L I V E R E P O R T

Le magasin Music 3000 de St Laurent du Var fêtait ses 25 années d'existence sur la Cote d'Azur. Et pour l'occasion, une semaine de concerts privés avait été organisée, avec le support de grandes marques d'instruments de musique. Patrick Rondat le lundi soir pour Ibanez, André Manoukian pour Yamaha le mardi soir, Carousel Vertigo pour Gibson le mercredi soir, Jean-Félix Lalanne et Michel Haumont pour LAG le jeudi soir et enfin Norbert Krief, (Nono), pour Gretsch le vendredi soir. Superbe initiative, gratuite, il suffisait de s'inscrire rapidement car évidemment, la salle en sous-sol du magasin, contenant 200 places, s'est remplie plus vite que la lumière.

Ce vendredi, et comme pour Patrick Rondat, nous avons réussi à obtenir une interview de Nono et c'est donc vers 18 heures que j'arrive au magasin, et m'installe devant la scène, pendant la balance et seule répétition de Nono avec ses musiciens de la soirée. Comme avec Patrick Rondat, c'est encore les profs de musique de l'école de musique du magasin qui vont servir de groupe d'accompagnement. On retrouve donc à la basse Thierry Conand et à la batterie Christian Grassart, déjà excellents le lundi soir. Cette fois-ci, le line-up inclut Bruno Meunier au piano et Tony Reigner ainsi que Virginie Behem au chant.

Tous sont profs à l'école de musique. Ils répètent les reprises qu'ils vont jouer le soir. Ils sont en retard, Nono ayant raté son avion, pour cause d'accrochage sur le périph. C'est étonnant mais il a mal aux doigts. Ca rassurera les amateurs de guitare qui souffrent en silence, mais il m'expliquera qu'il rentrait de vacances, qu'il n'avait pas joué depuis plusieurs semaines et que ses bouts de doigts le faisaient souffrir. Il pulvérise plusieurs fois, un pansement en spray dessus.

La répète est bon enfant, ils n'ont pas l'air tout à fait prêts, mais ce sont des pros et je dois reconnaître qu'à l'heure dite, presque rien ne transparaîtra. A la fin de la balance, il signe quelques trucs pour les musiciens et leurs familles. Il signe aussi la Gretsch Corvette à son nom, qui est en vente dans le magasin. Elle y est peut-être encore : avis aux amateurs ! Nous quittons la salle pour son hôtel, à deux pas, et Nono me propose de faire l'interview là-bas. De retour à la salle, ravi d'avoir pu discuter avec Nono plus de quarante minutes, je me cale au premier rang, dans l'espoir d'assurer quelques bonnes photos.

Comme tous les soirs, le magasin  a mis les moyens. Petits fours, champagne, sodas, la salle est remplie à craquer assez rapidement. Encore plus que le lundi soir. Des serveurs circulent avec des plateaux, c'est tout de même la classe. Vers 21h, Nono et ses musiciens montent sur scène, sans les chanteurs dans un premier temps. Nono est très souriant. Il joue sur sa NonoCaster, Fender, il m'avait expliqué avoir cassé une mécanique de sa Gretsch. Pas très grave puisque Fender possède la marque Gretsch depuis quelques années. Le son est excellent, encore merci à Bernd, aux manettes. Ils se lancent dans une série magnifique de reprises de Jeff Beck. Epoustouflant ! On commence avec les rythmes presque reggae de Behind the Veil. Le son de Nono est monstrueux.

Un feeling et un toucher de malade. Ils enchaînent avec le plus blues Brush with the Blues et le plus lent Cause we’ve ended as Lovers. Dans les deux cas, Nono se lance dans de très bons solo. La classe ! Puis Tony, le premier chanteur, monte sur scène pour un Thrill is Gone de BB King, aux sonorités très soul. Le chanteur à vraiment le bon timbre, c'est excellent, les amateurs de blues sont vraiment gâtés ce soir, et ce n'est pas fini. L'intro de Sympathy for the Devil, des Rolling Stones, retentit. Il y'a un léger cafouillage et le thème de l'intro dure un couplet de plus que prévu, mais ça ne gêne pas vraiment. Nono demande au public de se lever et d'aider avec les "hou hou" célèbres du morceau. Ambiance des grands soirs. Au piano, Bruno s'en donne à cœur joie, on note que c'est aussi le premier pianiste rock à porter des pantalons gothiques :-).

Tony est prof d'harmonica à l'école, et il démontre ses compétences de belle manière. Y'a pas à dire, l'harmonica sonne sacrément bien dans le blues rock. Un vrai bonheur. Ils entament ensuite la célèbre rythmique de Moby Dick de Led Zepellin. Ils abandonnent Christian pour un bon solo de batterie, c'est clair qu'il assure le prof de batterie, ça doit sacrément bouger dans ses cours. Après la courte pause, tout le monde revient pour ce qui sera le meilleur morceau de la soirée, à savoir Still Got The Blues, de Gary Moore. Virginie vient aider Tony pour les refrains trop haut perchés (et oui, sacrée voix le Gary Moore). Pour l'anecdote, pendant la répète, Tony avait proposé de jouer le morceau quelques tons plus bas, pour pouvoir en assurer tout le chant, mais ça semblait gêner Nono, qui proposa alors de faire chanter les refrains par Virginie, le tout dans la tonalité normale du morceau. Bien vu Nono, le résultat est excellent. Encore une fois, la guitare de Nono sur ce morceau est époustouflante, sacré bluesman ce Nono !

Ensuite Virginie reste seule au chant pour un moment plus énervé avec I Love Rock 'n' roll de Joan Jett. Ca déménage, un vent de folie souffle sur la petite salle, debout, à qui Virginie fait chanter l'hymne qu'est devenu ce morceau. Ils finissent par un excellent Le Brio de Big Soul, où Virginie s'éclate bien et se montre très à son aise sur scène. Le riff de guitare de ce morceau est carrément une tuerie. je n'avais jamais vraiment remarqué mais là, avec Nono qui le balance, juste devant mon nez, je dois dire que l'effet est bœuf, et que ça prend aux tripes. Nono, tout sourire, explique que voilà, ils ont joué tout ce qu'ils avaient prévu et que c'est l'heure de boire un coup. Mais la salle se met à scander Antisocial, et ouais, dur de l'éviter. Nono explique qu'il veut bien le jouer mais qu'il n'a personne pour chanter. Je ne sais pas s'il pensait s'en tirer comme ça mais, tout à coup, sortant de la foule, un grand gars monte sur la scène, prend le micro et fait signe à Nono qu'il va la chanter. Ils attaquent donc la célèbre intro, puis les riffs ravageurs du morceau. La guest star au micro se débrouille pas trop mal, il lui manque juste quelques bribes de paroles, mais bon, tout le monde s'en tape, et hurle à tue-tête le "Antisocial" du thème final. Yes !!!

Nono explique que le morceau a trente ans cette année, et que lui ne va pas jouer que ça toute sa vie, et d'ailleurs il profite de l'occasion pour annoncer la sortie de son album solo le 6 juin. Il remercie tout le monde.

C'est l'heure de signer des autographes, posters, cartes, t-shirts. Je vois même un jeune chevelu lui faire signer une pédale de guitare ! Les musiciens du magasin sont aussi sollicités, l'ambiance est franchement sympa, aidée en cela par le champagne et les macarons.

Au final, nous avons passé un excellent moment de rock dans des conditions idylliques. Nono est un grand musicien, il démontre ses compétences dans un registre où on ne l'attendait pas forcément. Le concert, quasiment improvisé, a permis de voir un Nono rocker, bluesman, grand guitariste, avec un feeling exceptionnel, que l'on retrouvera avec grand bonheur pour son premier album solo et la tournée qui va suivre

Rock'n'Roll Yeahhhh !

Setlist

Behind the Veil (Jeff Beck)
Brush with the Blues (Jeff Beck)
Cause we’ve ended as Lovers (Jeff Beck)
Thrill is Gone (BB King)
Sympathy for the Devil (Rolling Stones)
Moby Dick (Led Zeppelin)
Still Got The Blues (Gary Moore)
I Love Rock’n’Roll (Joan Jett)
Le Brio (Big Soul)
Antisocial (Trust)

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