No Return

Interview date

02 Mai 2012

Interviewer

fifi59

I N T E R V I E W

Interview L. Chuck D. et Alain (par mail)


Salut Chuck et Alain, merci d'accorder cet entretien au webzine auxportesdumetal.com. Commençons par la question originale habituelle : pouvez-vous nous présenter les membres du groupe ? 

L. Chuck D. : Rien de plus simple. Depuis maintenant deux albums, le line-up des instrumentistes est stabilisé et on retrouve Al1 Clément (Lead Guitar), Boban Tomic (Drums), Nicolas Coudert (Rhythm Guitar) et David Barbosa (Bass), à cette recette miraculeuse l'on peut rajouter Chuck (Myself) au micro.

A la base, pourquoi avoir appelé le groupe No Return ?

L. Chuck D. : Parce qu'une fois choisi ce patronyme, aucun retour n'était permis. Tu remarqueras que nous portons haut cet étendard depuis désormais vingt-trois années, comme quoi ce dernier nous va comme un gant.

Quel est le parcours de No Return depuis sa création ?

L. Chuck D. : Tout d'abord il faut savoir que la formation a commencé vers 1987 sous le nom d'Evil Power et a sorti sous ce patronyme une première démo intitulé « First Invasion ». En 1989, le combo change de dénomination pour se rebaptiser No Return et sort à l'époque une première démo qui changera à tout jamais la face du Thrash-Death sous le titre évocateur de « Vision Of Decadence ». Par la suite nous avons réussi à produire huit enregistrements dont un EP avec différents labels. Nous avons enchaîné les tournées dont la plus marquante fut probablement le Brutal Tour en compagnie de Loudblast, Crusher et Massacra. Enfin, nous arrivons aujourd'hui avec notre huitième album officiel « Inner Madness » qui ouvre un nouveau chapitre dans la vie de la formation. Comme tu peux le voir, un parcours long et sinueux mais riche d'expériences et de rencontres que rien ne pourra effacer.

Comment définiriez-vous la musique de No Return ?

L. Chuck D. : C'est une recette établie de fort longtemps dont les ingrédients sont une énorme louche de Thrash Old School, des mélopées envoûtantes, des soli de haute volée, une cuillère de brutalité puissante accompagnée de sa pincée de Death Metal. Par contre nous prenons un malin plaisir à changer les dosages à chaque nouvel enregistrement ce qui permet à chacun de nos fans de reconnaître immédiatement le groupe sans jamais avoir l'impression de se resservir le même plat.

Alain : Je dirais que la musique de No Return est avant tout du Thrash mélodique.

Avez-vous des influences spécifiques au sein du groupe ? De quelles formations vous sentez-vous proches ?

L. Chuck D. : Après vingt-trois années de service, No Return n'a plus d'influences directes, mais il est certain que nous nous sentons plus proches de formations telles que Death et Coroner. De plus nous nous nourrissons des horizons de chacun des musiciens présents en notre sein. Et même si cela peut paraître prétentieux aux yeux de certains, No Return possède son propre style et le revendique.

Alain : Mes influences vont du Rock au Death Metal, ce qui donne une palette relativement large. Cependant, il est clair que nous avons beaucoup d'affinités avec des formations telles que Death ou Testament, tout en ayant notre propre style.

A l'heure où cette interview paraîtra, "Inner Madness", le nouvel opus de No Return, sera sorti. Êtes-vous pleinement satisfait de ce nouvel opus ?

L. Chuck D. : Sans vouloir paraître présomptueux, je n'ai jamais été et je ne serai jamais pleinement satisfait d'un enregistrement, pour moi il est la trace d'un instant T qui sert de jalon et de défi pour le prochain. Je ne fais pas partie de ceux qui passent leur temps à pérorer sur le fait que le nouvel opus est meilleur que le précédent, seul notre public possède ce droit. Nous donnons absolument tout, avec le meilleur de nous même, pour vous offrir une œuvre musicale complète et sans regrets de notre part. Cet album me comble plus que de raison, mais je suis conscient du challenge qui nous attend à chaque nouvelle étape. Je pense que nous sommes encore loin d'avoir tout dit ou tout accompli et je suis comblé de savoir que j'ai encore des choses à apprendre et à maîtriser. J'espère encore lointain le jour où je m'auto-satisferai d'une de mes prestations, l'onanisme musical ne fait pas partie de mon vocabulaire ni de mon environnement. Et pourtant je suis intimement persuadé des qualités intrinsèques de cette nouvelle trace discographique.

Alain : On ne peut à mon sens jamais être complètement satisfait, mais j'avoue qu'avec ce nouvel album nous avons énormément travaillé de manière à proposer le plus de richesse possible dans l'univers musical de No Return. L'aspect mélodique, notamment dans les solos mais aussi dans le chant, s'avère être la continuité logique de l'album précédent et nous permet ainsi d'apporter encore plus de nuances et de relief. Cela devient une véritable marque du groupe tout en n'occultant pas, bien sûr, l'agressivité et la puissance propre à notre style.

Quel a été le processus de composition ? 

L. Chuck D. : Là encore la machine est bien rodée. Al1 est l'unique compositeur des riffs de No Return. Il nous propose une foultitude d'accords enchaînés, voire de morceaux pratiquement complétés et nous effectuons tous les arrangements de manière collégiale en studio de répétition. Cette technique a pour principal avantage de garder le caractère propre de la formation tout en épiçant des ingrédients de chacun les compositions. Par la suite, je leur propose un thème et/ou un titre de morceau afin de voir si cela colle avec l'émotion que dégage cette litanie. Une fois validé l'idée principale, j'écris les textes que je leur propose par la suite et c'est en équipe que nous décidons des places à adopter. De plus je travaille avec mon traducteur personnel, probablement le seul jusqu'à ce jour après mes vingt-six ans de carrière qui me comprenne à ce point, il s'agit de Fabien Menemenlis. Il est le seul aujourd'hui à qui je puisse confier mes textes, car il les assimile, les dissèque et retravaille chaque mot pour que le tout colle le mieux possible à la musique.

Alain : Je me suis effectivement occupé de l'écriture musicale de ce nouvel opus, en n'hésitant pas à retravailler encore et encore certaines mélodies voir des riffs dans leur intégralité car je suis plutôt perfectionniste. La finalité est de rendre le morceau le plus intéressant et efficace possible. No Return est en premier lieu un groupe de Thrash dans lequel la technique et la mélodie doivent être dosées avec un juste équilibre, de façon à garder la puissance et l'impact de chaque titre. Les arrangements se font par contre en groupe en répétition, et tout le monde peut apporter sa pierre à l’édifice à ce moment-là et donner ainsi sa vision de la structure qui lui semble la plus adaptée.

Comment s'est déroulé l'enregistrement ?

L. Chuck D. : Pour tout le monde, un enregistrement c'est quelques semaines de vacances aux frais de la princesse. Pourtant nous sommes bien loin de ce cliché ! Le studio est le moment le plus difficile pour un musicien, car il est l'apogée de sa création. Car oui, nous sommes comme vous avant d'entrer, nous ne sommes pas certains de ce qui va sortir des enceintes. Bien entendu, avec les années d'expérience accumulées, l'idée générale est plus présente, mais les questions restent les mêmes. Ce qui est certain, c'est que mis dans les mains d'un Francis Caste au sein du studio Ste Marthe, la vie te paraît nettement plus simple. Comment ne pas apprécier le fait de travailler avec un génie multi-instrumentiste ? Cet énergumène dépasse largement son rôle de simple ingénieur du son, il devient un membre à part entière pendant toute la durée de l'enregistrement. Il est tour à tour ingé-son, ami, ennemi, partenaire, producteur, inflexible, prudent, nuancé et par dessus tout musicien. C'est un réel bonheur de travailler avec lui.

Alain : L'enregistrement avec Francis s'est très bien déroulé, d'autant plus que c’est le second album que l’on réalise avec lui. Il nous connaît bien maintenant, ainsi que l'esprit musical Thrash du groupe. Il n'hésite pas à nous proposer divers arrangements, vocaux ou instrumentaux, dans le but d'optimiser une composition et c'est bien sûr un plus indéniable pour nous.

Qui s'est occupé de l'artwork d'"Inner Madness" ?

L. Chuck D. : L'artwork de l'album est l'histoire d'une rencontre avec LC-Graphiste. Tu sais le genre de type qui pour élaborer une pochette et ses dérivés se pointe en répète, prend le carnet de textes et écoute l'interprétation de l'album en live avant son enregistrement. Il plonge totalement dans l'univers du futur album et te propose sa vision de ta musique. Un moment d'anthologie pour nous ! Aucune hésitation ou fioritures, juste du plaisir. Même si nous sommes à l'origine de sa première réalisation Metallique nous espérons lui donner assez d'exposition pour qu'il rejoigne l'Olympe des créateurs visuels. Il a absolument tout compris à ce que nous voulions exprimer dans cet opus, soit l'image d'une vie et du temps qui passe. Comme nous le savons tous, le temps est infini, pourtant nous n'avons pu définir cette notion que par l'intermédiaire de Comtoise mortelle, et il a su définir parfaitement ce paradoxe.

Comment percevez-vous l'évolution de No Return depuis ses débuts jusqu'à "Inner Madness" ?

Alain : L'évolution de No Return se situe avant tout à un niveau musical qui s'avère plus abouti à l'heure actuelle. No Return reste Thrash à la base mais le groupe a su évoluer en musicalité et en technique au fil des albums. L'idée est de garder cet esprit propre au groupe tout en développant l’aspect mélodique, aussi bien instrumental que vocal, de manière à proposer un Thrash mélodique puissant.

No Return s'est retrouvé sur de nombreuses maisons de disques depuis sa création. Françaises (Semetery, Season Of Mist) ou étrangères (Metal Blade, Nuclear Blast, Dockyard 1). Désormais, c'est avec Great Dane Records que le groupe va bosser. Comment se déroule la collaboration avec le label ?

L. Chuck D. : Le passé est ce qui nous a construit, l'avenir est ce que nous devons construire. Great Dane Records fait partie de cet avenir et nous bâtissons avec eux une relation durable. A tous les jeunes qui débutent, je voudrais leur dire qu'il est inutile de croire que vous allez vivre de votre passion, mais avec Raph et Geoff, nous vivons notre passion et cela fait trop longtemps que cela n'était pas arrivé. Comme à l'issue d'un divorce, nous formons une famille recomposée, de la trempe de celle qui dure plus longtemps que l'initiale.

Alain : J'ai eu l'agréable surprise de découvrir des personnes sincères, passionnées et motivées au sein de Great Dane Records. Je pensais que ce genre de personnes n'existait plus dans les labels où fric, formatage et groupes à la mode restent souvent prioritaires devant la qualité artistique. Je préfère être sur un label plus modeste mais qui a le mérite de te dire clairement et honnêtement ce qu'il peut faire concrètement pour toi sans t'abreuver de promesses illusoires. La collaboration ne peut donc être que forcément positive.

A quoi s'attendre lorsqu'on va découvrir No Return en concert ?

L. Chuck D. : No Return avance mais ne tourne pas le dos à son passé. Notre expérience mixée à notre nouvel album est notre leitmotiv. Je veux d'ailleurs en profiter pour rendre hommage et remercier les personnages de l'ombre qui accompagne No Return sur les routes. Nous avons Peetos aux Light, Jipouille au son, et Mad Trash comme technos, et cette équipe forge le piédestal sur lequel nous nous appuyons pendant nos prestations.

Alain : A du Thrash sans concession « in your face » comme on dit ! Le but est de proposer un show puissant et efficace aussi bien au niveau sonore que visuel.

De quoi va être fait l'avenir proche ou plus lointain de No Return ?

L. Chuck D. : Recommencer la boucle de création et de présentation à l'infini !

Alain : L'immédiat est de promouvoir au maximum notre nouvel album. Nous avons spécialement hâte de présenter partout les nouveaux morceaux en live.

Quel est votre meilleur souvenir lié à No Return ? En avez-vous un mauvais ? 

L. Chuck D. : Mon meilleur souvenir est mon intégration, mon pire cauchemar mon éviction.

Alain : Il y en a pas mal en ce qui me concerne et se limiter à un seul serait réducteur. Je citerais notamment la date avec Sepultura au Zénith sur la tournée Arise, la tournée avec Coroner, le Brutal tour, les dates avec Arch Enemy. Les mauvais souvenirs seraient plutôt liés aux déceptions dues à certaines personnes qui n'ont pas tenu leurs engagements pour No Return et qui se sont montrées opportunistes voire malhonnêtes vis-à-vis du groupe.

Que pensez-vous de la scène Metal française à l'heure actuelle ?

L. Chuck D. : La scène française n'existe plus, c'est un mythe ! Une nouvelle fratrie est en train de naître et c'est bien cela le plus important. Les médias n'ont donné d'importance qu'à deux formations en quarante ans, alors que de nouveau en 2012 comme en 1992 nous tissons des liens d'amitié avec des combos. Mercyless enfin de retour, Destinity avec son futur nouvel album, Withdrawn qui est probablement la meilleure formation Death du moment, Recueil Morbide et sa longévité à toute épreuve, Dylath Leen et son esprit créatif, Como Muertos et sa barbarie salvatrice, Reverence qui est un OVNI à lui seul, et j'en oublie. Et puis comment puis-je ne pas citer Carnal Lust ?

Qu'écoutez-vous en ce moment ? Avez-vous dernièrement pris une grosse claque avec un album ?

L. Chuck D. : Vallenfyre, Stefan Forte, The Black Dahlia Murder, Unisonic, Disturbed, Sixx A-M, Engel et encore bien d'autres choses. Le Metal est l'unique style musical qui se renouvelle au quotidien sans le soutien de la presse et des institutions.

Alain : Death (« Symbolic »), Symphony X, le dernier Dream Theater ….

Je vous remercie pour cette interview et vous laisse le mot de la fin !

L. Chuck D. : Bientôt un quart de siècle, êtes-vous prêts à en vivre un autre ?

Alain : Merci à toi et à tous ceux qui nous soutiennent. Bonne écoute du nouvel album et à très bientôt sur scène.


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