L'effondrement des ventes de disques, c'est comme le réchauffement climatique, il faut parfois des chiffres pour vraiment prendre conscience des impacts. En 1992, ce Live d'AC/DC s'est vendu en France à plus de 600 000 exemplaires. Ça en impose quand même. En passant, c'est six fois plus qu'en Allemagne et en Angleterre, preuve de l'histoire d'amour très forte entre AC/DC et notre beau pays ... et constat cruel que les temps ont bien changé !
Ce succès est d'autant plus remarquable que les Australiens d'adoption revenaient de loin. Bref rappel, après une arrivée fracassante à la fin des années 70, AC/DC avait tout bon, de très bons albums, des concerts déchaînés très marqués visuellement avec le show Angus et le frontman showman Bon Scott, la prise en main en studio par Mutt Lange, le carton Highway To Hell ... puis ce drame avec le décès accidentel de Bon Scott, le recrutement de Brian Johnson et ce Back In Back incroyable (qui fête ses quarante ans en 2000 avec pas mal de documentation intéressante à cette occasion, dont un hors-série Rock Hard bien foutu). Mais à partir de For Those About To Rock, les boys ont connu un lent déclin artistique et commercial avec des disques moins passionnants et à la production très datée. Les performances live toujours aussi ébouriffantes permirent de tenir le coup et de conserver un public mais c'est surtout avec The Razor's Edge qu'AC/DC retrouva du succès. Derrière les manettes, Bruce Fairbairn (aussi à l'œuvre sur le renouveau Aerosmith à la même époque, c'est dire l'excellence de ce regretté producteur).
Période de total succès pour le hard rock à l'époque et AC/DC répondait très bien aux critères. Production live démesurée en mode hollywoodien, show infernal, un Brian Johnson déchaîné, Angus égal à lui-même, ça devait être quelque chose à voir (j'étais trop jeune pour ma part !!). Le Live sorti en 1992 est le souvenir de cette incroyable tournée (passée notamment par Vincennes et un concert délirant dans un Moscou envahi) où, à mon sens, AC/DC était à son sommet artistique. Expérimenté, revenu de loin après de nombreux déboires, armé d'un nouveau batteur démentiel avec ce Chris Slade, pour moi LE batteur arrivé au bon moment avec sa frappe aussi monstrueuse que précise et impériale pour compléter LA section rythmique la plus précise et puissante du circuit et parfaites fondations pour que le duo Angus - Brian assure le spectacle devant.
La tracklist est grandement basée sur le show donné à Donington, mais le groupe a eu la bonne idée de compléter ce Live avec d'autres titres captés par ailleurs. Bonne pioche, on est en présence d'un Best-Of déguisé et le rendu donne un très bel hommage au AC/DC de cette époque. La puissance, l'énergie (forcément, ce groupe porte bien son nom !!), la solidité du groupe sont ici à leur paroxysme. La production de Fairbairn est juste parfaite. Il se dit que quelques guitares ont été réenregistrés en post-production mais, honnêtement, c'est sans grande importance tant le résultat est ébourrifant.
Allez, je vais râler un peu sur les différents solos / strip-show d'Angus sur Jailbreak qui certes rendent en concert (ou permettent d'aller se rechercher une bière) mais sur CD, c'est interminable, assez excluant et sans intérêt. Quitte à retravailler le live, peut-être eut-il été sympa de réduire ces passages ? Les puristes seront en désaccord. Au final, un classique absolu, un live référentiel, une pochette iconique, un témoignage démentiel de ce que le Hard Rock était au tournant des années 90 venant d'un groupe de légende.
Tracklist de Live :
CD1 01. Thunderstruck 02. Shoot To Thrill 03. Back In Black 04. Sin City 05. Who Made Who 06. Heatseeker 07. Fire Your Guns 08. Jailbreak 09. The Jack 10. The Razor's Edge 11. Dirty Deeds Done Dirt Cheap 12. Moneytalks
CD2 01. Hell's Bells 02. Are You Ready 03. That's The Way I Wanna Rock n'Roll 04. High Voltage 05. You Shook Me All Night Long 06. Whole Lotta Rosie 07. Let There Be Rock 08. Bonny 09. Highway To Hell 10. T.N.T 11. For Those About To Rock (We Salute You)
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