Le 14 février, soir de la St Valentin, je me trouvais au théâtre Lino Ventura à Nice. Celui-ci était quasi à guichets fermés, près de 700 personnes étaient présentes pour accueillir Fish, le chanteur originel du groupe Marillion. Il nous avait fait faux bond le 24 novembre 2014 car il avait dû interrompre prématurément sa tournée européenne pour raison de santé. Remis depuis, le voilà enfin à Nice ! Le groupe d'ouverture pour cette soirée est Damnation (Tribute To Opeth), il est aussi l'instigateur de la venue du géant écossais dans la cité azuréenne. 

Il est pile 20h30, la lumière s'éteint, le set de Damnation commence ! Ce groupe niçois va nous jouer en version acoustique quelques morceaux du répertoire d'Opeth, six exactement, comme le nombre de musiciens qui composent cette formation. Le chant est partagé à trois : une voix féminine, celle de Valerie Noireaut, puis deux masculines, celles des guitaristes Alex Lamia et Eric Bouillette. Anne-Claire aux claviers, à la basse Bernard Hery (Bernie) puis Gilles Laguionie à la batterie forment le reste de la troupe. Comme vous l'avez sûrement deviné au patronyme des niçois, c'est album Damnation qui est le fil conducteur du set, qui commence par To Rid The Disease. Puis suivent Hope Leaves et Windowpane. Entre les titres, il y aura peu de paroles, les seuls bruits seront les applaudissements nourris d'un public conquis par les versions proposées et surtout exécutées de belle manière ! Les parties de guitares sont de vrais tire poils. Bien entendu ce n'est que mon avis, mais je trouve les soli plus prenants que sur les versions originales. 

Pour Eric, nous avons affaire à un requin de studio aux multiples projets donc cela peut être normal, mais Alex, lui, est un jeunot d'une vingtaine d'années. Vu son touché et son bagage technique, c'est à se demander s'il n'a pas appris à jouer avec son cordon ombilical dans le ventre maternel ! Outre la guitare, tout comme Valérie, Alex s'en sort très bien vocalement, même si Eric participe aussi, ce sont tous les deux qui chantent en lead sur la majorité des titres. Malgré la sobriété des orchestrations, on peut aussi admirer le jeu de basse de Bernie et la précision de Gilles à la batterie. Quant à Claire toujours très concentrée aux claviers, elle s'est lâchée un peu, nous avons eu droit à quelques sourires (trois). La petite bande clôt sa partie Damnation par Closure puis enchaîne par Harvest (Blackwater Park) reconnu dès ses premiers accords par un public bluffé par le talent de ces six musiciens. C'est un magnifique Face Of Melinda (Still Life), agrémenté d'un superbe solo, qui sera le dernier titre de ce superbe set ! Tout le théatre Lino Ventura, charmé par ce show, est debout pour ovationner les Niçois, auteurs d'un concert sans faille !

Setlist Damnation (Tribute To Opeth) :

01. To Rid the Disease 
02. Hope Leaves 
03. Windowpane
04. Closure 
05. Harvest 
06. Face of Melinda

Nous avons droit à un entracte qui me permettra de dire bonsoir à quelques collègues et surtout d'embrasser mon beauf préféré, Fred, venu spécialement d'Aix et arrivé juste au début du set de Damnation. Le temps d'une bière et d'un passage aux urinoirs et nous revoilà dans la salle. Fred retourne à sa place et moi avec mon pass photo fièrement accroché à ma poitrine, je me cale devant la scène avec mon appareil prêt à dégainer.

Le noir se fait, on entend de la cornemuse. Sur un grand écran, on retrouve la pochette de Feast Of Consequences. Les musiciens se mettent en place puis le guitariste pose quelques notes sur sa guitare sèche : c'est l'intro de Perfume River. Fish entre en chantant puis une fois devant le public ouvre ses bras vers nous. Ce titre commence crescendo pour finir très rock, le public est déjà très réactif. Un"Hello Nice !" puis quelques paroles en anglais certainement pour dire que le premier titre sort de son dernier album en date, Feast Of Consequences, qui est aussi le titre du prochain morceau. On sent qu'une partie du public est prête à exploser sur le refrain de cette compo bien enlevée mais la salle est un amphithéâtre avec des sièges non escamotables, donc pour éviter que les rabats-joie ne râlent, on se contient même si c'est dur, sur le remuant Manchmal. Puis ce sera le plus calme Arc Of The Curve, ils sont extraits tous deux de l'album 13th Star.

L'ambiance se fait solennelle, les musiciens s'effacent... Fish s'assoit en bout de scène face au public, la lumière se fait intime, puis en grand narrateur il nous raconte l'histoire de son grand père William Paterson, un soldat de sa majesté qui, pendant la guerre 14-18, est venu combattre les Allemands dans une tranchée nommée "High Wood".

Cette intro émotionelle nous emmene à la suite centrale de l'album Feast Of Consequences, composée de High Wood, Crucifix Corner, The Gathering, Thistle Alley et The Leaving. Cette longue pièce en cinq actes évoque la grande guerre, elle débute et se termine au piano, en introduisant des parties de musique écossaise puis des variations rythmiques martiales parfois proches de marches militaires. Ces ambiances lourdes et épaisses sont accompagnées d'images de combat diffusées sur grand écran, rajoutant à l'intensité de ce moment fort de communion entre Fish et ses fans.

Ce passage historique terminé, je remonte dans les gradins. Sur l'écran s'affiche un gars accoudé à un comptoir avec un cocktail à la main. Sous de riches applaudissements, Fish nous annonce Slainthe Mhath, un titre qui nous renvoie fin des années 80, au dernier album de Marillion avec Fish au chant. Enfin le Lino Ventura se lève, même si on entend par-ci par-là quelques râleurs mais on s'en fout ! Beaucoup de fans étaient ados quand ce titre est sorti et dès les premières notes, nous avons retrouvé notre jeunesse d'antan, on reprend en choeur avec lui "Take it away, take it away, take it away, Take me away, take me away, take me away". Un grand moment qui ne sera pas le dernier. Sur Vigil, le titre suivant extrait de l'excellent Vigil In a Wilderness of Mirrors, Fish descend de scène et vient au contact de son public, serrant des mains au premier rang puis, tout en chantant, il se lance dans l'ascencion de l'escalier central du théâtre, micro en main, une longueur de fil impressionnante, et traverse la salle. Le géant écossais s'arrête à mes côtés, je lui serre la main puis il se met à chanter là, devant moi. Mon gun (mon reflex) sur les genoux j'ai pu immortaliser ce moment qui dure pratiquement toute la chanson, pour le plus grand plaisir de ses fans, c'est à dire nous !

Après ce bain de foule, les musiciens enchaînent sur l'entraînant Big Wedge, extrait du même album que Vigil. Une partie du public commence à descendre devant la scène. L'ambiance atteint son paroxysme quand, sur l'écran, on voit un enfant jouant du tambour, nous renvoyant trente ans en arrière à l'album Misplaced Childhood... Là, le devant de scène est plein et tout le Lino Ventura est debout pour danser et chanter sur Hearth Of Lothian ! Fish nous applaudit et serre encore quelques mains et sort de scène... Puis revient après quelques "encore, encore" et des "oh, oh, oh !" venant de notre part. L'air joué est familier, "Ouha! Ouha !" c'est Incubus une chanson culte tirée de Fugazi (deuxième album de Marillion). Ce titre me renvoie dans la pinède de Juan les Pins, 28 ans en arrière, un 14 juillet ! Vu le délire dans le théâtre, je pense que beaucoup de fans y étaient aussi ! Fish a vraiment l'air touché par l'ambiance du public sur ce morceau ! Sur The Compagny qui sera vraiment le dernier titre de la soirée, il mime une danseuse classique puis nous demande de faire de même. Des dizaines de fans se retrouvent à faire la ballerine devant la scène ! C'est l'heure des adieux, le théâtre fait une longue standing ovation en hommage à Fish et ses musiciens. Ils nous ont offert un magnifique show ! Tout y était : son, imagerie, lumières, émotion, énergie... Nostalgie ! 

Setlist Fish:

01.Perfume River
02. Feast Of Consequences
03. Manchmal
04. Arc Of The Curve
05. High Wood
06. Crucifix Corner
07. The Gathering
08. Thistle Alley
09. The Leaving
10. Slainthe Mhath
11. Vigil
12. Big Wedge
13. Hearth Of Lothian
Rappel :
14. Incubus
15. The Company

Le théâtre se vide peu à peu... Les fans se retrouvent à l'entrée devant le stand de merchandising espérant y retrouver le géant écossais. Il sera bien au rendez-vous, mais n'ayant pas le temps de l'attendre, une affiche et un tee-shirt en main, je repars chez moi, content de cette belle soirée. Pour cela je ne remercierai jamais assez Anne-Claire et Eric, je les embrasse bien fort !