winternachtstraum, il y avait pas mal de groupes extrêmes… Il y eu cinq groupes de death à la suite, mais c’est marrant parce que quand ça a été notre tour de passer, et ben, ça a fait comme un bol d’air frais et le public était déchaîné. Le public est quand même bien ouvert.

En dehors du prochain Nightmare, avez-vous d’autres choses en préparation ? Des projets, participations ou événements à venir ?

Jo : Oui, je bosse sur un projet annexe, qui va voir le jour bientôt…

David : Allez, t’en as trop dit, là ! (rires)

Allez, s’il est sur le point de voir le jour, on peut peut-être en parler deux secondes, non ?

Jo : Oui, oui, on peut en parler, allez… C’est un projet avec deux anciens musiciens de Pretty Maids. Ils reforment un groupe et je suis le chanteur de ce groupe.

Quels musiciens de Pretty Maids ?

Jo : C’est le bassiste Kenn Jackson qui a quitté le groupe il y a deux ou trois ans… Et le guitariste Ricky Marx, qui était dans Pretty Maids à la période "Future World / Jump The Gun". C’est enregistré, et ça reste un peu dans le trip Pretty Maids actuel, c’est heavy et mélodique. Je ne sais pas encore trop quand ça va sortir, c’est en négociation… Le groupe s’appelle Now Or Never, je t’invite à écouter ça.

Le mot de la fin :

Yves : Merci pour cette interview. C’est très sympa.

Jo : C’est toujours un plaisir de venir jouer, on a l’impression d’être en famille, on revoit des amis, c’est cool… Merci pour l’interview.


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