Overkill

Date

23/02/2010

Lieu

Paris - Le Nouveau Casino

Chroniqueur

Blaster of Muppets

L I V E R E P O R T

 Vingt-cinq ans, ça se fête... et dignement, s'il vous plait ! C'est ainsi que ces messieurs d'Overkill, non contents d'avoir sorti début janvier leur meilleur album depuis bien longtemps (voire depuis toujours), ont décidé de partir immédiatement sur les routes pour défendre les belles couleurs thrash (vertes et noires, bien sûr) d'Ironbound, en prenant soin d'emmener dans leurs bagages une belle brochette de petits jeunes décidés à en découdre: Cripper, Savage Messiah et Suicidal Angels. Tout cela, ça donne le Killfest, qui passait par notre belle capitale le 23 février dernier... et il fallait y être !

 Je ne pourrai malheureusement pas dire grand chose de Cripper dans la mesure où ils ont commencé à jouer bien avant l'horaire annoncé sur le billet... grrrrr... Bon, je suis arrivé alors que le groupe jouait ses deux derniers titres et j'ai eu l'occasion d'apercevoir une formation balançant un thrash/death assez bourrin mais mené par une chanteuse. Attention, quand je dis "chanteuse", je devrais plutôt dire "hurleuse". La jeune femme fait bien plus penser à une Angela Gossow (Arch Enemy) qu'à une Hélène Ségara (comment ça, elle ne fait pas de metal?). C'est impressionnant, pas féminin ou sexy pour deux sous, mais impressionnant... tout de même. Pas facile d'en dire plus avec seulement deux chansons. La prestation était super énergique mais ce style n'est pas forcément ma tasse de thé, en plus d'être assez difficile à aborder en live quand on ne connait pas les compositions au préalable...

 Passons donc à la suite avec Savage Messiah. Aaaahhh... ça, je connais ! Du bon thrash qui, s'il nous vient de Londres, évoque pourtant franchement les USA, avec des influences comme Testament ou Megadeth pour ne citer que les plus évidentes. Et bien, ce fut bon, et pas qu'un peu. Malgré le jeune âge des londoniens et le relatif manque d'expérience qui va avec (c'est la première tournée européenne du groupe), le show fut convaincant. Six titres pour 35 minutes de musique, servis par un bon son et des musiciens qui maîtrisent leur sujet. Sur les morceaux joués par les anglais, on notera que cinq provenaient du nouvel album (le très bon Insurrection Rising). La seule composition à ne pas être extraite de ce disque fut Spitting Venom (premier album du même nom), et elle eut le privilège d'ouvrir le bal. Les morceaux forts furent sans hésitation The Serpent Tongue of Divinity, Enemy Image (avec ses accélérations et son petit break à la Iced Earth) et la chanson finale Insurrection Rising. Du bon thrash technique, un peu froid (ce qui explique sans doute l'accueil du public: tout à fait correct mais pas délirant non plus) mais bien fichu. A suivre... de près.

Setlist:

1. Spitting Venom
2. The Serpent Tongue of Divinity
3. In Absence of Liberty
4. Enemy Image
5. He who laughs last
6. Insurrection Rising

 Je ne vous dirai (presque) rien sur les grecs de Suicidal Angels dans la mesure où j'ai dû m'absenter pendant la quasi-intégralité de leur set afin d'aller interviewer Bobby Ellsworth d'Overkill. Dommage, j'aurais préféré que cela se fasse à un autre moment, mais je ne vais pas me plaindre non plus (un moment avec l'affable Bobby, ça ne se refuse pas). Je suis revenu juste à temps pour le dernier titre: un thrash très direct et rentre-dedans qui m'a tout de suite rappelé un certain Slayer. Désolé de ne pouvoir vous en dire plus, je ne connais pas le groupe et je n'ai quasiment rien de vu de leur concert. Je peux juste affirmer que ça avait l'air de dépoter et, qu'en mon absence, l'atmosphère s'était sensiblement réchauffée... il y avait en effet beaucoup plus de monde (normal, les gens avaient eu le temps d'arriver), de bruit, et la fosse était nettement plus remuante qu'une heure auparavant.


 Maintenant que les petits jeunes avaient fini de chauffer la salle, il ne nous restait plus qu'à voir les vétérans d'Overkill. Allaient-ils faire honneur à leur réputation de tueurs? Je casse le suspense d'entrée, la réponse est: oui, et pas qu'un peu ! Comme le disait un slogan utilisé pour Nutella (il y a quelques temps de cela): vingt-cinq ans d'expérience feront toujours la différence ! C'était on ne peut plus vrai ce soir-là. Quelle leçon ! Quelle grosse claque !!

 Quand les new-yorkais débarquent sur scène, l'ambiance est électrique... comme si l'auditoire savait déjà qu'il allait se prendre une grosse baffe ! L'intro de The Green and Black résonne dans les enceintes de la salle, les thrasheurs vétérans investissent la scène, et c'est parti pour une heure et demie de metal pur, sans concession... et n'offrant que très peu de répit ! Très vite, on s'en rend compte, on n'est pas là pour rigoler. Le quintet est venu pour nous prouver que ses membres sont toujours vivants et en pleine forme. Voilà, la leçon de thrash vient de commencer, elle ne se terminera que 90 minutes plus tard, laissant plus d'un badaud sur le c**... dont votre serviteur. Serviteur dont il serait malvenu de remettre l'objectivité en cause, car je précise que même si j'aime beaucoup Overkill (certains de leurs albums en tout cas) et respecte ce groupe, celui-ci ne fait pas partie de mes groupes préférés de tous les temps. Alors, faites-moi confiance quand je vous dis qu'ils sont très, très... très forts.

 Comment réussir un début de concert? C'est très simple, le son doit être massif, les musiciens doivent jouer "serré" et envoyer une quantité de titres qui bastonnent en un temps record, sans que l'on ait le temps de bien réaliser ce qu'on vient de se prendre en pleine figure. Ce soir, mission accomplie pour ces messieurs qui font un véritable sans faute niveau setlist. Et oui, ça démarre avec la redoutable The Green and Black, on enchaîne avec la cultissime Rotten to the Core, en troisième position: Wrecking Crew... De dieu... on peut souffler? Non car arrive Battle (morceau à la rythmique terrassante qui ouvrait l'album The Killing Kind). Ayé, c'est fini? Toujours pas, il faut tenir bon car voilà que Hello From The Gutter vient mettre vos cervicales à dure épreuve... L'ambiance est chaude, ça fait du headbanging et pogote à tous les vents. Le groupe balance ses morceaux avec une énergie et un savoir-faire qui forcent l'admiration. Le son est énorme. Tout va bien... et c'est loin d'être terminé, ce qui fait d'ailleurs un peu peur. Allez, courage, il faut tenir jusqu'au bout. C'est que je n'ai plus vingt ans, moi... 

 Il y en a un autre qui n'a plus vingt ans, et il est sur scène. Mais ça n'a pas l'air de le gêner plus que ça. Bobby Ellsworth s'époumone comme s'il s'agissait de son dernier concert. Ce brave homme a cinquante ans... et là on se dit que le thrash, ça conserve. Bien sûr "Blitz" (de son surnom) n'a jamais été un grand chanteur, et ce n'est pas le problème, il n'en a d'ailleurs pas la prétention... et de toute façon, on n'est pas venu pour écouter du Dio ou du Symphony X, n'est-ce pas? Non, on parle de thrash cru et un peu cradingue sur les bords. Et bien, ce que le bonhomme fait sur scène, il faut le faire quand même... Il a encore du coffre et pousse quelques gueulantes bien agressives et puissantes. A vrai dire, je ne fais même pas bien la différence entre la performance de ce soir et celles d'albums live comme Wrecking Everything, ou même le Wrecking Your Neck - Live qui remonte tout de même à quinze bonnes années !
Le batteur ne se ménage pas non plus, les guitaristes sont un peu plus statiques, mais il faut admettre que la petite scène du Nouveau Casino ne laisse pas aux musiciens une grande marge de manoeuvre niveau déplacement. On les sent parfois un peu étriqués, un peu frustrés aussi (le bassiste D.D. Verni notamment) de ne pouvoir se déplacer davantage... mais ces messieurs en imposent, leur formation est serrée et envoie tout ce qu'il faut, comme il faut. On aura même droit à un petit "stage-diving" de Bobby en fin de concert... sympa.
Un petit mot sur le light-show: impeccable. De belles lumières accompagnent le set des américains, ainsi qu'une utilisation (parfois abusive) du stroboscope qui éclate bien la tête ! C'est clair, là aussi, peu de chances de s'endormir avant la fin...

 Alors soit, le setlist fait pas mal dans la nostalgie et assure ce qu'il faut en ressortant les bons classiques thrash old-school (In Union We Stand, Elimination, l'imparable Fuck You en guise de final)... Un peu facile? Pas faux. Terriblement efficace? Bah oui, aussi.
Pour ma part, je n'aurais vu aucun inconvénient à ce que le groupe serve un peu mieux son tout nouvel album. En plus de la chanson d'ouverture, on a eu le droit à Ironbound et Bring Me The Night, toutes deux absolument géniales... mais pour un album aussi réussi, trois extraits, c'est un peu frustrant.
Mais franchement, j'ai beau chercher, à part jouer quelques titres supplémentaires de leur dernier opus, et rester sur scène jusqu'à ce que nous n'en puissions plus (c'était tellement fort et intense qu'on aurait voulu que ça continue au-delà de l'heure et demie), je ne vois pas ce que nos amis thrasheurs auraient pu faire de plus. Non, vraiment, je ne vois pas ce qu'on peut reprocher à la prestation d'Overkill. Dans le genre, c'était absolument parfait ! Je n'ai pas vu le temps passer, et cela faisait longtemps que je n'étais pas ressorti d'une salle de concert aussi enthousiaste. Et pourtant, j'ai récemment assisté à des concerts de qualité (très bon show de Europe, soirée super sympa avec Gamma Ray). Mais là, c'était autre chose...
Allez, j'arrête, je m'emballe un peu trop. Si vous avez des doutes quant à la véracité de mes propos, je vous conseille vivement d'aller jeter un oeil (et une oreille) sur le prochain concert français du groupe, au HellFest, en juin prochain. Je pense ne pas trop m'avancer en affirmant que vous ne le regretterez pas.

Setlist:

1. The Green and Black
2. Rotten to the Core
3. Wrecking Crew
4. Battle
5. Hello from the Gutter
6. Feel The Fire
7. Ironbound
8. In Union we Stand
9. Bare Bones
10. Gasoline Dream
11. Overkill
12. Bring Me The Night
13. Elimination
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14. Necroshine
15. Old School
16. Fuck You / Sonic Reducer / Fuck You