Sziget Festival : Korn + Queens of the Stone Age + Anti-flag + Triggerfinger + Tankcsapda

Date

01 Janvier 2014

Lieu

Budapest

Chroniqueur

Pelo-pelo

L I V E R E P O R T

Le Sziget Festival a maintenant vingt-deux ans et c'est la première fois qu'il annonce complet. Situé sur une petite île de Budapest, l'évènement a rassemblé 400 000 festivaliers et 400 groupes sur une durée de sept jours. Sa particulité est d'inviter des artistes de tous les genres et tous les pays. On y trouve ainsi des groupes / artistes très mainstream comme Calvin Harris ou Stromae mais aussi du reggae, du jazz, de ska, de folk et évidemment... de metaaaaal (c'est quand même pour ça qu'on est là) ! Les éditions précédentes avaient déjà accueilli de nombreux artistes de la famille dont Nightwish, Motörhead et même Slayer. Cette ouverture d'esprit confère au festival une ambiance à la fois amicale et effervescente. Ce n'est donc pas pour rien que l'endroit est surnommé "the Island of Freedom".

Le festival hongrois a cette année invité des groupes de punk comme Anti-Flag, de hard rock comme Triggerfinger et Queens of the Stone Age et de metal comme Tankcsapda et Korn.

D'ailleurs, Tankcsapda ne vous dit sûrement rien comme nom. Figurez-vous que c'est le groupe de metal le plus populaire du pays. C'est le premier jour sur la main stage : tout le monde est en pleine forme et a envie d'entendre du gros son. Tankcsapda s'en donne à coeur joie en nous balançant un metal bien gras, entre Black Label Society et Motörhead. Le trio utilise d'ailleurs la même technique que ce dernier, à savoir exécuter des accords à la basse lorsque la guitare part en solo. Des jeux de flammes viennent pimenter leur show. Malheureusement, le dernier tiers du concert s'écarte du style metal pour explorer un punk pop bien moins envoutant.

Setlist de Tankcsapda:

01. Rock a Nevem
02. Köpök Ratok
03. Jönnel a Fergek
04. Gyurd Össze a Lepedöt
05. Mindig Péntek
06. Az Enyém Vagy
07. Senki Nem Menekül
08. Akinek Latsz
09. Szamolj
10. Mindentöl Tavol
11. Csak Neked
12. Félre a Tréfat
13. Rio
14. Nem Hagylak El
15. Törölközö Teniszütokkel
16. Nem Kell Semmi
17. Magzat A Méhben
18. Itt Vannak A Tankok


Deuxième jour. A quatre heures de l'après-midi, un drapeau américain renversé se lève sur la main stage. Pas de doute, les punks de Anti-flag sont prêts à mettre la patée. Leur leader charismatique Chris Barker lâche toute sa haine contre le collectivisto-capitalisme néo-ségregationiste fasciste (je vous laisse chercher sur wikipédia ce que ça veut dire) dans le micro : "No racism, no sexism, no homophobia !".

Chris essaye de faire chanter le public en alternant droite et gauche mais ça ne marche pas au mieux. Tant pis. Le leader demande alors à tout le monde de s'agenouiller. "I'll count to three and then... Everybody is gonna get fucking crazy ! Let’s see some fucking unity !" Cette fois, la sauce prend à merveille. Toute la fosse s'endiable en sautant dans tous les sens. Je m'introduis dans de splendides pogos sur le devant. D'innombrables slides circulent. Les filles montrent leurs seins à l'écran. C'est la grande éclate ! "Time to meet two awesome people ! Give a high five to the two guys next to you ! Make sure you don't know them." Ca fait un peu secte, son truc... Allez, j'arrête de faire mon rabat-joie. C'est ainsi que je rencontre deux Italiens fort sympathiques.

Pour leur dernière chanson, on aperçoit le batteur se lever et des techniciens venir s'emparer de sa batterie. "Stay here, Sziget ! We're commin' to you !" Tout le monde écarquille les yeux : les mecs descendent la batterie au milieu de la fosse. Le show se termine en délire général sur Power Of The Peaceful. Le batteur, dans une position assez inconfortable, joue comme il peut pendant que tous les fans se poussent pour le toucher. Anti-flag a royalement conquis un public qui n’est pas le sien, signant un des meilleurs concerts du festival. Punk's not dead, moi, j'vous le dis !

Setlist de Anti-flag:

01. Hymn for the Dead
02. Sodo, Gomorrah, Washington D.C. (Sheep in Shepherd’s Clothing)

03. Broken Bones
04. I’d Tell You But…
05. Fuck Police Brutality
06. If You Wanna Steal (You Better Learn How To Lie)
07. 1915
08. Turncoat
09. This Is the New Sound
10. This Machin Kills Fascists
11. 1 Trillion Dollar$
12. The Press Corpse
13. This Is the End (For You My Friend)
14. The Smartest Bomb
15. Should I Stay or Should I Go (The Clash cover)
16. Die for the Government
17. Cities Burn
18. Power to the Peaceful

Vers dix-neuf heures débarquent sur scène les légendaires Queens Of The Stone Age. Avec un nom pareil, on s’attend à beaucoup. Les Américains nous livre un rock irréprochable. Le son est parfait, les compositions ingénieuses et l’interprétation impeccable. Et c’est un peu le problème, finalement. Les musiciens semblent avoir tellement cerné l’art de la scène qu’ils ne font plus aucun effort pour séduire le public. Amer, je m’absente un instant consoler ma déception avec une bière (ou deux ou trois ou dix, je ne sais plus). Quand je reviens, la nuit est tombé et il se passe quelque chose (non, c’est pas l’alcool qui monte). Comme si la lune avait un pouvoir surnaturel sur son jeu, les soli de guitares de Josh Homme sont sublimés par les étoiles, un véritable plaisir pour les oreilles. Au lieu de se défoncer comme durant Anti-flag, le public écoute attentivement la musique sous l’emprise d’une magie insaisissable. Et ce qu'on entend est vraiment beau. Queens Of The Stone Age se raconte étrangement. Après un début décevant, le groupe californien nous a largement rappelé la valeur de sa réputation. 

Setlist de Queens Of The Stone Age:

01. You Think I Ain’t Worth a Dollar, but I Feel Like a Millionaire
02. No One Knows
03. First it Giveth
04. My God Is the Sun
05. Burn the Witch
06. Smooth Sailing
07. I Sat by the Ocean
08. Make It Wit Chu
09. If I Had a Tail
10. Little Sister
11. Feel Good Hit of the Summer
12. The Lost Art of Keeping a Secret
13. Fairweather Friends
14. Sick, Sick, Sick
15. Go With the Flow
16. A Song For the Dead


Vendredi, cinquième jour, une grosse masse se rassemble face à la main stage vers neuf heures. Comme beaucoup, Korn est le concert que j’attends le plus du festival. Les ayant vus il y a quatre ans en première partie d’Ozzy Osbourne, j’en ai gardé un souvenir si exceptionnel qu’au fond de moi, je crains d’être déçu ce soir. Devant la scène au premier rang, je retrouve l’un des deux Italiens rencontrés durant Anti-flag. « Je suis là depuis onze heures du matin pour être sûr d’avoir ma place ! » C’est marrant, moi, je viens tout juste d’arriver et je suis déjà à côté de lui...

Enfin, les lumières s’éteignent et les protagonistes ténébreux apparaissent sur les premières notes de Falling Away From Me. E-NORME. Le son est massif. Le chant est puissant. La batterie est imparable. Le groupe de nu metal privilégie les classiques pour mieux ravir les fans. Toutefois, Spike In My Veins du dernier album et Get Up! composé avec Skrillex sonnent tout aussi intenses en live. Jonathan Davis est excellent pour chauffer la foule. Il chante en se tortillant dans tous les sens comme un possédé. Le solo de batterie de Ray Luzier est, quant à lui, assez impressionant. Le groupe nous offre aussi une excellente revisite de Pink Floyd. La chanson s’achève sur une note atmosphérique avant de reprendre sur une longue plage d’improvisation instrumentale. Aussi surprenant que réussi.

Franchement, Korn ne m’a pas déçu. Certes, ils ne bougent plus comme s’ils avaient vingt ans mais leur prestation reste honnête et fidèle à l’esprit du groupe. Les gars se démènent pour satisfaire un public ô combien déjà sous le charme. Un concert à ne surtout pas manquer.

Setlist de Korn:

01. Falling Away From Me
02. Twist
03. Got the Life
04. Love & Meth
05. Hater
06. Did My Time
07. Spike in My Veins
08. Get Up!
09. Shoots and Ladders
10. Coming Undone
11. Here To Stay
12. Drum Solo
13. Never Never
14. Freak on a Leash
15. Another Brick in the Wall (Pink Floyd cover)
16. Blind


Dimanche, sous un soleil un poil trop envahissant (tu bois de l’eau toutes les deux minutes ou tu meurs), les Triggerfinger livrent un stoner rock bien foutu. Le guitariste/chanteur a bien la classe avec sa barbe blanche et son veston élégant. Ca fait sept jours que les gens sautent dans tous les sens et « lessivé » est un euphémisme pour qualifier l’état du public. Habilement, le groupe s’en rend bien compte et joue ses compositions assez tranquillement. Le batteur prend la parole : « If you’re not dead yet, scream ‘woooooouh’ » et il crie dans un son si aigu que tout le monde explose de rire. Il recommence dans les très graves et ça ne manque pas. On se marre bien avec Triggerfinger ! Assez humbles de leur part, ils sont les premiers à remercier le travail des techniciens, des nettoyeurs et de tous les employés du festival de leur permettre de jouer ici. Un concert détendu comme on en avait besoin.

Setlist de Triggerfinger:

01. Black Panic
02. And There She Was Lying in Wait
03. By Absence of the Sun
04. Game
05. On My Knees
06. Perfect Match
07. My Baby’s Got a Gun
08. Camaro
09. Let It Ride
10. All This Dancin’ Around
11. Is IT
12. Cherry


Au final, le Sziget, plus gros festival d’Europe, offre tout ce qu’il promet : sept jours de rencontres, de plaisir et de musique. Passée l’entrée assez difficile sous un soleil écrasant, les services sanitaires et le système de paiement sous forme de festicard sont très bien organisés. La nourriture et les boissons sont chères pour le niveau national mais très abordable pour nous autres, Français et Francophones (deux euros la bière). L’ambiance est amicale, magique et délirante. Enfin, c’est l’occasion de visiter Budapest, une ville absolument superbe. Certes, sept jours d’affilée, c’est légèrement hardcore mais pour les amateurs de festival, c’est à faire… et à refaire !

 

 

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