Opeth + Pain Of Salvation

Date

23 novembre 2011

Lieu

Montpellier, Rockstore

Chroniqueur

Didier et PhilippeC

L I V E R E P O R T

Opeth et Pain Of Salvation à Montpellier était une affiche très alléchante pour tout bon fan de Metal prog qui se respecte. Philippe et moi faisons donc le déplacement, avec comme apéritif, une interview programmée de Léo Margarit le batteur de Pain Of Salvation, originaire de Carcassonne et donc jouant presque à domicile. Quand à 17h je rentre dans le Rockstore, c’est pas la joie. Le producteur a l’air énervé, il n’a aucune trace de mon rendez-vous, l’ambiance entre les groupes a l’air tendue et en plus, ils sont malades et chez le toubib m’explique t-il. On parlemente un moment et je retrouve finalement Léo et son accent du sud ouest bien sympathique. Nous passons par la loge de Pain Of Salvation, Daniel est couché, sévèrement atteint par une gastro. Il a vraiment mauvaise mine, c’est assez inquiétant. L’interview avec Léo se passe super bien, c’est un garçon charmant et il nous donne des nouvelles plutôt rassurantes quant à l’avenir de Pain Of Salvation après les départs programmés de Johan et Fredrik.

J’assiste à la balance de Pain Of Salvation, Daniel a toujours une bien petite mine, mais il s’est bourré de médocs. Je rencontre devant la scène un guitariste qui jouait avec Léo avant que Pain Of Salvation lui "pique" son batteur: la classe quand même ! Je discute avec les parents et grands parents de Léo, tout contents de venir le voir pas trop loin de chez eux, et enfin sa petite amie suédoise, fort jolie qui tient le stand merchandising de Pain Of Salvation. Après ça, je commets l’erreur fatale de demander mon pass photo au producteur qui me renvoie vers le guichet dehors, où je découvre avec horreur la queue pour chopper le pass, puis l’énorme queue pour rentrer une fois le pass obtenu. C’est mort, je ne vais jamais pouvoir atteindre la scène. La queue est tellement longue, que je ne sais même pas si je ne vais pas rater le début. Je refile finalement mon pass photo à Philippe et abandonne l’idée de faire d’autres photos que celles de la balance.

Quand finalement je rentre dans le Rockstore blindé (800 personnes, concert complet - ça fait plaisir), Pain Of Salvation vient juste de commencer son set, il est 19h40. Les boules ! La densité de population est impressionnante et pourtant tout le monde n’est encore pas rentré ! J’ai du mal à trouver un bon spot, du mal a enlever ma veste, du mal à remettre mon sac à dos. Dur ! Par contre, le son est très bon, ne nécessitant aucune protection auditive, c’est assez rare pour le souligner (bravo les ingés son). Ca sera pareil pour Opeth.

Daniel - Pain of Salvation

Daniel semble avoir repris du poil de la bête et en tout cas ne montre pas qu’il est malade. Il démarre le concert avec une Regius Element – Perfect, blanche et fretless (de chez Mayones). Quel objet magnifique ! Johan exhibe sa musculature, torse nu, comme à son habitude.

Johan - Pain of Salvation

Il est aussi un adepte des guitares Mayones, made in Poland. La sienne possède 2 frets rétro éclairés par des leds rouges, du plus bel effet. C’est sa dernière tournée avec Pain Of Salvation, et il semble vouloir en profiter, et secoue ses célèbres dreadlocks dans tous les sens. La batterie de Léo est perpendiculaire à la scène, tout à droite et c’est intéressant car on remarque une grande complicité entre Daniel et Léo, ils se trouvent du regards à de nombreuses reprises. Léo assure aussi énormément de chœurs. Plus qu’avant il me semble. Son équipement est étonnant, il a une grosse caisse (diamètre de 20 classique) et une énorme caisse (diamètre 24, mois classique) , avec une pédale qui cogne cette énorme caisse plus la grosse caisse pour des coups très sourds et très puissants (tous les détails ici).  

Léo - Pain of Salvation

C’est Daniel Karlsson qui assure la basse, et Fredrik au piano tout à gauche de la scène reste très discret (comme toujours). Daniel troque sa belle guitare blanche utilisée uniquement sur Softly She Cries, pour une autre Mayones. Celle-là a "Road Salt" inscrit dans le manche, la classe ! Ils passent aux guitares acoustiques pour un enchainement 1979 et Shoreline de toute beauté. Linoléum provoque son habituel effet de sauts dans la salle et sur scène, les mecs de Pain Of salvation sont souriants et prennent plaisir à jouer, c’est communicatif. Daniel a vraiment une voix exceptionnelle.

Daniel - Pain of Salvation

Léo plaisante en français avec la foule, son accent fait vraiment très couleur locale. Daniel dit qu’il ne comprend rien à ce qui se dit. En tout cas, ça rigole bien sur scène et c’est bien sympa. Ils jouent quarante minutes et saluent le public.

Setlist de Pain Of Salvation :

Softly She Cries
Ashes
Conditioned
1979
To The Shoreline
Kingdom of Loss
No Way

Pendant que le matériel de Pain Of Salvation est évacué, je remarque que la foule est entièrement acquise à la cause d’Opeth. Certains au fond, n’écoutaient même pas le set de Pain of Salvation, et parlaient au bar, générant un brouhaha de fond assez chiant. Je trouve ce comportement super malpoli et irrespectueux envers les musiciens. Vers 20h45, la salle s’éteint et Opeth attaque. Les jeux de lumières sont simples mais super synchro avec la musique, c’est vraiment un plus. Le fond de scène représente la pochette d’Heritage, leur dernier opus. Mikael Akerfeld, le guitariste, chanteur, leader d’Opeth est assez causant, mais manie un humour plutôt caustique.

Mickael - Opeth

Par exemple quelqu’un lui crie un morceau qu’il aimerait entendre, et il répond, non pas celui là, "it’s long and it’s shit". Une autre fois, il répond, "je ne sais plus le jouer". Il se moque un peu. La setlist est préétablie de toute façon et c’est clair que le dernier album Heritage, reste le thème de la soirée puisque cinq titres seront joués. A ce propos, il faut quand même prévenir les fans d’Opeth, le groupe de Death Metal progressif, qu’aujourd’hui, ou du moins sur cette tournée, de la même manière qu’on a eu "Hellfest, le Metal expliqué à ma mère", on a droit ici à "Opeth, the Death Metal de ta grand-mère". Car sur les une heure trois-quarts de concerts, il n’y aura eu qu'un seul growl. Ou plutôt si, une fois, Mikael, entre deux morceaux, a remercié avec une voix très grave proche de ses growls habituels. Pour le reste, makache. Pas un slam, pas un pogo rien. Rien à voir avec la tournée de Watershed, où je m’étais fait défoncer le dos par des pogotteurs au Transbordeur à Lyon. D’ailleurs quand j’assistais à la balance de Pain Of Salvation, j’entendais le briefing des molosses de la sécurité, où on leur disait que le groupe ne voulait pas de slam. Tu me diras, y’avait pas de risque, je vois mal les mecs slamer sur les morceaux à deux guitares acoustiques. Bref, ceci étant dit, j’ai trouvé le set d’Opeth fantastique, c’est juste que ce n’est plus du tout l’Opeth que certains ont connu et pourraient attendre. Mikael chante super bien de sa voix claire, c’est un vrai leader et un excellent guitariste. Il assure d'ailleurs de nombreux solos.

Mickael - Opeth

Fredrik Akesson assure aussi à la deuxième gratte. Le solo qu'il fait sur A Fair Judgment est superbe. Martin Axenrot, le batteur fait un travail absolument génial, que finalement dans les parties calmes on ressent encore mieux. Sur un des morceaux du dernier album (Nepenthe, il me semble), il alterne baguettes, maillets en feutre, pour finir mains nues sur des congas. Le tout sous le coup d’une gastro: chapeau bas ! Mikael, en vrai poète, présentera ses musiciens au rappel, et quand il arrive à Martin, le batteur, il expliquera crûment le problème ("shit all day, and vomit all the next day "), pour demander une ovation méritée. Sur Porcelain Heart, un des deux morceaux de Watershed joués ce soir, il balance un bon petit solo de batterie. Mikael présente aussi le nouveau claviériste, Joakim Svalberg (qui assure pas mal de chœurs avec Fredrik). Mikael le présente en expliquant qu’on l’a sûrement déjà vu dans d’autres groupes (Yngwie Malmsteen, Glenn Hugues). Martin Mendez assure toujours à la basse, mais reste plutôt dans l’ombre. Comme Heritage est à l’honneur, de nombreux morceaux sont joués à deux guitares acoustiques. Deux six cordes ou une douze et une six. Mikael plaisante une fois de plus sur leurs guitares semi acoustiques, avec un chevalet en "human bone". Quand la foule rigole, il demande pourquoi on rigole, de l’humour gothique sans doute… A part les cinq extraits de Heritage (The Devil's Orchard, Feel The Dark, Nepenthe, Slither et Folklore) et les deux de Watershed (Hex Omega et Porcelain Heart), on retrouve un excellent Face Of Melinda extrait de l'album Still Life, Closure et A Fair Judgement de l'album Damnation (déjà un album très progressif si on y réfléchit, Heritage en est une évolution quelque part), Credence de l'album My Arms Your Hearse.  Il n'aura pas échappé au plus vifs d'entre vous que tous ces titres sont des morceaux dits "à voix claire", qui confirment l'étiquette "growl-free" de cette tournée. Un titre mystérieux vient se glisser dans la setlist de ce soir, avec Throat Of Winter, que Mikael présente comme un morceau bizarre qu'ils ont composé pour le jeu video God Of War III. Il précise que si le jeu est violent, le morceau lui ne l'est pas et qu'il se demande bien pourquoi il a été retenu.

Mickael - Opeth

Quand Mikael annonce le dernier morceau, quelqu’un lui crie de jouer toute la nuit. Il explique toujours avec flegme, qu’ils partent de suite après, dorment dans le bus pour arriver à Milan pour le concert de demain. Danc ces échanges multiples avec la foule, Mikael regrette de ne pas parler français. Il rappelle aussi qu’ils ont déjà joué deux fois ici et qu’ils reviendront. A un moment, quelqu’un crie "Steven Wilson". Mikael demande pourquoi il devrait être là ? C’est encore assez cynique. Mikael explique qu’il a rencontré Ronnie James Dio, et qu’ils avaient bu des canons ensemble. Il a écrit le morceau Slither en son honneur et précise que si on trouve que c’est pompé sur Rainbow c’est normal, ça l’est. C’est un bon morceau, un des plus "violent" de la soirée, c’est dire ! Ils reviennent pour un rappel, avec Folklore, introduit avec encore une note d'humour caustique puisque Mikael annonce un morceau à consonances folkloriques, la foule manifeste sa joie, et il répond du tac au tac, "Don't get too excited"/"ne vous emballez pas"... Le Mikael avait avalé un clown ce soir...

Au final, si certains pourront regretter le son Opeth, le groupe de Death qu’ils ont connus et aimé, pour moi, la soirée était parfaite. Certes, j’aurais aimé un peu plus de Pain Of Salvation, mais je me console avec une setlist d’Opeth très Metal prog, qui me convient bien. C’était pourtant pas gagné d’avance car je n’avais pas trop accroché sur Heritage. Mais après avoir vu Opeth le défendre sur scène, je dois reconnaitre que je l’apprécie bien plus, probablement enfin à sa juste valeur.

Setlist d’Opeth :

The Devil's Orchard
Feel The Dark
Face of Melinda
Porcelain Heart
Nepenthe
Throat Of Winter
Credence
Closure
Slither
A Fair Judgment
Hex Omega
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Folklore

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