Transatlantic

Date

15 Mars 2014

Lieu

Paris

Chroniqueur

Blaster of Muppets

L I V E R E P O R T

Le 15 mars dernier, Transatlantic, le all-star band du rock prog, est repassé en terre française pour proposer à son public une belle soirée en sa compagnie. "An Evening With Transatlantic", c'est l'intitulé du show... et ça, les habitués du genre (Dream Theater fait la même chose) savent bien ce que ça veut dire : un concert long, voire très long et sans première partie. Ce genre de concept est alléchant pour le fan qui va avoir l'occasion de se prendre une bonne dose de musique émanant d'un de ses groupes favoris. D'ailleurs, il a répondu à l'appel, le fan... Le Bataclan affiche complet ! Il est un peu plus de vingt heures, les lumières sont encore allumées, cela fait déjà quelques minutes que la pochette du dernier album en date (Kaleidoscope) est projetée sur l'écran positionné dans le fond de la scène pendant qu'une (très longue) version instrumentale et symphonique de The Whirlwind sort des enceintes, on attend... Tout d'un coup, les lumières s'éteignent, la clameur de l'assistance s'élève jusqu'au plafond du Bataclan et c'est parti pour un concert incroyable qui va durer environ deux heures et cinquante minutes.

Comment synthétiser ce concert de Transatlantic ? Il s'est passé tellement de choses... la tâche n'est pas aisée. Beaucoup de moments et souvenirs particuliers me reviennent en mémoire quand je pense à cette soirée. Commençons par le début. Le quintet sait se mettre le public dans la poche dès son entrée sur scène : un drapeau français est projeté sur l'écran, "Paris" puis "Bataclan !!! " apparaissent sur la toile... Les fans répondent présent et acclament les musiciens alors qu'ils prennent place et Into The Blue démarre ainsi, dans une ambiance très chaleureuse. Le son est bon, le light show impeccable, il ne s'agit pas de ma compo préférée mais c'est tellement bien fait et bien joué que le moment passé est très agréable... d'autant plus que les musiciens (Mike Portnoy en tête) assurent le show avec énergie, bonne humeur et décontraction. Vingt cinq minutes, plus tard, la première compo est achevée, Mike Portnoy se lève, le public crie sa joie, le batteur prend le micro et lance un "Can you feel it, Paris?"... On aura également le droit à un joli "Merci beaucoup", dans la langue de Molière, c'est toujours plus sympa.

                   

Le cinquième membre du groupe pour cette tournée nous est également présenté. En effet, l'habituel Daniel Gildenlöw (Pain Of Salvation) a dû annuler sa participation cette fois-ci à cause de sérieux problèmes de santé, il est donc remplacé par Ted Leonard qui n'est autre que le nouveau chanteur de Spock's Beard. Marrant d'avoir sur la même scène Neal Morse (qui fut le premier chanteur de Spock's Beard) et Ted Leonard... Ce dernier se charge donc de jouer des claviers, de la guitare, de participer aux choeurs (ingrédient indispensable d'une compo de Transatlantic)... et aussi de chanter les parties de Daniel (qu'il a d'ailleurs extrêmement bien imité sur Into The Blue). A ce moment là, Mike en profite pour nous expliquer qu'il n'y aura pas d'entracte ce soir, juste un très long concert et qu'il espère que tout le monde a bien pris la peine d'aller aux toilettes avant le show. Et en plus, c'est le dernier concert de la tournée, un show spécial pour le groupe (qui nous réserve d'ailleurs une petite surprise... on y reviendra). Ce n'est pas le genre d'intervention qui fait retomber l'ambiance... Et vu que le morceau suivant n'est autre que l'excellent My New World (extrait du tout premier album), le Bataclan exulte et chante la mélodie de l'intro à pleine voix.

Une fois My New World terminé, on passe à quelque chose de plus intimiste avec la ballade Shine, extraite du dernier album. Performance impeccable, l'émotion passe bien... Quand la chanson est finie, une heure de concert est déjà passée... Trois compos et déjà une heure ! C'est ça Transatlantic... Mais on ne s'ennuie pas une seule seconde. Il se passe toujours quelque chose sur scène (et parfois, c'est drôle et imprévu... comme Pete Trewavas qui recule en jouant de la basse et finit par se prendre son pied de micro dans le dos, ce qui le fera bien rire). Le plaisir ressenti par les musiciens est palpable et la communion avec le public est indéniable. A ce propos, celui qui en fait le plus, c'est évidemment Mike Portnoy. L'emplacement de sa batterie sur le côté droit de la scène le rend plus accessible et proche des fans, et il en profite, le bougre. Il regarde régulièrement le public, passe des baguettes aux premiers rangs, s'amuse avec les autres membres du groupe (jeux de regards constant avec son acolyte Neal Morse, se fait envoyer des baguettes par Ted Leonard du fond de la scène... d'ailleurs, il en loupe une, et hop, encore un fan content... il fait même jouer des cymbales à une personne du premier rang pendant le morceau Kaleidoscope, etc...). Tout ça peut parfois sembler un peu "too much" et certains trouveront peut-être que le show "à l'Américaine" proposé par Mike et Neal (les trois autres membres étant plus sobres) qui, c'est clair, en font des tonnes, a quelque chose d'un peu forcé... Mais franchement, si ces gars en rajoutent et ne sont pas sincères à 100% (ce qui, après tout, n'est pas impossible), alors ils font sacrément bien semblant. Pour ma part, ça passe très bien et je trouve ça fun.

Revenons à la musique proposée ce soir. Après les trois premiers morceaux joués pendant la première heure de son set, Transatlantic enchaîne avec The Whirlwind. Non, le quintet ne présente pas le morceau de soixante-dix minutes mais pioche quelques passages et nous offre une version abrégée de son oeuvre... une petite demi-heure seulement (!). C'est qu'il y a d'autres chansons à jouer et le groupe semble bien décidé à privilégier sa toute nouvelle sortie. D'ailleurs, juste après leWhirlwind medleyKaleidoscope est de nouveau à l'honneur avec Beyond The Sun. C'est l'occasion pour Neal Morse de sortir de derrière ses claviers et venir sur le devant de la scène pour attaquer le morceau a capella. Belle prestation, beau moment... assez intense et plus émouvant que sur album, je trouve.

                   

Après cette compo plus courte, le combo revient à la charge avec l'un de ses longs morceaux épiques à tiroirs dont il a le secret. Et c'est au tour de Kaleidoscope (une bonne demi-heure au compteur) d'être présenté au public français. Oui, Transatlantic a visiblement décidé de jouer tout son nouvel album ce soir (ce qui va se confirmer avec l'arrivée de Black As The Sky juste avant le rappel)... Il est donc préférable d'apprécier le disque en question, autrement le temps risque de sembler très long. Et bien, justement, après un excellent démarrage (les premiers couplets et refrains de ce morceau sont super entraînants, et en plus le groupe balance quelques secondes de l'intro Ride The Lightning de Metallica à la fin du premier refrain juste après les fameuses paroles "Ride the lightning", fun), je commence à trouver le temps long. Ce sera la première et la dernière fois ce soir, l'ensemble du concert étant vraiment énorme... mais je n'y peux rien, trop de Kaleidoscope tue le Kaleidoscope. La compo traine en longueur (à mon goût) sur album, cette version live n'échappe pas au même constat... Pendant quelques minutes je décroche légèrement et me mets à penser à autre chose. Finalement, quand la chanson s'achève enfin, je ne suis pas mécontent... Mais pourquoi le groupe n'a-t-il toujours pas joué de morceaux de l'excellentissime Bridge Across Forever ? Ce serait quand même autre chose. Patience.

                   

Et c'est à ce moment de la soirée qu'une petite surprise a lieu. Mike Portnoy nous explique que le groupe va quitter la scène et nous laisser seuls avec Neal Morse qui a préparé quelque chose de spécial. Ce dernier nous explique alors que sa fille va avoir seize ans le lendemain et qu'il vient d'écrire une chanson pour elle. Elle est là ce soir et il se lance seul avec son clavier (et ses lunettes afin de pouvoir lire les paroles fraîchement écrites). En plein milieu de la chanson, alors qu'il est en train de faire référence à un moment difficile de leur existence, sa voix tremble puis se brise... Il est ému, mais il n'est pas le seul... on sent que la salle est très réceptive. Bref, un beau moment qui se termine plus légèrement, surtout après la parenthèse consacrée au fait que Jayda (car c'est ainsi qu'elle s'appelle) va maintenant avoir l'âge de conduire.

L'émotion est toujours de la partie avec la classique We All Need Some Light, ballade incontournable du premier album et des sets live de Transatlantic. Comme cela faisait longtemps qu'on avait pas eu un extrait de Kaleidoscope(ironie), le groupe nous sert sur un plateau Black As The Sky... Le titre est taillé pour la scène, enlevé et enjoué, ce qui remet le Bataclan en mouvement après l'enchaînement de deux ballades.

Le groupe quitte la scène, c'est l'heure du rappel. Le concert dure déjà depuis plus de deux heures et quart mais le quintet n'a pas dit son dernier mot. Il conclut la soirée avec des versions écourtées de All Of The Above et Stranger In Your Soul(enfin un extrait de Bridge Across Forever, il était temps !!). Ces deux titres, mêmes amputés, sont sublimes, l'ambiance est toujours aussi excellente, on se régale et quand le set touche enfin à sa fin, au bout de presque trois heures, on sent les musiciens à la fois ravis et émus. Un grand "Merci" apparaît sur l'écran et les cinq compères invitent l'équipe qui les accompagne sur la tournée à venir saluer (et se faire ovationner par) le public.

Verdict : un grand groupe, un show généreux, de la technicité mais également beaucoup de feeling (les solos de Roine Stolt... qui s'est d'ailleurs lâché en fin de concert en jouant son dernier solo dans la fosse), du fun, de l'émotion... Transatlantic, sur scène, c'est absolument incontournable. 2014 est loin d'être terminée et pourtant il est d'ores et déjà certain que la capitale vient d'abriter un de ses meilleurs concerts cette année. Ceux qui étaient présents en sont forcément persuadés, les autres, ceux qui ont toujours tort, devront (à condition qu'ils adhèrent à ce genre musical) se rattraper la prochaine fois. Rendez-vous dans quelques années.

Setlist Transatlantic :

01. Into The Blue
02. My New World
03. Shine
04. Medley The Whirlwind
05. Beyond The Sun
06. Kaleidoscope
07. This Kind Of Love
08. We All Need Some Light
09. Black As The Sky
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10. All Of The Above
11. Stranger In Your Soul

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