L I V E R E P O R T

Cette année, la Foire aux vins a fait fort pour les fans de Metal Symphonique. Ce que le MFVF, festival consacré au chant féminin, n'a jamais réussi à faire, Colmar l'a fait : réunir Epica, Within Temptation et Nightwish, soit les trois groupes considérés comme étant les plus importants de ce courant musical. Mais pour raisons de diversité musicale, les organisateurs ont aussi appelé les Français de Lonewolf et Nightmare. Si avant le concert on parlait surtout des trois groupes "à chanteuses", tous ont eu un accueil chaleureux par les sept mille personnes présentes le 5 août 2012.

Pile à l'heure annoncée, les Grenoblois de Lonewolf entrent en scène pour trente minutes de musique. Le public, un peu timide au début, se prend d'affection pour le groupe qui délivre un Heavy Speed entraînant. Mais malheureusement pour eux, ils bénéficient d'un son plutôt mauvais (ce sera le cas toute la soirée durant, mais avec des améliorations). Mais le public peut être heureux, car Lonewolf s'est trouvé en difficulté avant le concert. Leur batteur ne pouvant pas être présent, c'est Christophe Brunner que l'on retrouve derrière les fûts et nous permet de voir un premier groupe plutôt emballant.
Le chanteur étant guitariste et vice versa, il ne se déplacera que peu sur scène. C'est donc au deuxième guitariste et au bassiste qu'incombe la tâche d'occuper la scène, et bien que timides au début, les deux compères réussiront leur mission. Le public est lui aussi timide au début, mais très vite il est emporté par le son heavy et puissant du groupe. Très souriant et visiblement vraiment content d'être là, on sent que le groupe veut convaincre pendant sa demi-heure de temps et c'est ce qu'il fait. Voix puissante et maîtrisée de la part de Jens Börner et surtout des titres vraiment bien choisis ! Le groupe enchaîne hymnes sur hymnes, titres entraînants, refrains marquants avec, par exemple, Viktoria ou Made In Hell, que la foule reprendra très vite.
Si les Français ont tendance à ne pas aimer le Metal venant de leur pays, critiquant à tout va et revendiquant un manque de savoir-faire, ils feraient bien d'écouter Lonewolf. Tout comme le groupe qui les suit ce soir, ils pourraient bien faire changer d'avis à pas mal de monde, tant le professionnalisme et le talent sont de rigueur.

Setlist de Lonewolf :

01. Lonewolf
02. Warrior Priest
03. Hellbent For Metal
04. Army Of The Damned
05. Viktoria
06. S.P.Q.R
07. Made In Hell

C'est ensuite au tour des autres Grenoblois d'arriver sur la scène de la Foire aux Vins. Nightmare se voit aussi affubler de trente minutes de show. Et dès le début, la sauce prend ! Il faut dire que Jo Amore sait aller chercher le public qu'il sollicite sans arrêt. Et la réponse qu'il reçoit est plus que positive ! Il occupe la scène, court partout comme ses acolytes qui peuvent s'exprimer sur une scène assez grande. Bien des fois, ils viendront faire un tour sur la batterie, Matt Asselberghs faisant sourire à ses dépens lorsqu'il manque de tomber pour une petite mise en scène avec les deux guitaristes de chaque côté de cette dernière.
Comme toujours, la communication entre le public et le groupe se fait par gestes, le chanteur se concentrant sur son chant. Et il faut dire qu'il est parfait. Mais, tout comme le groupe précédent, Nightmare ne bénéficie pas d'un très bon son.
Les Français privilégient leurs dernières sorties, ainsi retrouve-t-on quatre titres de The Burden Of God, tandis que les deux autres morceaux proviennent d'Insurrection. Si les refrains sont tous accrocheurs, les morceaux s'enchaînent avec une cohérence presque frappante. Il faut dire que la signature du groupe s'entend : une très bonne base vocale mais des instruments en retrait, parfois un peu répétitifs, manquant, en apparence, de relief. Cependant, le retrait instrumental vient peut-être aussi du son... Pourtant, à la fin du set, on en redemande, ils ont su combler nos oreilles. Nightmare a su toucher un public qui, majoritairement, était venu voir les groupes suivant.
Petit conseil aux festivaliers du Motorcultor Fest, le 19 août, ne les ratez pas, et pour les Parisiens, Nightmare sera le 02 décembre au Divan du Monde.

Setlist de Nightmare :

01. The Preacher
02. Sunrise In Hell
03. Eternal Winter
04. Children Of The Nation
05. The Gospel Of Judas
06. Crimson Empire

Et nous voici face au premier groupe venu des Pays-Bas : Epica. C'est sous les acclamations du public que les différents membres du groupe entrent sur scène. Bien sûr, la plus grande acclamation sera pour Simone Simons la chanteuse du groupe qui n'est pas dans sa plus grande forme et qui sera gênée par sa robe pour se déplacer et headbanguer. Sur Monopoly Of Truth, la jeune femme paraît complètement ailleurs et mettra du temps à "entrer" dans le show pendant lequel elle ne se donnera vraiment pas complètement, comme elle a pu le faire sur d'autres dates de la tournée. Voix criarde et pourtant dans les tons des lignes de chants de Requiem For The Indifferent, la jeune femme n'est tout de même pas tout à fait en place. Le groupe, qui a sûrement eu écho que cet album était le plus décevant pour une grande partie des fans, n'a d'ailleurs joué "que" quatre titres de leur dernier opus.
Et c'est sur Unleashed qu'on a la confirmation de ce que l'on redoutait depuis la dernière tournée : Simone réadapte ses lignes de chant sur tous les titres, et surtout les anciens sur lesquelles elle utilisait sa voix lyrique. Sur Cry For The Moon, elle ne tient pas ses notes, tout comme sur Consign To Oblivion, et prend un chant "pop" et criard. A se dire qu'il serait presque bon pour Epica de ne plus jouer les anciens morceaux qu'elle ne sait plus chanter. Mais c'est une chose que le groupe ne peut se permettre puisque c'est sur ces titres que les fans présents répondent le plus.
La bonne surprise de la setlist viendra de Martyr Of The Free Word qu'elle sait encore chanter, et sur lequel Mark Jansen et Isaac Delahaye se donnent la réplique. Ce dernier apparaît d'ailleurs maintenant sur les lignes de growls d'Epica aux côtés de Mark, bien que celui-ci reste le chanteur du groupe. Rob Van Der Loo, dernière recrue du groupe, semble avoir trouvé sa place et s'est intégré au groupe. Moins timide, il affiche une complicité avec les autres membres masculins du groupe. Et heureusement qu'ils sont là, eux, bien présents sur scène, affichant des sourires à ceux venus pour les voir. Quant à Arien, il sera le seul à offrir au public un solo de batterie, petit effet qui aurait manqué lors de la soirée s'il n'avait pas été là.
Avant de quitter la scène, Simone annonce que le groupe sera de retour en France en décembre à Paris, souffrant toujours d'un manque d'enthousiasme plus qu'évident.

Setlist d'Epica :

01. Karma
02. Monopoly Of Truth
03. Storm The Sorrow
04. Unleashed
05. Martyr Of The Free Word
06. Serenade Of Self Destruction
07. Cry For The Moon
08. Sancta Terra
09. Consign To Oblivion

Passé la déception du set d'Epica qui aura, certes, convaincu la fosse, mais n'aura pas réussi à percuter ceux assis dans les gradins, c'est à Within Temptation de fouler le sol de Colmar. Ecran géant placé à l'arrière de la scène, batterie et clavier surélevés et reliés au bas de la scène par des escaliers, le décor est monté sous les yeux d'un public qui se montre impatient. L'intro est la même que sur la tournée : Mother Maiden, le témoignage d'un personnage du concept album The Unforgiving. Puis le groupe arrive et la foule est en liesse. Il semblerait qu'une bonne partie du public présent soit venu pour eux. C'est une standing ovation qui durera pendant tout le show des Néerlandais, les gradins étant en osmose avec la fosse.
C'est un groupe très heureux que l'on peut voir pendant plus d'une heure. Sharon den Adel, bien qu'elle souffre de maux de gorge et de tête, est dans une forme olympique : souriante, elle court partout sur scène, jumpe et donne le meilleur d'elle-même. On se demande même un peu si la présence de son mari sur scène ne la booste pas un peu plus. En effet, Robert Westerholt, qui a décidé de se retirer de la vie live du groupe, remplace Stefan Hellblad malade, et ce pour le plus grand plaisir des fans de la première heure. Ou bien son bonheur vient de l'accueil réservé au groupe, qui n'a pas toujours eu de bons accueils lors de leurs différents passages en France, en dehors de leurs tournées en tête d'affiche (Hellfest où les groupes sont plus extrêmes ou premières parties de Metallica ou Iron Maiden où une partie du public s'est montrée plus que grossière).
Quoiqu'il en soit, le groupe très soudé se donne au maximum. Le set débute par les premières chansons du dernier album de Within Temptation. Certains en viennent même à se demander s'ils ne vont pas jouer l'album en intégralité. Dès In The Middle Of The Night, la chanteuse fait appel au public qui répond plus que présent et chante avec elle. Sur Faster, la brunette réussit mieux ses transitions avant les refrains, ayant supprimé un des "faster" qu'elle répétait afin de reprendre son souffle et passer sa note. Vient ensuite Ice Queen sur laquelle toute la salle reprens les "ooh ooh". Sa position en sixième titre du set suprend plus d'une personne. Il faut dire que le morceau phare de la carrière des six amis avait été le final des concerts pendant plusieurs tournées. Bénéficiant d'un meilleur son que les autres groupes, Within Temptation se voit doter d'un avantage certain. Pourtant, un peu comme Simone par moments, Sharon pousse sur sa voix pour atteindre des notes qu'elle passait sans problème avec sa voix de tête, les exemples probants étant sur Angels ou Jillian. La différence est tout de même notable, Sharon reste juste.
Pour ceux qui avaient vu WT lors de leur tournée, peu de surprises seront réservées au public, mise à part l'apparition de Never-Ending Story en première chanson de rappel (seul rappel de la soirée par ailleurs). Et quoi de mieux pour accompagner ce rappel consacré au deuxième album du groupe qu'un temps qui se dégrade. Pour introduire le dernier titre, Sharon fait de l'humour, on ne peut pas contrôler la terre, comme le dit la dernière chanson du set, Mother Earth. Car effectivement, si la scène est protégée, ce n'est pas le cas de tout le public. En effet, la "salle" n'est pas totalement couverte, par conséquent des rafales de vent s'engouffrent et amènent une pluie torrentielle avec elles, mouillant une grande partie du public. Mais comme le dit la demoiselle, malgré la pluie, le public reste fort et écoute Within Temptation jusqu'à la fin et en redemande même. Mais le temps de jeu est le temps de jeu, et la scène doit être démontée au profit d'une autre, celle de Nightwish.

Setlist de Within Temptation :

01. Mother Maiden
02. A Shot In The Dark
03. In The Middle Of The Night
04. Faster
05. Fire And Ice
06. Ice Queen
07. Our Solemn Hour
08. Stand My Ground
09. Sinéad
10. What Have You Done
11. Iron
12. Angels
13. Jillian
---- RAPPEL ----
14. Never-Ending Story
15. Mother Earth

Nightwish choisit quand même mal ses passages en France, le temps n'est jamais clément, cela n'a cependant rien gâché au show des Finlandais et de la Suédoise. Tout comme leurs prédécesseurs, les membres du groupe arrivent à l'heure, après Crimson Tide du film "Uss Alabama" en guise d'intro. Puis retentit Storytime. Et visiblement, une chose qui inquiétait beaucoup les fans était surtout la robe d'Anette Olzon, qui fait beaucoup parler sur le net. C'est un peu le souci du Metal Symphonique avec chanteuse, on s'attarde sur un physique, un vêtement, une coiffure au lieu de parler de prestation scénique, de chant etc. Ici, on parlera de prestation scénique, de chant et pas du reste car ce qui compte, c'est bien ça ! Anette entame son chant et ne montre pas de faiblesse.
C'est sur le titre Amaranth que cela se produit. Mais on a envie de dire "comme d'habitude", car la jeune femme n'a jamais réussi à interpréter parfaitement ce morceau. C'est un peu comme les morceaux écrits pour Tarja Turunen, chanteuse du groupe jusqu'en 2005 (faut le rappeler à certaines personnes qui ne semblent pas avoir encore compris qu'elle n'est plus dans le groupe et n'y reviendra pas). L'astuce trouvée par le groupe pour aider sa chanteuse, c'est d'ajouter Marco Hietala aux refrains. On l'avait déjà vu à Paris sur Over The Hills And Far Away, ça sera le cas aussi sur Ever Dream et Come Cover Me. Ce duo donne une nouvelle vie aux morceaux, même si Anette peine à atteindre certaines notes et crie pour y arriver.
De même sur Nemo, le groupe semble avoir décidé de remettre sa chanteuse en danger en le jouant  en version Metal et non acoustique, sur laquelle Anette se débrouillait plus que bien. C'est peut-être pour ça que la jeune femme semble moins en forme qu'à Paris, peut-être parce qu'elle sait que certains l'attendent encore aux tournants. D'ailleurs, une partie du public présent quittera la salle peu après que le concert ait commencé, déçu par sa prestation. Petit coup de gueule personnel : quand on n'aime pas une chanteuse dans un groupe, rien ne sert de rester jusqu'au bout pour dire que c'est nul. Cela vous fait du mal, mieux vaut partir pour éviter de vous énerver inutilement mais aussi gâcher le concert des autres par des réflexions mal placées, des gestes ou autres. Même mieux, on ne vient pas. Merci pour les gens qui vous entourent !
Mais à côté de cela, Anette montre aussi ses bons côtés comme sur Scaretale qu'elle habite, qu'elle vit et qu'elle joue avec brio. Très expressive, tous pourront bénéficier de sa bonne humeur grâce à des écrans qui ont retransmis tous les concerts. Le groupe semble en forme, Troy les accompagne toujours en ayant son moment de gloire sur la reprise de Gary Moore, mais aussi sur Last Of The Wilds. Malgré une setlist bien choisie, sans véritable ballade malgré Ever Dream, on reste un peu dubitatif sur la prestation de la tête d'affiche de cette Hard Rock Session.
En effet, tous les titres demandent à Anette une puissance, une énergie constante, sans qu'elle puisse montrer toutes les variations qu'elle peut faire, Slow Love Slow manquant tout de même dans ce set. De plus, si celle-ci tente de communiquer comme elle le peut avec le public, les autres membres du groupe restent en retrait. Bien sûr, Marco appelle le public à le suivre sur Scaretale, mais il n'aura pas d'autres mots pour le public. Donc, une communication quasi inexistante, même si la chanteuse remercie en trois langues (français, anglais, allemand) et a quelques mots à l'égard du public, qu'elle sollicite par de grands gestes.
Ce que les fans de Nightwish redoutaient à Bercy s'est vérifié ici, le groupe semble froid, distant et il n'y a pas de complicité notoire avec le public, donnant l'impression d'un show impersonnel. C'est peut-être le nouveau défaut de Nightwish. Une grosse machine, encore des effets pyrotechniques (qui ont été bien meilleurs par le passé d'ailleurs) et un feu d'artifice mettent presque une barrière entre eux et ceux présents à Colmar. Mais cela n'empêche pas les fans d'être réactifs et de répondre aux appels lancés par Anette et de réagir sur les titres très énergiques tels que Wish I Had An Angel, I Want My Tears Back ou encore le morceau de conclusion Last Ride Of The Day.
C'est sans rappel et avec un feu d'artifice que le groupe termine sa prestation et vient saluer le public, achèvant cette soirée Metal.

Setlist de Nightwish :

01. Intro
02. Storytime
03. Wish I Had An Angel
04. Amaranth
05. Scaretale
06. Ever Dream
07. I Want My Tears Back
08. Come Cover Me
09. Last Of The Wilds
10. Planet Hell
11. Ghost River
12. Nemo
13. Over The Hills And Far Away
14. Song Of Myself
15. Last Ride Of The Day

Finalement, ce n'est pas la tête d'affiche que l'on retiendra de ce concert mais Within Temptation, qui semble avoir bluffé tout le monde. Tous les groupes ont fait de leur mieux, avec des membres absents, des membres manquant d'intérêt pour leurs prestations. On remercie La Foire aux vins pour son initiative, pour ce que les festivals Metal n'ont jamais fait, cependant on reprochera un son trop fort et brouillon pour certains groupes, cela ayant affecté leurs prestations. Car si le Metal est une musique forte, nul besoin d'avoir un son trop fort pour en profiter, bien au contraire. Pensez à nos petites oreilles, et cela vaut pour tous les concerts et festivals !

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