Terra Tenebrosa + The Old Wind + Coilguns + Kongh

Date

19 Avril 2014

Lieu

Paris

Chroniqueur

florentv

L I V E R E P O R T

Le 19 Mars dernier, les Suédois de Terra Tenebrosa posaient leurs valises à la Maroquinerie, entourés de très beau monde : The Old Wind, Coilguns et Kongh.

C'est Kongh qui ouvre la soirée et c'est d'ailleurs leur nom qui m'a amené ici, je ne connaissais que très partiellement voire pas du tout les autres groupes. Kongh entame les hostilités avec Sole Creation, extrait de leur deuxième album du même nom. Le doom bien pesant que propose le groupe est de suite efficace, le son est plutôt bon, seule la guitare mériterait un poil plus de clarté. Les mélodies un peu lancinantes des morceaux sont difficiles à saisir, on perd donc un peu de la diversité du style que peut offrir le groupe. En revanche les parties écrasantes le sont d'autant plus en live, notamment sur Tamed Brute. Le set dure environ 45 minutes, ce qui fait un total de trois morceaux et Kongh termine donc sa performance avec Counting Hearbeats, tout en lourdeur et en puissance. Bien qu'un peu court, le set des Suédois (enfin de ces Suédois là, trois des quatre groupes de la soirée viennent de Suède) aura été bien accueilli par le public encore un peu clairsemé à cette heure-ci (le groupe a commencé un peu après 19h).

Setlsit de Kongh :

01. Sole Creation
02. Tamed Brute
03. Counting Heartbeats

Le groupe suivant, Coilguns est une totale découverte pour moi. C'est donc avec surprise que je reçois en plein dans la tronche une déferlante mathcore des plus surprenantes (surtout après un doom massif) suivie du chanteur que je reçois, lui, dans le ventre après qu'il ait chargé le public tête la première en descendant de la scène. La folie mathcore habite le groupe, le chanteur est littéralement déchainé, son attitude est clairement dans les gimmicks à la Dilliger Escape Plan. Mais le public n'est vraiment pas prêt pour cette débauche d'énergie et les premiers morceaux du groupe sont complètement en décalage avec le reste de la soirée : du postcore bien lent et dense. Les membres de Coilguns font également partie du collectif The Ocean et cette filiation apparait évidente à partir du milieu du set. Un claviériste rejoint la scène (son instrument était déjà présent sur scène depuis le début) et soudain changement total d'ambiance. Le chanteur prend une gratte, le batteur aussi et on est parti pour un morceau très étrange, sans section rythmique, tout en boucles de guitare hypnotisantes. On lorgne désormais clairement dans la thématique de la soirée (le postcore donc) mais ce revirement en milieu de set est vraiment surprenant (surtout quand on découvre le groupe sur scène !).

C'est ensuite au tour de The Old Wind de monter sur les planches. Formation postcore suédoise, The Old Wind est menée par Tomas Liljedahl, ancien chanteur de Breach. Les trois guitares présentes sur scène annoncent déjà que le son va être costaud et c'est effectivement le cas : la puissance est monstrueuse. Le chant de Tomas Liljedahl est impressionant, son attitude scénique est vraiment saisissante, tout en puissance, tout en rage. On retrouve la colère qui animait Breach, mais dans un style bien plus percutant et sans aucun temps mort. Même les passages plus calmes sont des déferlements de puissance, rien ne résiste à la débauche d'énergie que le groupe lâche sur son public (la salle est maintenant plus remplie, mais sans être non plus comble). Le groupe joue quasiment sans pause, on se laisse happer par cette totale maitrise de la création de matière sonore, une énorme centrale à combustion sonique vous matraque inlassablement les oreilles pendant toute la durée du set. The Old Wind met juste une énorme claque à tout le monde et la seule chose dont on a envie dans ces cas là, c'est d'en avoir encore.

Setlist de The Old Wind :

01.In Fields
02.I'm Dead
03.Raveneye
04. The Old Wind
05.Spears
06.Reign
07.Serpent

Et ça tombe bien puisque Terra Tenebrosa arrive ensuite. Là aussi on trouve des morceaux de Breach mais pour le coup, impossible de savoir qui est qui : les musiciens jouent masqués et leurs identités ne sont pas dévoilées. Ce sont donc quatre silhouettes enrubanées qui composent la partie instrumentale et le chanteur porte un masque blanc, grotesque, dans l'esprit comedia del'arte, avec nez crochu difforme et cornes diaboliques. La messe noire peut commencer. Car c'est bien l'occulte qui débarque sur scène à cet instant. Terra Tenebrosa pratique un hybride musical total, entre aspiration black metal, relent de postcore et passage quasi sludge. On navigue face à un mur de son prêt à laminer ce qu'il reste de votre personne après les sets précédents. Si The Old Wind avait déjà un son énorme, on atteint ici l'étape supérieure. Un magma total sort des amplis et se répend dans tout votre corps, le chant inarticulé vous soumet au charisme tout en retenue du chanteur, quasi statique lorsqu'il ne chante pas. Les musiciens sous leurs voiles confèrent une ambiance définitivement maléfique et l'éclairage tout stromboscopique qu'il est met tout le monde dans un état de transe quasi mystique, impossible de réfléchir, il ne reste qu'à fermer les yeux et espérer que cela ne s'arrêtera jamais.

Setlist de Terra Tenebrosa :

01. Probing The Abyss
02. Black Pearl in Crystalline Shell
03. Terra Tenebrosa
04. The Arc of Descent
05. Through the eyes of Maninkari
06. The Purging
07. House of Flesh

Mais malheureusement, il y a bien une fin à ce plaisant cauchemar et il est difficile de retomber sur terre.

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