Groupe:

Ugly Kid Joe + Dallas Frasca + BlackRain

Date:

15 Octobre 2016

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Didier & Blaster

Un peu plus de six ans et demi sans Elysée Montmartre... Voilà, l'attente est enfin terminée et la salle ouvre à nouveau ses portes. Un petit concert d'inauguration (donné par M) en septembre dernier et la saison des concerts recommence pleinement en ce 15 octobre avec une affiche qui parle forcément aux amateurs de hard rock que nous sommes puisque l'honneur d'ouvrir le bal revient à Ugly Kid Joe

La salle est toute belle et a globalement gardé sa configuration originelle (le bar tout au fond, un autre à gauche de la scène, les toilettes à côté). Il n'y a pas à dire, cela fait quand même un petit quelque chose de retrouver ce lieu qui rappelle tant de bons souvenirs à certains d'entre nous. La première fois que j'y ai mis les pieds... c'était en 1995, j'étais encore lycéen à l'époque et le groupe qui y jouait cette fois-là, c'était Dream Theater... Bref, Nous ne pouvions pas manquer un tel événement et notre cher Didier national a d'ailleurs quitté son Sud ensoleillé pour se joindre à moi. C'est d'ailleurs lui qui va vous conter les exploits de BlackRain et Dallas Frasca et je reprendrai la main pour la tête d'affiche.
 

BlackRain

J'avais pu assister aux balances de BlackRain en attendant Dallas Frasca pour mon interview. Ils étaient très souriants, Swan m'avait salué, il se rappelle sûrement notre interview marrante dans un hôtel de Nice lors de leur tournée acoustique dans les FNAC de France en 2011. Je suis resté fidèle au groupe depuis. J'avais découvert BlackRain sur scène lors de leur ouverture pour Alice Cooper au Dôme de Marseille en 2010. Un concert qui m'avait marqué. Aujourd'hui le groupe a simplifié son look, passant de glam/sleaze excessif à simplement rock 'n' roll mais leur énergie demeure intact. Swan est toujours très à l'aise dans le rôle de l'animateur de foule. Ils enchaînent les morceaux assez rapidement, ils n'ont que trente minutes pour rappeler qu'ils sont une valeur sûre du hard rock français. Le public déjà assez nombreux dans la salle répond bien. La densité permet encore de se déplacer facilement ce qui me permet de me glisser aux premiers rangs pour essayer de faire quelques photos. Max2 et Mat assurent pas mal de chœurs derrière Swan, ils bougent tous beaucoup, leur musique est festive, le son est excellent et on se prend vite au jeu.

BlackRain - Elysee Montmartre - 2016 BlackRain - Elysee Montmartre - 2016

Ils tentent de nous faire chanter tous en chœur leur célèbre hymne, et on y arrive… presque. Leur dernier morceau, Rock My Funeral, extrait de leur dernier album Released est dédié à un ami disparu. Ils saluent et Swan nous donne rendez-vous au stand merchandising. Je suis allé discuter un moment avec lui avant le set d'Ugly Kid Joe. Visiblement, ce n'est pas simple pour eux et, même si leur dernier album est dispo à l'étranger, ils rament un peu. Ils espèrent être du prochain Hellfest et je le leur souhaite.

BlackRain - Elysee Montmartre - 2016 BlackRain - Elysee Montmartre - 2016


Setlist de BlackRain :

Eat You Alive
Back in Town
Blast Me Up
Jenny Jen
True Girls are 16
Overloaded
Ho hey hey hey
Rock My Funeral

 

Dallas Frasca
 
Le matos de BlackRain est retiré assez rapidement de scène et, pour moi, la tension monte. Je suis venu sur Paris ce soir surtout pour le passage de Dallas Frasca que je n'ai toujours pas réussi à voir en live, alors que je les suis depuis pourtant pas mal de temps. On a pas mal discuté sur Facebook et organisé l'interview de ce soir. Sur scène, on peut voir Jeff, le barbu et petit (il est vraiment menu, et je comprends mieux les photos que j'avais pu voir de Dallas qui le portait sur ses épaules) guitariste de Dallas Frasca s'agiter. Visiblement ils partagent le matos (amplis et batterie) avec les gars d'Ugly Kid Joe qu'ils accompagnent sur vingt-six dates. Ils partagent aussi leur tour bus. Jeff teste sa guitare sur les amplis Orange qui sont juste en face de moi : ça va dépoter et je risque même de devoir bouger. Jeff est gaucher mais il joue sur une guitare de droitier retournée et donc, cordes inversées. Du coup, son style est très original et le son de sa guitare assez explosif. C'est aussi lui qui vérifie la guitare de Dallas avant qu'elle ne monte sur scène, on le sent très excité, pressé d'en découdre sur scène. On comprend dès que Dallas monte sur scène et qu'ils attaquent : c'est une vraie pile électrique. Il saute, secoue la tête et la barbe dans tous les sens, et défonce les premiers rangs en face de son ampli de ses riffs rageurs.

Dallas Frasca - Elysee Montmartre - 2016 Dallas Frasca - Elysee Montmartre - 2016

Je me décale un peu vers le micro de Dallas pour avoir un peu moins de guitare et un peu plus de chant. Dallas attaque le premier morceau Better Without You sans sa guitare. Elle s'en saisit ensuite pour Wasting Time, extrait de leur dernier EP. C'est d'ailleurs elle qui en assure le solo, elle me l'avait expliqué pendant l'interview. Pour le morceau suivant, Hey Mama, elle pose à nouveau sa guitare et descend dans la foule. Mais la scène est haute et la marche installée bien trop petite, je l'aide à descendre. Elle fend la foule vient chanter parmi nous, puis fait accroupir et chanter tout le monde. C'est la fête à l'Élysée ! Elle remonte sur scène avec difficulté, je l'aide encore. Elle est en sueur quand elle reprend enfin sa guitare ; pendant ce temps, Jeff jouait en se roulant par terre. Normal !

Dallas Frasca - Elysee Montmartre - 2016 Dallas Frasca - Elysee Montmartre - 2016 

Franchement leur show est déchaîné, le son assez cru, sans chichi, mais Dallas a une voix de dingue et Jeff est un guitariste très impressionnant doté d'un jeu de scène pas banal. Par exemple, sur la fin d'un morceau, il donne des coups de tête dans le dos de la guitare pour la faire sonner, puis la pose sur l'estrade de la batterie et monte dessus pour actionner le vibrato à coups de talon rageurs. Heureusement que sa guitare (une Gibson Flying V équipée d’un Bigsby) a l'air indestructible.

Dallas Frasca - Elysee Montmartre - 2016 Dallas Frasca - Elysee Montmartre - 2016

Sur un morceau, il slide puis jette le tube à ses pieds. "Rough", le Jeff ! Je remarque que Dallas joue avec un médiator au pouce à la façon de certains bluesmen, ce n'est pas courant. Eux aussi n'ont que trente minutes pour faire découvrir leur musique que dans la salle peu de gens connaissent. Ils ont misé sur le premier album, Sound Painter (cinq morceaux sur sept), seulement un du dernier album, Love Army, et un du dernier EP qui vient de sortir, Dirt Buzz. A entendre les commentaires après leur set, on dirait qu'ils ont convaincu. Quand je retrouve Dallas au stand merchandising, elle est toujours en sueur et j'ai droit à deux bises collantes, quand j'achète le seul CD que je n'ai pas (un album de vieux morceaux acoustiques d'elle toute seule puis d'elle et Jeff). Elle me le signe et me file en cadeau un décapsuleur et un médiator. Sympa. Je vois que les vinyles du dernier EP ont du succès et Dallas les signe tous.
 
Setlist de Dallas Frasca :

Better Without You
Wasting Time
Hey Mama
One Man Woman
Rise
Anything Left to Wonder
All My Love

Ugly Kid Joe

C'est toujours un plaisir de retrouver les Ugly Kid Joe. Je ne sais pas ce que groupe évoque pour vous... Pour moi, c'est retour direct aux années lycée... ce qui ne nous rajeunit pas, j'en conviens. Je me souviens très clairement de l'été 92 pendant lequel j'ai eu la bonne idée de m'acheter le fameux America's Least Wanted, véritable premier album du combo. Good times ! Passons, vous n'êtes sans doute pas venus jusqu'ici pour vous taper le récit de mes souvenirs. Alors, depuis sa récente reformation, le groupe américain a eu la bonne idée de ne pas bouder notre beau pays et je leur en suis reconnaissant. C'est assez confiant que je retrouve mon cher collègue Didier pour ce show... car je garde de très bons souvenirs des deux concerts donnés par nos sales gosses préférés à Vauréal en 2012 (live report ici) et 2013 (autre live report là). Didier ne sait pas ce qui l'attend car il connaît très mal le groupe... c'est mal... mais sa curiosité l'honore et fait qu'il est là ce soir... c'est mieux. Et il va passer un bon moment, le bougre ! Comme tous ceux présents à l'Elysée Montmartre le 15 octobre dernier. 

Le concert débute comme les deux fois précédentes... avec le groupe qui joue l'intro de son Menace To Sobriety avant que Whitfield Crane ne rejoigne ses potes pour la première chanson. Mais cette fois, cette première chanson, c'est Neighbor, titre d'ouverture de leur premier album (alors qu'elle était jouée en quatrième ou cinquième position sur les tournées précédentes). Clairement, elle fait toujours des ravages et c'est une très bonne idée de démarrer directement avec un tel brûlot vu l'effet constaté sur le public... car c'est instantanément la grosse teuf !! La fosse se met en mouvement et une partie de celle-ci restera bien active pendant la plus grande partie du show. Très vite, quelques fans profiteront de l'absence d'agents de sécurité sur le devant la scène pour monter sur celle-ci avant de replonger dans le public. On assistera ainsi, par moments, à un véritable défilé de slammers... ce qui, on le sent, surprendra un peu Crane et compagnie, même si ces derniers sauront garder le sourire. 

Niveau son, c'est correct mais pas exceptionnel. Fort, puissant, oui. Mais un peu brouillon aussi... les solos de guitare ne sont notamment pas toujours très audibles. Tout cela ne nous empêche pas de passer un très bon moment, mais on retiendra que c'était perfectible. Tout comme le light show, fort correct mais très sobre... comme s'il avait été réduit à son strict minimum. Cela dit, il est fort possible que la salle ne soit pas encore opérationnelle à 100%. 

Pour ce qui est des titres joués, comme pour les tournées précédentes, ce sont les deux premiers (et meilleurs) albums qui sont à l'honneur. Dialogue est la seule rescapée du moyen Motel California, on a le droit aux sympathiques Devil's Paradise, I'm Alright et No One Survives du EP Stairway To Heaven (comme la dernière fois), et à quelques rares extraits (She's Already Gone et Under The Bottom...) du dernier album en date, le très agréable (à défaut d'être incontournable) Uglier Than They Used To Be... Mais les titres qui font le plus remuer les fans sont les plus anciens et là, il y a de quoi faire : Panhandlin' Prince, C.U.S.T,  Jesus Rode A Harley, Goddamn Devil, Cats In The Cradle, Milkman's Son... ils sont (presque) tous là !

Le public est en joie, on le sent prêt à pogoter sur n'importe quoi, même sur les morceaux qui, a priori, ne s'y prêtent pas trop. Marrant. Le groupe fait bien le boulot. Comme à son habitude, Klaus Eichstadt est tout sourire et porte un t-shirt décalé (aujourd'hui, c'est Rihanna écrit avec la police Pantera, je me souviens qu'à Vauréal, c'était Mariah Carey qui avait été "transformée" en Mötley Crüe), Cordell Crockett, toujours coiffé d'une casquette, arpente la scène avec énergie et participe régulièrement aux chœurs, le batteur Zac Morris simplement vêtu d'un slip rouge est très impressionnant et perd des litres de sueur tant il se défoule sur sa batterie... Sonny Mayo n'est plus là et a été remplacé par un guitariste dont j'ai oublié le nom (Chris quelque chose), sobre mais efficace... Et il y a Whitfield Crane, toujours à faire ses petites foulées sur scène (il faut bien s'entretenir, hein) et très flegmatique. Il chante bien mais sa gestuelle est un brin répétitive (il se courbe légèrement devant les fans à la fin de chaque morceau pour recevoir l'ovation de ces derniers). Ca manque un peu de spontanéité ou de folie à mes yeux ; mais bon, soyons justes, il assure quand même. 

Vous avez sans doute été plusieurs fois témoins de cette situation : pendant le show, il y a souvent un gros lourdeau qui gueule un titre de chanson improbable pendant un court moment de silence, espérant que le groupe va répondre favorablement à sa requête. Là, alors que Crane et son complice de nouveau guitariste viennent tout juste de finir Come Tomorrow en version acoustique et qu'ils s'apprêtent visiblement à enchaîner avec une autre chanson, un gars lance, comme ça, pour la blague : Ace of Spaaaades !! Comme s'ils allaient le faire... Eh ben, ils l'ont fait !! Enfin, le temps d'un couplet et d'un refrain... Trop cool. Et ce gros naze, c'était moi. Eh ouais ! Je suis fier. Et si vous avez passé un bon moment, j'accepte vos remerciements. Pour info, ce classique de Motörhead sera joué intégralement en version électrique qui dépote (hyper crédible) à peine dix minutes plus tard. 

La fin du show n'est qu'une succession de super moments : Mr. Recordman chantée par Klaus Eichstadt et une bonne partie de l'Elysée Montmartre, la redoutable et groovy VIP et la pesante Tomorrow's World qui viennent nous rappeler les meilleurs moments de Menace To Sobriety... et l'obligatoire Everything About You, la chanson tube avec laquelle tout a démarré pour ce groupe il y a vingt-quatre ans de cela, en guise de final. Impeccable ! 

Allez, vous me connaissez un peu (ou pas)... j'aime bien râler, juste pour la forme. C'est parti : sur son dernier album, Ugly Kid Joe a enregistré une reprise du classique Papa Was A Rolling Stone avec Dallas Frasca. Les gars tournent avec Dallas Frasca... vous voyez où je veux en venir ? Franchement, ça n'aurait pas été sympa, un petit bœuf ? Bon, et j'adore les vieux albums d'Ugly Kid Joe, évidemment... Mais n'y avait-il pas une ou deux nouvelles compos supplémentaires à jouer sur cette nouvelle tournée (Hell Ain't Hard To Find ou Let The Record Play, par exemple) ? Cela aurait apporté un peu de fraîcheur à une setlist qui ressemble quand même beaucoup à celle des années passées. Dommage... mais pas grave... d'autant plus qu'on n'aura objectivement pas le droit de reprocher au groupe un manque de générosité ce soir. Ils jouaient déjà entre dix-sept ou dix-huit titres avant... cette fois-ci, ils nous en ont carrément offert vingt-trois (si l'on compte la petite minute acoustique Motörheadienne imprévue) !! Wow ! Merci, merci ! Je retire le mal que j'ai dit... Pas taper, pas taper !!! 

Ugly Kid Joe, c'est donc toujours aussi bien sur scène : carré, franchement heavy et festif. Chapeau bas aux fans qui ont bien contribué à mettre une ambiance de feu et ont chanté à gorge déployée toute la soirée. C'est donc ainsi que la saison des concerts a redémarré pour l'Elysée Montmartre... Voilà ce qu'on appelle une belle réouverture de salle ! 

Un grand merci à Oliver Garnier et Roger Wessier pour les accréditations et le pass photo. 


Setlist de Ugly Kid Joe :

01. Intro
02. Neighbor
03. Dialogue
04. Jesus Rode A Harley 
05. C.U.S.T.
06. Pandhandlin' Prince
07. She's Already Gone
08. No One Survives
09. Devil's Paradise
10. Cats In The Cradle
11. I'm Alright
12. Milkman's Son
13. Goddamn Devil
14. So Damn Cool
15. Under The Bottom
16. Come Tomorrow (acoustic)
17.
Un petit bout d'Ace Of Spades (acoustic)
18. Cloudy Skies (acoustic)
19. Mr. Recordman
20. Ace Of Spades
21. VIP
22. Tomorrow's World
23. Everything About You