Groupe:

Mass Hysteria + Digital Nova

Date:

26 Février 2016

Lieu:

Les Pennes Mirabeau

Chroniqueur:

Didier

Pas facile de s’organiser un vendredi soir pour pouvoir aller assister au concert de Mass Hysteria aux Pennes Mirabeau. C’est dans le Sud, certes, mais quand même à deux heures de route de Nice. Nous sommes quand même qutre furieux motivés à braver les bouchons de sortie de bureau, la pluie, le match Galles – France (perdu) et celui de Nice – Bastia (perdu aussi comme quoi on ne regrette rien). Quand on a vu une fois Mass en concert, tout ça n’a pas beaucoup d’importance, croyez-moi. C’est aussi un plaisir de retrouver la salle du Jas Rod. C’est une belle salle, assez grande, un peu perdue, mais où il est facile de se garer. Nous y retrouvons une bonne petite foule massivement marseillaise. Tous les âges sont représentés, pas mal de filles sont aussi là. Le groupe de première partie est Digital Nova et ce sont des locaux, ils ont fait venir leur fanbase aussi. Il commence à pleuvoir et les portes tardent un peu à s’ouvrir. Dommage qu’aucun food truck n’ait fait le déplacement, c’est un point à améliorer pour la prochaine fois. Pour le reste, buvette, toilettes, c’est parfait. A la billetterie je retrouve Virgil. C’est son association Trendkill Entertainment qui est à l’initiative de l’événement, alors bravo ! A noter que c’est encore lui, qui se défonce pour monter des dates metal dans le Sud, respect ! Quand les amateurs de metal pantouflards comprendront que c’est grâce à des mecs comme lui que le metal continue de « survivre » dans le Sud, ils réaliseront peut-être aussi que le meilleur moyen de le remercier c’est de venir en nombre assister aux concerts. Enfin ce soir, je râle pas trop car on sera environ 400 personnes. Dans la salle on voit bien de partout. Dans le fond il y a un beau stand de merchandising Mass Hysteria, et sur un des murs un rétro projecteur nous fait patienter en diffusant un concert d’Extreme. Bonne initiative.

La scène du Jas Rod est bien surélevé et elle est surtout vaste. Du coup le matos du premier groupe a été placé devant celui des Mass. Tout est prêt pour une belle soirée.

Vers 21h, les lumières s’éteignent. Les musiciens de Digital Nova font leur apparition. On peut dire qu’il ont soigné leur look. Les trois garçons sont en chemise, cravate et bretelles. Le chanteur (François Le Goazigo) en noir, les guitaristes (Mathieu Dubois, quatre cordes et Jean Baptiste Caysac, six cordes) en blanc. Et c’est un fille (Stayff Silmar) qui bat la mesure. Je ne connais pas le groupe, mais je suis agréablement surpris, c’est bien fait et leur style musical se situe entre Mass Hysteria et Rage Against The Machine. En plus, ils ont des passages plus atmosphériques que je trouve bien gaulés.

Le chant est en français et dans un style rappé, qui contraste avec les gros riffs qui déboitent, balancés par le guitariste sur une superbe Telecaster (Jim Root Signature me dit-on dans l’oreillette). Si moi je ne les connais pas, une partie du public, lui, les connait et les encourage. Au bout de quelques morceaux les deux guitaristes tombent la cravate, il faut dire que la température grimpe à l’intérieur du Jas Rod. François fait bouger la salle, il est plutôt à l’aise dans l’exercice. Je trouve qu’il assure bien dans le rôle d’un Zak De La Rocha, même si certains passages en cris plus aigus m’agressent un peu. Sur La vie n’a pas de prix, deux filles apparaissent sur scène avec le même concept cravate, bretelles, chemises mais portant des masques d’animaux.  Elles marchent comme des robots et jettent des faux dollars dans le public. Avant d’attaquer Personne, le chanteur provoque et arbore un drapeau breton copieusement hué (ici c’est Marseille !), et sur l’intro du morceau il épaule Stayff en martelant un rythme tribal en duo.

François essaye de chauffer la salle un peu plus. Ca marche pas mal et ça commence même à pogoter vers la fin, quand il évoque la venue de Mass Hysteria et leur joie de jouer avant eux. Il se paye même un petit slam bien mérité. Ils s’arrêtent vers 21h45 et leur matos est évacué.

Setlist de Digital Nova :

Un monde parfait
Les dés sont jetés
Le monde est beau
Esclave et maître  
Un homme parmi les siens
Le parti du faire
Immortel
Personne
La vie n'a pas de prix
Pas assez
Sous les cris
Détruire / Souffrir


Vers 22h20 les lumières s’éteignent et c’est un bon petit Get It Hot d’AC/DC qui vient chatouiller nos tympans et lancer le concert. Il est joué en entier, et les musiciens de Mass s’installent dans la pénombre et la fumée des machines. Je me suis placé devant le scène sur le côté gauche, le côté de Yann. Autour de moi c’est la garderie. Deux gamines de douze ou treize ans, des parents qui accompagnent leur filles ado metalleuse en herbe, et surtout un couple avec un gamin de sept ans qui porte un blouson où est inscrit "I’m The Future of Metal". Un programme qui, vous aller le voir, va nous animer toute la soirée et transformer ce gamin en véritable mascotte de la soirée.
Si je puis me permettre, je trouve quand même que les bouchons qu’il porte sont un peu gentil. Vers la fin du concert il en a même perdu un qu’il a réussi à remettre tout seul. Un vrai casque antibruit aurait peut-être été plus sûr. Les sample de Chiens de la Casse sont envoyés par Rapha et ça commence mal pour Yann qui foire l’intro, Mouss le chambre un peu. Il semble que Yann ait un souci avec son Ibanez, il la remplace pendant le petit break. Son guitar-tech la réaccorde et la lui rend au morceau suivant. Mais on sent que ça a un peu gavé Yann qui mettra un ou deux morceaux à rentrer dans son concert. La touche rigolote, c’est son super t-shirt de Mika, qui fait glousser les deux gamines à côté de moi. Pendant ce temps Mouss s’enflamme et parcourt la scène. Il fait déjà bien chaud dans la salle. Il est en sweat capuche, il doit crever de chaud. Il retirera son sweat sur World on Fire, trop tard, il est déjà trempé de sueur. Entre temps ils ont balancé trois morceaux du dernier album Matière Noire, et les trois sont des tueries en règle sur scène. Le public est déjà en trance. Ca slamme à tout va, ca pogote. Yann lance un premier circle pit, et c’est parti pour un petit délire qui prend quand même une bonne moitié de la salle.

Mouss plaisante un peu entre les morceaux, mais pas trop non plus car Rapha envoie les samples des morceaux, coupant court aux long discours. Il a le temps de nous parler du latin pas mal utilisé sur les titres du dernier album, de dire qu’il est surpris de l’ambiance et que dans le Sud, on a mauvaise réputation. On crie alors, il concède qu’on a eu un coup de mou ces dix dernières années mais que ça va mieux. Il n'est pas au bout de ses surprises ce soir. Je vous confirme qu’il n’est pas utile d’avoir fait du latin au collège pour s’éclater sur Vae Soli et Vector Equilibrium. C’est l’hystérie de masse dans la salle ! Ils enchainent ensuite avec World on Fire, devenu culte depuis Failles, TBD, et là encore, la foule répond au quart de tour, notamment sur le break qui est une tuerie de plus.
Mouss vient voir le gamin, lui demande son âge (on dirait l’école des fans), et le félicite pour son blouson et pour représenter l’avenir du metal. Le gamin est debout sur la scène et il saute en faisant les devil’s horns. Il s’éclate réellement et en voyant les slammers il se jette aussi de la scène et son père le rattrape limite. Plus tard, le nouveau bassiste lui file son médiator, Yann aussi, et il est tout fier. Mouss remercie la mairie d’avoir laissé organiser un concert. Il ne peut s’empêcher d’ajouter qu’elle doit être de gauche. Sacré Mouss ! Il remercie Virgil d’avoir organiser la soirée. C’est pas simple de trouver des endroits où jouer en ce moment ajoute-t-il. A ma droite je vois Philippe l’œil incrusté dans son viseur, chahuté par les pogoteurs dans son dos. Pas facile de faire le bon cliché. Mais Mouss est un sacré pro et il sait y faire, et vient se caler devant Phil, prendre des poses. Phil est aussi un sacré pro et il n’en rate pas une miette.

 

Mouss est aussi un des chanteurs les plus cool avec son public. Par exemple il attrape le téléphone d’un gars à ma droite qui est en train de filmer la scène, et au lieu de fracasser le téléphone (c’est la mode en ce moment, les groupes qui s’énervent après le phénomène), lui le prend pour aller filmer chacun des musicos, se filmer lui, le public puis il rend le téléphone au gars, qui pour le coup va avoir une sacrée vidéo. Mouss refera l’opération plus tard dans la soirée. Le public le lui rend bien, en lui tentant des verres de bière qu’il partage. Mouss nous remercie d’être venu, d’autant, explique-t-il moqueur, qu’il y avait Ko Lanta à la téloche. Il chambre en disant qu’il est sûr que certains regarderont le replay. Je respecte ajoute-il. On retrouve ses célèbres mimiques (picole, fumette, positive attitude et sourire), un très grand ce Mouss. Sur Babylone, il remplace "Babylone" par plusieurs "Marseille", la salle est aux anges, d’autant qu’ils balancent Une Somme de Details, qui fait son petit effet. C’est Rapha qui contrôle depuis sa batterie les intros de samples, mais je l’avoue on ne le voit pas beaucoup. La batterie est en retrait, il y a peu de lumière dessus. Les lumières sont plutôt à contre-jour ou stroboscopique et les machines à fumée viennent ajouter à la difficulté de voir le batteur qui pourtant fait un travail de titan. C’est un monstre même, une grosse partie du son MH et surtout de l’énergie est insufflée par la batterie de Rapha.
En parlant d’énergie, voilà le célèbre moment où Mouss descend dans l’arène pour le circlepit de P4, c’est du délire au Jas Rod, j’ai encore jamais vu ça dans une salle. L’ambiance prend encore deux ou trois degrés, la moitié du public est torse nu. Et pour calmer le tout, après le délire de P4, voilà que retentit le sample d’intro déjà mythique de L’Enfer des Dieux. Mes aïeux, c’est la folie dans la salle, le niveau monte encore un peu. Mouss, lors d’un break, nous dit : "Et ben quand on va raconter ça à la capitale !" Visiblement ils sont surpris de l’accueil. Il dit aussi que la salle est bien mais qu’elle manque un peu de son. Il se retourne vers les autres mais les autres lui font non de la tête. Un vent ! Mais bon c’est vrai que le son du micro est un peu léger, surtout de devant la scène, comme souvent. Sinon je peux voir l’audimètre quand il affiche en rouge 110, je pense que c’est pas des kilomètres/heure, et que du son y’en a quand même pas mal. Mouss chipote un peu car on entend quand même assez les paroles pour les chanter à tue-tête avec lui. Ca fait chaud au cœur, et même dresser les poils par moment. Deux autres morceau du dernier album sont encore de grands moments, ce sont L’Espérance et le Refus et surtout Tout est Poison (mon préféré de l’album d’ailleurs). Quel break ! Le truc pour mettre tout le monde en trance. Et ça marche puisqu'on saute tous sur place ! Tiens, je vois passer un slammeur de sept ans, poursuivi par sa mère qui flippe que ça se passe mal. Mais bien évidemment que non (on laisse déjà pas tomber les grands dadets en rangers alors un gamin de vingt kg tout mouillé, pensez donc ma bonne dame !) Tout se passe bien et le gamin retrouve sa place sur la scène avec la triple banane d’avoir testé son premier slam à sept ans. Ce qui est sûr avec Mass, c’est qu’on n'est pas emmerdé par les ballades puisque derrière, ils nous clouent avec le groovy Pulsion suivi de Positif à Bloc. Tu parles Charles, même un dépressif total ressortirait avec la banane d’une telle soirée. Aller à un concert de Mass Hysteria pour un metalleux c’est comme aller à Lourdes : ça soigne tous les maux, les emmerdes de la vie quotidienne. Sauf que là, ça marche vraiment, y a pas de tromperie et le merchandising est un peu diffèrent !

Ils quittent la scène en nous criant "bonne soirée". Il est minuit moins vingt, le public n’est pas prêt à partir se coucher donc ça scande "Mass Hysteria !", ça crie, ça tape des mains, et ils reviennent trois minutes plus tard. Mouss n’a même pas eu le temps de changer son t-shirt ce qui fait qu’il n’a maintenant plus un brin de sec. La mèche de Atom Mass a volé en éclat aussi, ils se sont tous sacrément donnés. Et en plus, tu sais quoi, c’est pas fini ! Comme rappel, ils sont ont concocté un petit cocktail démoniaque à base de vieilleries incontournables (Contraddiction, Donnez-vous la peine, Respect et Furia), dans lequel est venu s’intercaler Plus que Du Metal, un autre des meilleurs moments de Matière Noire. Au passage, on se dit qu’avec les six morceaux entendus en live ce soir, on tient avec ce Matière Noire un sacré bon album, pas étonnant qu’il ait été dans le top 5 de 2015 de nombreux journaux/zines. Sur Respect, Mouss demande aux filles de venir danser avec lui sur scène (comme dab), c’est la fête, et la gamine à ma gauche en profite pour monter sur scène, et les parents accompagnateurs qui ont l’air aussi sous le charme en profitent pour immortaliser la scène. Ca a une autre gueule que la kermesse du collège quand même, non ? Le clou de la soirée sera le wall of death du Jas Rod organisé par Yann sur Plus que Du Metal. Incroyable ! Mouss parle même de mini Hellfest ce soir au Jas Rod, c’est dire ! Le guitar-tech de Yann fait monter le gamin sur la petite estrade de Yann, du coup il le cale entre ses jambes et fait jouer des gros riffs sur sa guitare. Le gosse est aux anges. Yann aussi d’ailleurs.

On termine en communiant sur l’habituel Furia. Ils remercient tout le monde, nous félicitent pour l’ambiance de dingue, félicitent Atom Mass, le bassiste dont c’est seulement le troisième concert avec les Mass, et je l’ai trouvé très bon d’ailleurs. On voit enfin Rapha, trempé de sueur qui vient serrer des louches avec Mouss devant. Ils parlent avec le public, prennent des selfies, distribuent médiators et baguettes. Des mecs vraiment cools, proches de leur public. Ils nous demandent de faire une petite photo souvenir désormais traditionnelle, sauf que là il rappellent les membres de Digital Nova pour faire une photo avec eux, sympa, et ils mettent aussi la mascotte de sept ans devant eux. Encore plus sympa. Tu parles de souvenirs pour ce gamin !

On se retrouve avec mes trois collègues, hagards et sans voix (au sens propre comme au figuré), carrément épaté encore une fois par l’effet Mass Hysteria. Oubliés les quatre heures de route, les embouteillages de sortie de bureau, la pluie, le sandwich sur l’autoroute ! Vivement le prochain Hellfest, vous savez où me trouver au moment où Mass Hysteria foulera la Main Stage. En attendant, les gars, si ça passe près de chez vous, ne faites pas vos fiottes (tiens c’est à la mode), et allez partager la soirée avec eux, vous ne le regretterez pas. Et il n’est même pas obligé de connaitre les albums pour participer, l’excuse est aussi bidon que celle de Koh Lanta, la piscine, la visite de la belle-mère, le match de foot, les kilomètres, le coup de fatigue ou le taf : Bottez-vous juste le cul !

Vous verrez : Mass Hysteria c’est (vraiment bien) plus que du metal !


Setlist de Mass Hysteria :

Chiens de la Casse
Vae Soli
Vector Equilibrium
World On Fire
Tout Doit Disparaitre
Babylone
Une Somme de Details
P4
L’enfer des Dieux
Notre Complot
Failles
L’archipel des Pensées
L’Espérance et le Refus
Tout est Poison
Pulsion
Positif à Bloc
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Contraddiction
Donnez-vous la peine
Respect
Plus Que Du Metal
Furia