Artiste/Groupe:

Anthrax

CD:

State Of Euphoria

Date de sortie:

1988

Label:

Style:

Thrash Metal

Chroniqueur:

Orion

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Depuis que le Big Four existe, 1988 est la première année où les quatre groupes proposent en même temps leur nouvel album studio (et ce sera aussi la dernière, du moins jusqu’à présent…). En effet, en 1986, Anthrax avait loupé le rendez-vous. Mais cette fois-ci, c'est bon ! Après Megadeth qui sort son So Far So Good en janvier, Slayer son South Of Heaven en juillet, Metallica qui nous propose son And Justice For All en août, Anthrax rejoint les autres en septembre avec son State Of Euphoria.
Et au jeu des comparaisons, il faut reconnaître que ce nouvel album des New-Yorkais est le moins bon des quatre.

Ca partait pourtant plutôt bien avec Be All, End All et son intro au violoncelle. Le titre est assez jubilatoire, très bien foutu avec une bonne énergie, une mosh-part du tonnerre et une mélodie bien sympa. Du Anthrax pur jus, comme on l’aime. Un très bon morceau pour ouvrir cet album. Dommage, la suite n'est pas de ce niveau. Car, si l'on met de côté la reprise d'Antisocial de Trust, très réussie elle aussi et qui va cartonner, quelle autre composition personnelle du combo retient-on de cet album ?
Allez, ne soyons pas si sévère : Make Me Laugh, diatribe anti-télé évangélistes, qui sera d'ailleurs édité en single (avec le délirant Friggin' In The Riggin' en face B, qui n’a malheureusement pas été retenu pour cet album mais que l’on retrouvera sur le EP Penikufesin qui paraîtra l’année suivante) et Finale (avec sa guitare-locomotive en intro – si, si, écoutez bien, on dirait le bruit d’un train – et son final apocalyptique) font aussi figure de titres intéressants et relèvent le niveau. Mais tout de même, n'attendait-on pas autre chose d'Anthrax, un des pionniers du style, qui restait sur deux albums assez imparables ? Ici, on a une bonne moitié d’album intéressante et une autre qui l’est moins. Allez, on peut retenir aussi le court 13, assez fun et bien dans l'esprit du groupe (Anthrax, le premier groupe de thrash à jouer en short, si ça c'est pas fun et décontract' !)
Après, et bien ce n’est pas mauvais, bien sûr, mais ça sent un peu le manque d’inspiration. Out Of Sight, Out Of Mind, Who Cares Win (qui, du haut de ses sept minutes trente, est trop répétitif), le trop décousu Now It's Dark et Schism ne sont pas à la hauteur de la réputation du combo. Même le plus mélodique Misery Loves Company, inspiré par le roman de Stephen King, ne tient pas plus la comparaison avec les morceaux d'Among The Living et ceux de Spreading The Disease.
Le groupe joue bien, Belladonna est en voix, la prod est plutôt bonne, même si le mix de Mark Dodson et d’Alex Perialas a mis la batterie de Benante bien en avant… Mais voilà, quelques compositions laissent un goût d’inachevé.
Même si, je dois l’avouer, je l’ai apprécié à sa sortie, cet album n’a pas résisté au temps, seul juge de paix dans pareil cas.
Au final, c'est bien la reprise de Trust, Antisocial, qui marquera durablement le public. Et d'ailleurs, à part Antisocial qui fait partie de quasiment toutes les setlists d’Anthrax en live, quel autre morceau de cet album est encore régulièrement joué par le groupe sur scène ? Be All, End All parfois et c’est tout. Ca aussi, c’est un signe qui ne trompe pas.

Alors, déception ? Même si l’album n’est pas si mauvais que ça intrinsèquement, pour pas mal de fans du groupe (je m’inclus dans le lot), State Of Euphoria ne tient pas les promesses des albums précédents. Et surtout, il est moins bon que la plupart des albums de Thrash sortis durant cette année 1988 (The New Order de Testament, Forbidden Evil de Forbidden, No Place For Disgrace de Flotsam and Jetsam, Fabulous Disaster d'Exodus pour ne citer que les plus évidents...)
C'est quand même significatif quant à la qualité d’un album, quand le morceau que l'on retient le plus est une reprise. Malheureusement, il en sera de même avec l'album suivant (avec la reprise de Joe Jackson, Got The Time). Le signe évident d'un groupe qui a du mal à trouver un second souffle.
Toutefois, cette baisse de forme n’entachera pas le capital sympathie du groupe auprès du public et heureusement pour Anthrax, ce ne sera qu'un passage à vide, le temps de deux albums...

Tracklist de State Of Euphoria :

01. Be All, End All
02. Out of Sight, Out of Mind
03. Make me Laugh
04. Antisocial
05. Who Cares Wins
06. Now It's Dark
07. Schism
08. Misery Loves Company
09. 13
10. Finale