Artiste/Groupe:

Allen / Olzon

CD:

Worlds Apart

Date de sortie:

Mars 2020

Label:

Frontiers Music

Style:

Power mélodique Karlssonien

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

11/20

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Après les aventures d'Allen-Lande, de Kiske-Somerville ou de Lione-Conti, aviez-vous anticipé quel serait le nouvel épisode de ces duos si chers au label italien Frontiers ? Non ? Eh bien le voici, le voilà... et cette fois-ci on retrouve l'excellent Russell Allen (Symphony X), qui a une petite expérience dans le domaine (après quatre albums avec le Norvégien Jorn Lande), accompagné pour l'occasion d'Anette Olzon (ex-Nightwish, The Dark Element). Des projets comme celui-ci, on en voit donc beaucoup sur ce label... et, bien que certaines réalisations me plaisent parfois ou bénéficient d'une certaine indulgence de ma part, le souci vient du fait qu'à force de les accumuler, les "produits" (terme pas choisi au hasard) deviennent bien trop prévisibles. Surtout que, cette fois encore, le patron de Frontiers, a fait appel à l'un de ses compositeurs très souvent sollicités pour ce type de production : le suédois Magnus Karlsson. "Et alors ?", me direz-vous... "Karlsson est un artiste tout à fait capable, non ?". Certes... et pourtant, malgré le talent des personnes impliquées, ce Worlds Apart, au visuel assez grossier, peine à convaincre.

Dès le premier single (la chanson titre), on a compris le problème. L'intro avec les quelques notes de piano, la grosse production, la structure, les mélodies, ce son... tout est trop familier et peu inspiré. On a déjà entendu cette chanson, un certain nombre de fois même, sur d'autres albums avant celui-ci... Rien de bien marquant donc (d'autant plus que, dans le genre, on a déjà eu plus efficace). Alors bien sûr, c'est bien produit, c'est mélodique, les deux interprètes ont de belles voix... mais ça sent le service minimum, l'encéphologramme est désespérément plat. Eh oui, il est là le souci. Le problème ne vient pas de l'association proposée, ni du concept... mais plus du fait que le gars qui a écrit et produit l'album (en plus de jouer la plupart des instruments, les deux "stars" n'ayant plus qu'à venir poser leurs voix) est quelqu'un de très occupé. En quelques mois, il a sorti un album de Starbreaker, le deuxième opus de The Ferrymen, puis ce disque et, tenez-vous bien, le troisième épisode de son projet solo (Magnus Karlsson's Freefall) arrive dans un mois ou deux. Voilà, c'est du travail à la chaîne. Et ça se sent. Car tout finit par se ressembler. J'ai écouté il y a quelques jours le premier extrait du Freefall à venir et, honnêtement, il aurait pu tout à fait se trouver sur le Ferrymen précédent ou sur l'œuvre qui nous intéresse (moyennement) aujourd'hui. C'est exactement la même chose, il n'y a que les vocalistes qui changent. Réchauffé ? Oui. Ca sent même le brûlé par moment (et le burn-out pour le compositeur). 

Pour autant, par souci d'honnêteté, on reconnaîtra que le monsieur conserve le savoir-faire qu'on lui connaît et arrive à sortir un album qu'il est difficile de qualifier de naze. Bien sûr, il faut aimer la superproduction power épique, au gros son moderne, avec orchestrations et envolées lyriques, dépourvu d'aspérités mais riche en mélodies aguicheuses, qui est la marque de fabrique de Magnus. Et dans ce style, après la déconvenue du premier extrait, il y a quelques morceaux quand même un peu plus sympas à se mettre sous la dent à l'instar de Never Die et Lost Soul, des titres plus rythmés où Allen chante seul (heureusement qu'il est là, il reste l'un des meilleurs chanteurs du genre, l'album lui doit beaucoup). La formule mixant power et refrain FM est globalement bien maîtrisée et on note même (rarement mais parfois) quelques "tubes" ou sonorités qui surprennent un peu (les claviers de My Enemy). Mais il y a aussi d'autres compos plus molles (What If I Live), plates, oubliées dès l'écoute terminée (Who You Really Are) ou qui affichent trop leurs influences (la carte celtique Gary Moorienne est encore jouée sur I'll Never Leave You). Rien de gravissime non plus, Worlds Apart n'est pas pire qu'un autre disque correct sans plus. Au fil des ans, j'ai écouté pas mal de disques de Karlsson et j'en ai réellement apprécié certains. J'ai même récemment donné une note correcte au dernier Ferrymen... donc non, je ne suis pas un chroniqueur qui veut casser un musicien dont il n'a jamais aimé le travail. C'est juste que cette fois, ça y est, la coupe est pleine, la lassitude m'envahit... C'est le projet de trop. 

Des albums comme celui-ci ne sont pas désagréables mais ils ne servent pas à grand-chose. On les connaît (presque) avant de les avoir écoutés. On a l'impression que Magnus en a plein son congélo, déjà cuisinés... et qu'il n'a plus qu'à les sortir quand le boss de Frontiers a envie d'acoquiner deux artistes. En cette période de confinement, je l'imagine prenant de l'avance et prépar décalquant sa recette pour de prochaines livraisons interchangeables. D'ailleurs, vous opteriez pour quoi, vous ? Scheepers - Romero ? Atkins - Lande ? Kiske - TurnerTate - Somerville ? Les paris sont ouverts. Bon, vous l'aurez compris, Worlds Apart s'adresse principalement aux mordus de Karlsson, toujours pas lassés du monsieur, ou aux fans des deux vocalistes engagés pour l'occasion. Ceux qui veulent de la nouveauté, du frisson, de la prise de risque ou un supplément d'âme peuvent s'abstenir. 

Tracklist de Worlds Apart :

01. Never Die
02. Worlds Apart
03. I'll Never Leave You
04. What If I Live
05. Lost Soul
06. No Sign Of Life
07. One More Chance
08. My Enemy
09. Who You Really Are
10. Cold Inside
11. Who's Gonna Stop Me Now

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