Therion

Interview date

3 novembre 2010

Interviewer

Blaster of Muppets

I N T E R V I E W

Interview Christofer Johnsson (en face à face)


Bonjour Christofer, merci de nous accorder un peu de temps avant le concert. Comment se déroule cette nouvelle tournée jusque-là ?

Bonjour. Elle se passe très bien, merci. Les concerts sont fantastiques et nous passons de supers moments.

Etait-ce délibéré de faire sonner votre dernier album davantage comme "Lemuria" que comme le plus récent "Gothic Kabbalah" ?

Bah, le nouvel album a été composé en même temps que "Lemuria" et "Sirius B". Nous avions composé des chansons pour trois albums, mais ça faisait trop de matériel à enregistrer d’un coup, nous avons donc enregistré "Lemuria" et "Sirius B", et nous avons décidé de garder "Sitra Ahra" pour plus tard. Du coup, ce n’est pas une coïncidence… quant au son lui-même, nous avons essayé de faire en sorte qu’il soit très “vintage”. Je n’aime vraiment pas les productions modernes.

En parlant de productions modernes, certains fans n’étaient pas très satisfaits de "Gothic Kabbalah" qui sonnait différemment et, justement, plus moderne que les albums précédents…

A chaque fois que nous faisons un nouvel album, nous avons ce genre de réaction. D’abord, il y a beaucoup de plaintes, et ensuite, deux ans plus tard, c’est un classique ! Par exemple, même "Secret of the Runes", qui a été une sorte de gros flop à l’époque de sa sortie, fait maintenant partie des albums préférés de nos fans les plus irréductibles.

Je suppose que c’est ce qui arrive quand vous essayez quelque chose de nouveau. Certains vieux fans seront déçus mais vous gagnerez de nouveaux fans dans le processus.

Exactement, c’est ce qui arrive quand on change beaucoup entre les disques… nous sommes satisfaits de ce que nous faisons. Nous écrivons les albums que nous avons envie d’acheter. Certaines personnes nous ont demandé si nous étions toujours satisfaits de la production de "Gothic Kabbalah"… Bien sûr ! Je pense toujours qu’au moment où il est sorti, c’était le meilleur album que nous avions fait. Je dois être honnête là-dessus. On entend beaucoup de groupes qui disent que leur nouvel album est le meilleur qu’ils aient jamais fait, mais si c’est un flop et que vous leur demandez à nouveau la fois suivante, ils disent : « Oh, oui, oui… vous avez raison, il n’était pas si bon que ça… mais le nouveau… ». "Gothic Kabbalah", bien qu’il se soit vendu à plus de 50 000 exemplaires en Europe, est le disque qui a le moins marché depuis "Lepaca Kliffoth"… il représente donc une baisse importante en termes de ventes mais je le défendrai toujours en disant que c’est le meilleur album que nous avons fait jusqu’alors. On ne peut changer d’opinion sur un disque en fonction du nombre de ventes…

Je ne sous-entendais pas que vous devriez regretter quoi que ce soit, je pense que "Gothic Kabbalah" est l’un des meilleurs albums que vous ayez jamais faits, mais parfois, les goûts changent, vous évoluez, et quelques années plus tard, vous vous dites que si c’était à refaire, vous feriez les choses différemment…

Oui, bien sûr. En fait, je peux tout à fait comprendre pourquoi certaines personnes l’aiment moins. Dix ans avant, nous utilisions essentiellement des chants opéra, et tout à coup, il y a ce disque ou il y a du chant type opéra mais souvent mélangé avec du chant plus rock. C’est une direction différente… mais il y a aussi des gens qui trouvaient que Therion était trop lyrique ou opéra à leur goût et qui ont aimé cet album plus que tout ce que nous avons pu faire d’autre… Donc, tu sais, tu plais à certains, tu déplais à d’autres, c’est toujours comme ça. Mais nous avons fait l’album que nous voulions faire, et c’est ce qu’il y a de plus important pour moi.

D’après vous, quelles sont les différences majeures entre "Sitra Ahra" et les albums précédents ? Quelles nouveautés avez-vous essayées sur celui-ci ?

Et bien, vu que les chansons proviennent du même vivier que celui dans lequel nous avons puisé pour "Lemuria" et "Sirius B", je dirais que musicalement parlant, il n’est pas si différent que ça de ces albums… mais nous avons fait des choses très différentes pour ce qui est de la production. Nous avons essayé d’avoir une production très vintage, d’avoir un son très analogique.
Une façon de travailler qui, pour moi, fut très différente cette fois-ci fut… tu sais, pour les derniers albums avant celui-là, j’avais toujours le même problème : je n’arrivais pas à tout entendre. Il y a trop de choses à la fois et on n’arrive pas à tout entendre en même temps. Et, en studio, ça donnait quelque chose comme : « Je n’entends pas assez les cordes, vous pouvez les augmenter ? », et l’ingénieur les augmentait, et ensuite, je disais « Ok, c’est bon, maintenant j’entends bien les cordes, mais du coup, les instruments à vent sont trop faibles… », et ainsi de suite avec les guitares, la batterie, etc. Et au final, tout était augmenté jusqu’au moment où on arrivait à la même situation qu’au départ, sauf que tout était plus fort ! J’ai plus ou moins réussi à accepter le fait qu’on ne peut pas toujours entendre tout ce qu’on a composé. Certains éléments seront toujours plus faibles… mais nous avons réussi à contourner cette difficulté en travaillant différemment. Au lieu de mixer comme d’habitude en essayant de mettre les instruments de base (batterie, basse, guitares) bien en avant, de faire en sorte qu’ils soient bien puissants, pour ensuite essayer d’insérer l’orchestre, tout a été fait de façon neutre. Le but était de trouver une place dans la chanson pour chaque chose d’abord, pas de faire en sorte que ça sonne bien. Donc, nous avons d’abord essayé de tout mettre de sorte qu’on puisse réellement tout entendre, ensuite nous avons essayé d’améliorer l’ensemble en le faisant bien sonner. Alors, bien sûr, il faut sacrifier un peu de l’individualité de certains instruments et se concentrer sur ce qui semble plus important pour le morceau dans son ensemble. Au final, on peut se dire, en écoutant tel ou tel passage, que ce n’est pas forcément le meilleur son de guitare qu’on ait entendu, par exemple, mais le rendu général est bien meilleur.
Je trouve également que l’orchestre est bien meilleur qu’auparavant. Avant, ça se passait toujours prima vista, ce qui voulait dire que les musiciens ne s’entrainaient pas avant, ils découvraient les partitions une fois qu’ils étaient en studio, ils faisaient quelques prises et… « Ok, ça rend bien et on n’arrive pas à faire mieux, donc on garde cette prise et on passe à la suivante ». Cette fois, nous avons travaillé avec des gens qui sont habitués à travailler en studio, c’est leur métier, surtout pour les joueurs d’instruments à cordes, ils ne font rien d’autre, ils ne donnent pas de concert ou quoi que ce soit dans le genre, ils passent leur temps à enregistrer pour des groupes de rock ou de pop en studio. La plupart des orchestres avec qui j’ai travaillé avant n’avaient jamais été en studio, ils n’avaient jamais eu de casque sur la tête, tout ça était nouveau pour eux. Donc, avec les musiciens qui ont travaillé sur "Sitra Ahra", nous faisions en une journée ce qui aurait habituellement pris trois jours. Et leur premier essai était souvent plus convaincant que la quatrième ou la cinquième tentative d’un autre orchestre… Et aussi, on pouvait leur parler comme on parle à des musiciens de rock. Bien sûr, on note tout sur la partition, mais il y a des choses qui sont difficiles à exprimer avec des notes. Par exemple, je pouvais dire « Vous pouvez entendre ce que fait la basse sur ce passage ? Pouvez-vous essayer d’avoir le même rendu, la même sensation ? ». Si on essayait ça avec un orchestre symphonique classique, ils me répondaient « Quoi ? Qu’est-ce que vous racontez ? ». Donc là, c’était plus flexible et très différent. Je regrette chaque seconde de ma vie où j’ai travaillé avec d’autres gens qu’eux.
Et bien sûr, il y a aussi de nouveaux instruments. Nous avons essayé des instruments exotiques comme un bol tibétain dont j’ai joué moi-même, de l’harmonica, et même de l’accordéon… on n’avait jamais essayé ça avant.
Une dernière chose, nous avons travaillé le mixage différemment. Normalement, on travaille sur une chanson jusqu’à ce qu’on n’arrive pas à faire mieux. Ensuite, on travaille sur la chanson suivante, et on fait tout le disque comme ça… et seulement s’il y a quelque chose de très exceptionnel, on revient en arrière pour remixer une chanson. Et enfin, plus tard, on redécouvre un morceau et on se dit « Merde, il y a des choses qu’on aurait pu améliorer », mais c’est trop tard. Ce que nous avons fait cette fois-ci, c’est qu’on mixait la chanson sans y passer trop de temps, on se disait « Ok, c’est un bon mix » et on le laissait de côté pour se consacrer à la chanson suivante… et pendant ce temps, on écoutait beaucoup les anciens mixages, et on avait davantage de temps pour trouver ce qui ne rendait pas si bien… on pouvait alors revenir dessus et remixer. Chaque chanson a été mixée deux fois, certaines parfois quatre ou cinq fois. C’est une façon de travailler qui revient cher, on y passe beaucoup de temps et on dépense beaucoup d’argent… mais ça nous a permis de réussir des choses que nous aurions certainement loupées autrement, et dont on se serait rendu compte une fois qu’il était trop tard.

Beaucoup de musiciens avec qui vous avez travaillés jusqu’à la fin de la tournée précédente ont quitté le groupe. Que s’est-il passé exactement ?

Disons que tout à une date limite de consommation. C’est comme « Buvez ce lait avant cette date », vous pouvez continuer à en boire après, mais ce n’est plus aussi bon… Je pense que nous avons fait du mieux que nous pouvions ensemble, et on aurait sans doute pu faire quelques bons albums… mais notre but n’a jamais été de faire de "bons" albums, mais d’excellents albums ! Car si nous ne pensons pas que nos albums sont fantastiques, comment pouvons-nous espérer que d’autres le pensent ? Je pense juste que nous avons été lucides. Nous n’avons pas vraiment eu de gros conflits ou quoi que ce soit de ce genre… Peut-être que Johan et Kasper auraient bien aimé la direction un peu plus vintage de "Sitra Ahra", peut-être que Kristian aurait été moins satisfait… mais on aurait pu y faire face, on aurait fait des compromis… Tu sais, il n’y a rien de nouveau, il y a toujours des choses sur lesquelles on n’est pas d’accord, et il y a toujours des compromis, dans chaque groupe… Mais cette fois-ci, nous sentions que nous étions légèrement sur le déclin. Nous avons accompli des choses remarquables ensemble, alors pourquoi commencer à faire moins bien alors qu’on pouvait s’arrêter au moment où nous étions satisfaits et où nous avions passé d’excellents moments ensemble ? Donc, ça s’est passé comme ça, pas de grosse dispute. La seule chose sur laquelle il y avait un petit désaccord… c’était sur la méthode de travail. J’aime créer à partir du chaos, et c’est avec le couteau sous la gorge que je travaille le mieux… je pense qu’avec cinq albums studio et Dieu sait combien de tournées et de DVD, ça commençait à devenir un peu trop confortable. C’est là que je me suis dit que, peut-être, nous nous approchions de notre date d’expiration. Par exemple, Kristian voulait enregistrer ses parties de guitare après le travail… et travailler pendant la journée et enregistrer le soir, ce n’est pas comme ça que je travaille. Pour moi, on doit se concentrer et se dévouer complètement à l’enregistrement. C’est le genre de choses sur lesquelles on aurait pu faire des compromis… on ne se serait pas vraiment disputés, mais j’ai commencé à me demander si le feu sacré était toujours là. Donc, je leur ai dit « On le fait à 100%, si vous êtes à 94%, ça ne suffit pas ! ». On s’est réuni, et ils m’ont dit que j’avais raison, qu’ils n’étaient plus vraiment à 100%, et que je devrais peut-être continué sans eux si je voulais travailler de cette façon-là… Kristian ne semble pas être très pressé, ça fait trois ans qu’il travaille sur le nouvel album de Demonoid… Donc, voilà, nous avons des perspectives et des attentes différentes…

Et que s’est-il passé avec Snowy Shaw ? Il a très récemment quitté le groupe pour revenir aussi rapidement…

Snowy n’a jamais été un membre permanent de Therion, mais plutôt un intérimaire. Quand quelqu’un est engagé, il n’a pas les mêmes obligations… Bien sûr, on était déçu quand on a soudainement appris qu’il n’allait pas participer à la tournée parce qu’il s’était engagé dans d’autres projets… puis il a contacté Thomas Vikström et lui a dit « Désolé, j’ai fait la plus grosse erreur de ma vie, est-ce que ça va si je reviens ? ». Donc, on a dit ok, oublions le passé… Bien sûr, partir comme ça était vraiment stupide, mais tout le monde commet des erreurs… C’est une bonne chose qu’il soit revenu, je pense qu’il a vraiment sa place dans Therion.

Depuis les début des années 2000, vous avez été généreux en matières d’albums ou DVD live (“Live in Midgard”, “Celebrators of Becoming”, “Live Gothic”, “The Miskolc Experience”). En avez-vous d’autres en réserve ?

En fait, nous avons enregistré quelque chose lors de la tournée des vingt ans du groupe, il y a trois ans. Nous avons enregitré un des concerts, il doit encore subir un peu de montage et de mixage avant que nous le sortions. Mais je pense que nous avons saturé le marché du DVD bien que nos produits soient très différents les uns des autres. “Celebrators of Becoming” est plus un disque historique (des débuts jusqu’à la tournée “Lemuria/Sirus B”, avec des clips, etc .), “Live Gothic” n’avait plus de chorale, mais quatre chanteurs et se voulait plus théatral et vraiment différent, “The Miskolc Experience” était encore une fois complètement différent, avec l’orchestre, et beaucoup de morceaux qui n’étaient même pas des chansons de Therion… mais le dernier show que nous avons enregistré, sans être similaire à “Live Gothic” est quand même un peu dans la même veine, je pense donc que c’est une bonne chose d’attendre un peu, qu’il y ait un peu plus de demande…

Dans vos paroles, vous aimez explorer des thèmes lies au mysticisme, aux légendes ou à la mythologie. Aimeriez-vous essayer des sujets différents à l’avenir ?

(Il sourit) Therion qui parle d’histoires d’amour ? Non… je pense que les paroles collent très bien à ce que nous faisons. Elles sont très appropriées pour ce type de musique.

Si vous deviez recommander trois albums de Therion à quelqu’un qui ne connait pas le groupe, lesquels choisiriez-vous ?

Le dernier, “Vovin”, parce que c’est le plus accessible et celui qui s’est le mieux vendu… et probablement “Secret of the Runes”, parce que d’après nos fans les plus intransigeants, c’est notre meilleur.

Vous avez travaillé avec beaucoup de musiciens et chanteurs talentueux. Y en a-t-il avec qui vous rêveriez de travailler sur un prochain album ?

J’ai essayé d’avoir Lori Linstruth sur mon disque, mais elle a rejeté l’offre. Bon (il se retourne et regarde qui est aux alentours et sourit)… c’est une bonne chose pour Christian (Vidal) parce que du coup, il a eu le job ! (rires) En fin de compte, je pense que Christian convient mieux au groupe, mais ma guitariste rêvée était Lori Linstruth, elle joue comme Uli Jon Roth… la démo qu’elle a enregistrée était absolument fantastique. Je lui ai dit que la porte restait ouverte, si elle désirait fait une petite apparition sur un solo à l’avenir…

On sait que vous êtes un grand fan du groupe Accept. Que pensez-vous de leur retour avec leur nouveau chanteur ?

Oui… Je me suis dit: « raté, mais de peu ». Je veux dire, c’est le chant… il fait un bon boulot, je ne veux pas en dire du mal… Il hurle vraiment à pleins poumons, mais on entend que ce n’est pas son chant naturel. Udo ne sait pas chanter autrement, c’est comme ça qu’il sonne. Là, ça donne plus l’impression d’une imitation… ça sonne bizarre et pas naturel. C’est pas mal… mais ça ne donne pas envie de bouger.

En dehors d’Accept, quels groupes ou albums vont ont le plus influence et ont contribué à forger le son de Therion ?

Au début, beaucoup de groupes comme Paradise Lost, The Gathering, Tiamat, Moonspell… et bien sûr, nous n’aurions jamais eu le son que nous avons eu sans Celtic Frost et leur album “Into The Pandemonium”. C’est un album très important. Sur une note plus personnelle, “Beyond The Astral Skies” d'Uli Jon Roth m’a vraiment ouvert les yeux. Et nous avons écouté pas mal de groupes progs ou symphoniques des années 70 comme Pink Floyd, Uriah Heep… et de façon surprenante, on n’en a encore jamais parlé, la musique Yé-Yé ! J’écoute beaucoup de vieilles chansons françaises très réussies…. Tu sais, c’est comme notre reprise de “Summernight City”, beaucoup de gens ne savent même pas que c’est une chanson d’Abba. Ils se disent juste « Les paroles sont bizarres, mais j’aime la chanson ! », et c’est une chanson disco des années 70… Et je suis sûr que beaucoup de chansons de France Gall, comme “Poupée de son” par exemple, seraient vraiment faciles à reprendre et personne ne s’en rendrait compte à part les français. Sylvie Vartan aussi… pas tout bien sûr, il y a des chansons merdiques, mais quand on tombe sur la bonne… et ce qu’il y a de bien c’est que même si les paroles sont connes, je ne le saurai jamais ! J’aime bien aussi quelques trucs de Marie Laforêt… On pourrait faire un album entier de reprises avec tout ça et, à part des gens en France, personne ne saurait jamais d’où ça vient. Ils penseraient que ce sont nos chansons… parce que tout est dans l’emballage, dans la façon dont on enveloppe les choses. J’ai appris ça au cours des années, la façon dont on enrobe les choses est plus importante que le contenu. Certaines personnes détestent Abba, ils disent que c’est du stupide disco de merde… et ils headbangent sur notre version de “Summernight City”… sans même savoir que c’est du Abba !!

J’allais vous demander quel est le guitariste que vous admirez le plus mais je suppose, d’après notre conversation, que la réponse est Uli Jon Roth.

Je ne suis pas vraiment quelqu’un qui se soucie trop des guitaristes mais il ferait parti des rares, oui… Lori Linstruth… je réfléchis… Malcom Young. Beaucoup de gens ne comprennent pas à quel point la guitare rythmique est essentielle, ils sont tellement focalisés sur les soli. Tu sais, si tu écoutes des groupes de reprises d’AC/DC, 99,9999% d’entre eux jouent bien mais ça ne te donne pas envie de bouger quand tu les entends. AC/DC jouent un accord et quatre temps à la batterie et tu cries « Yeah !! Rock’n’roll !! »… ça n’arrive pas avec tant de groupes. Il y a aussi Ritchie Blackmore. Je pense que c’est vraiment un soliste de merde… quand il compose ses soli, ils sont supers, mais quand il improvise, ce qu’il fait beaucoup, ça sonne vraiment comme de la merde ! Par contre, ses riffs, ses rythmiques sont excellentes, putain… c’est pour ça, entre autres choses, que Deep Purple ou Rainbow étaient si bons.

Waldemar Sorychta avait déjà collaboré avec Therion sur “Vovin” et “Crowning of Atlantis” il y a quelques années, et il est de retour sur “Sitra Ahra” ainsi que sur cette tournée. Envisagez-vous d’étendre votre collaboration au-delà de cette tournée ?

Non. Il m’a donné un coup de main sur l’album, et là il nous aide et joue de la basse sur la tournée parce que notre bassiste n’était… et bien… (il hésite)

Pas disponible ?

Bah, pour dire les choses franchement, il est alcoolique et n’arrive pas à s’en sortir. Il fait toujours partie du groupe, on verra bien ce que l’avenir nous réserve… il a vraiment fait un boulot fantastique sur l’album. Je n’ai jamais entendu quelqu’un jouer aussi bien sur un disque, mais il ne peut pas assurer sur une tournée.

Projetez-vous de donner d’autres concerts avec un orchestre symphonique, comme celui que vous avez fait à Miskolc ?

Disons que ça coûte 150 000€ donc… non. Il faut des sponsors, des répétitions pendant deux semaines avec l’orchestre, bien sûr le groupe doit répêter bien avant ça… c’est vraiment un sacré projet ! Cela représente un mois de travail, des tonnes d’argent, et il faut que quelqu’un bosse à plein temps pour chercher des subventions ou des sponsors… Si quelqu’un vient avec une offre du genre « Ok, nous vous proposons ça, on s’occupe de tout », on dirait « Ok, bien sûr, on le fait ». Mais je ne vais pas essayer d’organiser tout ça moi-même.

Je vous laisse le mot de la fin.

C’est super d’être de retour en France. Je veux dire, c’est une drôle de situation… Avant, l’Allemagne était vraiment le pays du Heavy Metal, et la France le pays bizarre où personne ne devenait célèbre… à part Paris où ça se passait toujours bien. Paris était l’exception… et Strasbourg parce que c’était tout près de la frontière, et la moitié du public était allemand de toute façon. Maintenant, nous donnons deux concerts en Allemagne pour la seule raison que c’est sur le chemin, autrement on ne donnerait même pas un concert là-bas. La France est devenue le pays du Heavy Metal, c’est très inattendu.

Savez-vous que vous êtes l’un des rares groupes qui puissent faire plusieurs concerts en France ? Sur cette tournée, vous jouez dans six villes différentes, c’est incroyable. La plupart des groupes ne jouent qu’à Paris.

Avant la tournée Lemuria, nous jouions deux ou trois dates, parfois Lille parce c’est à côté de la Belgique. Et quand nous avons fait la tournée Lemuria/Sirius B, il y avait huit concerts en France. J’ai dit au promoteur « Huit concerts en France !? Vous vous foutez de moi !! Qui va se pointer ?” et il m’a répondu « Non, non, non… les choses ont changé en France. Tout ira bien, faites-moi confiance. ». Je lui ai dit « Ouais, c’est ça… »… nous avons joué, et il avait raison ! Chaque concert était complet… les huit ! Donc oui, quelque chose a changé en France. Tu sais, en Allemagne, ce n’est pas que pour nous… tous les groupes avec qui j’en discute me disent “L’Allemagne, ouais… on y donne un concert si on n’a pas le choix, si c’est sur notre chemin de la France à la Pologne ou quelque chose dans le genre… » C’est vraiment bizarre, le marché est vraiment mort là-bas.

Merci beaucoup, c’était très sympa de discuter avec vous.

Le plaisir fut pour moi.


Venez donc discuter de cette interview, sur notre forum !