Il y a des départs dans la vie des groupes qui peuvent être destructeurs, et d'autres qui peuvent être salvateurs. Pour Arch Enemy, le départ d'Angela Gossow, au charisme et la notoriété indéniables (un peu à la manière d'une Tarja pour Nightwish même si les styles musicaux diffèrent), aurait pu couler le groupe et éloigner les fans. Mais il n'en a rien été et c'est même le contraire qui s'est passé. Les Suédois donnent l'impression d'être plus pimpants et frais qu'auparavant. L'arrivée de Alissa White-Gluz a créé une dynamique vraiment palpable et l'album qui a suivi son arrivée, War Eternal, en est la preuve. Un des meilleurs opus de l'année 2014 à mon avis, rien que ça. Le talent de la fille est énorme et en un album à réussi à faire oublier Angela Gossow. Autre changement de taille suite au dernier album, Nick Cordle a laissé place à Jeff Loomis, le génial ex guitariste de feu Nevermore. C'est donc une dream team qui se présente sur scène et il semblait évident que le groupe allait nous offrir un témoignage de la tournée qui a suivi tous ces événements.

Le groupe a choisi de nous présenter son show filmé lors de l'édition 2016 du Wacken. Une démarche assez classique, donc. Niveau set list et malgré le fait qu'il s'agisse de la tournée de War Eternal, on ne retrouve que cinq titres de ce dernier. Ensuite nous trouvons quatre titres issus de Khaos Legions, deux de Doomsday Machine, un de Wages Of Sin, deux de Anthems Of Rebellion et un autre de Black Earth. Représenter six albums sur une set list de festival, donc moins longue que pour un concert standard, c'est franchement pas mal et varié. Déjà un point positif sans même avoir vu quoi que ce soit ou entendu une note.

Premier constat pour ceux qui en doutaient, Alissa se débrouille à merveille, saute partout, déborde d'énergie (presque possédée sur Bloodstained Cross), harangue la foule (War Eternal, Ravenous, My Apocalypse, No Gods, No Masters, Nemesis), bref elle s'impose en frontwoman de folie, avec un charisme naturel. Et sa voix est absolument parfaite, ses hurlements et grognements sont parfaitement maîtrisés ! Les titres s'enchaînent les uns après les autres sans aucun temps mort sans pour autant couper toute communication avec le public. 

Les musiciens sont évidemment au top de leur forme, mais ça ce n'est pas un scoop. Le duo Amott - Loomis, bien qu'assez discret (on a rarement vu Jeff Loomis éclater de rire), est complice, et puis ça tricote sévère... Un solo après l'autre, c'est une démonstration de vitesse (mais tout en mélodie) qui nous est offerte. Daniel Erlandsson mitraille ses jolis fûts transparents, rien à dire. La réalisation, point important et parfois critique, se veut très dynamique. Beaucoup de plans mais sans qu'on ait cette impression de tournis. Plans larges, serrés, tout y passe et surtout tous les musiciens sont mis en valeur. Plusieurs caméras sont positionnées autour du batteur par exemple, et chaque solo de guitare a son plan serré afin d'admirer la technicité du musicien avec le maximum de détails. 

Concernant le show en lui même, on a droit à beaucoup de lights mais dans la sobriété. Le show étant filmé la nuit, tous les lights ressortent bien et mettent en valeur la scène. Des effets pyrotechniques viennent agrémenter tout ça mais avec parcimonie (Ravenous, My Apocalypse, As The Pages Burn, Avalanche, We Will Rise, Nemesis) sans gêner le visuel global, comme ce fût le cas par exemple sur le concert filmé par Epica avec Retrospect, dont l'abondance d'effets finissait par gâcher le plaisir. Ici tout est bien dosé. Derniers points à aborder et non des moindres : l'image et le son. Ils sont parfaits. L'image est lisse et belle, c'est un régal, aucun reproche à faire. Même chose pour le son. Les écoutes se sont faites sur un bon 5.1 et franchement le rendu est excellent ! Propre sans trop être lisse, on est sur un bon dosage pour un live. On a pas la désagréable impression d'être sur un bootleg ou, inversement, sur un produit complètement retouché à tel point qu'il est difficile de percevoir qu'il s'agit d'un live. 

Un mot sur les bonus. Outre les dispensables clip vidéos que personne ne regarde à mon avis, on trouve huit extraits du live Tokyo Sacrifice sorti l'an passé. Sympa dans la mesure où aucun de ces titres ne figure sur la set list du concert du Wacken. Un bon complément pour ceux qui, comme moi, n'ont pas le dvd en question. Pour les autres, fatalement, c'est du revu. Niveau qualité rien à voir en revanche, on voit et on entend que ce n'est qu'un bonus. Sans qu'il soit indigent non plus loin de là, le niveau visuel et sonore est loin de celui du concert principal. Finalement, le seul vrai défaut de ce As The Stages Burn, c'est sa durée. Forcément un show en festival est moins long qu'un show où le groupe joue son propre concert en tête d'affiche. Soixante-dix minutes, du coup, ça peut paraître peu. Mis à part ça, Arch Enemy fait les choses bien et nous régale tous les sens. Rien à jeter, à acheter les yeux fermés !

Tracklist de As The Stages Burn! : 

01. Khaos Overture
02. Yesterday Is Dead And Gone
03. War Eternal
04. Ravenous
05. Stolen Life
06. My Apocalypse
07. You Will Know My Name
08. Bloodstained Cross
09. Under Black Flags We March
10. As The Pages Burn
11. Dead Eyes See No Future
12. Avalanche
13. No Gods, No Masters
14. We Will Rise
15. Nemesis
16. Fields Of Desolation