Groupe:

Celebrare Noctem Fest 2015

Date:

21 Novembre 2015

Lieu:

Traun, Autriche

Chroniqueur:

Azagtoth, Mythos

Celebrare Noctem Fest – La kermesse de l’occulte [Mythos]

8h45 : Départ de Strasbourg après une raclette monstrueuse la veille. Azag prend le volant et se lance sur les pistes d’autoroutes allemandes à grande vitesse. Le Celebrare Noctem Fest, kermesse de ce qui se fait de mieux dans le BM occulte ces derniers temps, est à portée de main ! Je mets une petite playlist de circonstance et c’est parti pour sept heures de trajet dans la campagne bavaroise. On se met un Lychgate pour commencer, Cebren-Khal suit pour enchaîner avec le génialissime split Ysengrin/Borgia. Les discussions vont bon train, ça parle Black Metal, chroniques et festoches.

15h00 : On se rend compte qu’on a un peu mésestimé le temps du trajet… Le GPS n’aide pas puisqu’il se paume en pleine campagne et nous fait passer par les petites routes du cru : une église de Hobbits, un village alambiqué et des cabanes de chasseurs nous emmènent finalement en Autriche. C’est quand même beau, la Bavière !

16h30 : Je prépare mon matos photo. Quoi de mieux que l’argentique noir & blanc (très contrasté) pour retranscrire la sombre et occulte ambiance du Celebrare Noctem Fest !

16h45 : Traun, enfin. Mignon petit village perdu au milieu d’une zone industrielle. Maintenant il faut trouver la salle. Mais comme toujours dans ces cas-là, il suffit de suivre les troupeaux noirs à patchs. Le « Spinnerei » est enfin en vue, un beau bâtiment style XIXème qui accueille un festoche de BM occulte, la classe ! La faune est entièrement constituée de gros fans blackeux et blackeuses. Du noir et un peu de rouge constituent les seules couleurs apparemment autorisées ! C’est beau la vie. Un petit tour du proprio, une pinte en main (à 2€50 seulement !) et on se lance dans l’obscurité…



Lychgate« A principle of seclusion »[Azagtoth]

17h20 : l'objectif initial était d'arriver pour la prestation de Lychgate, groupe qu'il nous tardait de voir sur scène après l'excellent An Antidote For The Glass Pill sorti récemment. La musique du groupe de Vortigern rentre totalement dans ce concept de l'occulte promu par le festival.

Force est de constater que le planning a déjà un peu de retard, car le concert de Lychgate démarre une vingtaine de minutes après l'heure prévue, le temps pour nous de déguster ce fin nectar céréalier à prix d'ami évoqué plus haut.

Premier constat en rentrant dans la salle : il n'y a pas foule. D'un côté, c'est cool, ça fait de la place. D'un autre, c'est triste parce qu'on en est déjà au troisième groupe de la soirée...
Fort heureusement, ça se remplira assez rapidement par la suite.

 

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Le concert à proprement parler fut une déception, autant le dire de suite.
Déjà, le son n'est pas génial - avec le recul, on se dit qu'ils n'ont vraiment pas eu de bol -, car la guitare de Vortigern (pour l'occas', il a fait pété la huit cordes) est inaudible, les samples orchestraux et d'orgue sont largement sous-mixés, ce qui nuit grandement à l'ambiance de leur musique, tellement envoûtante sur album.
Par ailleurs, et c'est un tout autre problème, les musiciens manquent cruellement de charisme : ils sont de robe de moine vêtus certes, mais ça ne s'inscrit au final dans aucune démarche réellement occulte. Il n'y eut aucun rituel particulier durant leur prestation. Ils auraient pu être fringués normalement que c'eut été pareil... En plus, ils sont statiques et peu expressifs.

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Du reste, leur musique est vraiment géniale, ça n'empêche. Avec un bon son, ça aurait pu tout casser et on aurait pu presque oublier leur faible présence scénique ; d'autant que j'en attendais plus d'un frontman comme Greg Chandler.
M'enfin bon...

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Outre
– « Homo homini lupus est »
[Mythos]

18h05 : Deux mois avant, l’excellent groupe suédois Irkallian Oracle avait été remplacé par Outre, groupe de Black Metal polonais encore inconnu au bataillon.

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Mais à peine le show est entamé que j’oublie l’offense suédoise. Marcin Radecki, bassiste et poète du groupe, enflamme la scène par sa présence animale surnaturelle. On est loin du Black occulte à la sauce ésotérique, c’est vrai, mais Outre est tellement charismatique sur scène qu’on ne fait plus qu’attention à ce qui se passe sous nos yeux. Le chanteur se faufile entre les instruments, balance des headbangs à te briser les cervicales. On dirait un animal enragé, agile, rapide et diablement charismatique.

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Tandis que le guitariste à ma droite ressemble comme deux gouttes d’eau à un « War boys » de Mad Max Fury Road. Imaginez l’ambiance ! Ca brise sec !

Outre fut donc une belle surprise sur scène, m’incitant par la suite à aller checker un peu plus leur discographie.

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Plaga
- L'école des fans [Azagtoth]

19h15 : après un Outre sympatoche mais un peu hors sujet (mon ressenti, mais pas que), on a droit aux gaillards de Plaga pour poursuivre les hostilités.

Leur frontman (Necrosodom, vocaliste de scène, un ancien de chez Thunderbolt et Throneum), on ne peut le lui enlever, a de la carrure et du coffre. Il est tout à fait à l'image de la musique du groupe, en fait : frontale, brutale, basique. Encore un énième combo de black tradi, qui a bouffé du Bathory jusqu'à en vomir son goûter de la veille.

Mais le groupe polonais a des fans dévoués au premier rang : une bande d'hurluberlus locaux qui pogotent et hurlent comme des dévôts avinés, avec tant d'énergie qu'on a failli s'en prendre une - et aussi par la suite, mais je vous raconterai...

Leur musique a de la patate, c'est certain. Mais deux groupes de suite qui ne font pas spécialement dans l'occulte et qui matraquent comme des bourrins en pure perte, c'est peut-être un peu trop.


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Hetroertzen
– « Buvez-en tous, car ceci est mon sang »
[Mythos]

20h30 : Changement radical d’ambiance. Après la violence machiste de Plaga, Hetroertzen dévoile l’ésotérisme poignant des androgynes chiliens ! Hommes, femmes, peu importe après tout…

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Car Hetroertzen prend le relais dans une atmosphère digne des plus grands de l’occulte. L’encens envahit la salle tandis que le groupe boit un drôle de breuvage dans des coupes dorées. Ain Soph Aur, leur dernier opus, m’avait bien secoué les tripes, j’attendais donc avec impatience de voir le show se produire sur scène. Les musiques s’enchaînent avec un son parfait, des interludes religieux et des coups de pied dans les enceintes qui finissent par briser l’objectif de mon appareil, malencontreusement posé sur la scène… C’est pas très grave, l’argentique, ça coûte pas cher ! (Mais ça expliquera mes photos en couleurs de Nightbringer et l'absence de clichés pour Aosoth…).

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Aosoth« Variations of violence » [Azagtoth]

21h25 : après un Hetroertzen excellent et qui remettait les pendules à l'heure, il était temps d'arriver à la prestation du seul groupe français de la soirée, mais pas des moindres : Aosoth, sous forme d'un quatuor pour ce concert, le second guitariste n'ayant pu venir pour raisons personnelles.

Pour tout vous avouer, je ne suis pas spécialement connaisseur de l'oeuvre du groupe francilien. Mais leur réputation les a précédés et c'est en toute sobriété mais avec une conviction flagrante qu'ils investissent la scène.

Le frontman, MkM, est une vraie terreur : c'est franchement le vocaliste le plus impressionnant de la soirée, de mon point de vue. Certes, la bure de moine a été troquée contre un sweat-shirt pas super ecclésiastique - quel que soit le clergé dont ils se réclament -, les autres musiciens n'ont pas vraiment non plus d'uniforme de rigueur en pareille circonstance. Mais la présence scénique d'Aosoth leur permet de se passer de ce genre d'artifice pour parvenir à leurs fins. Leur musique parle d'elle-même : c'est puissant - ce son qui décoiffe, p****n !! -, c'est lourd, c'est sombre, c'est vicieux, c'est torturé. Autant de qualificatifs génériques mais qui trouvent vraiment leur sens dans la musique d'Aosoth.

Les morceaux se succèdent sans faiblir une seule seconde, leur prestation est d'une intensité inégalée jusqu'ici dans ce festival, on est tout à fait dans ce black occulte pour lequel on a fait tout ce chemin. Impressionnant.

Tellement impressionnant au final, que leur concert se termine par une rixe, ou du moins ce qui n'en fut heureusement que l'amorce - d'où l'autre presque beigne que j'évoquais plus haut. Tout s'est bien fini, rassurez-vous, dans une ambiance de franche camaraderie après interposition - pacifique, mais tout de même - de membres de l'organisation. On a frôlé la catastrophe...
La morale de l'histoire étant que le black metal a beau être violent, il finit immanquablement par fédérer les gens. Avis aux détracteurs.

Seul problème en ce qui nous concerne : petit incident avec le matériel de mon collègue comme dit plus haut, ce qui fait que nous n'avons pas de photo à vous montrer...

En contrepartie, on a tapé la discut' avec MkM d'Aosoth. Un moment très sympa, qui se prolonge par une interview que vous pouvez retrouver ici.


Nightbringer
– « The devil is in the detail »
[Azagtoth & Mythos]

22h55

Mythos : On y est enfin, Nightbringer. Mouhahaha, la salle est à son comble ! Je me mets bien devant pour ne rien rater de la prestation des Américains. Si vous êtes un adepte des sons obscurs et que ce nom ne vous dit rien, alors plongez-vous de suite dans la discographie récente du groupe. En effet, comment oublier l’excellent Ego Dominus Tuus sorti l’an passé ? Une tuerie, tout simplement.

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Au début, j’appréhendais un peu au niveau du son. Nightbringer est tellement complexe musicalement qu’en live ça doit être vraiment difficile de rendre avec perfection les détails du studio. Mais le pari est relevé avec brio ! On percevait jusqu’aux plus petits détails diaboliques des compositions. Un régal pour les mélomanes. Inutile de préciser que l’ambiance est d’enfer, les interludes sont géniaux et toujours religieux, l’autiste du devant de scène balance toujours sa tête comme une goule servile et l’encens continue de produire son effet sur les esprits. Une claque et une bonne leçon pour les groupes qui pensent que le son du live les dessert.

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Azagtoth : on était venu pour eux, on n'a pas été déçu. Nigthbringer est un groupe à la hauteur des attentes suscitées par un dernier album exceptionnel. L'occulte prend encore une nouvelle dimension avec un groupe pareil. Même si le line-up est fait de bric et de broc - cinq encapuchonnés sur scène dont un gratteux de Horna, un gratteux d'Enthroned, un vocaliste de remplacement d'on ne sait où, alors que le groupe compte normalement sept membres fixes -, chacun des membres apporte sa brique à l'édifice imposant érigé à l'occultisme, digne des plus fervents dévôts à la cause du Malin.

Tout au long de leur prestation, les protagonistes sont comme possédés par leur musique, tantôt charmés par leurs propres mélopées, tantôt murmurant des oraisons impies, le regard mauvais tourné vers la foule, tantôt appelant celle-ci à la vénération du Malin dans un élan de ferveur satanique irrépressible.
Le clou de la soirée, ce fut bien eux.

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Conclusion – « El sueño de la razón produce monstruos » [Azagtoth, Mythos]

Mythos : une première fois d’enfer au Celebrare Noctem Fest. Les groupes sont choisis avec beaucoup de précision, l’ambiance est sympathique et évidemment très orientée Black Metal. Tout est présent pour satisfaire le fan d’occulte : du merchandising pointilleux à l’atmosphère scénique en passant par un public endiablé (au sens premier du terme). On y reviendra, c’est certain.

Azagtoth : le genre de fest bien underground qu'on aimerait faire souvent, avec une sélection pointue - dommage pour Irkallian Oracle, qui avait définitivement sa place, et tant pis pour les deux groupes un peu "hors sujet" -, un super ingé son - le meilleur son que j'aie entendu dans une salle de cette taille -, un public très présent et pas excessivement nombreux. Un festival à taille humaine auquel nous participerons certainement à nouveau.

 

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