Rammstein

Date

07 Mars 2012

Lieu

Paris

Chroniqueur

Scum

L I V E R E P O R T

Rammstein à Bercy pour une tournée best-of ? Hors de question de rater ça ! Groupe allemand le plus populaire de l'histoire du metal, Rammstein a marqué de son empreinte l'histoire du metal mondial, a grand renfort d'albums incontournables d'une efficacité incroyable, d'utilisation de pyrotechnie à chaque concert et de tubes en béton armé à la Feuer Frei, Sonne, Du Hast ou Amerika. Du coup, lorsque le groupe passe à Paris pour la tournée de support aux seize ans de carrière du groupe et la sortie du best of Made In Germany, en ce soir du 7 mars 2012, l'histoire rejoint une expérience hors du commun.

Arrivé un peu tard pour savourer en intégralité l'ampleur de la platitude décevante des Deathstars, qui avaient il est vrai la lourde tâche de chauffer un public qui n'en avait pas forcément besoin, direction le côté gauche de la scène pour un point de vue imparable sur la scène, avec pour seul bémol, un manque de visibilité sur le show de Flake (clavier) avec son désormais légendaire tapis roulant (et il en fait des kilomètres le bougre pendant toute la soirée...). Après donc un live courageux mais sans la moindre variation des suédois, il faut attendre 21 heures pour passer aux choses sérieuses. Et c'est une procession qui ouvre le set : le groupe débarque du milieu des gradins, traverse la moitié de Bercy pour aller rejoindre un pont descendu du ciel et rejoindre la scène. Menés par une torche et présentant les drapeaux du groupe et de la France, on peut dire que c'est une entrée en matière qui impressionne lorsque l'on n'a jamais vu le groupe en live. Mais ce n'est rien comparé à la folie qui s'empare de la salle quand résonne le compte à rebours de Sonne. Et bam ! c'est parti pour deux heures de metal dur, qui tabasse et d'explosions littérales des oreilles des fans qui n'en demandent pas plus. Dès les premières minutes, les lightshows sont magnifiques. Le groupe, mené par un Till Lindemann des grands soirs déroule et dérouille une salle en état de trance. Lorsque c'est au tour du terrible Wollt Ihr Das Bett In Flammen Sehen?, on remarque que le son n'est pas optimal, manque de clarté et que le mix étouffe un peu la voix de l'imposant frontman tout en faisant bien ressortir la machine Christoph "Doom" Schneider, d'une précision jamais prise en défaut. Et que dire de ces premières explosions lors du break du morceau ? C'est du lourd.

Et tout du long de la setlist, le groupe allemand envoie ses tubes, parsemés d'interventions de feu et d'explosions plus surprenantes et assourdissantes à chaque fois. Il faut dire qu'en tant que tournée best-of, tout les moments forts sont de sortie : la pluie d'étincelle sur Mutter, les bang ! bang ! tonitruant sur le Feuer Frei! qui tue, le lance flamme géant et le pot au feu de Flake sur Mein Teil, tout y est. Pas de surprise pour les habitués, très impressionnant pour les novices. Les allemands nous livrent des morceaux de tous les albums, d'Herzeleid au dernier Liebe Ist Fur Alle Da et la tournée best-of ne souffre d'aucun morceau superflu, et ça, que c'est bon ! Du Riechst So Gut fait toujours son effet bulldozer, avec sa chorégraphie soignée.  Mais là où le groupe passe la vitesse supérieure et achève de s'imposer comme un ténor, c'est lors du magistral Du Hast. Voir une telle interprétation, avec ces fusées qui se baladent au dessus de la foule, même si on en a déjà entendu parler, ça claque. Du feu, des explosions, un groupe en fusion, ce Rammstein là est intouchable. Et c'est ensuite sur Haifisch du dernier album, théâtre de la fameuse excursion en bateau de Flake sur la fosse que se termine la première partie de ce concert qui, on le sait déjà, sera historique.

Le groupe se rend sur une petite scène disposée au milieu de la salle, en retraversant le pont suspendu dans le ciel pour se fendre de trois morceaux. C'est au son du clavier dégénéré de Flake que les allemands apparaissent, le batteur tenant en laisse les quatre autres membres du groupe, qui telle une meute de chien, traverse Bercy en se faisant fouetter par Schneider grimé en petite vieille. Et là, on a droit au monstrueux Bück Dich, morceau le plus metal de la soirée, qui voit la désormais classique fessée de Lindemann sur Flake, et son phallus en plastique qui innonde les premiers rangs autour de la scène d'une substance blanche que je vous laisse deviner. Un sacré moment ! Mann Gegen Mann ne dénote pas avec une lourdeur qui permet de redécouvrir cet unique extrait de Rosenrot, et Ohne Dich de Reise Reise clôt cette récréation de manière plus intimiste.

Petite pause, et retour sur la grande scène pour un rappel taille XXL. C'est d'abord le décevant Mein Herz Brennt, repris en masse par la foule mais qui a perdu de son caractère massif qui réouvre les hostilités. Amerika et sa pluie de confettis fait son effet, et là survient LE moment mémorable, l'instant qui rend ce concert unique et inoubliable, la phrase qui fait rentrer un peu plus le combo dans l'histoire : un "Suce ma bite" déclamé dans un parfait français par le leader du groupe, juste avant Ich Will rend la foule hystérique. La veille, le groupe avait été plus sage. Ce soir, c'est énorme. Engel voit Lindemann revêtir des ailes d'ange enflammées, et lorsque résonne Pussy, l'on se dit que c'est dommage de finir un tel show sur une petite baisse de régime, le titre étant moins bon et faisant moins impression malgré le canon à substance blanche qui innonde là encore les premiers rangs de la fosse et des gradins. Les derniers notes résonnent, l'on sait déjà que malgré cette fin Rammstein vient de marquer un peu plus de son empreinte l'histoire du metal, quand la voix de Till résonne pour demander "vous voulez encore une chanson ?". La foule finit de devenir dingue, et le groupe se fend de Frühling In Paris somptueux hommage destiné à la frange tricolore acharnée des fans du groupe. Un moment intime et très fort, une communion entre le groupe et ses fans, d'une intensité rare. Après une démonstration de puissance pendant deux heures (et un Richard Kruspe ravit d'être là !), voilà LA conclusion parfaite. Voir un Bercy complet reprendre ce morceau comme un seul homme est quelque chose qui ne peut se décrire. Voilà déjà la nostalgie qui se pointe, l'heure de rentrer, de dire au revoir au groupe, de quitter Paris pour les provinciaux. Ce soir, Rammstein a livré un concert quasi parfait, avec une setlist qui ne pourra évidemment pas satisfaire tout le monde mais qui a parfaitement fait son office de best-of. Le groupe salue son public de la plus belle des manières et la claque livrée, en plus du caractère historique de ces deux dates (il a joué la veille également), rendent ce live inoubliable. Et inoubliable il le sera encore plus quand il sortira en bluray, le groupe ayant prit soin de filmer les deux dates en vue de les sortir. Que du bonheur !

Setlist :
Sonne
Wollt Ihr Das Bett In Flammen Sehen ?
Keine Lust
Sehnsucht
Asche Zu Asche
Feuer Frei !
Mutter
Mein Teil
Du Riecht So Gut
Links 2-3-4
Du Hast
Haifisch

Bück Dich
Mann Gegen Mann
Ohne Dich

Mein Herz Brennt
Amerika
Ich Will
Engel
Pussy

Frühling In Paris

Venez donc discuter de ce concert, sur notre forum !