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Rush
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L I V E R E P O R T
Pas facile d’être fan de Rush quand on est Français. Surtout pour les voir en concert. Etrangement, et c’est encore un de ces mystères du « music business », quand le trio canadien tournent en Europe, cela se résume souvent à l’Angleterre, l’Allemagne et les Pays Bas. En 1992, ils étaient passés par le Zénith de Paris, il ne fallait pas les louper car ce fut l’unique visite en bientôt quarante ans de carrière. Bref, si Rush ne vient pas à moi alors il faudra aller voir Rush hors de nos frontières. Pour la tournée 2013, ça veut dire Londres ou Amsterdam, et c’est dans l’autre pays du fromage que je réussissais à croiser leur route. Le concert avait lieu au Zigodome, une salle récente, qui fait face à l’impressionnante Arena de l’Ajax d’Amsterdam. J’arrive assez tôt ce dimanche après-midi, dans un quartier piéton tout neuf mais relativement mort. Les quelques restaurants et bars ouverts sont envahis, petit à petit, de fans arborant plusieurs décennies de tee-shirt de concert du groupe. J’en croise même un du "UK Tour 1974". Pas mal ! Evidemment la moyenne d’âge est assez élevée, à l’image du trio aujourd’hui sexagénaire. La salle est grande (17000 places) et se remplit petit à petit. Les stand merchandising sont pris d’assaut, pourtant les prix sont prohibitifs : 30 à 40 euros pour les t-shirts. Quand on aime, on ne compte pas, même en temps de crise. Un ami canadien me rejoint pour le concert, il débarque tout juste de l’avion. Un concert de Rush et quelques bières, c’est une bonne méthode pour lutter contre le jetlag. La fosse est blindée, je ne regrette pas mes tickets « papis » dans les gradins. On n’aurait jamais pu se retrouver dans la fosse. A 20h pétantes, les lumières s’éteignent et le show commence par, comme toujours, une petite video marrante. Les accords plaqués de claviers de Subdivisions résonnent dans la salle qui explose. Le son est superbe, la vue d’où je suis, aussi. La scène est impressionnante, derrière les musiciens, des accessoires bizarres, futuristes, rappellent l’univers du dernier album Clockwork Angels. Derrière Geddy, on trouve des machines à laver le linge ??! Un grand écran projette des films et des animations vidéos ou des retours des caméras vidéo live. Parfois, les deux sont mélangés, un film, avec en incrustation, des vues des musiciens en live. Bien fait. En l’air, dix écrans vidéo animés projettent des bouts de scène de l’écran principal, des objets animés passent entre ces dix écrans, qui eux même changent de positions, et d’orientation. Chouette ! Après une première section de morceaux de la période "plus synthés" du groupe (Subdivisions, The Big Money, Force Ten et Grand Design) pendant laquelle Geddy alterne claviers et basse avec une facilité déconcertante tout en chantant bien sûr, ils attaquent un Limelight particulièrement réussi. Dire que certains trouvent que Geddy n’a plus la voix nécessaire en live. Quelle blague ! The Analog kid est aussi une bonne surprise que je suis bien content d’entendre en live. Ils ont tellement de morceaux qu’ils voudraient nous jouer explique Geddy, quand de temps en temps il prend la parole. Il dit quelques mots en néerlandais, "bonjour, comment ça va", et explique qu’ils sont content d’être de retour à Amsterdam (la chance !). Sur les vidéos où des personnages s’expriment, je note qu'ils ont même fourni des sous-titres en hollandais. Ça ne m’aide pas mais c’est fort. Après un excellent Far Cry, Geddy explique qu’ils sont vieux et ont besoin d’une petite pause. Déjà une heure de concert et l’entracte permet à la salle d’aller recharger en bière et vider la vessie (l’audience est aussi assez vieille, je rappelle). Quinze minutes plus tard on remarque une certaine agitation sur la scène obscure. Les cinq musiciens du Clockwork Angel String Orchestra prennent leur place en hauteur derrière la batterie de Neil Peart. Ils sont sept : cinq violons et deux violoncelles, deux femmes et cinq hommes. On nous projette un petit film sur le thème de Clockwork Angel où on a droit à un moment marrant avec les trois musiciens représentés en petits gnomes qui se foutent d’un collecteur d’impôts qui vient voir le WatchMaker. Ils ne se prennent pas au sérieux, c’est cool et c’est très bien fait. L’ombre de Tim Burton plane sur ce clip et les trois gnomes ne sont pas sans rappeler les Oompa loompa de Charly et la Chocolaterie. Après les morceaux de Clockwork Angel, Geddy annonce le retour aux vieilleries avec Manhattan Project et un solo de batterie de Neil Peart. Il est assez court, car on avait eu droit à un premier mini solo avant l’entracte. Cette fois-ci, la batterie tourne de 180 degrés et Neil se retourne pour jouer sur une batterie en partie électronique. On notera que les violons sont restés et attaquent avec le groupe une version vraiment sympa du célèbre YYZ. On a tellement entendu cet instrumental génial et pourtant on ne s’en lasse pas, mais le fait que les violons et violoncelles s’en donnent à cœur joie apporte une vraie originalité. Ils terminent avec le tout aussi classique Spirit Of Radio et quittent la scène. A ce moment-là, je me dis que déjà c’était un fabuleux concert, et que ces mecs-là, comme le bon vin, se bonifient avec le temps, tant leurs interprétations des vieux classiques est impeccable, même la voix, j’insiste sur ce point. Mais ça n’est pas fini, car un petit dessin animé de plus occupe l’écran et qu’on voit les musiciens revenir dans le noir. Ils attaquent alors, sous les applaudissements de la salle, les premiers accords de Tom Sawyer. Enorme. Là je me dis, que la boucle est bouclée et qu’on finit sur un monstre sacré, sauf que les vieux ne veulent pas aller se coucher et enchainent direct avec l’intro de 2112 !! La foule exulte, car 2112 c’est un morceau qui, en son temps, faisait une face complète de vinyle, on est donc reparti pour un bon petit moment. Ils jouent en fait, les parties I, II et VII du célèbre album concept. Ils terminent donc avec Part VII : The Grand Finale de 2112. Superbe ! Il est 11 h et des poussières, trois heures intenses pour récapituler presque quarante ans de carrière : mission impossible, mais le trio s’en sort tout de même magistralement. Les décors et effets vidéos transforment un concert en un véritable spectacle, on a eu même quelques flammes et de quelques belles explosions. Le groupe de violons et violoncelles apportent aussi un plus. Geddy est le seul élément causant de la troupe. Alex, est certes souriant mais il ne parle pas, il a pourtant un micro pour faire des chœurs. Neil ne parle pas et ne sourit pas. Il est comme ça Neil, il rejoindra la prochaine date en moto, comme toujours. Pour nous, ce fût une bien belle soirée (de plus) ! La salle se vide, j’avais oublié que les Pays Bas ne sont pas l’Espagne et que en ce dimanche soir, 23 h, pour notre diner, nous devrons nous contenter de nourriture liquide à base de houblon. Mais est-ce bien important après une telle soirée ? PS : Je n’avais hélas, pas d’accréditation, mes photos sont pouraves, mais bon je vous en mets une ou deux pour l’ambiance.
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