Hammerfall / Vicious Rumors / Amaranthe / Death Destruction

Date

5 novembre 2011

Lieu

Paris - Le Bataclan

Chroniqueur

Blaster of Muppets

L I V E R E P O R T

Hammerfall est de retour, avec un album qui divise, et pas moins de trois groupes tous venus sur les planches du Bataclan afin que le métalleux parisien puisse secouer sa tignasse (ou ce qu'il en reste) et oublier ses soucis lors d'une fraiche soirée de novembre placée sous le signe du Metal.

C'est à Death Destruction que revient l'honneur d'ouvrir le bal. Pour le coup, la présence d'un tel groupe sur l'affiche a de quoi laisser perplexe tant le style hardcore brutal et peu mélodique du quartet détonne avec le reste de l'affiche. J'ai malheureusement loupé une bonne partie du set du quartet mais ce que j'en ai vu m'a semblé tout à fait correct... si l'on est amateur de ce genre de Metal. Un peu bourrin et répétitif en ce qui me concerne (disons aussi qu'il n'est pas forcément aisé d'aborder les titres en concert quand on n'a pas écouté l'album au préalable), le set des Suédois ne m'a totalement subjugué. Cependant, je reconnais qu'ils y mirent hargne et conviction. Le chanteur/hurleur Jimmie Strimell n'a pas fait semblant de s'époumoner, et voir d'anciens musiciens d'Evergrey (le batteur Jonas Ekdahl et le guitariste Henrik Danhage) officier dans un style plus méchant était assez amusant. Pour info, le bassiste est Fredrik Larsson, et oui, le même gars qui montera un peu plus tard avec Hammerfall. Pistonnés !!!

Amaranthe nous a servi une prestation énergique et sympathique à défaut d’être transcendante. Reconnaissons-leur un niveau technique solide et quelques titres particulièrement efficaces sur scène (Call Out My Name en tête), mais on regrettera que les chanteurs ne soient pas un peu plus charismatiques et, surtout, que beaucoup de chansons utilisent systématiquement la même trame (c’était déjà le problème sur album ceci dit, il y avait peu de chances qu’il disparaisse sur scène). En tout cas, les musiciens se sont faits plaisir (la chanteuse avait l’air ravie d’être là et a chaleureusement remercié le public à plusieurs reprises) et ont su convaincre une partie de la salle, ils ont même fait sauter quelques dizaines de métalleux sur It’s All About Me (Rain). Le son n’était pas mauvais du tout même si la guitare aurait mérité une place un peu plus importante dans ce paysage sonore qui demeure tout de même un peu trop lisse et formaté.

Les choses sont devenues nettement plus sérieuses avec les vétérans de Vicious Rumors emmenés par un Geoff Thorpe décidé à en découdre. Leur Heavy/Thrash est des plus convaincants en concert, d’autant plus que les titres choisis par les Américains ne sont pas de pauvres petites chansonnettes inoffensives. Le set démarre avec deux titres du cultissime Digital Dictator : la chanson titre suivie de la (très speed) Minute To Kill. Démarrage sur les chapeaux de roue, donc. Et comme le groupe enchaîne avec un titre du très efficace Razorback Killers (Murderball) avant de revenir à ses classiques (Lady Took A Chance de Digital Dictator, suivie d’Abandoned extraite de Welcome To The Ball), on se dit que ces messieurs ont peaufiné leur setlist.
Tout cela aurait pu être excellent, mais il aurait fallu un son un peu moins brouillon qui puisse permettre aux novices de bien distinguer les mélodies des riffs ou de certaines parties de chant. Quelques mots sur le sympathique chanteur Brian Allen. Sa prestation ponctuée sans cesse de cris aigus (on pense à Tim Ripper Owens ou à celui avec qui tout a commencé, Rob Halford) est parfois un peu agaçante. Pas forcément de sa faute remarquez, comme je le disais il y a quelques instants, le son ne permet pas de bien distinguer les mélodies, du coup, ne ressortent que les gros chœurs brutaux assurés par ses acolytes ou les montées aiguës du vocaliste… Vu la qualité des compos déployées ce soir, j’espère que ce petit défaut sonore n’aura pas empêché certains fans potentiels d’accrocher à l’ensemble. Ce groupe est incroyablement sous-estimé (il est passé l’année dernière dans une petite salle parisienne, le Klub, devant un parterre constitué d’une trentaine de fans !) et mérite bien plus que ce pseudo-anonymat dans lequel il évolue. Souhaitons que cette tournée en première partie d’Hammerfall leur ouvre un peu plus les portes de la reconnaissance. En tout cas, les connaisseurs n’auront pas été déçus, d’autant plus que Vicious Rumors conclut son set avec d’excellentes compos comme Hellraiser, Soldiers Of The Night (transformée en "Soldiers Of Paris" sur le dernier refrain et reprise en chœur par une partie du public, ça fait plaisir) ou la classique Don’t Wait For Me en guise de conclusion. Brian Allen ne bouda pas son plaisir et se jeta même dans le public… ça fait toujours son petit effet. Un nouvel album est en préparation, il ne nous reste plus qu’à espérer que le groupe aura d’autres occasions de passer par la France.

Setlist Vicious Rumors :

01. Digital Dictator
02. Minute To Kill
03. Murderball
04. Lady Took A Chance
05. Abandoned
06. Garden Of Eden
07. Hellraiser
08. Soldiers Of The Night
09. Don't Wait For Me
 

Alors que l’album Infected fait tout de même l’objet d’une certaine controverse (beaucoup de fans sont déçus de la direction musicale plus brute et austère adoptée par Hammerfall sur cet opus), cela ne se sent pas du tout au moment où les templiers entrent sur scène. L’intro de Patient Zero retentit dans un Bataclan chaud bouillant qui crie sur le décompte six, five, four, three, two, one… zeroooo ! Et bam, la chanson démarre. Pas forcément un démarrage en trombe vu la lourdeur de la chanson, mais ça passe et les fans ont l’air content. Cependant, Heeding The Call (de l’album Legacy Of Kings) en deuxième position, c’est quand même autre chose ! Avec Any Means Necessary et Bang Your Head, Hammerfall confirme un début de concert bien heavy et les fans reprennent les refrains comme il se doit. Un petit Blood Bound démarré en mode ballade acoustique mais qui retrouve sa fougue originelle après quelques secondes, et voilà tout le monde rassuré. Ce qui est bien, c’est qu’on sent que le groupe a décidé de ne faire l’impasse sur aucun de ses albums. Mieux que ça, contrairement à d’autres formations passées en concert tout récemment qui privilégient énormément le nouvel album au détriment de leurs vieux classiques (Edguy, Symphony X), Hammerfall se rappelle que Glory To The Brave et Legacy Of Kings (ses deux premiers albums) occupent une place privilégiée dans le cœur de beaucoup de fans. Ainsi, ils joueront jusqu’à trois titres de chaque album. Bien vu. Autre bon point : les Suédois n’encombrent pas leur set de longues diversions inutiles mais chères à la tradition metal, je parle bien entendu des solos. Pas un seul, ce soir. Merci. Le chanteur Joacim Cans plaisanta même un court instant sur le sujet, nous disant que, si on y tenait vraiment, Oscar pouvait se fendre d’un solo de guitare, mais qu’en contre-partie, il virerait une chanson de la setlist, ce à quoi le Bataclan répondit d’une seule voix bien puissante : Noooooooooooooooooooooo !!! Si seulement les autres groupes de metal pouvaient entendre ce message… On s’en fiche, messieurs, de vous voir astiquer vos manches de guitare, de basse, ou de cogner comme des sourds sur vos fûts pendant dix minutes, on veut des chansons (si Edguy s’était débarrassé de son long solo de batterie au mois d’octobre dernier, il est certain qu’on y aurait gagné deux chansons dans la setlist) !

A part ça, le groupe fit preuve d’efficacité et le choix des chansons se montra satisfaisant. Bonne idée de jouer Dia De Los Muertos, vraiment l’un des meilleurs titres du décrié Infected. Les refrains un peu poussifs (surtout très répétitifs) de Let’s Get It On et One More Time (jouée en rappel) ne font pas des miracles sur scène, mais passent toujours mieux que sur album. Tout cela se déroule dans une ambiance bon enfant, Hammerfall mise davantage sur ses chansons que sur le spectacle grand-guignolesque… et non, pas de Hector qui vient défiler sur scène ce coup-ci… Il a vraiment dû leur faire une crasse, déjà qu’il s’est fait éjecter de la pochette du dernier album… Cependant, tout cela a beau sonner positif, il manque un petit quelque chose à ce concert. Un je ne sais quoi, un grain de folie peut-être… Il faut dire que les musiciens ne sont pas tous des plus charismatiques non plus, Joacim chante assez bien mais semble plusieurs fois manquer de souffle, il a l’air un peu fatigué aussi… Il fera quand même de son mieux pour maintenir la communication avec un public réceptif. Oscar fait toujours preuve d’énergie et enthousiasme sur scène, c’est plus le reste du groupe qui fait preuve de timidité. Pontus Norgren s’occupe de sa guitare sans en faire des caisses, le bassiste fait son boulot le sourire aux lèvres… C’est surtout le "légendaire" (terme utilisé par Joacim lors de la présentation de son acolyte) Anders Johansson qui me déçut un peu ce soir-là. Son jeu (de batterie comme de scène) me parut globalement assez monolithique. Pas facile de dire si le bonhomme s’ennuyait ou prenait du plaisir à être là. Si tout le monde fait du bon boulot, il n’y a pas vraiment de performance qui scotche de la part des membres d’Hammerfall. Peu importe, après tout, ce qui compte, c’est la musique… et les fans se régalèrent. Les entendre reprendre Glory To The Brave comme un seul homme, en début de rappel fut l’un des moments forts de la soirée. Pour conclure, les Suédois achevèrent leur set avec un Hearts on Fire bien envoyé qui laissa l’assistance ravie.

Setlist de Hammerfall :

01. Patient Zero
02. Heeding The Call
03. Any Means Necessary
04. Bang Your Head
05. Blood Bound
06. Let's Get It On
07. Last Man Standing
08. Renegade
09. Always Will Be
10. Dia De Los Muertos
11. Riders Of The Storm
12. Steel Meets Steel
13. Legacy Of Kings
14. Let The Hammer Fall
15. The Dragon Lies Bleeding
16. The Templar Flame
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17. Glory To The Brave
18. One More Time
19. Hearts On Fire


Je remercie mon confrère Nidhal Marzouk qui, ayant appris que j'avais eu une petite galère d'appareil photo ce soir-là, a bien voulu me dépanner et m'envoyer quelques photos afin que je puisse illustrer ce live report. Merci également à Roger de Base Prod qui nous a mis en contact.


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Photos : © 2011 Nidhal Marzouk / Yog Photography
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