Groupe:

Sabaton + Delain + Battle Beast

Date:

14 Janvier 2015

Lieu:

Paris

Chroniqueur

Blaster Of Muppets

Premier concert de l’année 2015 pour votre serviteur en quête de sensations live fortes… soirée placée sous le signe de la curiosité et de la découverte. Oui, je suis curieux… curieux de saisir pourquoi on dit autant de bien de Sabaton, groupe sympathique au demeurant, mais que j’ai toujours trouvé assez surestimé. Vous l’aurez compris, je ne suis pas fan. Mais j’entends tellement de bien de ces Suédois en permanence que j’ai décidé de ne pas faire ma tête d’abruti et me suis donc décidé à aller appréhender et comprendre le phénomème sur les planches du Bataclan. Et puis, les premières parties m’ont aidé à me motiver. J’ai gardé un très bon souvenir de la prestation parisienne de Battle Beast en première partie de Powerwolf en septembre 2013 et je n’ai jamais vu Delain, groupe que j’ai récemment découvert avec le très bon The Human Contradiction.

Battle Beast ouvre la soirée à 19h00 pile alors que le Bataclan est en cours de remplissage. Les Finlandais ont un nouveau bébé à présenter : Unholy Savior. C’est d’ailleurs avec Far Far Away, morceau direct au riff carré (qui en plus de rappeler les grandes heures du metal européen fait franchement penser à celui de Stand Up and Shout de Dio), que le set démarre. Le groupe est vindicatif mais souriant. Le son est correct sans être époustouflant (on a entendu bien pire pour une première partie) et Noora est en voix. Les fans des premiers rangs crient leur joie, ceux qui découvrent sont assez impressionnés par l’aplomb et la puissance de la demoiselle.

Black Ninja, extraite du deuxième album, impose un tempo plus lourd. Le refrain permet encore à Noora de démontrer toute la puissance et la justesse dont elle est capable. C’est précis, propre… comme sur album. Il n’y a pas à dire, cette chanteuse est vraiment à part.

Le Finlandais a le goût du risque. Non, en fait je n’en sais rien… Mais c’est ce que je pense au moment où le groupe propose Touch In The Night au public. Déjà, cette chanson fut la première à être donnée en pâture aux fans il y a quelques semaines histoire de patienter jusqu’à la sortie de l’album. Et sa nature très pop des années 80 fait qu’elle n’est pas aimée de tous. C’était déjà osé de sortir cette chanson-là comme premier extrait, mais le groupe persiste et signe en l’incluant dans une très courte setlist (six chansons seulement, Battle Beast ne disposant que de trente minutes de jeu). Verdict : ça passe. Musicalement, je ne trouve vraiment pas que ce soit le morceau le plus intéressant du groupe mais la mélodie est accrocheuse et la chanson n’est pas mal fichue… c’est juste très daté et appartient à un courant musical qui me touche moins.

Madness ramène le metal au centre du débat et Battle Beast retrouve ses guitares acérées et sa fougue. L’intro de Iron Hand (seul extrait de Steel, premier méfait des Finlandais) aux claviers est précédée d’un petit clin d’œil à Sabaton (puisque les premières notes jouées sont celles de To Hell And Back). Iron Hand est très forte et, au risque de me répéter… quelle chanteuse !! Trente minutes, ça file incroyablement vite, le groupe n’a pas le temps de faire de longs discours et mise sur une efficacité maximale… il reste tout juste le temps pour une compo supplémentaire et c’est Out Of Control, toujours aussi enlevée et efficace qui clôt la prestation du sextet. Les musiciens ont fait preuve d’une belle énergie (notamment le bassiste, toujours très à l’aise et remuant sur scène), Noora nous a cloué au sol et on ne s’est pas ennuyé une seule seconde. Ne reste plus qu’à voir ce groupe jouer un peu plus longtemps… Une demi-heure, c’est frustrant.

Setlist Battle Beast :

01. Far Far Away
02. Black Ninja
03. Touch In The Night
04. Madness
05. Iron Hand
06. Out Of Control

 

A peine vingt minutes plus tard, c’est au tour de Delain de venir nous divertir. Et c’est Mother Machine (de l’album We Are The Others) qui est choisie pour lancer le show. Comme pour Battle Beast, le groupe bénéficie d’un son correct mais pas génial… Et toujours comme pour Battle Beast, le light show est assez minimaliste (oui, je n’en ai pas parlé plus haut mais prendre des photos dans ces conditions fut une belle galère). On remarque immédiatement que le guitariste du groupe a été remplacé par une jolie jeune fille blonde… Je jette un coup d’œil au livret de The Human Contradiction pour vérifier… Oui, c’est ça… ou alors les chirurgiens ont fait un boulot hors du commun ! Plus sérieusement, Timo Somers n’a donc pas pu se joindre à cette tournée et c’est donc Merel Bechtold qui joue de la six-cordes sur ces quelques dates européennes.

Niveau attitude et musique, avec Delain, on n’est pas du tout dans le même trip qu’avec Battle Beast. Et du coup, je dois dire que ça fait un peu bizarre… L’univers des Néerlandais n’est pas inintéressant, loin de là, mais au beau milieu de cette affiche, entre deux formations plus directes, enlevées et enjouées, je trouve que ça passe un peu moins bien. Comme l’a souligné un de mes chers collègues, ça sent un peu l’erreur de casting, Delain s’apprécie mieux en compagnie de groupes plus proches de lui, comme Within Temptation par exemple.

A part cela, l’album mis en avant lors de ce concert de trois-quarts d’heure n’est étrangement pas le plus récent. Non, plutôt que promouvoir The Human Contradiction (ce qui m’aurait personnellement arrangé vu que c’est largement celui que je connais le mieux), c’est We Are The Others qui se taille la part du lion. Cinq extraits… contre un seul (Army Of Dolls) de leur dernier opus. Mince. Rien de grave, les titres proposés sont bons… mais j'aurais aimé entendre Here Come The Vultures, The Tragedy Of The Commons ou Your Body Is A Battleground. Tant pis, une prochaine fois, peut-être. En attendant, je me régale tout particulièrement avec Electricity (une de mes chansons préférées du groupe) et je ne suis pas le seul si j’en juge par les "wo ho-ho ho-hoooo" entonnés par la foule à la fin du morceau.

Que dire si ce n’est que le groupe fait bien le boulot et que Charlotte Wessels est assez charismatique et charmante malgré le port (pourtant prohibé) d’une veste blanche à franges qu’on croirait piquée au Ozzy du début des 80’s ? Cette dernière s’adresse volontiers au public en français à base de « Merci beaucoup Pariiiiis !!! », « Faites du bruit » et va même jusqu’à lâcher un « Paris, je t’aime »… ce qui provoque toujours une réaction chaleureuse de l'assistance. A part cela, même si je n’ai pas trouvé ça flagrant sur les premiers morceaux de la setlist, la demoiselle est plutôt en voix et sait occuper la scène. Merel la remplaçante fait preuve d’une belle énergie tout comme Otto le bassiste qui aime le headbanging. Le groupe se donne bien, les fans semblent contents… Il me manque pourtant quelque chose… C’est difficile à définir. A revoir dans d’autres conditions pour en avoir le cœur net !

 

Setlist Delain :

01. Mother Machine
02. Get The Devil Out Of Me
03. Army Of Dolls
04. Go Away
05. Pristine
06. Not Enough
07. Electricity
08. the Gathering
09. We Are The Others

 

Et maintenant, place aux rois de la soirée : les fameux Sabaton. Vais-je enfin comprendre pourquoi ce groupe reçoit tant de louanges ? Oui. Et même assez rapidement. Sabaton, c’est un mélange parfait de power metal (avec toute l’énergie, la puissance et le côté épique qui vont avec) et de bonne humeur. On retrouve là un peu de l'ambiance propre aux concerts d'Edguy. On peut ne pas adorer les albums (ce qui est mon cas) mais tout de même passer un excellent moment. 

Pour ne pas passer pour un gars qui crache dans la soupe, je vais tout de suite reconnaître que les Suédois ont quelques compos très efficaces et particulièrement bien taillées pour le live. C’est notamment le cas de Ghost Division qui ouvre le bal après l’intro de rigueur. Et que dire du single extrait du dernier album (Heroes), To Hell And Back ? C’est une vraie tuerie en concert. Son thème folkisant, sont tempo et sa mélodie sautillante mettent le feu à la fosse. C’est la fête, les fans chantent à gorge déployée, et je ressens toute l’efficacité de la chose. C’est joyeux et entraînant… Et Paris, qui vient de vivre des heures difficiles, a sans doute besoin de se changer les idées et faire la fête.

Alors que le concert démarre sur les chapeaux de roues, on sait enfin où étaient passés le super son et le light show fourni… C’est Sabaton qui s’était tout gardé pour lui. Le metal épique et guerrier des Suédois est donc scéniquement très bien mis en valeur. Mais ce sont surtout (et heureusement) les musiciens qui font le show. Les gars savent dispenser la bonne humeur. Il y a bien sûr Joakim Broden, le chanteur, dont nous allons très vite reparler, mais également le bassiste Pär Sundström qui en fait des caisses ("Regardez, je cours, je saute, je chante, je brandis ma basse vers le ciel !!"). Le batteur est perché très haut, à moitié caché par son instrument placé sur un énorme… tank. Oui, un tank. On vous avait dit que c’était du metal "guerrier".

Revenons à la musique. Sabaton sort quelques hymnes imparables de sa besace : il y a la chanson Carolus Rex, mais également 40:1 (celle-là, je la connais et l’apprécie vraiment) qui vient apporter un peu de vélocité à un set déjà très efficace. C’est entre ces deux compos-là que je découvre mieux le personnage de Joakim sur scène… et que je suis amené à faire un parallèle avec Tobias Sammet d’Edguy. Le monsieur, comme son homologue allemand, est un grand bavard. Et quand il prend la parole, c’est plutôt pour raconter des conneries et faire preuve de pas mal de second degré, ce qui le rend très sympathique. Un petit aperçu des interventions du monsieur ce soir-là ? Mais tout de suite. Il interpelle quelques fans dans la fosse qui sont déguisés comme lui et leur demande si ça leur a déjà permis d’obtenir des faveurs sexuelles… « Parce que moi, non ! », rajoute-t-il en éclatant de rire.
À la fin de 7734, quelques personnes dans l’assistance scandent « A poil ! A poil ! A poil ! ». Joakim qui comprend ce que cela signifie leur rétorque un beau "What the fuck is wrong with you ?" (ce qui donne dans la langue de Molière : « mais qu’est-ce qui ne va pas chez vous, bordel ? »).
Le frontman s’essaye à quelques mots en français ce qui donne, avec son accent, quelques trucs assez marrants. Par exemple, lorsqu'il s’apprête à jouer Soldier Of 3 Armies, il dit que ce morceau lui donne toujours la chair de poule. Sauf que dans sa bouche, ça donne la « char de poule ». En même temps, c’est Sabaton et je rappelle qu’il y a un tank juste derrière le monsieur…
À un autre moment, sur une suggestion du public, le vocaliste se fait servir une bière sur scène… Les fans se mettent à crier « Cul sec ! Cul sec ! Cul sec ! »… Joakim hésite, rit puis hausse les épaules et s’exécute. Des moments de bonne humeur comme ceux-là, la soirée en fut remplie. Je ne vais pas tous vous les raconter mais autant vous dire qu’on n’a pas le temps de s’ennuyer, il se passe toujours quelque chose.

Pour ce qui est des chansons jouées, le principe mis en place sur la tournée est plutôt sympa : le groupe permet de choisir entre deux chansons (ou deux versions d’une même chanson) à plusieurs moments pendant le concert. Ainsi, Joakim a demandé au public s’il préférait entendre Gott Mit Uns en anglais ou en suédois, White Death ou Uprising, Smoking Snakes ou The Lion From The North… Dans tous les cas, ce fut la deuxième option qui obtint le plus grand nombre de votes (comprenez : c’est pour le deuxième choix que le public a gueulé le plus fort). Très sympa et plutôt inhabituel.

Quoi d’autre ? Le groupe, comme le public, est à la fête. Il y a là une gestion de la scène impeccable. Les guitaristes occupent bien les planches, communiquent avec les fans des premiers rangs aussi… quand ils ne chahutent pas entre eux sur scène (voir la photo-ci-dessous). Joakim se fait amener une guitare avant de balancer une succession de riffs classiques bien sympas (Beat it de Michael Jackson, Fear Of The Dark, Run To The Hills, Master Of Puppets…) afin de nous prouver qu’il sait jouer de la guitare contrairement à ce que prétend l’un des deux autres gratteux… Il garde la guitare pendant la très bonne Resist And Bite (oui, contrairement à Delain, Sabaton sert bien son dernier opus et en joue la moitié) mais se la fait confisquer quand il commence à jouer le début de Seek And Destroy (Metallica, pour les novices qui ne connaissent pas les classiques)… Bref, comme je vous le disais un peu plus haut, il se passe toujours quelque chose.

La soirée touche bientôt à sa fin, c’est l’heure du rappel. On aura le droit à Night Witches, Primo Victoria et, bien sûr, la fameuse Metal Crüe qui conclut traditionnellement les prestations du groupe. Il y a eu du show, des titres percutants (bon, si je devais faire mon petit râleur pas fan du groupe, je dirais que musicalement, c’est un peu toujours la même chose, comme si les Suédois n’avaient composé que trois ou quatre morceaux différents qu’ils déclinent à loisir… mais je n’en ferai rien), énormément de fun et d’interaction entre Joakim et le public… et même un petit moment dédié aux événements qui ont secoué notre pays en ce début 2015. En effet, sur Primo Victoria, des personnes dans l’assistance demandent à Mr. Broden s’il veut bien venir sauter dans la fosse avec eux. Bon joueur, il accepte mais propose d’enlever son attirail « afin de ne blesser personne », dit-il. Et c’est là qu’on découvre un t-shirt "Je suis Charlie". Vous imaginez l’acclamation qui suivit. A la toute fin du concert, Joakim reprendra une dernière fois la parole et nous remerciera très chaleureusement en son nom et celui du groupe dont tous les membres auront été rebaptisés Charlie pour l'occasion. Bien vu. 

Conclusion : belle soirée. Battle Beast confirme la bonne impression faite lors de ses passages précédents et nous donne envie d’en voir plus. Pour Delain, c’est un peu plus mitigé (impression personnelle) mais le groupe n’a pas spécialement démérité… Quant aux Suédois, ils nous en ont mis plein la vue et nous ont fait passer un excellent moment. Au sortir du concert, je n’ai toujours pas envie de me payer l’intégrale de Sabaton mais je suis plus nettement plus indulgent qu’avant d’entrer dans le Bataclan. La très bonne réputation live dont jouit ce combo n’est absolument pas usurpée. 

 

Setlist Sabaton :

01. Ghost Division
02. To Hell And Back
03. Carolus Rex
04. 40:1
05. Gott Mit Uns
06. The Art Of War
07. 7734
08. Soldier Of 3 Armies
09. Riff medley (Beat It/Fear Of The Dark/Run To The Hills/Master Of Puppets)
10. Resist And Bite
11. Uprising
12. Far From The Fame
13. The Lion From The North
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14. Night Witches
15. Primo Victoria
16. Metal Crüe