Groupe:

TribalFest 2018

Date:

24 Aout 2018

Lieu:

Peymeinade

Chroniqueur:

Didier

Le TribalFest, on vous en parle tous les ans ou presque, puisque c’est notre mini Hellfest à nous autres, habitants de l’ouest des Alpes Maritimes. Ca se passe toujours à Peymeinade, petite bourgade proche de Grasse, qu’a priori rien ne présageait à devenir un haut lieu du rock ‘n’ roll. C’était sans compter sur l’école de musique Tribal Roch et ses animateurs passionnés menés par Marco, qui depuis des années tentent de garder allumée la flamme du rock dans l’arrière-pays cannois. Pas facile tous les jours, et d’ailleurs l’édition 2017 du festival avait été annulée. Les déboires (orage violent d’une année, faibles participations récurrentes, virement de bord à la mairie) avaient-ils eu raison du TribalFest ? Eh bien non ! Non seulement le TribalFest aura lieu, mais en plus, il se décline en 2018 sur deux soirées au lieu d’une grosse journée. Le projet me semble ambitieux, trop peut-être, sachant que le souci principal du festival est son manque de participation, comment être sûr que les amateurs vont se déplacer deux fois ? Certes, le prix du pass deux jours est attractif, mais quand même, surtout que dès l’annonce du programme complet, je m’inquiète du manque d’homogénéité des deux soirées. Le vendredi me semble sacrément attractif pour des amateurs de blues et de blues rock, avec en tête d’affiche l’ami Pat McManus. Je dis ami, car Pat et son band ont noué des liens forts avec les organisateurs, et que ça fait plusieurs fois qu’il répond présent et vient apporter sa maestria à l’édifice. Mais ce n'est pas tout, car avant les Irlandais de Pat McManus Band, c’est notre Gary Moore à nous autres Français, j'ai nommé Fred Chapelier, qui est aussi annoncé. Je ne l’ai encore jamais vu sur scène mais sa réputation n’est plus à faire, d’autant qu’il tourne en ce moment en rendant hommage à Peter Green, le célèbre bluesman créateur de Fleetwood Mac et d’une floppée de standards du blues. Pour étayer ce plateau déjà bien relevé, on trouvait aussi Jesus Volt, 58 Shots et Jason & Co. Il était hors de question pour moi de rater ce premier soir, compliqué quand même par le fait que je bossais (ben ouais faut bien), et que le chemin pour atteindre le site par son unique route est toujours long et compliqué, surtout un vendredi soir. En y allant, je me disais que c’était quasi impossible d’attirer du monde de l’est du département, et donc de Nice, deux soirs d’affilée. Si tout va bien pour le running order du vendredi je suis beaucoup plus inquiet pour celui du samedi, supposé être la grosse soirée. En effet la tête d’affiche est The Heard, la nouvelle formation des Suédoises de Crucified Barbara. Elles aussi ont tissés des liens forts avec les Tribal-boys, puis qu’elles étaient tête d’affiche l’année du déluge, et avait promis de revenir, ce qu’elles avaient fait l’année suivante. Le geste était fort et beau, mais la réalité d’aujourd’hui est que personne ne connait cette nouvelle formation et qu’il était très irréaliste de l’avoir en tête d’affiche. Les autres groupes à l’affiche de ce samedi typé plus hard rock sont : Speed Rock Machine, Metro Velour, Mr First, Red Beans & Peper Sauce. Je ne connaissais que Mr Fist, un excellent groupe niçois de punk rock.

Ma décision de ne pas participer à la soirée de samedi était personnelle et prise bien avant d’en connaitre le contenu. Je n’ai pas de report à proposer pour la soirée du samedi mais des amis qui avaient, eux, pris le pass deux jours (et qui n'habitent pas loin), m’ont indiqué avoir passé une bonne soirée, avec des groupes totalement inconnus et beaucoup plus typés hard rock que la veille, mais surtout un triste bilan au niveau de l’affluence, ce que je craignais.

Revenons donc sur cette soirée du vendredi, pour laquelle j’arrive pour la note finale de 58 Shots. Dommage, mais un accident de deux-roues grave (pompiers, police, hélicoptère) a fortement perturbé l’unique accès à Peymeinade. Il n’y a pas beaucoup de monde, mais petit à petit je pense qu’on a dû être dans les 250 à la fin de la soirée. Ca choque quand même car la pinède qui nous accueille est vaste. Elle pourrait facilement accueillir un millier de personnes.

Jesus Volt

Le groupe est constitué d’un trio basse (Julien Boisseau), guitare (Jacques Méhard-Baudot), batterie (Olivier Hurtu), complété par un chanteur (Lord Tracy) qui comme souvent dans le blues, sais aussi se servir d’un harmonica. Julien, le grand bassiste, restera caché derrière ses grosses lunettes noires toute la soirée, tout en nous distillant d’excellentes lignes de basse puissantes. Le guitariste est assez impressionnant aussi, en solo comme en rythmique.

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Le chanteur est assez à l’aise, il parle un peu entre les morceaux, explique qu’ils ont un album qui vient de sortir (le troisième ou quatrième), disponible d’ailleurs à leur stand de merchandising qui, pour une raison étrange, est plongé dans le noir, nous sommes obligés de nous éclairer avec des téléphones pour voir les articles de Jesus Volt et de Fred Chapellier. Le style du groupe est beaucoup plus rock que blues. Le chanteur nous annonce un morceau en faisant référence à Rammstein.

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De l’humour sûrement car je ne vois pas trop le rapport avec les Teutons, en l’occurrence je trouve que ça sonne plutôt comme un bon ZZ Top. Je suis assez emballé par la prestation de Jesus Volt, le groupe est bien en place, carré, avec notamment un très bon guitariste.

Setlist de Jesus Volt :

01. Have a Cookie
02. Party
03. All Aboard
04. 666 Devil woman
05. I'm a jerk
06. Bullseye
07. Vaya con dildo
08. Burn with me

Fred Chapellier

C’est l’heure pour Fred Chapellier de monter sur scène. Il porte son éternel béret et de sa Gibson Les Paul. A ses côtés, les Gents qui l’accompagnent (sans harmonica, sans claviers, sans chichi) avec un bassiste (Christophe Garreau), roi de la walking basse, un batteur hyper impressionnant et très expressif (Guillaume Destarac), et un second guitariste (Patrick Baldran). Le batteur est vraiment incroyable, il fait plein de mimiques, il vit totalement ses plans. L’autre monstre c’est Fred Chapellier, très décontracté. Il assure vraiment à la six cordes. Il nous a expliqué au début que c’était la dernière date de cette tournée où il rend hommage à Peter Green.

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D’ailleurs il fait aussi de la pub pour un album live qui vient juste de sortir de cette tournée, et qui est disponible à son stand de merchandising (qu’il faut juste trouver dans la pénombre). Par contre le CD est à 20 balles, je trouve ça vraiment abusif. A côté de la scène, Madame McManus vend tous les CD de Pat à 10 Euros, y compris le dernier. Fred explique un peu chaque morceau de Peter Green avant de le jouer. Par exemple, peu de gens savent que c’est lui qui a écrit Black Magic Woman, rendu célèbre ensuite par Carlo Santana.

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Avant un morceau calme, il demande à la régie son plus de réverb sur sa voix, la régie en met une tonne sur tout le monde, heureusement c’est vite corrigé. A part ça, nous sommes particulièrement gâtés par le son qui est vraiment très bon. Le répertoire de Peter Green est assez incroyable, d’ailleurs je vous en avais parlé lors de la spéciale Gary Moore faites à l‘occasion de sa disparition, en chroniquant l’album Blues for Greeny. Fred et son team ne joueront que du Peter Green sauf un instrumental (excellent par ailleurs) qui est un morceau de Fred. Magnifique découverte en ce qui me concerne et totale maitrise pour Fred Chapellier et les Gents, sorte de Gary Moore à la française.

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C’est l’heure du changement de plateau, j’espère qu’on reverra Fred jouer avec Pat plus tard dans la soirée. J’ai bon espoir d’un bœuf final. Par contre, je ne comprends pas trop les choix de musique extrême balancés à fort volume par les gars de la sono, pendant les changements de plateaux. Allo ? C’était une soirée blues, blues rock pas death metal. Clairement un manque de jujotte sur ce coup-là.

Setlist de Fred Chapellier :

01. Rolling man
02. A fool no more
03. Long grey mare
04. Looking for somebody
05. The gents
06. Funk It
07. Watch out
08. If you be my baby
09. Stop messing around
10. Oh well
11. Black magic woman

 Pat McManus

Curieusement le son est moins propre que pour le set de Fred Chapellier, plus fort aussi, je suis obligé de sortir mes bouchons pour la première fois de la soirée. Par exemple la basse de Marty McDermott est très confuse dans le mix, ce qui est bien dommage quand on connait les talents de ce pince-sans-rire de bassiste. Ca n’est pas la première fois que je trouve le son de Pat McManus pas à la hauteur de son talent et trop fort. Je réalise aussi que son batteur Paul Faloon, parait bien plus bûcheron dans son style que le batteur de Fred Chapellier, l’un juste derrière l’autre, ça me choque plus. 

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Pat apparait toujours sec, on pourra encore voir la transpiration couler de ses bras quand il se démène, c’est sûr que c’est pas à un de ses concerts qu’il va faire du gras. Il a les cheveux plus longs que lors de sa dernière visite, avec toujours ses deux mèches blanches à la Cruela et son incroyable sourire communicatif.

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Il enchaine encore les morceaux sans prendre le temps de boire un coup. Il joue quelques extraits de son nouvel album, que sa femme, fidèle au poste, tente désespérément de vendre sur un stand complètement plongé dans le noir. C’est le gars de la sécurité qui éclaire de temps en temps avec sa lampe torche. Son éternel violon est pendu à son pied de micro et il l’utilisera à la grande joie des aficionados portant des t-shirts de Mama’s Boys, d’époque pour certains. Ils en vendent même des répliques au stand merch.

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Le violon apporte ce petit côté fiddle et musique traditionnelle irlandaise fort sympathique. La setlist est complétée par des grands classiques de Pat écrits souvent pour rendre hommage à des grands hommes du blues. C’est le cas de Return Of the G Man, en hommage à Rory Gallagher, ou encore Belfast Boy en hommage à Gary Moore.
C’est déjà l’heure du rappel, mais quel rappel ! Car comme je l’espérais, Pat appelle sur scène Fred Chapellier pour un bœuf, non préparé prévient-il, qui commence par Still Got The Blues de Gary Moore, dans lequel ils se lancent chacun leur tour dans des solos endiablés, Fred semble un peu intimidé au départ, mais le blues lui brûle les doigts et il se plie volontiers à l’exercice.

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"Vous en voulez une autre ?" demande Pat. Je veux mon n’veu et les voilà partis pour un autre tube de blues-rock, Parisienne Walkway. "Encore ?" demande encore Pat qui semble inarrêtable. C’est parti pour un Walking By My Side effréné. Après ces trois skuds de Gary Moore, il nous annonce vouloir rendre un hommage à Ed King (membre fondateur de Lynyrd Skynyrd) disparu quelques jours auparavant. Nous voilà partis pour un superbe Sweet Home Alabama complètement improvisé et fou (ça va souvent de paire).  

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Bon, quelqu’un a dû trouver le bouton pour débrancher Pat (ou lui promettre une Guinness), car cette fois, c’est bel et bien fini. Pat remercie Fred, puis Marco qu’il fait venir sur scène pour saluer. Au final, il nous a encore livré deux heures de bonne zic dont on ne se lasse décidément pas. C’est un artiste toujours aussi simple, sympathique et généreux. On l’adore.

Setlist de Pat McManus :

01. Iona Sunset
02. Blacklisted
03. Got The Right
04. Don't Do It
05. What If
06. Runaway Dreams
07. Cajun Fiddle Trax
08. Return of the G Man
09. Red House
10. Juggernaut
11. Straight Forward
12. All Along The Watchtower
13. Belfast Boy
14. Needle in the Groove
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15. Still got the Blues
16. Parisienne Walkways
17. Walking by Myself
18. Sweet Home Alabama

Cette soirée-là était magnifique, avec même quelques passages carrément historiques sur le final réunissant deux très grands bluesmen Pat et Fred sur une même scène et interprétant des superbes morceaux de Gary Moore et Lynyrd Skynyrd. Malgré cela, la participation est faiblarde, le festival méritait et surtout espérait certainement mieux, en proposant un tel plateau. Mais le pire reste que le lendemain sera encore bien pire, et que le festival va avoir du mal à s’y retrouver financièrement et s’en remettre. Les frais fixes pour organiser un tel festival sont important (grosse sono, lumières, personnel technique, personnel sécurité) et encore, heureusement que l’armée de bénévoles du festival a encore répondu présent et fait des miracles à l’entrée, au bar et au stand sandwichs. Encore merci à eux, mais quand même, quel gâchis ! 


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