Delain

Date

11 Mai 2012

Lieu

Paris

Chroniqueur

Ostianne

L I V E R E P O R T

Il y a presque un an jour pour jour, Delain venait fouler le sol parisien. L'Elysée Montmartre étant parti en cendres, c'est à L'Alhambra que le groupe, accompagné de Whyzdom et Serenity, s'était réfugié. Cette année encore, c'est dans cette salle proche de la place de la République que le groupe se produit avec deux autres groupes. Si, lors du dernier concert, Delain avait présenté trois morceaux de We Are The Others, qui sortira le 2 ou le 4 juin prochain selon les pays de l'Europe, cette fois-ci la tournée se concentre sur ce nouvel album. Mais avant de découvrir les nouveaux morceaux du groupe, Halcyon Way et Trillium se sont produits face à une salle bien remplie, mais pas complète.

C'est donc aux Américains d'Halcyon Way d'entrer en premier sur scène. Malheureusement pour eux, ils souffriront de problèmes de son, le micro ne fonctionnant pas et forçant Steve Braun, son chanteur, à utiliser le micro du guitariste et deuxième chanteur pour se faire entendre. Une fois ce problème de micro réglé, on sent que pour les musiciens le son n'est toujours pas bon, au vu des gestes de Steve à l'ingé son tout au long du set... C'est sur une scène très réduite que le groupe se produit, la batterie et le clavier de Delain étant déjà installés. Le groupe qui a à son actif deux albums et deux EP, dont le dernier, IndoctriNaction, aura un peu de peine à piquer au vif la curiosité et l'intérêt du public, qui ne répond majoritairement pas aux appels des Américains. Il faut dire que le choix laisse légèrement perplexe : un groupe de Heavy/Prog Metal bourré de clichés pour ouvrir une soirée placée sous le signe du Mélodique et Symphonique... Non pas que les fans de Metal Symphonique ne puissent pas apprécier d'autres styles musicaux, mais on conviendra qu'on sent légèrement le hors sujet. Si la voix de Steve colle parfaitement au style musical et qu'il semble bien la connaître et la maîtriser, il manque cependant de charisme et de pêche. Si lui et le guitariste semblent être copains comme cochons et sont proches pendant une grande partie du set, le jeune bassiste, qui se donne vraiment à fond, semble dans son monde, sans complicité particulière. Après trente minutes, Halcyon Way quitte la scène pour laisser place à Trillium.

Trillium, c'est le nouveau groupe d'Amanda Somerville (albums solos, choeurs sur les premiers Epica en plus d'avoir été la coach de Simone Simons - qu'elle aurait du continuer à coacher, mais c'est un autre débat - sur Avantasia, duo avec Kamelot et dernièrement un album avec Michael Kiske, qui aura un petit frère d'après ce que m'a dit Amanda après le concert.) Et il faut dire qu'il n'avait pas forcément été bien accueilli par la critique qui reprochait à Alloy d'être un peu trop pop. On passera sur les commentaires d'un public peu ouvert d'esprit et relativement lourd (étonnant pour des fans de Metal Symphonique et de Delain d'ailleurs) lors de l'intro de Trillium. Une fois n'est pas coutume, le micro de l'Américaine ne fonctionnera pas avant le refrain sur Machine Gun, premier morceau joué par un groupe en forme et heureux d'être là. En effet, tous se montrent sous leurs meilleurs jours : grands sourires pour Amanda qui parle un peu français, un guitariste plein d'énergie, complice avec la chanteuse, qui le fera se mettre à genoux devant elle sur Bow To The Ego, un bassiste customisé qui jouera avec son compère derrière le clavier. Et il faut dire que le public a de la chance d'avoir un groupe qui se produit et se donne car, niveau son... Une guitare bien trop mise en avant et un micro qui ne fonctionne pas très bien. En effet, aux premiers rangs du moins, on entend véritablement la voix et les prouesses d'Amanda Somerville que lors des passages uniquement rythmiques ou aux claviers. La plupart du temps, elle est noyée dans les instruments et le micro de son bassiste qui officie pour quelques lignes de chant semble lui aussi avoir été réglé au minimum syndical. En écoutant Coward, Into The Dissonance, qui est une reprise de Lunatica, le titre issu de l'album Kiske Somerville et les autres titres de la soirée, on s'aperçoit que la musique de Trillium est bien plus énergique sur scène. D'ailleurs, le public est bien plus réceptif que pour Halcyon Way et les mauvaises langues disparaissent au fur et à mesure que le set avance. Si certains reprocheront un jeu de scène un peu trop poussé, un côté trop américain, "m'as-tu vu", c'est surtout le son qui décevra pour ce set et qui laissera un petit goût amer lorsque le groupe quittera la scène pour faire place à Delain.

Le public est déjà en délire avant même que Delain n'entre sur scène. Il faut dire qu'à chacun de ses passages, si le groupe ne remplit pas les salles, il fait se déplacer les foules acquises à sa cause. C'est une scène à l'image du nouvel album qui se dresse devant le public et c'est sur Mother Machine (anciennement Manson) que le groupe se présente. Ayant déjà joué ce morceau "inédit" l'an dernier et aussi en ouverture, le groupe a donc usé d'une belle stratégie : le titre n'a pas été entendu dans sa version studio, mais l'a déjà été dans sa version live au détour d'un concert ou sur Youtube. Par conséquent, le public le connaît déjà, du moins les très grands fans présents ce soir-là. On découvre une Charlotte Wessels "costumée", avec un petit bonnet rappelant l'armée de l'air et une veste assortie. D'ailleurs, Martijn, perché derrière son clavier, porte lui aussi une veste dans ce style alors qu'Otto, derrière sa basse, porte une manche de veste elle aussi assortie. Delain travaille donc son visuel sur cette nouvelle tournée et quelques éléments de la pochette du nouvel album (dont l'oiseau portant un masque à gaz) seront projetés le temps d'une chanson ou deux sur les caissons de la batterie et du clavier. Le groupe va livrer une setlist assez bien fournie en titres, variant les plaisirs entre inédits et morceaux de leurs deux premiers albums. Et c'est avec joie que le public constate que le micro de la jeune Néerlandaise fonctionne ! Mais... pas celui d'Otto : effectivement, on l'entendra à peine sur le morceau de clôture The Gathering, très difficilement sur Virtue And Vice ou encore sur le refrain de Not Enough. L'absence de Timo, privera le public de parties de chant clair, comme sur Invidia ou Control The Storm, ce qui sera regrettable. D'ailleurs, la présence de Bas Maas (ex-After Forever) sur la tournée, qui assure par alternance la place de guitariste avec Timo, nous fait presque nous demander pourquoi ce n'est pas lui qui gère, à défaut du chant clair, les parties de growls sur les morceaux joués ce soir-là.

Charlotte Wessels assure son chant, modifie quelques lignes de chants des anciens morceaux, introduit comme il se doit les nouveaux titres (Generation Me parlant de facebook par exemple) et surtout fait de jolies vocalises sur Electricity et Not Enough. La jeune femme, à qui le public fête l'anniversaire avec un jour d'avance, démontre qu'elle prend de plus en plus d'assurance sur scène et la jeune femme timide qu'elle était en 2007 en première partie de Within Temptation semble être partie bien loin : elle fait de l'humour, appelle son public à participer, le fait headbanguer, essaye de se rattraper lorsque arrive le dernier morceau avant le rappel pour dire que c'est sensé être le dernier morceau, mais comme c'est Paris, on verra ce qu'il va se passer... D'autant que le groupe se livre à un exercice difficile : jouer des morceaux qui sont, pour la plupart, inconnus aux oreilles du public. Car le public, tout réactif qu'il est, peut très bien perdre de son énergie pour être attentif à ce qu'il va entendre : Babylon, Electricity, Not Enough, Are You Done With Me et Generation Me sont des titres que l'on découvre pour la première fois. Et on sait bien qu'il est difficile d'entrer et apprécier les qualités d'un morceau lors d'une première écoute, qui plus est live. Et pourtant, cela se fait sans peine. D'ailleurs, les morceaux sont annonciateurs d'un album plus abouti, plus metal qu'April Rain, qui continue de montrer ses faiblesses, même sur scène. Cela rassure, bien qu'il faille attendre la version studio pour valider cette impression. Get The Devil Out Of Me, qui semble être un single tout trouvé et qui l'est, rend bien mieux en live qu'en simple version studio. Espérons pour les autres titres qu'ils soient aussi bons que sur scène. Sur les anciens morceaux, on regrettera des samples vocaux trop présents parfois (Invidia) ou inaudibles (Sever), mais surtout le clavier semblant être très en retrait, donnant même l'impression que certaines parties ont été supprimées (Shattered, qu'on entendra très mal dans les premiers rangs par exemple). Le choix de See Me In Shadow et April Rain, étant légèrement discutables, mais singles obligent... Mais ce n'est pas pour autant que le public boudera son plaisir, ni Delain d'ailleurs, toujours surpris par l'accueil qui lui est réservé et qui donne, comme à chaque fois, un concert très chaleureux où la communication entre les membres et le public se fait sans que les uns ou les autres ne fassent d'efforts. Une belle harmonie sur scène et avec le public qui fait qu'on ressort toujours avec le sourire d'un concert donné par le groupe Néerlandais, malgré des petits reproches qu'on a à leur faire.

Setlist de Delain :

01. Mother Machine
02. Stay Forever
03. We Are The Other
04. Go Away
05. Sever
06. Virtue And Vice
07. Generation Me
08. Invidia
09. April Rain
10. See Me In Shadows
11. Are You Done With Me
12. Get The Devil Out Of Me
13. Shattered
14. Babylon
15. Sleepwalker Dreams
16. Electricity
17. Not Enough

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18. Control The Storm
19. The Gathering

C'est donc une bonne soirée qui s'est offerte à nous, bien que le son n'ait pas été irréprochable, qu'Halcyon Way ait été un choix discutable, on apprécie la surprise de Trillium qui se révèle plus intéressant sur scène que sur album, et on finit avec un Delain au top de sa forme. Le groupe repassera par la France en octobre, pour l'instant deux dates seulement sont annoncées (merci les flyers lancés à la foule car Charlotte a eu un beau trou de mémoire lorsqu'elle a annoncé leur retour) et si le groupe passe par Paris, peut-être qu'avec la sortie de We Are The Others, Delain fera salle comble. C'est tout le mal qu'on leur souhaite !

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