Encore un groupe dont je connais le nom depuis belle lurette mais sur lequel je n'avais jamais pris le temps de me pencher. Et pourtant, le funéraire est bien un de mes domaines de prédilection et il faut admettre que, dans ce domaine, la France fait peu mais très bien (Monolithe, Funeralium sont les deux qui viennent à l'esprit).
Le groupe de Rouen a été formé en 2000 et livre des sorties au compte-goutte, comme on peut s'y attendre de la part d'un groupe de funéraire. Il est à noter que les membres sont impliqués dans d'autres formations, dont Funeralium cité plus haut. Dès lors, la comparaison s'impose d'elle-même.

Même si le style et les thématiques abordées sont sensiblement les mêmes, Ataraxie joue une musique moins dépressive (ou moins suicidaire) que celle de Funeralium ; de peu, mais tout de même. Le chant est très différent entre les deux formations, et ça joue énormément sur le rendu global. Et pourtant, il s'agit du même vocaliste. Toujours à propos du chant, Ataraxie a la particularité d'alterner l'anglais et le français dans ses paroles.

Musicalement parlant, Ataraxie fait vraiment dans le classicisme doom/death funéraire : riffing monolithique, progression lente avec quelques plans accélérés en milieu de parcours, ambiance plombée. La première compo de l'album suit exactement cette logique. Le riff principal est simple, mais fonctionne parfaitement sur ce modèle ; rien qu'avec ça, on peut dire qu'on a affaire à un groupe de qualité, tant il est facile de se louper sur ce genre d'exercice, on ne cesse de le dire. Dans la seconde moitié du morceau, le groupe casse le rythme lancinant du début et se permet une belle accélération death metal, avec un riff plus complexe et mélodique. Ce passage redonne une dynamique à la compo et arrive à point nommé. Le titre termine tout en lenteur sur le thème principal, d'autant plus imposant en fin de morceau.
En seconde plage, l'accélération arrive plus rapidement, avant la troisième minute, et précède un long moment léthargique, qui évoque désespoir et désolation sans équivoque. Et là encore, un gros riff magistral et imposant en dernière partie.
Si Coronation Of The Leeches commence comme une « ballade », en son clair, la progression va vers des moments plus intenses, encore une fois sur un tempo death metal.
Tout en reprenant les éléments précités, le dernier morceau a lui aussi sa propre logique de progression. C'est sans doute le titre le plus désespéré de l'album.

En résumé, j'ai trouvé le travail de construction de chacun des titres admirable en tout point. Dans un style un peu différent que chez Funeralium, Jonathan Théry reste un vocaliste hors pair. Comme il y en a toujours un, il est fort probable que je cite Résignés comme album doom de l'année.

Tracklist de Résignés :

01. People Swarming, Evil Ruling
02. Coronation Of The Leeches
03. Résignés
04. Les Affres Du Trépas