Artiste/Groupe:

Baron Samedi

CD:

En attendant la fonte des glaces

Date de sortie:

Février 2020

Label:

Indé

Style:

Rock Metal Théâtral

Chroniqueur:

Didier et Christelle

Note:

15.5/20

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L’avantage de participer à un financement participatif d’album, c’est que quand finalement il arrive dans la boîte aux lettres, c’est une bien agréable surprise. C’est exactement ce qui est arrivé avec ce premier album des Toulousains de Baron Samedi. Peut-être vous rappelez-vous de mon live report de Sidilarsen au Rat’s (putain, c’était le bon temps) à Puget-sur-Argens en novembre 2016. C’est Baron Samedi qui avait assuré avec brio la première partie. Agréablement surpris par le concept, j’avais même chroniqué  leur premier EP, Avant l’Asphyxie dans la foulée. L’EP date de 2014 et, à la fin de ma chronique, j’indiquais que l’album semblait proche. Mais les choses n’ont pas dû se passer comme prévu puisque le groupe ne sort ce premier album, En Attendant La Fonte Des Glaces, que début 2020 après un appel au financement participatif. Le line-up semble avoir un peu évolué puisqu'on retrouve bien Victor Ginicis au chant, Léa Cuny-Bret au saxo alto, Théo et Félix Roumier respectivement guitare et basse ; mais on trouve également au chant Pierre-Olivier Bellec, qui n’était pas sur l’EP, mais qui était déjà au concert du Rat’s, Raphaël Jamin à la batterie et François Rivère au sound design (?!). Sont également crédités Tom Sarrail-Brassens (piano), Manu Lengrand (trombone) et Timoté Bergez (trompette).

Le groupe a élaboré un concept qu’il décrit sur son Bandcamp comme chanson française, metal, jazz, rock alternatif. Moi j’aurais carrément dit rock metal théâtral, voire même carrément opéra rock metal. L’album confirme le style initié dans l’EP, même si globalement il est plus calme. L’album confirme aussi l’ambiance sombrissime dans laquelle le groupe évolue, principalement au travers de textes existentialistes. En effet, ils parlent d’un monde de destruction, de villes dévastées, de révolte dans lequel la Ville s’oppose à la Nature et à l’Humain. Certains textes sont aussi plus introspectifs (La Moitié De Ta Vie Est Passée) et comparent "ma gueule dans le miroir" à "la rue en contrebas",  jusqu’à opposer la vie à la mort dans une même phrase "ma mère a accouché de moi accroupie sur ma tombe". Le booklet qui accompagne l’album propose des dessins graphiques noir et blanc de visages/paysages urbains qui illustrent ces propos.

L’album se compose d’une alternance de textes slamés et de chansons. Les six textes slamés sont juste numérotés de 1 à 6. C’est Pierre-Olivier Bellec qui se charge de ces slams souvent perturbants qui interpellent l’auditeur (rires diaboliques), nous y sommes considérés comme “un petit homme” et une sorte de dialogue s’instaure entre l’artiste qui s’interpelle ("je") ou bien qui s’adresse à nous ("tu"). 

Du côté musical, je suis interpellé par certains morceaux. Par exemple, dans La Moitié De Ta Vie Est Passée, outre les paroles crues dont j’ai déjà parlé, je trouve la montée finale en riffs appuyés et saxo jazzy vraiment puissante. Je trouve aussi que le morceau éponyme de l’album est très représentatif du concept Baron Samedi. L’intro (puis l’outro) est réalisée à la batterie seule, ensuite rejointe par la guitare et le saxo, pour un longue intro de plus de deux minutes. La voix fait parfois penser à Noir DésirMille Aujourd’hui est une sorte de morceau pivot, comme un point d’orgue dans ce possible opéra. Falaise, qui ouvre l’album, est un morceau mid-tempo plutôt rock, qui plante le décor, celui de la révolte, dans lequel l’auditeur est impliqué ("nous"). Je suis aussi assez fan du morceau Hasard qui me fait penser aux déjantés de 6:33. C’est plus pêchu, bien riffé, la basse arrache tout sur le couplet, le sax de Léa vient appuyer la guitare sur le refrain et ça rend super bien. Sur les trois derniers slams, le projet existentialiste est précisé : l’Homme pourrait n’avoir qu’une issue, le nihilisme "sans espoir ni croyance", même si dans Même Si La Nuit Tombe, il semble rester un espoir, l’Homme lui-même. 

Plus globalement les morceaux commencent souvent assez calmement, régulièrement Léa vient placer des contre-chants de saxo vraiment inspirés. Les morceaux possèdent souvent des breaks plus puissants, avec Léa qui se charge de venir poser un solo plus énervé et souvent jazzy (La Moitié De Ta Vie Est Passée, Mille Aujourd’hui).

Après avoir attendu l’asphyxie, voilà que nos amis de Baron Samedi attendent maintenant la fonte des glaces et nous proposent ce premier album dans une ambiance pesante et toujours plus dépressive. L’album s’adresse à des auditeurs ouverts aux expériences musicales hors normes aux contours rock écolo, philo, metalo. Des auditeurs prêts à passer un moment profond avec le groupe, prêts à écouter attentivement, lire leurs textes dérangeants, prêts à en découdre avec eux-mêmes. Si tu te sens prêt, alors fonce ! C’est théâtral, c’est bien travaillé, on regrette même de ne pas avoir les images de l’opéra que la musique semble vouloir accompagner.

Tracklist de En Attendant La Fonte Des Glaces

01. Falaise 
02. #1
03. La Moitié De Ta Vie Est Passée
04. #2
05. Mille Aujourd'hui 
06. #3
07. Hasard
08. #4
09. En Attendant La Fonte Des Glaces
10. Vers Les Hauteurs 
11. #5 
12.Même Si La Nuit Tombe
13. #6
14. Ce Qui Vient

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