UFO

Date

15 Mai 2012

Lieu

Vauréal

Chroniqueur

Blaster of Muppets

L I V E R E P O R T

Est-ce vraiment dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures ? Et y a-t-il une façon plus désobligeante de commencer ce compte-rendu ? Passons rapidement sur cette petite maladresse concernant l'âge de certains membres de UFO et commençons par le commencement. En cette soirée du 15 mai, c'est un groupe de vétérans qui vient nous rendre visite à Vauréal. Cette appellation n'est vraiment pas usurpée quand il s'agit d'évoquer UFO... quarante-deux de carrière et vingt-et-un albums !!! Qui dit mieux ? Le Forum de Vauréal va donc vibrer, ce soir, au son du hard rock, d'autant plus que les Anglais ont amené dans leurs bagages un groupe norvégien nommé The Wheel, officiant lui aussi dans ce genre.

Les Norvégiens entrent donc sur scène vers 20h45, prêts à nous servir une bonne dose de hard rock des familles. Un hard très traditionnel mais ô combien efficace. Amusant de constater à quel point ce groupe qui s'appelle "La Roue" ne l'a justement pas inventée. Par contre, leurs compos sont sacrément entraînantes et bien faites. Le groupe est sympathique et leur guitariste sait balancer des riffs très efficaces. En fait, tous les membres de The Wheel assurent, dommage qu'on ne les entendent pas tous aussi bien. On se demande un peu à quoi sert le jeune claviériste sur le côté gauche de la scène... la basse, la batterie et la guitare se taillent en effet la part du lion en ce début de set... mais le son va rapidement s'améliorer et chaque instrument sera vite audible. 

Franchement, la prestation des Norvégiens est vraiment convaincante, même si le frontman manque un peu d'assurance (d'expérience ?), et que le public semble faire la sieste. Oui, c'est toujours un peu dommage de constater à quel point il est parfois difficile pour un groupe de première partie d'arriver à faire en sorte que quelques gentilles âmes tapent dans leurs mains. La fin du concert approchant, l'assistance se montrera tout de même plus chaleureuse. Après trente-cinq bonnes minutes de chansons évoquant des univers proches de Led Zeppelin, Molly Hatchett, ou Deep Purple, The Wheel quitte la scène sous les applaudissements d'une salle reconnaissante pour le très bon moment, sans prétention, qu'elle vient de passer. 

 

Quelques minutes avant que UFO n'investisse la scène du Forum, je me demande si le groupe va démarrer par un titre de leur dernier album, Seven Deadly, ou s'il va opter pour le vieux classique qui met le feu et ravit les fans d'entrée de jeu. La réponse ne se fait pas attendre, c'est la deuxième solution qui est retenue : Mother Mary se charge d'ouvrir le set des Anglais. Et là, je dois avouer que, sans exagérer en prétendant que j'ai eu peur, l'impression que me fit ce premier titre fut mitigée. Le son est puissant mais pas encore très clair (normal, me direz-vous... ce n'est que le premier titre, tout cela va vite s'arranger après quelques petits réglages), mais surtout, le tempo de la chanson est ralenti (surtout si on le compare à la version live de l'excellent Strangers In The Night) et celle-ci paraît un peu mollassonne. Phil Mogg et ses acolytes se seraient-ils faits rattraper par leur âge ? Non. Fight Night et Shadowland, toutes deux extraites du dernier album, nous rassurent immédiatement. Ces deux chansons passent incroyablement bien sur scène et nous donnent le sourire : le groupe est en forme !

UFO le sait, beaucoup se sont déplacés pour entendre de vieux classiques. Les Anglais ont décidé de faire plaisir à leur public en axant une bonne partie de leur set sur les années 70. C'est ainsi qu'après la très efficace Shadowland, I'm a Loser et Let it Roll viendront régaler l'assistance. Le groupe est détendu, et l'ambiance est très bonne. On apprécie le flegme et l'humour de Phil Mogg qui ne se prive jamais d'une petite blague ou d'un commentaire amusant entre deux chansons. Son grand jeu de la soirée : regarder les personnes du public pour leur trouver des ressemblances avec des stars de cinéma ou de la musique. C'est ainsi qu'une fan découvrira qu'elle ressemble à Julia Roberts, et qu'un jeune homme s'entendra dire qu'il rappelle au chanteur un Vinnie Appice, en bien plus jeune et séduisant évidemment ! Fun. Un petit mot sur la performance vocale du monsieur ? Et bien pour quelqu'un qui a soixante-quatre ans, reconnaissons qu'il s'en sort plutôt bien. Il a beau avoir l'air fatigué, son chant n'en souffre pas et Phil s'avère convaincant. 

Les autres membres originaux de la formation, Andy Parker à la batterie, toujours énergique, et Paul Raymond à la guitare rythmique et aux claviers s'acquittent de leur tâche avec talent. On a quand même un peu envie de dire à Mr. Raymond que :

1. David Bowie a appelé et qu'il aimerait bien récupérer sa coupe de cheveux de l'époque où il jouait dans le film Labyrinth.

2. Ce n'est pas grave de sourire de temps en temps. 

3. Il est possible de se déplacer sur une scène.

Bon, pour la coupe de cheveux, rien à faire... le guitariste/claviériste n'en changera pas jusqu'au bout de la soirée. En revanche, il fera quelques petits efforts en fin de set pour décrocher des sourires à ses fans. Dans un élan de générosité impressionnant, il sortira même de derrière ses claviers pour jouer de la guitare à côté de Vinnie Moore sur une chanson. 

Parlons-en du Vinnie Moore. Tout en décontraction, le guitariste balance une floppée de soli pas piqués des hannetons. Technique, aisance et sourires sont évidemment au rendez-vous, si bien que les versions de vieux classiques joués ce soir sont souvent un peu rallongées car affublées d'un petit solo supplémentaire en fin de parcours, histoire de convaincre l'assistance, si cela était vraiment nécessaire, que Vinnie n'est pas un manchot.

Si quelques nouveaux titres comme Mojo Town ou (surtout) Burn Your House Down passent avec les honneurs l'épreuve de la scène et remportent l'adhésion du public, ce sont tout de même les nombreux classiques des années 70 qui récoltent les réactions les plus enthousiastes. Ainsi, Only You Can Rock Me ou Love To Love font le bonheur des fans. UFO ne fait pas l'impasse totale sur quelques titres plus récents comme le prouve la présence de la très efficace Helldriver ou de Venus dans le set. Mais après cette dernière, il n'y aura plus une seule compo qui n'ait pas plus de trente-cinq ans d'âge... ou plus !

Cet article touche à sa fin et je me rends compte que je n'ai même pas écrit un petit mot sur le jeune bassiste Rob De Luca dont la présence et le jeu de scène apportent un peu de fraicheur à l'ensemble. Petit morceau de bravoure : lorsque Vinnie Moore décida de se lancer dans un solo à la fin de je ne sais plus quel morceau, guitare derrière les épaules, Rob l'imita. On eut donc le droit à un face à face assez inattendu et plutôt sympa (même si ça reste du gimmick).

Comme vous l'avez vu si vous avez jeté un coup d'oeil à la setlist ci-dessous, la fin du concert fut une véritable succession de classiques. Les excellentes Too Hot To Handle, Lights Out et Rock Bottom régalèrent l'assistance. L'ambiance était déjà très bonne avant que ces titres ne soient joués, mais là, on sent bien qu'elle a monté d'un cran ! Et ce n'est pas fini, lors du rappel, le groupe est véritablement acclamé lors des premières notes de Doctor Doctor. Shoot Shoot se chargera de conclure les festivités, laissant les fans souriants et rassasiés. Une bonne heure et cinquante minutes de concert, c'est bien, c'est généreux... on ne se sent pas lésé. Et on se réjouit d'avoir pu voir un groupe aussi légendaire dans de telles conditions (la salle du Forum a accueilli un peu plus de quatre-cents personnes ce soir-là)... on en viendrait presque à souhaiter qu'ils n'aient pas plus de succès. De toute façon, à ce stade de leur carrière, tout est joué, non ? Pas très sympa pour eux, je vous l'accorde, mais avouez qu'il est toujours plus agréable de se rendre dans une salle à taille humaine plutôt que dans un Zénith ou un Bercy, n'est-ce pas ? 

 

Venez donc discuter de ce concert, sur notre forum !