Groupe:

Havok + Darkest Hour + Cephalic Carnage + Harlott

Date:

22 Avril 2018

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Le 22 avril dernier, le Petit Bain parisien accueillait des groupes assez dangereux pour les cervicales. Si on se référait aux noms constituant l'affiche, on allait avoir le droit à de la dévastation, aux ténèbres, à du carnage et même à de... la fille de joie ?! Les promesses furent-elles tenues ? Oui, prostitution mis à part, évidemment.

Le premier groupe à ouvrir le bal vient d'Australie et n'est autre que Harlott, sympathique combo de thrash sans concession que j'avais déjà eu l'occasion de voir en première partie d'Annihilator en octobre 2015.

Depuis la dernière fois, il y a eu un changement de guitariste et un nouvel album joliment nommé Extinction. Quand le groupe investit la scène, la salle du Petit Bain n'est pas comble... mais le public est très rapidement acquis à la cause des thrasheurs grâce à une musique percutante et directe, idéale pour les fans du genre qui apprécient les vieux albums de Slayer ou Kreator. Si les compos déployées par le quatuor ne réinventent rien, elles ont l'avantage d'être bien agressives et développent quelque chose de forcément familier qui fait qu'on se sent bien. En plus, on leur reconnaîtra une véritable efficacité et comme le groupe ne se donne pas qu'à moitié, les premiers pogos ne se feront pas attendre longtemps (dès le premier solo du premier titre, Extinction).

Les Australiens font preuve d'une énergie et d'une précision implacables et tapent dans tous leurs albums même s'ils ont un temps de jeu forcément réduit. Six missiles en une demi-heure, parmi lesquels on retiendra notamment l'excellent The Penitent (avec ses harmonies de guitares bien mélodiques en milieu de parcours) et Means To An End qui clôt le set en beauté. Le thrash old-school passe toujours bien en live. Les quatre musiciens ont bénéficié d'un gros son bien puissant, d'un accueil assez chaleureux et ont fait preuve de bonne humeur (Andrew Hudson sait se détendre entre deux fessées). Une bonne mise en bouche.

Setlist Harlott :

01. Extinction
02. Denature
03. Effortless Struggle
04. The Penitent
05. None
06. Means To An End

 

Changement de style et d'ambiance avec Cephalic Carnage. C'est l'heure de la boucherie ! Au programme, du Death Grind complètement assommant à la technique hallucinante mais dont une bonne partie demeure assez imbitable pour mes petites oreilles fragiles non habituées à un tel niveau de sauvagerie. Ici, l'ultra-violence est de mise même si certains passages planants ou bizarroïdes (très dissonnants et décalés) s'insèrent de temps en temps. Le groupe délire bien et il a ses fans. La fosse est à moitié remplie mais une partie du public se lance régulièrement dans du pogo bien violent. Certaines personnes regardent le spectacle avec un air amusé, d'autres sont impressionnées... qu'on accroche ou pas au style, on ne peut nier qu'il se passe quelque chose d'assez singulier et l'aspect terrassant de la musique impressionne.

Les messages délivrés par le frontman tournent beaucoup autour de la picole et la fumette... il nous avouera lui-même qu'il est bien défoncé ce soir. Tout cela se déroule dans une ambiance assez bon enfant... et tout d'un coup, sur l'avant-dernier titre, les membres du groupes revêtent des masques flippants ou juste... bizarres (le bassiste, excellent soit dit en passant, choisira une tête de cheval)... c'est le carnaval, mais le carnaval du chaos ! Le batteur est hallucinant de maîtrise et de puissance... on aimerait pas être à la place de son instrument. Désolé de ne pas vous en dire beaucoup plus sur la musique ou les titres joués, j'avoue totalement mon inculture pour ce qui est de ce groupe. Une confirmation personnelle : le grind, ce n'est vraiment pas pour moi... mais voir Cephalic Carnage sur scène reste une expérience intéressante.

 

Pour Darkest Hour, on notera que la salle est bien mieux remplie. Beaucoup de métalleux qui attendaient leur heure, tapis dans les recoins du Petit Bain (ou en train de siffler une petite bière dehors) sont maintenant dans la fosse, bien plus dense qu'elle ne l'était sur les deux sets précédents. Le Death/Metalcore de ce groupe (auquel je ne me suis pas intéressé avant ce concert) plait beaucoup à une grande partie de l'assistance qui lui réserve un accueil très chaleureux. Les musiciens ne ménagent pas leur enthousiasme, notamment les guitaristes et le bassiste qui headbanguent comme si on venait de leur annoncer qu'ils allaient perdre leurs cheveux dans la semaine.

Il y a un bon mix d'agressivité et de mélodie et les titres sont assez variés. Le chanteur remercie régulièrement le public, le batteur est impressionnant, son jeu est bon mais là, j'avoue que c'est plus son physique qui me calme... le type est un colosse. Si j'avais des remarques négatives à formuler concernant le groupe, ce n'est pas lui que j'irais voir ! Le combo nous gratifie d'un titre très différent du reste puisqu'il s'agit d'une reprise du Nazi Punks Fuck Off des Dead Kennedys. Le set n'est pas désagréable, tout cela est bien fait et bien joué mais, plus personnellement, je ne suis pas vraiment conquis. Si j'avais mieux connu la musique du groupe, aurais-je apprécié ce concert davantage ? Probable... mais les compos que j'ai entendues ne m'ont pas donné une folle envie de me jeter sur la discographie de ces messieurs. Peu importe, les fans ont l'air ravi, le groupe également... ceux qui connaissent et apprécient Darkest Hour n'ont pas l'air déçu, c'est le principal !

Setlist Darkest Hour :

01. Knife In The Safe Room
02. Convalescence
03. Doomsayer (The Beginning Of The End)
04. An Epitaph
05. Violent By Nature
06. Those Who Survived
07. Nazi Punks Fuck Off
08. With A Thousand Words To Say But One
09. The Sadist Nation

 

Avec Havok, voilà venir un style qui me correspond mieux. Retour au thrash donc ! Je ne suis pas le seul à qui ça a l'air de faire plaisir... l'ambiance est hallucinante dès les premières secondes du show proposé par la bande à David Sanchez ! Quelques accords... et voilà la fosse en ébullition. Ca bouge de partout, ça saute et surtout... ça monte (beaucoup) sur scène pour se rejeter dans le public juste après !

C'est Hang 'Em High, compo extraite du dernier album (le réussi Conformicide), qui lance les hostilités. Cet album sera bien représenté ce soir avec cinq extraits. L'autre disque privilégié de la soirée sera Time Is Up, avec cinq compos lui aussi. C'est d'ailleurs la bien nommée Prepare For Attack qui fera office de deuxième titre, continuant ainsi de créer le chaos dans la fosse du Petit Bain.
Pas de blabla entre les différentes offensives, les Américains enchaînent les compos sans temps mort. David Sanchez est un frontman assez statisque (c'est un peu le problème quand on est à la fois guitariste et chanteur) mais efficace, à la voix bien rageuse et aux riffs assassins. En revanche, il demeure assez peu expressif. Celui qui fait plus le show et attire très souvent les regards, c'est l'excellent bassiste Nick Schendzielos. Déjà, son jeu de basse (très bien servi par la sono) est remarquable, il amène à la musique du groupe un groove certain avec ses parties de slap (et rappelle ainsi l'apport d'un certain Trujillo dans Suicidal Tendencies ou Infectious Grooves), mais en plus, il a une bonne présence sur scène, se rapproche très souvent du public et son instrument au manche parcouru de diodes vertes fait également son petit effet.

Personnellement, je m'éclate avec d'excellentes compos comme F.P.C. ou Out Of My Way impeccablement interprétées... c'est un régal. Le son est énorme et c'est la fête dans la fosse... peut-être même un peu trop d'ailleurs. Il y a tellement de monde qui monte sur scène que le groupe, que l'on sent amusé pendant la plus grande partie du show, finit par sembler un peu saoulé par moment... Enfin, surtout le guitariste Reece Scruggs qui ne manquera pas de renvoyer certains fans de manière un peu expéditive. On peut quand même le comprendre, par moment, des gars lui tombent quasiment dessus et le gênent... mais bon, rien de bien méchant, tout cela reste bon enfant et tout le monde semble passer un bon moment. 

Au beau milieu du set, l'assistance réclame "Piss Club! Piss Club! Piss Club!"... et là, je me dis "tiens, une compo que je ne connais pas"... mais il semblerait en fait que ce soit en référence à un concert précédent où Sanchez aurait dit que ça sentait la pisse. Havok balance donc une espèce de "compo" ultra courte, speed et brutale dont les paroles sont grosso modo (si aucune subtilité ne m'a échappé) : "Piss club, piss club, piss club, piss club... this club smells like piss". Voilà, c'est cadeau, c'est juste pour nous, les fans sont ravis. Puis, les choses sérieuses reprennent avec un enchaînement de titres efficaces comme D.O.A. ou, plus tard, Intention To Deceive.

Au moment du rappel, le frontman s'est emparé d'une petite affiche balancée par un fan sur laquelle on peut lire "Fatal Intervention". Il se retourne vers son batteur, mais ce dernier ne veut pas la jouer... on sent une petite pointe de déception chez certains mais elle sera de courte durée car c'est une compo du même album, la chanson titre Time Is Up qui nous est servie en guise de conclusion. Sanchez nous promet qu'ils reviendront l'année prochaine avec un nouvel album et pour le dernier refrain de ce titre, il transforme les paroles en "your dick is up... all our dicks are up". Aaahhhh... un peu de poésie, ça fait du bien.

Promesses tenues, la soirée fut dure pour les cervicales, les quatre groupes présents ont tout donné et le public a perdu des litres de sueur. On ressort du Petit Bain avec un sourire en travers du visage. Un grand merci à Garmonbozia pour l'accréditation.

Setlist de Havok :

01. Hang 'Em High
02. Prepare For Attack
03. F.P.C.
04. Out Of My Way
05. Covering Fire
06. Masterplan
07. Point Of No Return
08. D.O.A.
09. Ingsoc
10. From The Cradle To The Grave
11. Intention To Deceive
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12. Time Is Up

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