Helloween & Stratovarius

Date

11 janvier 2011

Lieu

Paris - Elysée Montmartre

Chroniqueur

Blaster of Muppets

L I V E R E P O R T

Commencer l'année 2011 en compagnie des vétérans du metal teuton, les constants Helloween (le dernier album 7 Sinners étant encore une réussite) ainsi que des revenants finlandais de Stratovarius, qui viennent de sortir Elysium, leur meilleur album depuis bien longtemps)... une telle proposition peut-elle vraiment se refuser ? Non. D'autant plus que le dernier passage des citrouilles de Hambourg par notre belle capitale m'avait laissé tant de bons souvenirs que la perspective de les revoir, accompagnées pour l'occasion d'un Stratovarius en pleine rédemption, provoquait chez moi un enthousiasme certain. Cet enthousiasme fut mis à rude épreuve lors de cette soirée du 11 janvier 2011. Bien sûr, il fallait y être... mais toutes les surprises ne furent pas bonnes.

Les hostilités démarrèrent avec Trick Or Treat, un groupe de speed mélodique italien, qui avait d'ailleurs démarré sa carrière comme Tribute Band consacré à Helloween. Marrant, non ? Au menu, six compositions pêchues servies par un groupe plein d'entrain et de bonne humeur. Musicalement agréable (même si pas inoubliable), la demi-heure de concert proposée par le groupe fut franchement sympathique. Le constat est simple: ça joue vite, ça joue bien, c'est carré, très speed et globalement joyeux. Les membres de Trick Or Treat ont eu l'air de bien s'amuser et nous ont surpris en jouant une version survitaminée d'une chanson de... Cindy Lauper, Girls Just Wanna Have Fun !! Le groupe ne manque pas d'humour et a retenu de ses années passées à idolâtrer Helloween, un goût pour le fun et la dérision. Le public leur réserva d'ailleurs un bon accueil... enfin pas tout le public cela dit. Non loin de moi, une espèce d'énergumène fut véritablement scandalisée par la reprise de Cindy Lauper, et passa le reste du concert à éructer comme un vieil animal enragé. Ce monsieur de mauvaise humeur se moqua du groupe, cria et hua autant qu'il le put: "Hou, ce n'est pas du metal ! Quelle honte !"... Etc. Cette personne avait l'air tout à fait sérieuse, ce qui ne manqua pas de m'inquiéter... pour elle. Bref, une démonstration supplémentaire (pas franchement nécessaire) que le second degré et l'ouverture d'esprit ne sont pas des options fournies sur tous les modèles de la race humaine.

Une fois cette petite mise en bouche terminée, nous nous sommes tous mis à attendre Stratovarius. Et le groupe ne tarda d'ailleurs pas à monter sur scène. Mais les lumières ne s'éteignirent pas, il n'y eut pas d'intro... juste cinq bonhommes, à la mine un peu triste, et accompagnés d'un Olivier Garnier (Replica Promotion) tenant dans sa main un micro. Et là, je compris tout de suite ce qui allait se passer. On était sur le point de nous annoncer que le concert n'allait pas avoir lieu. L'après-midi même, lorsque j'avais rencontré quelques membres du groupe pour une interview, on me dit que Timo Kotipelto n'y participerait pas car il avait des problèmes de voix et devait se soigner et se reposer pour le soir. Les membres de Stratovarius, Timo y compris m'avaient paru bien tendus et inquiets... Et voilà, ce qui risquait d'arriver... arriva. L'annonce d'Olivier Garnier et les excuses de Timo furent bien accueillies. Ce dernier nous expliqua qu'il avait une bactérie, attrapée récemment, qu'il était vraiment malade et absolument incapable de chanter correctement. Le groupe avait l'air désolé et triste. On les comprend d'autant plus que ce soir aurait dû être une véritable fête célébrant le retour du batteur Jörg Michael, qui avait été remplacé sur la première partie de la tournée Européenne, le temps de combattre un cancer de la thyroïde récemment diagnostiqué. Vraiment dommage... On espère donc que les Finlandais reviendront nous voir dans le courant de l'année afin de défendre leur nouveau bébé qui le mérite bien.

Les Allemands d'Helloween allaient donc devoir se montrer plus qu'à la hauteur, afin d'effacer partiellement le goût amer de l'annulation de Stratovarius. Heureusement, le concert donné par les Hambourgeois fut de haute volée ! Rien, ou pas grand chose, à leur reprocher ce soir-là. Voici, pour vous (parce que je suis sympa), le récit de leur prestation.
Quand les musiciens investissent enfin la scène de l'Elysée Montmartre (dommage qu'ils n'aient pas profité de la mésaventure de leurs compagnons de route pour commencer un peu plus tôt et nous offrir un set plus long), le public qui les attend depuis un petit moment a besoin d'une bonne dose de metal... et c'est précisément ce qu'il va avoir car c'est avec un Are You Metal? plus que carré que le bal commence !
Pour bien montrer à la salle comble (le concert affiche complet depuis un petit bout de temps) qu'ils ne sont pas venus (que) pour rigoler, les Allemands enchaînent avec deux magnifiques brûlots de l'ère Keeper Of The Seven Keys, les rapides et majestueux Eagle Fly Free et March Of Time ! OK... ça c'est du début de concert costaud !

L'ambiance est chaude (même si le public, pourtant très enthousiaste, demeure assez statique... le manque de place, peut-être ?), les musiciens occupent la scène avec un savoir-faire indéniable (certes, ils ont quelques années de pratique derrière eux), le son est bon, à la fois clair et puissant, et le light show est impeccable... Bref, le spectacle ne déçoit pas. D'autant plus que l'expert frontman qu'est Andi Deris est, ce soir, en forme olympique.
Déjà, le monsieur chante bien... on n'en attend pas moins de lui, c'est vrai, mais j'ai tout de même parfois été bluffé par sa puissance, sa justesse et quelques montées dans les aigus particulièrement bien maitrisées. Mais ce sont également ses qualités d'animateur qui sont à l'honneur ce soir. Andi n'aura de cesse, tout au long du concert, de jouer avec le public, de le faire chanter, de lui parler en français, de lui raconter des anecdotes (le nombre de bouteilles de vin descendues par le batteur et lui-même depuis le début de la tournée, par exemple)... un véritable one-man show qui laisse penser que si le chanteur venait à se lasser de son métier un de ces jours, il pourrait tout aussi bien se reconvertir dans l'art de la stand-up comedy.
Alors que l'on observe le sieur Deris s'affairer, on est tout de même amené à se poser deux questions. D'abord, pourquoi se sent-il obligé de mimer tout ce qu'il chante ? Ensuite, pourquoi se passe-t-il autant de fois la main dans les cheveux ? Sérieusement, s'il continue comme ça, sa tignasse va finir par le lâcher... à moins qu'il ne s'agisse d'une crise de démangeaison provoquée par des poux...  

Revenons plutôt au contenu musical de ce show bien ficelé. Ce qui fait particulièrement plaisir, c'est de constater qu'Helloween a tenu à faire évoluer sa setlist en y incluant de vraies surprises ou raretés. Déjà, sur la tournée précédente (l'excellent Hellish Tour en compagnie de Gamma Ray), le groupe avait surpris son petit monde en ressortant quelques classiques oubliés sur scène depuis de nombreuses années (Halloween, March Of Time, Sole Survivor...). Merci à lui de nous avoir refait le même coup lors de ce concert en proposant des titres comme le rarissime I'm Alive (franchement, celui-ci a dû s'absenter des setlists depuis une bonne vingtaine d'années), l'excellentissime Ride The Sky, ou le moins indispensable mais très sympathique tout de même A Handful Of Pain (extrait du constamment sous-représenté Better Than Raw).
En guise d'accalmie, nous eûmes même le droit à un petit intermède acoustique mettant en avant la ballade pas franchement inoubliable Forever And One... mais bon, ça fait du bien un peu de douceur quand même.
Enfin, un medley en forme de trilogie condensant les épiques Keeper Of The Seven Keys, King For 1000 Years et Halloween nous fut offert, juste avant que les Teutons nous assènent une série de morceaux incontournables comprenant I Want Out, Future World et autres Dr. Stein. Helloween surprend mais n'oublie pas ses classiques pour autant.

Bien sûr, on pourra toujours trouver des choses à redire. Le solo de guitare proposé juste avant Where The Sinners Go s'est révélé peu intéressant, tout comme le long et soporifique solo de batterie en milieu de parcours. Pas très grave mais pas franchement indispensable non plus. Et puis, quand on vient voir un groupe possédant une discographie aussi fournie, il y aura toujours des petites frustrations... car bien évidémment, Helloween ne peut faire plaisir à tout le monde et est bien obligé de laisser des albums de côté. C'est ainsi que ce soir, pas une seule chanson de The Dark Ride, Rabbit Don't Come Easy ou Gambling With The Devil n'auront été jouées. C'est comme ça, il faut s'y faire...
Le petit truc qui m'a peut-être le plus déçu vient du fait que les Allemands n'aient pas invité les musiciens de Stratovarius à les rejoindre pour taper le boeuf lors d'un rappel. Cela aurait vraiment été sympa, et les Finlandais auraient moins eu la sensation de s'être déplacés pour rien. Enfin je dis ça, peut-être qu'ils l'ont fait et que Strato a gentiment décliné l'offre, on n'en sait rien et ça n'a pas beaucoup d'importance de toute façon.
Evidemment, ces dernières lignes ne résument absolument ce qui doit être retenu de cette soirée. Helloween a donné un concert globalement magistral, très heavy, fun, et plein de morceaux speedés qui font qu'on adore ce groupe. Les fans de l'ère Keeper Of The Seven Keys (dont je fais évidemment partie) se sont bien régalés étant donné qu'elle représenta plus de la moitié de la setlist. Vivement la prochaine tournée !

 

Setlist :

1. Intro
2. Are You Metal?
3. Eagle Fly Free
4. March Of Time
5. Guitar solo (Sascha Gerstner)
6. Where The Sinners Go
7. Steel Tormentor
8. Drums solo
9. I'm Alive
10. You Stupid Mankind
11. Forever And One (acoustic)
12. A Handful Of Pain
13. The Keeper's Medley
(Keeper Of The Seven Keys / King For 1000 Years / Halloween)
14. I Want Out
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15. Ride The Sky
16. Future World
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17. Dr. Stein

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