Syrens Call

Interview date

02 Février 2011

Interviewer

Ostianne

I N T E R V I E W

Interview Sébastien Paul (par téléphone)


"Raging Waters" est votre deuxième sortie chez Pervade, après un DVD sorti en 2008. N'était-ce pas un peu risqué de changer de label et de sortir un DVD avant un autre album studio ?

C'est probablement un peu risqué de sortir un DVD live sans avoir d'album. Mais en même temps le groupe a une belle carrière derrière lui. Elle a commencé avant notre signature chez Pervade. Donc, on s'est dit que sortir un album live c'était un peu risqué, mais en même temps, c'était nos dix ans de carrière, donc on voulait absolument marquer cet évènement par un concert un peu spécial. Et on voulait filmer et sortir ce concert en double digipack DVD/CD. D'autre part, un CD live, ça vieillit moins qu'un album studio. Ce qui était prévu avec Pervade, c'était de sortir quelque chose deux ans après l'album live, c'est-à-dire un album studio. On se disait que le fait de parler du groupe, ressortir un album, ça allait aussi faire parler du DVD et du live. Le "produit" n'allait donc pas mourir et avoir une seconde vie avec la sortie de "Raging Waters".

Vous aviez habitué le public à un metal plus prog et avec ce nouvel album, vous avez pris une direction un peu plus heavy, accrocheuse. Assumiez-vous totalement ce choix et ce changement à la sortie de l'album ou appréhendiez-vous la réaction des fans d'origine qui auraient pu vous reprocher de rendre votre musique accessible à plus de personnes ?

On a fait ce choix-là au sein du groupe, on n'avait vraiment pas peur de la réaction de nos fans. Et je crois que les retours que l'on a pu avoir sur l'album depuis sa sortie en novembre sont très, très positifs. En fait, on a surtout pensé à la scène. Du côté album, c'est vrai qu'avant il y avait un côté progressif plus marqué, même si on ne le perd pas complètement évidemment, mais on a souhaité faire des titres un peu plus accessibles, accrocheurs, surtout pour la scène. Parce qu'on a quand même souvent l'occasion de jouer dans des endroits où les gens ne nous connaissent pas forcément, et on s'est aperçu qu'avec des titres un peu trop progressifs, trop difficiles d'accès, ça n'accrochait pas le public. On avait envie de faire des choses un peu plus directes. On a, sur quelques titres, des refrains bien accrocheurs et faciles à appréhender. Mais à côté de ça, on a quand même battu le record de longueur d'un titre pour Syrens Call (rires) qui dure quatorze minutes, donc on s'est quand même fait plaisir sur des passages plus techniques, plus instrumentaux, plus prog. De toute façon, Syrens Call reste un mélange de plein de styles de metal que nous aimons bien, on peut trouver des touches de progressif, heavy, indus, électro, atmosphérique, parfois un peu de thrash si on écoute bien ! (Rires). On fait la musique qu'on a envie de faire, après, on ne se prend pas trop la tête pour savoir si on va plaire à tout le monde ou pas. De toute façon, on sait très bien que ce n'est pas possible. On fait ce qui nous plaît en espérant que ça plaira au maximum de personnes.

Et est-ce que l'arrivée de Soraya a aussi justifié cette évolution ou pas ?

Non, ce n'était pas délibéré par rapport au fait que Soraya ne vient pas de la scène metal. Par son métier elle est chanteuse, mais dans plein d'autres styles que le metal. Mais ce n'est pas ça qui nous a particulièrement orienté. Ce n'est pas trop ce choix-là. C'est plutôt une décision collective sans penser au chant de Soraya. C'est vrai que ça cadrait bien, mais en même temps sur l'album, je pense qu'il y a des titres que nous aurions fait avec ou sans Soraya. Je pense par exemple à l'un des titres de l'album qui est "Never Come Back Home", qui est peut-être le titre le plus rapide, le plus speed que Syrens Call ait jamais joué et Soraya s'en est très bien accommodée. Même si au départ, ça l'effrayait un peu, comme c'est vraiment metal, elle se demandait ce qu'elle allait chanter là-dessus, et puis finalement, elle a trouvé une ligne de chant qui convient parfaitement. Donc non, ce n'est pas le fait que Soraya ait rejoint le groupe, ça fait déjà cinq ans maintenant, qui nous a orientés vers quelque chose de plus accrocheur.

Vos textes ont eux aussi évolué puisque avant, ils parlaient pas mal de la mer, ce qui n'est plus tout à fait le cas maintenant. Cette fois-ci, est-ce que l'arrivée de Soraya a eu une véritable incidence puisqu'elle a écrit une grande partie des textes ou c'est une maturité du groupe et son expérience qui justifie ce changement ?

Non, cette fois, c'est vraiment Soraya parce qu'elle a écrit quatre-vingts ou quatre-vingt-dix pour cent des textes qu'elle chante. Pour qu'elle soit parfaitement à l'aise dans les lignes de chant, on tenait vraiment à ce que ça soit sa production. Donc elle a composé tout ce qu'elle pouvait. Quand elle éprouvait quelques difficultés ou qu'elle avait besoin d'aide, Frank l'assistait. Mais elle a fait la majeure partie des textes. Mais forcément, elle a écrit sur ce qui l'inspirait. Elle a choisi des thèmes qui lui sont chers et qui lui sont propres. Donc forcément, là oui, il y une évolution au niveau des paroles. On a quand même un petit clin d'oeil à notre concept marin, qui apparaît de-ci, de-là. Le "Never Come Back Home", c'est la fameuse mauvaise rencontre avec les sirènes qui font qu'on ne revient pas à la maison ! (Rires).

Et finalement, il y a aussi le style de la pochette qui a changé. Qu'est-ce qui a justifié cela ?

Et bien tout était un peu lié en fait. Comme tu l'as bien souligné, on avait envie d'une mini rupture du point de vue musical. Ce n'est pas une révolution, mais effectivement, c'est quelque chose de plus accessible. On s'est dit qu'il fallait aussi qu'on évolue du côté du packaging. On attache beaucoup, beaucoup d'importance au packaging de nos albums depuis le début. On essaye de faire quelque chose qui soit agréable pour le fan, qui lui donne envie d'avoir l'objet, non seulement pour la musique, mais aussi pour ce qu'il représente : Le Cd et le packaging. Donc on a voulu faire quelque chose de nouveau pour cet album, quelque chose d'esthétique, avec une imagerie relativement simple. En même temps, on a pris le risque de ne pas mettre le nom du groupe sur la couverture, juste les initiales pour en faire quelque chose d'accrocheur, qui donne envie d'en savoir plus et donc de le prendre dans les mains, de le regarder pour savoir quel groupe se cache derrière. Mais après plus de dix ans de carrière, normalement, les gens qui s'intéressent à ce style de musique ont sans doute entendu parler au moins une fois de Syrens Call et donc, le fait de le prendre dans les mains et de regarder derrière ou sur le côté et de voir que c'est un nouvel album du groupe, ça peut donner envie de l'écouter. A partir de là, éventuellement déclencher l'envie d'en savoir plus ! (Rires).

Tout est donc savamment étudié pour piquer la curiosité !

Oui, c'est un peu l'idée. Donc on a travaillé avec un autre graphiste que celui avec qui on avait l'habitude de travailler. On a changé d'artiste aussi pour la création de la pochette. Il y a toujours le côté un peu marin, l'écume et les vagues que l'on peut voir au fond, mais on les a mis un petit peu en retrait. A l'intérieur du digipack qui est commercialisé, quand on l'ouvre, sur le plateau, on voit la queue de la sirène qui est en filigrane à l'arrière. Il y a toujours ce clin d'oeil à notre concept marin auquel on tient beaucoup.

Comment s'est passé le travail de composition pour ce nouvel album ? Vous avez mis du temps, beaucoup de réflexions ou tout est arrivé assez naturellement ?

Oui, ça a été un travail de longue haleine. Il y a des titres qui ont été composés pendant les sessions pour le mini CD, "Against Wind and Tide" sorti en 2006, donc un an après l'arrivée de Soraya dans le groupe. On avait composé trois nouveaux titres pour ce mini CD et on avait réenregistré deux titres de l'ancienne période. Pendant cette période de composition, on avait fait des riffs qui n'avaient pas été exploités et qui ont fait l'objet de compléments de composition de titres qui sont sur "Raging Waters". Donc, certains riffs, ébauches de morceaux, remontent à 2006 ! Donc ça a mis du temps. Mais ceci étant dit, on n'a pas travaillé sur l'album pendant tout ce temps-là. Après le mini CD, on a fait des concerts pour le promouvoir, on a fait de la promo dans les médias. En 2007, on a fait notre concert anniversaire avec tout le travail en aval de préparation de notre DVD qui est sorti en 2008. Donc ça a été un sacré boulot, et bien sûr après, on a fait des concerts pour promouvoir le live. Donc globalement, on a commencé à penser à refaire un album en 2009. On a fait les derniers concerts en mai-juin 2009 et on s'est dit qu'il fallait y aller, qu'il fallait se remettre au boulot et qu'on enregistre un album. La composition s'est passée de manière assez classique pour nous. C'est à dire que ce sont les compositeurs du groupe, Thibault et Stéphane pour les guitaristes et Franck au clavier et chacun a amené ses compositions. Par exemple, "The Dance Of Light", c'est Franck qui l'a composé à quatre-vingt-dix pour cent, il est arrivé le morceau quasiment structuré et terminé et donc après chacun de nous a apporté sa pierre à l'édifice, a composé ses parties, proposé des petites modifications, mais le titre était presque bouclé. Puis d'autres ont nécessité plus de travail collectif en répète où là, quelqu'un arrive avec une idée mais pas complètement définie, une structure de morceau pas complètement terminée. Et on répète un peu tous ensemble, on essaye de trouver des idées, on fait des propositions... Mais ça, ça a représenté une petite partie de l'album, la plupart des morceaux étaient composés par nos compositeurs principaux et on a ajouté quelques arrangements, modifications à la marge. Donc, ça, c'est pour le côté musical. Pour le côté ligne de chant et choeurs, ça arrive toujours après. On essaye d'abord de structurer le morceau, ensuite Soraya écrit ses lignes de chant, écrit les choeurs, et parfois on s'aperçoit qu'il manque un refrain ou qu'il y en a un en trop, donc on modifie la structure à ce moment là, mais tout le travail de composition musicale est fait avant.

Est-ce l'un des compositeurs principaux qui a eu cette envie de changement, qui a dit "maintenant, j'aimerais bien qu'on se dirige vers tel genre" ?

Non, Syrens Call est un groupe très démocratique, donc je commande et les autres obéissent ! (Rires). Je plaisante ! Il y avait une envie de la part de la majorité du groupe d'aller vers des trucs plus efficaces, plus accrocheurs. Donc ça s'est fait naturellement. On ne s'est pas dit avant de commencer qu'on allait faire un album avec des titres accrocheurs. Quelqu'un est arrivé avec un riff qui était plus facile à appréhender et on s'est dit que c'était une bonne idée. On a crée une ligne de chant et des paroles très faciles à retenir, je pense par exemple au titre "Perfidious Paradise", qu'on utilise régulièrement en live maintenant. On fait chanter le public sur ce titre et franchement, ça fonctionne très, très bien parce que les paroles sont très simples. Quelqu'un qui découvre le titre en direct pendant le concert peut chanter et reprendre le refrain. C'est amusant parce que ce titre-là, il a failli ne pas être sur l'album pour la petite anecdote ! On ne trouvait absolument pas de refrain, on ne trouvait pas de ligne de chant, ce n'était pas du tout satisfaisant et on a enregistré un titre supplémentaire qui n'est finalement pas sur l'album. On devait retirer un titre pour garder éventuellement un titre bonus, et celui-ci était franchement sur la sellette. On a enregistré une ballade qui commence avec un piano-voix pour ensuite avoir tous les instruments, mais elle a été retirée de l'album et servira en titre bonus un jour ou l'autre. C'était soit celui-là, soit "Perfidious Paradise" car à ce moment là, on n'avait pas fini de composer les lignes de chant et le refrain de "Perfidious Paradise". Et un beau jour, il m'est arrivé un MP3 avec écrit "j'ai trouvé une super idée, écoutez ça !". Et effectivement, quand j'ai entendu le refrain qu'ils avaient pondu, je me suis dit "oulalalala, on ne peut plus le retirer de l'album, ce n'est pas possible !". Et avec ce refrain, c'est quasiment mon titre préféré de l'album ! Comme quoi, un titre peut ressurgir des abysses ! (Rires).

Stephane Buriez qui a assisté à vos débuts apparaît sur cet album, est-ce un petit clin d'oeil ?

Oui ! Et ça fait vraiment plaisir ! Stéphane, on l'a rencontré au tout début, on était tout jeune et pas du tout expérimentés. Et on a travaillé avec lui sur la production du premier titre que nous avions enregistré avec Syrens Call en studio. Et quand Franck a composé ce long titre, il y a un moment où on s'est dit que ça serait quand même bien d'avoir une voix death sur ce passage qui est assez court. Et on se demandait qui on allait bien pouvoir mettre et on a commencé à réfléchir. Puis je me suis dit que c'était évident, qu'il fallait demander à Stéphane. Alors, il n'habite plus du tout dans notre région lui, il est à Bordeaux, mais il a suffit d'un tout petit message pour qu'il nous dise qu'il était partant. Et il nous a fait un super truc, ce dont je ne doutais pas un seul instant. C'est un vrai bonheur de travailler avec Stéphane, il est très pro, super sympa, pas du tout intéressé... C'est vraiment quelqu'un de généreux.

Je crois ne pas être la seule à le penser, est-ce que vous vous êtes rendu compte que vous aviez placé la barre assez haute pour la suite ?

(Rires). Merci ! Nous on a l'impression d'avoir fait l'album que nous voulions faire. A chaque fois qu'on enregistre quelque chose, on essaye de pousser le curseur un tout petit peu plus loin, que ça soit en terme de technique, de composition, de production, de packaging... Même si ça ne parait pas très modeste, on est très fier de l'album. D'autant plus que nous l'avons produit nous-mêmes, enfin, c'est Franck notre claviériste qui l'a produit, on l'a enregistré dans notre studio. Bien sûr, il y a la patte de Mika Jussila qui a mixé l'album au Finnvox studio en Finlande et qui y est aussi pour quelque chose. Mais c'est vrai que tout le reste, on l'a fait nous-mêmes. C'est la première fois qu'on fait un album où tout se passe au sein de Syrens Call et moi je suis très satisfait du résultat, du son, je suis très content des compos. Il y a des petites choses de-ci, de-là que l'on peut encore améliorer, et je suis persuadé qu'on a encore une marge de progression, donc non pas d'inquiétudes par rapport à l'avenir. Je suis déjà impatient de commencer à écrire le prochain album.

Par contre, moi, j'avais apporté un petit bémol au niveau du son. Il manque un peu de puissance ou même un peu de rage comme le laissait espérer le titre de l'album. Était-ce volontaire pour laisser exploser les titres en live, leur donner une seconde vie en live en étant plus accrocheurs encore ?

Oui, je me souviens de ta chronique. Alors, c'est vrai que du point de vue live, les morceaux prennent une autre dimension. C'est plus brut, un peu plus rentre-dedans, même si on essaye de garder des versions qui sont assez proches de celles qui sont sur l'album. Par contre, on est vraiment des amateurs de production sophistiquée, léchée et pas forcément du gros son heavy à l'allemande ! Les gros murs de guitare, on aime bien, mais dans notre style... Et puis, on est six, il faut de la place pour tout le monde, donc c'est très compliqué de réussir à faire ressortir le travail de chacun. C'est probablement le point dont je suis le plus satisfait sur "Raging Waters", parce que quand tu l'écoutes, tu peux entendre tous les instruments, y compris la basse. C'est un instrument qui est en général mis en retrait dans le metal. S'il n'y a pas la basse, on l'entend, par contre quand elle y est, parfois on ne l'entend pas. Mais là, Frédéric, on l'entend. Après, effectivement, les productions, ce sont des choix. Le choix de mettre plus en avant certaines choses. Nous on a souhaité ne pas mettre en avant quoi que ce soit mais qu'on puisse entendre tout le monde et donc il n'y a pas de mur de guitares, ce n'est pas hyper heavy, mais c'est un choix délibéré, pas une erreur de production, un vrai choix.

Samedi dernier, vous avez joué en Belgique. Vous avez donné deux concerts, comment ça s'est passé ?

Deux concerts complètements différents, mais c'était vraiment très sympa. On a fait un concert acoustique promo à la fnac de Bruxelles dans l'après-midi, avec une configuration un peu particulière. Il y avait du monde partout avec les soldes et des gens qui ne nous connaissaient ni d'Adam, ni d'Ève qui passaient par là et découvraient le groupe. Et puis le soir, le concert électrique avec le groupe Skeptical Minds où il y avait des fans de metal purs et durs qui étaient là. Et c'était complètement différent. Mais c'était une belle journée, moi j'apprécie beaucoup les concerts acoustiques. C'est évidemment beaucoup plus calme, beaucoup plus intimiste et j'aime bien ne pas être tout le temps en double pédale ! (Rires). Et même si Soraya était assez crevée parce qu'elle bosse sans arrêt en ce moment, elle n'a pas trop l'habitude de chanter à quinze heures ! (Rires). C'était un peu difficile. Mais le soir par contre, elle était bien réveillée et ça a donné pour le set électrique. D'ailleurs, il y a deux ou trois titres qui sont sur youtube pour les gens qui veulent les voir ! C'était un chouette concert ! Et ça fait plaisir de rejouer à Bruxelles, parce que la dernière fois qu'on avait joué en Belgique, c'était au Metal Female Voices Festival avec Nightwish, il y a longtemps. Et notre tour manager est Bruxellois, donc ça nous faisait plaisir de jouer chez lui, rencontrer ses amis... On a eu un accueil fantastique. Une très, très belle journée !

Vous aviez justement votre concert acoustique pour lequel vous avez du retravailler vos morceaux, est-ce que ça vous a permis de mettre en avant certaines facettes qui pouvaient être cachées sur les albums ?

C'est sûr ! L'approche acoustique n'a rien à voir. On reprend les morceaux, les mélodies principales, mais à côté de ça, on est bien obligé de recomposer les morceaux, même dans leurs structures parfois parce que ce n'est pas possible de les jouer comme en version électrique. Donc ça fait ressortir encore plus les mélodies, ça laisse encore plus de place pour Soraya et ses lignes mélodiques. C'est un autre exercice. Et moi, au niveau de la batterie, j'utilise un kit plus réduit, parfois ce n'est même pas de la batterie, mais des percussions. Moi, j'aime beaucoup ça. C'est vrai que c'est beaucoup de travail, il faut quasiment reprendre les morceaux un par un, et c'est intéressant. On s'amuse à faire quelques reprises pendant les concerts acoustiques, par exemple Marillion et son "Season's End", Mike Oldfield avec "Moonlight Shadow" et reprise improbable, on reprend du Stratovarius, "Hunting High And Low" en version acoustique. C'est une petite folie que l'on s'est permise même si on n'a pas joué tout ça la semaine dernière !

Et est-ce qu'avec vos différents agendas, vous pensez réussir à trouver du temps pour faire une petite tournée ?

Ah mais on espère bien oui ! Même si une tournée serait sans doute difficile à mettre en place. En tout cas, jouer un maximum pour promouvoir l'album, oui, on aimerait bien. C'est assez compliqué à mettre en place et puis on n'a pas de vraie structure qui s'occupe de notre carrière live. On a un tour manager qui se démène pour nous placer sur des dates. Il vient de nous placer sur une très, très belle date. Le 30 avril prochain, on sera à l'affiche du PPM fest (Power Prog Metal Festival) en Belgique, avec Europe, Rage, Hammerfall, Vanden Plas, Edguy, Nightmare également. Donc on sera sur cette affiche là et c'est vraiment super car ça nous permettra de bien faire découvrir l'album à pas mal de monde. Mais pour les tournées, c'est plus difficile, il faut un tourneur. Les groupes étrangers viennent souvent avec leur première partie, donc on a du mal à se placer et on n'a pas non plus les épaules pour faire une tournée en tête d'affiche, ça serait un suicide commercial. (Rires). Il faut être réaliste et savoir saisir les bonnes opportunités. Si on pouvait faire des tournées de dix, douze dates à travers la France, on serait tout de suite partant. Mais c'est compliqué. Mais c'est plus facile en Belgique qu'en France. Les infrastructures et le public sont très différents. En France, pour faire venir les gens en concert, il faut une grosse tête d'affiche en général. Pour un mini festival, même avec des groupes français en vue, c'est difficile de faire déplacer du monde. Alors qu'en Belgique, le moindre petit groupe du coin, cinq copains qui vont jouer ensemble, ils vont faire salle comble dans un café. Eux, ils ont cette culture de sortir, aller à des concerts, aller faire la fête, boire un verre avec des amis, alors que nous on a un peu moins cette culture-là en France.

J'ai justement vu que vous vendiez plus d'albums à l'étranger qu'en France. N'est-ce pas un peu frustrant de ne pas être reconnu par son propre pays ?

Si, un peu. On se dit que si on était né ailleurs, on aurait plus de succès (rires), même si on ne court pas après. Mais ça fait toujours plaisir d'avoir de la reconnaissance. Donc oui, on vend plus d'albums à l'étranger qu'en France en général. C'est comme ça. Je pense que c'est peut-être aussi du au fait que la France n'est pas un pays foncièrement rock ou metal. Même des groupes très connus ne font pas des cartons commerciaux en France comme en Allemagne. Je ne parle pas des groupes comme Metallica, Iron Maiden et consorts, mais des groupes de plus petites dimensions vont faire des cartons en Allemagne, salles combles, alors qu'en France ils vont jouer devant quarante personnes. Je pense que c'est un peu lié à ça. J'ai eu l'occasion d'aller au Brésil par exemple où les fans sont complètement déchaînés ! C'est de la folie ! Ils vont soutenir la scène locale, les groupes brésiliens à un point où c'est quasiment de l'idolâtrie ! En France, je n'ai pas l'impression qu'on ait cet état d'esprit là. j'ai plutôt l'impression qu'on se dit que comme c'est français, ça ne peut pas être aussi bien qu'un groupe américain, allemand ou finlandais. Ce sont des aprioris. Mais ceci dit, on a quand même pas mal de fans français qui nous suivent depuis pas mal de temps, des fidèles. On est quand même pas tout seul ! (Rires).

En parlant de fans, vous avez sorti un DVD spécialement pour eux. C'est important pour vous d'entretenir un rapport privilégié avec eux ?

Oui, parce que je suis aussi fan de plein de groupes et j'aime quand les groupes créent des fans clubs, donnent accès à des choses qui ne sont pas commercialisées. Donc, il y a quelques années, j'ai eu l'idée de dire que même si nous n'étions pas un groupe connu internationalement, ce n'était pas grave, on pouvait créer un fan-club, et même s'il n'y a que quelques personnes qui s'inscrivent, on va essayer de faire un petit traitement de faveur. Donc on a commencé tout simplement, avec une petite newsletter imprimée et on en faisait quatre par an, puis le fan-club a un peu grossi, on a eu un peu plus de monde. Donc on s'est dit qu'il serait peut-être bien de lancer une série de CD ou DVD qu'on a appelé "The Other Waves". Et donc on a d'abord sorti un CD live avec plein de titres enregistrés, une espèce de compilation. On a aussi sorti un premier DVD avec une compilation de vidéos de concert et puis là, on a eu l'occasion de filmer un concert en 2009 avec treize caméras. On jouait en première partie d'un groupe qui filmait pour un DVD et qui nous a dit que si on voulait, on pouvait utiliser aussi les caméras. Donc, on a enregistré notre concert en intégralité et on a eu l'occasion de pouvoir faire un montage. Le son n'est pas aussi bon qu'un DVD qui serait commercialisé, mais les images étaient vraiment très, très belle et ça aurait été dommage de ne pas faire profiter nos fans les plus fidèles de ça. Donc on a sorti ce DVD et puis il y aura d'autres choses... un jour, on enregistrera un concert acoustique, on fera des choses comme ça. Mais c'est réservé aux membres du fan, ce sont des petits tirages. Je trouve ça bien de soigner les fans qui sont les plus proches du groupe. C'est un peu la démarche.

On a souvent des aprioris par rapport au metal avec chanteuse, ce qu'on n'a pas avec les hommes bien évidemment. Souvent, on accuse les groupes d'être des sous Evanescence ou Nightwish. J'ai vu ça aussi sur votre compte. Qu'est-ce que ça vous inspire ce genre de chose ?

Oui, ça ne nous touche pas particulièrement. Premièrement, Syrens Call a fait le choix d'avoir une chanteuse bien avant tous ces groupes-là ! (Rires) On a commencé très, très tôt à faire un groupe à chanteuse, on n'a jamais essayé de copier qui que ce soit, et je pense qu'on n'a pas grand chose à voir avec Nightwish, peut-être un peu plus avec la nouvelle mouture, mais pas avec l'époque de Tarja. Le chant lyrique n'a rien à voir, musicalement, il y a évidemment des points communs, mais du point de vue du chant, ça n'a rien à voir du tout. Within Temptation, au niveau du chant non plus, ce n'est pas le même que celui de Soraya... Donc non, et puis Evanescence, ce n'est pas heavy, pas prog... Je n'ai pas du tout de complexe par rapport à ça. On est un groupe à chanteuse depuis fort longtemps parce qu'on trouvait qu'avec le contexte et le nom Syrens Call, c'était mieux d'avoir une femme au chant (rires). Avec Stéphane, le guitariste, ça fait plus de vingt ans qu'on joue ensemble, on avait fait un groupe de heavy pur et dur classique et à un moment, on avait fait le tour de ça et on avait envie de faire une musique un peu plus progressive que ça. C'était les débuts de Dream Theater et on avait pris une très grosse claque avec eux. On était aussi de très grands fans de Savatage, donc notre premier groupe, on l'avait appelé Syrens en hommage à l'album du même nom de Savatage et à ce moment-là, on s'est dit pourquoi ne pas s'orienter vers ça, mais avec un chant féminin et s'appeler Syrens Call au lieu de Syrens. Et tout est parti de là en 1997. Donc ça n'était pas encore la mode des groupes à chanteuse. Et ça s'est développé entre temps, mais je ne pense pas que ceux qui disent qu'on soit inspiré par Within Temptation, Epica, Nightwish ou Evanescence soient très justes et que les gens aient vraiment écouté le disque ! (Rires).

Une dernière chose à ajouter pour finir l'interview ?

Remercier tous les gens qui s'intéresseront à l'album "Raging Waters", qui jetteront une oreille dessus ou viendront nous voir en concert près de chez eux. J'invite tout le monde à venir faire un petit tour sur notre site ou notre myspace ou nous découvrir sur Youtube puisqu'il y a des vidéos très récentes de nos concerts maintenant. Et merci à toi pour le temps que tu as passé pour promouvoir notre album !


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