Maintenant qu'on y voit un peu plus clair, il est temps de revenir au projet Ævangelist, ce groupe tellement à part dans la scène USBM.

Pour mémoire, la scission entre les deux membres originels du groupe, Matron Thorn et Ascaris, en 2018 ne s'est pas faite en toute simplicité et le nom d'Ævangelist a été disputé entre ces derniers. Matron Thorn a dû refondre le projet, qui a repris le même patronyme ; curieux, mais c'est comme ça. Maintenant, le groupe est basé en Finlande.
Au poste de vocaliste, on a Stéphane Gerbaud, bien connu pour avoir été le premier vocaliste d'Anorexia Nervosa (avant Hreidmarr) et Necromancia avant cela.

C'est donc sur de nouvelles bases que Matron Thorn continue son périple musical, lui qui ne peut pas tenir trois mois sans sortir un album d'un de ses nombreux projets.
La preuve en est que, depuis la nouvelle association qui date de 2019, Ævangelist en est déjà à sa troisième sortie (et deuxième longue durée) avec ce Nightmarecatcher. Ils avaient néanmoins opté pour un profil bas, avec deux sorties en indépendant et uniquement en format téléchargeable. Nightmarecatcher est donc la première sortie officielle sur un label, et pas des moindres : Hells Headbangers.
Stéphane Gerbaud est crédité pour la partie vocale et les paroles ; on sent que tout le reste a été pensé et créé par le seul Matron Thorn, le riffing étant caractéristique.

Le son de cet album est nettement meilleur que sur le précédent, Dream An Evil Dream II, qui avait un son de démo. Ce genre de production ne seyait absolument pas à la musique d'Ævangelist, trop dense et complexe pour supporter un son calamiteux. C'est donc un progrès nécessaire pour qu'on puisse comprendre quelque chose à ce qui se passe.
Hélas, je me rends d'autant plus compte que l'Ævangelist nouvelle mouture n'est pas tellement à mon goût : même s'il y a toujours quelques noises parasites, la musique du groupe a été considérablement épurée et s'est sérieusement ramollie. Il n'y a guère plus que du mid tempo anémique et des riffs décharnés, des morceaux déstructurés et sans réelle dynamique.
Certes, le combo faisait auparavant dans le chaotique, jusqu'à un certain paroxysme même. Mais on arrivait à comprendre où il voulait en venir, il y avait une réelle logique de construction sur chaque morceau et une ambiance cauchemardesque savamment entretenue.

Nightmarecatcher ne respire pas la sérénité, c'est certain. Mais je trouve que Stéphane Gerbaud n'a pas le talent d'Ascaris pour inspirer la terreur.
Qui plus est, le style d'Ævangelist ressemble désormais un peu trop à celui d'un autre projet de Matron Thorn, Praenatura ; ça sent franchement la redondance, tout ça.

Bref, je ne suis clairement pas conquis. Et comme ça se présente, Ævangelist n'est pas près de revenir à sa forme antérieure, en terme de style. Je fais donc momentanément une croix sur ce groupe, qui a eu des bas, c'est sûr, mais aussi d'excellents moments que je continuerai à apprécier comme ils le méritent.

Tracklist de Nightmarecatcher :

01. I: The Origin And End Of All: Pain Of The Fallen
02. II: Ceremony Of Decomposition Of Bodies
03. III: In The Vomb Of The Chaos, Source Of Life Energy