Groupe:

Thy Art Is Murder + After The Burial + Oceano + Justice For The Damned

Date:

14 Octobre 2017

Lieu:

Villeurbanne

Chroniqueur:

hourkach

Samedi 14 octobre, la CCO de Villeurbanne enfile son beau costume de coreux en accueillant enfin les enragés de Thy Art Is Murder. Je n'ai pas peur d'employer le terme "enfin" car cela fait presque dix mois que j'attends le retour des Australiens dans le coin suite à l'annulation de leur tournée aux côtés d'Emmure, début janvier. L'attente valait le coup car Sounds Like Hell Productions a mis les petits plats dans les grands en nous concoctant une nouvelle affiche "casse dentier" sacrément alléchante : Thy Art Is Murder est en effet accompagné de trois groupes de Metal/Deathcore et pas des moindres, avec en entrée, Justice For The Damned, Oceano et After The Burial. Quel programme croustillant...

Après une heure et demie de route, la CCO apparaît enfin devant mes yeux et je suis agréablement surpris par l'ampleur de la file d'attente devant la salle. Vingt grosses minutes me sont en effet nécessaires avant d'arriver dans le hall d'entrée et d'apprendre avec joie que les quatre groupes joueront, ce soir, à guichet fermé. Cette excellente nouvelle me fout une trique d'enfer et me donne déjà envie de me taper la tête contre les murs et de tout casser autour de moi. Cela tombe bien car Justice For The Damned débarque sur scène vers 19h30 sous un tonnerre de riffs et d'hurlements du frontman. Le quintet, basé à Sydney, n'est pas là pour faire de la figuration et fracasse l'estrade, dès les premières notes de son set, à grands coups de breaks assassins et de riffs imposants. Les trois-quarts des chansons sont extraites de leur unique album Dragged Through The Dirt sorti en 2017, mais aucune lassitude ne s'installe car Bobak Raiffee court partout sur la scène et nous file une patate incroyable. Le public ne s'y trompe pas et fait honneur aux Australiens en déclenchant les premiers circle pits de la soirée et en commençant à déboiter les premières bouches dans la fosse.

Je me plains souvent du manque de folie dans les concerts mais JFTD balaie immédiatement mes craintes car les mecs ne se contentent pas de jouer bêtement leurs morceaux mais prennent le temps de communier avec la foule et de la remercier chaleureusement après chaque cassage de nuque. Les fans, agglutinés contre l'estrade, s'emparent régulièrement du micro et donnent de la voix pour la plus grande joie du chanteur. Au bout de quarante-cinq minutes, l'enchaînement final Lilac et Please Don't Leave Me emporte tout sur son passage et clôture, de la meilleure des façons, un show déjà bien captivant. Honnêtement, Justice For The Damned ne fait pas partie de ma discographie mais je ne regrette absolument pas de les avoir vus car les gars déboitent tout et chauffent la fosse à blanc avec une aisance déconcertante.

Setlist de Justice For The Damned :

01. Dragged Through The Dirt
02. Deep Rotting Fear
03. Demon
04. No Flowers On Your Grave
05. Bearing The Crown Of Lies
06. Lilac
07. Please Don't Leave Me

Après quinze minutes de répit, les Américains d'Oceano prennent le relais et s'emparent soudainement de la CCO. Je ne connaîs pas particulièrement ce groupe mais le savant mélange de Death, Grind et Deathcore va très vite me séduire et me faire regretter mon manque de tolérance musicale. Le fan de Brutal Death que je suis est, en effet, immédiatement attiré par les accélérations soudaines du batteur et par les vociférations hystériques du chanteur. Caché derrière sa capuche, Adam Warren passe son temps à headbanger comme un barjo et à nous laminer les oreilles avec ses beuglements allant du growl caverneux au pig-squeals monstrueux. Cette violence fait immédiatement mouche et des titres comme District Of Misery, Slaughtered Like Swine ou Path to Extinction embrasent une fosse déjà acquise au charme des natifs de Chicago. Je me demande même comment le frontman parvient à garder son pull aussi longtemps sur lui car l'atmosphère est irrespirable et la fosse n'est plus qu'un champ de ruines sous les inombrables circle pits ou slams des dizaines de fans enragés. Adam occupe la scène à merveille mais Oceano ne pourrait pas jouir d'une puissance de frappe aussi forte sans des musiciens ultra-carrés derrière chaque instrument. Si les deux guitaristes font le taf à merveille, j'avoue quand même avoir un faible pour Daniel Terchin derrière ses fûts car le bonhomme cogne dur et alterne blast-beats et parties bourrées de contretemps sans la moindre hésitation.

Comme si l'ambiance n'était pas déjà à son comble, le frontman décide d'embraser définitivement la CCO en permettant à certains fans de chanter sur les titres Human Harvest et Dawn Of Descent. Cette ultime combinaison de riffs est un pure régal car les gens sautent partout et scandent le nom du chanteur en hurlant comme des malades. Franchement, comment ne pas avoir des frissons lorsqu'on assiste à un concert d'une telle intensité ?! Sérieusement, Oceano ne s'est jamais contenté de simplement nous casser la gueule avec son mélange d'arrangements atmosphériques et de mid-tempo ravageurs car Adam et ses trois compères ont toujours cherché à partager leurs émotions pour créer une ambiance survoltée et unique en son genre. Si Justice For The Damned m'a prouvé que le milieu du "core" savait faire exploser une salle en quelques notes, Oceano m'a tout simplement botté le cul en me collant une gifle que je ne suis pas prêt d'oublier !

Setlist de Oceano :

01. Dead Planet
02. Viral Re-Animation
03. District Of Misery
04. Slaughtered Like Swine
05. Path to Extinction
06. Human Harvest
07. Dawn of Descent

Après une telle déculottée, j'arrive à traîner mon corps meurtri vers le bar pour y trouver l'unique réconfort de la soirée. Je dois commencer à vieillir car je suis impressionné par le nombre de jeunes loups engloutissant leurs pintes à une vitesse phénoménale et parlant déjà d'en découdre sur la zik d'After The Burial. Heureusement pour moi, la mise en place du matos prend plus de temps que prévu ce qui me permet de bien reprendre mes esprits et d'assister avec toujours autant d'intérêt au balai des techniciens sur l'estrade. Après quelques dizaines de minutes, la CCO plonge à nouveau dans l'obscurité et provoque mécaniquement l'hystérie des dizaines de sauvages amassés dans la fosse. Les premiers riffs de gratte ne me déçoivent pas et agissent dans mon cerveau comme une véritable onde de choc. Si je me sentais vieux en étant accoudé au bar alors je vous laisse imaginer au milieu d'un pit d'After The Burial ! Malgré les grandes lattes dans la gueule, le papy que je suis fait de la résistance et décide de rester dans la fosse pour affronter les nombreux rythmes saccadés et les passages mid-tempo de taré du combo américain. La casquette à l'envers, Anthony Notarmaso est sur tous les fronts et nous assome à coups de growls puissants et profonds. Le quatuor a fait le choix de démarrer son show pied au plancher avec les titres Lost In The Static et Collapse extraits de leur dernier album Dig Deep. Je connais bien ces morceaux mais j'avoue que la prestation scénique affole les décibels et décuple la puissance de ces deux compos.

Après avoir reçu une rose jetée par une fan, le frontman remercie chaleureusement le public pour sa présence et balance deux nouveaux classiques intitulés Anti-Pattern et Deluge. Ces deux chansons portent bien leur nom car la violence délivrée franchit un nouveau palier et l'auditoire devient totalement incontrôlable. Les fans exploitent chaque break et provocation du chanteur pour se lancer dans des circle pits endiablés et monter sur scène pour tenter des slams toujours plus fous. Chaque musicien se délecte de cette orgie et parvient toujours à hausser son niveau de jeu malgré la chaleur accablante de la salle. Après ces deux déflagrations, je ne pensais pas que l'ambiance puisse encore monter d'un cran mais c'était sans compter sur la force de persuasion d'Anthony et de son bassiste, Adrian Oropeza, occupé à faire tourner sa serviette au dessus de sa tête pour encourager des circle pits ou wall of death toujours plus extrême. Le résultat est incroyable car les trois derniers titres (Berzerker, Aspiration et A Wolf Amongst Raven) sont interprétés sous une pluie de slams et de hurlements des spectateurs. Trent Hafdahl a beau enchaîner les riffs et soli plus mélodiques les uns que les autres, rien n'y fait, car les salves de double pédale ainsi que les multiples changements de rythme ne font qu'augmenter l'agressivité d'une foule totalement possédée. Pendant près de cinquante minutes, After The Burial a passé en revue ses trois meilleurs albums en délivrant une performance de haute qualité. A l'image des deux groupes précédents, j'ai vraiment été bluffé par le niveau du groupe et par son envie de, sans cesse, s'associer à la fureur de ses fans.

Setlist de After The Burial :

01. Lost In The Static
02. Collapse
03. Anti-Pattern
04. Deluge
05. Berzerker
06. Aspiration
07. A Wolf Amongst Ravens

Il est un peu moins de 22h30 lorsque Thy Art Is Murder arrive sur scène sous les ovations de la foule. Le concert n'a même pas encore commencé mais j'ai déjà des pulsions en écoutant les centaines de fans scander  CJ, CJ !! Capuche sur la tête, le Sieur McMahon est enfin de retour sur les planches et déclenche le début des hostilités en interprétant Dear Desolation et Slaves Beyond Death extraits de leur dernier album. La magie opère immédiatement car les blasts de Lee Stanton et les riffs saturés des deux guitaristes transpercent le public comme des lames de rasoir. Après ces deux premières claques, CJ McMahon se lance dans un speech pour remercier ses fans et inviter toutes les "jolies p'tites françaises" à le rejoindre sur scène pour slamer. Ses voeux sont immédiatement exhaussés car d'inombrables créatures passent le reste du concert à monter sur l'estrade pour déconner avec le géant australien ou même prendre des selfies.

Comme à son habitude, Thy Art Is Murder concentre son show sur Holy War et interprète pas moins de six morceaux de cet album. Cela n'est pas bien grave car Violent Reckoning, Emptiness ou encore Coffin Dragger sont de véritables hymnes au headbanging avec leurs breakdowns de cochon et leurs riffs de mammouth. CJ est en très grande forme et après avoir lâché un "merci bukkake" à une groupie lui offrant une rose, le chanteur part dans un énième délire en se foutant torse-nu et en demandant à la foule d'hurler "oui oui" à chaque nouvelle annonce de chanson. Thy Art Is Murder enchaîne alors le trio The Son Of Misery, Puppet Master et Holy War sous les "oui oui" du public et je dois avouer que je n'avais jamais assisté à un concert avec de telles émotions. Le délire atteint d'ailleurs son comble lorsque le chanteur de Justice For The Damned monte à nouveau sur scène aux côtés de CJ pour pousser la chansonnette et s'agiter comme un dégénéré. Les élucubrations de McMahon ne perturbent absolument pas ses camarades qui continuent à nous pilonner sagement la gueule avec leur Hardcore teinté de Death et leurs riffs dépressifs.

Plus les minutes défilent et plus le frontman devient incontrôlable en chantant assis, à genoux ou encore accroupi face à son batteur. CJ finit même le titre Light Bearer en vociférant dans son micro allongé par terre comme un dépravé. Tous les musiciens disparaissent alors de la scène et abandonnent leur pote étendu sur le sol. La foule n'est pas rassasiée et braille toujours "oui oui" jusqu'à ce que l'intro de Reign Of Darkness n'explose dans nos oreilles. Le retour des musiciens motive CJ qui se relève soudainement et s'empare alors de son micro pour nous anéantir. Malheureusement, un bug technique l'empêche de se faire entendre et ses fans prennent alors le relais en chantant à sa place durant quelques secondes. CJ ne manque pas de les remercier et le quintet repart au combat en jetant ses dernières forces dans la bataille. Au bout de quelques minutes, la musique s'interrompt brusquement en laissant derrière elle un auditoire ébloui par tant de maîtrise et de violence.

Setlist de Thy Art Is Murder :

01. Dear Desolation
02. Slaves Beyond Death
03. The Purest Strain of Hate
04. Shadow of Eternal Sin
05. Violent Reckoning
06. Emptiness
07. No Absolution
08. Coffin Dragger
09. Absolute Genocide
10. The Son Of Misery
11. Puppet Master
12. Holy War
13. Light Bearer
14. Reign Of Darkness
 

Cela fait quinze ans que j'écume les salles de concert à la recherche de la moindre affiche de metal extrême et je dois avouer que cette soirée restera gravée à vie dans ma mémoire. Même si je ne suis pas un fan inconditionnel de "core", je dois admettre que la motivation ainsi que le sens du partage des musiciens font systématiquement la différence et rendent chaque soirée inoubliable. Sounds Like Hell Productions peut vraiment être fière d'avoir organisé une affiche de rêve comme celle-là et doit se servir de ce nouveau succès pour continuer à viser toujours plus haut. Quoi qu'il en soit, merci encore pour cette gifle d'anthologie et à très bientôt dans le pit... ou au comptoir du bar...