Groupe:

Hammerfall + Orden Ogan + Serious Black

Date:

03 Février 2015

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Grosse soirée power metal au Trabendo parisien en ce 3 février 2015. Les Suédois du groupe Hammerfall sont venus pour nous réchauffer au cœur de cet hiver glacial et, pour ce faire, ils se sont adjoints les services de Serious Black (nouveau supergroupe comptant dans ses rangs Roland Grapow, Thomas Stauch et Urban Breed entre autres…) et Orden Ogan, formation allemande qui vient de nous régaler avec la sortie de son puissant Ravenhead. Une belle affiche donc… que tout amateur du genre se devait de ne pas louper. Ce concert faisait partie de ceux que j’attendais le plus en ce début d’année et pourtant, je ne suis pas un grand fan d’Hammerfall (j’ai gentiment décroché après leur deuxième album), cependant leur nouvel opus est sympa et je sais d’expérience que le quintet peut être très bon sur scène. Mais cette fois-ci, ce sont surtout les deux groupes qui ouvrent pour les templiers suédois qui me motivent. Orden Ogan est en passe de devenir une véritable valeur sûre du genre dans lequel il officie (les deux derniers albums sont excellents) et Serious Black va être l’occasion pour moi de voir un chanteur que j’apprécie particulièrement et qui se fait extrêmement rare par chez nous : le fameux Urban Breed (ex-Tad Morose, ex-Bloodbound, Trail of Murder, Project Arcadia).

Seulement voilà, quand Serious Black investit la scène du Trabendo, on remarque (ceux qui suivent un peu les news sur le net étaient avertis) immédiatement que deux personnes - et pas n’importe lesquelles - manquent à l’appel : Roland Grapow (ex-Helloween, Masterplan) ne participe pas à cette tournée à cause de problèmes d’acouphène et Thomen (le fameux batteur des plus belles années de Blind Guardian) souffre d’une hernie discale. Heureusement, la tournée n’a pas été annulée et deux remplaçants ont été immédiatement engagés. C’est Bob Katsionis, bien connu des fans de Firewind, qui se charge de la guitare et Ramy Ali (Freedom Call) qui est assis derrière les fûts. Un supergroupe privé de deux de ses plus illustres membres, ça le fait moins quand même… mais les musiciens choisis pour assurer à leur place sont plus que compétents et il reste toujours Urban Breed… alors, ça me va !  C’est l’intro Temple Of The Sun qui sort des enceintes pendant que les musiciens investissent la scène avant d’enchaîner avec l’excellente Akhenaton. Niveau light-show, c’est le minimum syndical… on croirait presque à la panne de courant s’il n’y avait pas quelques spots bleus ou verts de temps à autre pour nous assurer du contraire. Le son, sans surprise… imparfait comme celui d’une première partie mais pas catastrophique. Le volume des micros aurait pu être poussé davantage et ça manque un peu de clarté ou de précision mais l’ensemble est fort et assez puissant. On distingue tout de même les mélodies et les interventions des guitaristes qui restent un peu couverts par une batterie qui casse la baraque. C’est en tout cas le rendu que l’on avait depuis les tous premiers rangs.

Le groupe est sympa et semble motivé. Certains de ses membres ne sont pas très extravagants (le clavieriste Jan Vacik ou le guitariste Dominik Sebastian) mais appliqués. Le bassiste Mario Lochert fait déjà plus le show et s’agite, s’adonne à un peu de headbanging, tape dans ses mains (sans oublier de balancer au micro d'Urban Breed l'imparable phrase française que tout étranger aime sortir à l'occasion : "voulez-vous coucher avec moi ce soir ?")… Marrant de constater que les deux musiciens les plus démonstratifs sont en fait les remplaçants : Katsionis et Ali donnent tout… et ce n’est même pas leur musique ou leur groupe. En tout cas, ils ont l’air de s’éclater et ça fait plaisir à voir. Urban Breed incarne un frontman plutôt à l’aise et souriant. Niveau voix, c’est parfois pas mal du tout mais également un peu faible par moment (il nous confiera après le show, devant le stand merchandising qu’il est actuellement malade… ceci explique cela).

Serious Black a un temps de jeu assez court (trente minutes) et nous présente donc six titres de son premier opus. En plus de la fameuse Akhenaton, le groupe joue la sympathique mais pas transcendante Setting Fire To The Earth mais également quelques morceaux plus convaincants comme Older And Wiser ou la speed I Seek No Other Life qui servira de conclusion à un set court et perfectible, forcément frustrant mais tout de même très sympa. La complicité entre les membres du groupe est palpable, reste à revoir ces messieurs avec un meilleur son, un set plus long et un chanteur plus en forme…

Setlist Serious Black :

01. Temple Of The Sun / Akhenaton
02. Setting Fire To The Earth
03. High and Low
04. Older and Wiser
05. Sealing My Fate
06. I Seek No Other Life

 

Un petit quart d’heure après cette première mise en bouche, c’est au tour d’Orden Ogan de chauffer l’assistance. La fosse s’est bien remplie et les Allemands bénéficient d’un accueil chaleureux. Une fois l’intro Orden Ogan achevée, le premier titre jeté en pâture aux fans est le nouveau single F.E.V.E.R. La mélodie, l’énergie et l’efficacité de cette compo en font un morceau idéal pour bien lancer la machine. L’intensité ne faiblit pas avec un bon vieux To New Shores Of Sadness extrait de l’album Vale. Le groupe est en place, techniquement, les musiciens sont au point. Le guitariste Tobi et le bassiste Niels échangent leur place et font le job avec entrain. Seeb, tenu d’assurer le chant et la guitare, à l’instar d’un Dave Mustaine, est contraint de rester derrière son micro et a l’air plus concentré… ce qui ne l’empêche de remplir son rôle de frontman avec décontraction et humour.

Le set se poursuit donc avec énergie et bonne humeur. Les interventions de Seeb sont toujours les bienvenues comme quand il demande aux porteurs de cheveux longs de s’adonner au headbanging sur Deaf Among The Blind tout en précisant que les chauves (ou ceux qui ont les cheveux courts) n’ont aucune excuse et devront s’acquitter de leur tâche en mettant leur main au dessus de leur tête et de la bouger en suivant la cadence ! Le frontman nous chambre gentiment quand il nous explique ce qu’il attend de nous sur To The End. Le refrain commence par un gros « FATE », il nous montre son poing qu’il appelle pour l’occasion le « Fist of Fate » et le tend vers le ciel en criant « FATE »… Quand il demande au public de faire la même chose, ce dernier s’exécute mais hurle un truc pas très compréhensible du style « WHOOOOAAAA »… Et Seeb nous regarde, dépité, avant de nous balancer que la Belgique a compris plus vite que nous.  Sur The Things We Believe In, même chose, ils nous fait participer en nous sommant de crier « Cold, dead and gone » en fin de refrain et s’émerveille qu’on ait compris le truc du premier coup. « Ah, c’est la première fois que vous faites mieux que les Belges » nous dit-il. 

A part ça, le hit We Are Pirates (chanson écrite en hommage à Running Wild, une des influences indiscutables du quatuor) est toujours très apprécié en concert. Les nouveaux titres passent très bien. Dommage que, vu qu’il tourne avec Hammerfall, le groupe n’en ait pas profité pour jouer l’excellente Sorrow Is Your Tale sur laquelle chante Joacim Cans. C’était un peu l’occasion rêvée, non ? Pas grave. Mais c’est vrai que je trouve un peu dommage, de façon générale, que les groupes qui tournent ensemble ne prennent que si rarement le temps de faire un petit boeuf… 

Au rayon des légers bémols : les samples. C’est sans doute inutile (et pas très intéressant pour vous, chers lecteurs) mais je continue de dénoncer et regretter qu’autant de formations utilisent sur scène des bandes avec, notamment, des chœurs enregistrés. Attention, je ne dis pas que le groupe fait du playback, l’essentiel de la musique que l’on entend provient bien des musiciens présents sur scène mais ça m’énerve toujours un peu, au moment des refrains, de voir des gars s’affairer derrière leur micro avec par-dessus des jolis chœurs tout propres que l’on croirait tout droit sortis de l’album (ce qui, en fait, est le cas). Voilà, j’ai fini de râler. Les quarante-cinq minutes passent très vite, le groupe est bien sympathique, les titres sont plus que bons (les éclairages sont toujours assez faiblards, le son n’est pas mauvais même si on entend plus la guitare de Tobi que celle de Seeb, pas assez forte sur les soli), The Things We Believe In est un final de choix, épique et mélodique à souhait… Et alors que j’écris ces lignes, je me dis que je reverrais Orden Ogan avec plaisir à l’occasion… ce qui tombe bien vu qu’ils repasseront en première partie de Powerwolf en septembre prochain.

Setlist Orden Ogan :

01. Orden Ogan / F.E.V.E.R.
02. To New Shores Of Sadness

03. The Lord Of The Flies
04. To The End
05. Ravenhead
06. We Are Pirates
07. Deaf Among The Blind
08. The Things We Believe In

 

La soirée bonne humeur et heavy metal continue et s'achève avec Hammerfall. Les fans sont contents de retrouver le groupe qui est revenu avec un album pas révolutionnaire (contrairement à ce que son titre pourrait laisser entendre) mais honnête dont est extrait la première chanson du set : la très bonne Hector's Hymn. Tête d'affiche oblige, le son et le light show sont maintenant bien meilleurs. 

Le line-up a quelque peu changé depuis le dernier concert au Bataclan puisque Fredrik Larsson est en congé parental et qu'Anders Johansson a quitté le groupe. Cela dit, le monsieur qui a repris la basse temporairement laissée par Larsson n'est pas un inconnu puisqu'il s'agit de l'ex-guitariste Stefan Elmgren qui revient au bercail. Le batteur s'appelle David Wallin (avec le nom écrit sur ses grosses caisses, c'est facile de l'identifier) et a joué dans le groupe Pain. Ce n'est pas que la section rythmique précédente déméritait (même si j'avais été légèrement déçu par Johansson lors du dernier passage du groupe à Paris) mais celle-ci me semble un poil plus fraiche et vaillante.

Une fois Hector's Hymn (morceau impeccable pour annoncer le retour aux affaires des templiers) achevé, le quintet enchaîne sans temps mort avec un autre hymne : Any Means Necessary, toujours aussi imparable. Le groupe est en forme et content de jouer, du moins c'est l'impression qu'il donne. La palme du gars qui joue le mieux avec les photographes revient au très sympathique Pontus Norgren qui pose à volonté, pointe du doigt les photographes pendant qu'ils s'affairent, se penche sur eux, grimace etc. 

Le show est rodé, les titres s'enchaînent, le Trabendo est joyeux et chante à tue-tête sur des gros refrains taillés pour le live. Dans la fosse, ça bouge un peu... mais on a connu des soirées plus agitées. L'ambiance est bon enfant et c'est ce qui compte, on est à un concert de Hammerfall, pas d'Overkill.

Joacim Cans n'est pas le chanteur du siècle et il m'est déjà arrivé de le trouver un peu faible en concert... mais pas ce soir. Il s'acquitte particulièrement bien de sa tâche et chante juste, même sur les passages les plus hauts. Il a aussi un bon contact avec le public et fait preuve (comme les vocalistes qui ont occupé la scène avant lui ce soir) d'humour. C'est notamment le cas sur Let The Hammer Fall où il s'adresse à l'assistance en précisant que c'est assez facile d'éructer un bon gros "FALL" juste après les mots "Let the hammer..." vu que, quand même, le groupe s'appelle Hammerfall... C'est bien fait quand même, non ? 

Le show des Suédois est donc enlevé et fun sans faire dans le grand-guignol non plus. Hector et son marteau ne défileront pas sur scène ce soir... mais Oscar Dronjak sortira quand même sa belle guitare marteau sur Let The Hammer Fall (logique). 

On retiendra aussi un medley instrumental inhabituel pour lequel le revenant Elmgren agrippera une guitare. Au sein de cet intermède, les fans auront reconnu des passages de The Dragon Lies Bleeding (que j'aurais préféré joué en intégralité), Hero's Return ou encore Riders Of The Storm. Sympa !

Quelques changements de setlist ont eu lieu depuis la tournée précédente et on remarque la réapparition de vieux titres qui font plaisir comme Threshold ou Hammerfall. Infected n'est plus qu'un (bon ou mauvais, à vous de voir) souvenir vu que seul B.Y.H. (Bang Your Head) en est extrait... En ce qui me concerne, ce n'est pas plus mal. Le nouvel album est représenté par trois compos de choix : Hector's Hymn, Live Life Loud et We Won't Back Down... Mais où est passé Bushido, le fameux single pourtant noté sur la setlist scotchée à la scène ? Aux oubliettes... dommage. Le show devait se finir à 22h40 et il se terminera dix minutes plus tôt. Un petit coup de fatigue et, par conséquent, une légère envie d'abréger le set ? Possible... mais on ne se plaindra pas trop car la prestation des Suédois a été tout à fait honorable. Avant de quitter le Trabendo, le groupe nous gratifie d'un rappel constitué de Templars Of Steel et de l'inamovible Hearts On Fire qui donne au public une dernière chance de s'égosiller sur le break. Si certains en doutaient, le constat est sans équivoque : Hammerfall sait toujours tenir une scène et demeure un groupe très sympa à voir en concert. 

Setlist Hammerfall :

01. Hector’s Hymn
02. Any Means Necessary
03. Renegade
04. B.Y.H.
05. Blood Bound
06. Heeding The Call
07. Let The Hammer Fall
08. Live Life Loud
09. 400 Meter Medley
10. Threshold
11. Last Man Standing
12. Glory To The Brave
13. We Won’t Back Down
14. Hammerfall
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15. Templars Of Steel
16. Hearts On Fire