SAMAEL

Interview date

Avril 2007

Interviewer

Axel

Un immense Merci
à Axel pour avoir
réalisé cette interview.

I N T E R V I E W (Vorph - guitars and vocals)

C'est Vorph (chant/guitare) qui s'est plié à l'exercice de l'interview, avec beaucoup de simplicité et de spontanéité. Encore merci !
Tout d'abord, merci beaucoup d'accorder cette interview au site www.auxportesdumetal.com. Samael est de ces groupes qu'il est difficile d'étiqueter, parce que vous êtes vraiment en dehors de la norme au niveau du metal, de par votre son et votre façon de jouer. Comment présenterais-tu le groupe aujourd'hui à quelqu'un qui ne connaît pas Samael ?

Je pense que de toute façon le metal c'est quand même notre base, c'est là-dessus qu'on a commencé à travailler. C'est la musique qui nous a donné envie de faire de la musique. A partir de là c'est vrai qu'on a pas voulu interpréter ce qu'on avait déjà entendu, on a essayé de chercher un peu ailleurs, dans les autres choses qui nous interpelaient. Je sais pas, on a un sol metal sur lequel on a bâti quelque chose d'un peu à nous.

Un best-of est sorti récemment. Comment s'est passé le choix des titres pour ce best-of ?

En fait c'est une idée de Century Media, c'est eux qui ont notre "back catalogue". Ils nous ont contacté en nous disant qu'ils allaient le faire, ce n'est pas à nous de dire oui ou non. Ils avaient fait un choix eux-même, et puis nous on a regardé, on a changé une ou deux choses qu'on pensait pas adéquates.

Donc quand même vous avez pu intervenir ?

Pas énorme, pas énorme... Il y avait deux titres, on pensait qu'un valait mieux que l'autre, voilà. Mais le reste, en règle générale, c'est quand même des morceaux qu'on avait beaucoup joué live, des morceaux que le public connaissait déjà. Il n'y avait rien d'exceptionnel. Il y avait juste cette histoire, vu que l'album Reign Of Light n'est pas sorti chez eux, on a fait juste une négociation pour que ces deux titres apparaissent dessus. C'était leur demande.

Solar Soul est prévu pour le premier juin. Est-ce que tu peux déjà nous en parler ?

Je ne sais pas quoi t'en dire, mais je peux déjà en parler. Il est fini. Donc on a fini le mastering il y a pas longtemps, on a fini le visuel... Maintenant on va se préparer un peu pour la promotion, ça va vite.

Comment s'est passée la composition de l'album ? C'est-à-dire est-ce que c'est toujours le duo de Xy et toi ?

On a trouvé quelque chose qui fonctionne, donc on s'y tient. C'est vrai que Xy se sent à l'aise, il est jamais limité. On parle toujours de choses avant, pas rien que nous deux, mais tout le groupe. Et puis, il y a des directions qu'on a envie de ré exploiter, il y a des choses qui sont revenues. J'ai l'impression que Solar Soul n'est pas un best-of, c'est pas ça, mais on a gardé les meilleurs éléments, qu'on pensait les plus intéressants des albums précédents, et on les a réintégrés, on a travaillé autour. Je ne pense pas qu'il y ait vraiment d'expérimentation sur cet album. Quoique, on peut toujours rediscuter là-dessus. Mais l'idée était de se dire "ok, on se concentre, si on doit dire à quelqu'un ce que c'est Samael, on pourra dire c'est cet album". C'était un peu notre idée.

Le premier extrait écoutable sur le net de Solar Soul est Slavocracy. Il semble se détacher des deux derniers albums au niveau du son...

Oh, ce n'était pas un mix final. On a mixé trois titres justement pour démarcher auprès des labels, pour leur faire écouter. C'est un pré-mix qu'on a fait en Allemagne. Et vu que ça donnait quand même une idée, on s'est dit "bon, on va en présenter un déjà au public", les gens peuvent déjà se faire une idée, un petit peu. Mais ce n'est pas le mix final.

Donc c'est pas tout à fait représentatif de ce qu'on aura le 1er juin ?

Le morceau existe, tel quel. Mais le mix sera différent.

Toujours sur cet extrait "Slavocracy", on entend toujours un petit peu cette ambiance orientale. Et pour le reste de l'album ?

Il y a un morceau de l'album qui est clairement basé sur ligne de cithare, et le morceau est construit autour. Sinon le reste, peut-être un peu moins.

Vous avez fait appel au même musicien ?

En fait pour les morceaux avec la cithare, c'est Xy qui les compose au "keyboard", avec un son de cithare.

Parce que sur l'album précédent (Reign Of Light), c'était quelqu'un qui était venu les jouer...

On a eu un guest, qui a rejoué ces parties-là. Et c'est la même personne, oui. C'est Sami, qui joue dans Waltari. Actuellement il fait des (parties) guitares dans Kreator en tournée, je ne sais pas s'il enregistre avec eux.

Les textes de Samael ont beaucoup évolué avec le temps...

On a vieilli aussi.

...allant de quelque chose de très sombre vers des messages beaucoup plus optimistes.

On essaie.

Qu'en est-il du nouvel album ?

Je pense que c'est la continuité. Après tu vois c est toujours très compliqué entre ce que tu veux faire passer et ce que le gens reçoivent. On a eu une "listening session" pour cet album en Allemagne, à l'office de Nuclear Blast, et les gens nous ont dit, sans avoir vu les textes, mais l aspect general qu' ils trouvaient assez sombre comparés à ce qu'ils auraient pensé que ça aurait pu être. Comme quoi tu sais jamais comment les gens vont le recevoir. On n'est vraiment pas dans une optique "dark", ou sombre, je ne crois pas. Je ne crois pas que ce soit ce qu'on essaie de faire passer en tous cas.

Quel est ton regard sur le monde actuel, en tant qu'artiste ?

Probablement il y a quelques titres qui ressortent, par exemple Slavocracy, c'est vrai... Je ne veux pas dire que j'ai cette impression, il y a tellement d'informations... Je ne regarde plus de télé depuis quelques mois, plus du tout. Donc j'ai l'impression de me détacher un petit peu, et puis de recevoir les informations au compte-goutte. C'est déjà filtré, c'est pas du brut, sans cesse. Mais je pense que c'est difficile de se faire une idée sur quoi que ce soit, parce qu'en fait t'as jamais les informations de première main. On te les donne comme ça, il y en a beaucoup. Je sais pas, j'ai souvent l'impression que les gens sont guidés. Ce que j'entends, c'est ce qui est répété de ce qu'ils ont entendu. Les gens ne pensent plus par eux même. C'est un peu, pas une peur, mais une constatation, pour pas mal de gens. Ce morceau est basé un peu sur l'idée de la démocratie d'aujourd'hui. C'est-à-dire que les gens sont libres de choisir, c'est vrai, ça n'a pas changé. En tous cas on y croit toujours. Mais j'ai l'impression qu'ils sont tellement guidés, par les médias - ça m'a l'air grotesque de dire que ça - c'est les gens qui le répètent, c'est une sorte de prêt à penser. Et ils ne pensent plus par eux même. Ils vont faire ce qu'on leur dit, grosso-modo. Et finalement, c'est plus le peuple qui choisit, c'est des esclaves qui s'expriment. C'est un peu l'idée du morceau. Si ça peut donner une idée de comme je vois le monde...

La pochette du nouvel album aura-t-elle toujours cet esprit un peu galactique ?

Non, non. Justement, on voulait se détacher un peu de ça. Avec un titre comme Solar Soul c'était prévisible qu'il y ait un soleil. Alors on voulait vraiment faire quelque chose de complètement différent, mais finalement c'est pas si différent que ça. Mais elle sur notre site internet, en première page, depuis deux-trois jours.

Quelle est la set-list de ce soir, et comment avez-vous choisi les morceaux ?

On n'a pas réadapté quelque chose de spécial. On va jouer deux nouveaux titres, parce que les gens ne les connaissent pas, et ça nous fait plaisir de les jouer.

Un DVD de Samael est sorti il y a déjà quelque temps, sans que vous ayez votre mot à dire...

Ecoute, je peux comprendre, parce qu'en fait, nous, on se sentait pas prêt pour le DVD. En tous cas, moi, il me semblait que ce qu'on avait vu, les rushs de ces bouts de concerts, ne valait pas la peine. Ce n'était pas la peine de décevoir le public. Maintenant, les retours que j'ai eus... Peut-être qu'on se rend plus compte. On veut bien faire, et puis les gens finalement se disent "bon, ça c'est quand même là, pourquoi pas". Je sais pas, j'étais assez critique quand ça a été fait. Et puis quand j'ai vu la réaction des gens, je me suis dit : peut-être que c'est nous qui n'arrivons plus à nous connecter avec les gens pour voir ce que eux voudraient éventuellement voir.

J'avais lu dans une interview que vous n'étiez pas intéressées pour en faire un à l'heure actuelle...

On va sûrement en faire un à un moment donné. Mais même là, je trouve qu'on n'a pas du matériel qui soit suffisamment intéressant. On verra. Il faut déjà avoir un concert "béton", quelque chose de solide, et après construire autour.

Mon titre préféré de Samael reste Moonskin. En lisant les paroles, on pourrait presque croire que c'est une histoire vécue...

Il y a toujours un peu de vécu, on a tous des break-up. C'est inspiré, mais ça ne parle pas nécessairement de moi.

J'imagine que tu dois avoir une petite collection d'instruments de musique. Y'en a-t-il un sur lequel tu préfères jouer ?

Depuis qu'on a ce deal avec ESP, c'est pas parce qu'on est sponsorisé que je vais dire du bien d'eux spécialement, mais je ne joue plus avec autre chose, vraiment. Ca m'arrive de les retoucher, j'ai encore mes guitares d'antan. J'ai des Jackson, des Gibson, que j'aime bien. Mais finalement je crois que là, les qualités des différentes guitares que j'ai se retrouvent dans celle-là. Je trouve qu'il y a l'agressivité des Jackson. C'est une guitare agressive, elle est bien pour du metal. En même temps la forme s'est clairement inspirée de la SG de Gibson, que je jouais avant. Je trouve que c'est un bon compromis. Pour moi, ça me convient.

Qu'écoutes-tu actuellement ?

Un peu de tout. Pas mal de classique. Je me suis découvert une passion pour Chostakovitch. J'écoute pas mal ça, oui.

Est-ce que Samael se sent influencé par certains groupes ?

Difficile à dire. Aujourd'hui je sais pas. C'est sur qu'il y a des groupes qui nous ont donné envie de faire de la musique. A l'époque il y avait des groupes comme Slayer, Metallica aux Etats-Unis. En Europe, c'était plutôt des trucs darks comme Bathory, comme Venom. Des groupes que je trouvais fantastiques quand j'étais, pas même, mais jeune adolescent. Mais je ne vois pas vraiment un groupe aujourd'hui de la scène qui ait une influence sur nous. On s'est fait notre base, et à partir de là on va chercher ailleurs : de la musique électro, de la musique expérimentale, de l'indus', du classique... D'autres choses, histoire de ne pas tourner en boucle.

Vous avez déjà tourné aux Etats Unis...

Plusieurs fois, oui.

...quel accueil recevez-vous là-bas ?

Ca a toujours été bien. Malheureusement, on n'y a pas été pour l'album précédent. Et ça c'est vrai que c'est un peu une déception pour nous. On voulait le présenter. Là, c'est toujours compliqué quand t'as un album, parce que tu vas jouer peu de morceaux de l'album qui est sorti juste avant. Donc les gens n'ont peut-être pas eu la chance de vivre cet album en live.

Question peut-être un peu plus personnelle, au niveau du groupe : comment ça se passe entre les membres pendant les tournées ?

Ecoute, c'est sur que sur le long terme c'est un peu compliqué que ce soit toujours au beau fixe. On fait tous un effort. On sait qu'on doit vivre ensembles, il faut faire en sorte que ça se passe le mieux possible. On est tous conscients de ça, et je crois que ça va. Ca se passe bien. Même quand c'est un peu du tendu ça se passe encore bien.

De tous les pays que vous traversez, y en a-t-il un que vous préférez ?

La France, bien sûr ! (rire)

Mais au niveau du public, y en a-t-il un qui vous accroche plus ?

Le public français nous a toujours bien reçus. On avait beaucoup entendu parler du public de Paris surtout, qui était un public soit-disant difficile. J'en sais rien. On était vraiment étonné la première fois, et ça ne s'est jamais démenti. Ensuite il y a des endroits comme la Pologne, qui nous ont accueilli avant même qu'on ait vraiment un album. On avait déjà un public qui nous avait reconnus là-bas. Et ça non plus ça ne s'est pas démenti. Donc c'est des choses qui font plaisir, sur le long terme, de retourner et de voir des gens qui ont des enfants, et qui nous ont dit : "on vous a vu la première fois, c'était en 90...". Voilà, ça fait plaisir.

Toutes les questions n'ont pu être retranscrites, à cause d'une prise de son difficile. Remerciements à Erwan et Guillaume qui m'ont aidé à préparer cet interview, et bien sûr à Yann, du site.

LIVE PICS DU 07 AVRIL 2007
Festival Rockambullesque à Quimperlé