Artiste/Groupe:

Battle Beast

CD:

No More Hollywood Endings

Date de sortie:

Mars 2019

Label:

Nuclear Blast Records

Style:

Heavy Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

14.5/20

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Battle Beast, épisode 5 : l'heure est à l'émancipation. Petit retour en arrière : après le départ (plus ou moins forcé) d'Anton Kabanen, leader/guitariste/compositeur des trois premiers albums du groupe, Battle Beast a bien surpris son monde avec Bringer Of Pain, un opus qui tenait sacrément bien la route. Ce quatrième effort reprenait beaucoup des ingrédients utilisés dans les disques précédents tout en développant encore davantage un côté mélodique très accrocheur parfois plus proche de la pop que du metal. Bref, il était suffisamment dans la continuité de ses prédécesseurs pour ne pas choquer les fans, sans toutefois donner complètement dans l'immobilisme. Deux ans plus tard, voici son successeur intitulé No More Hollywood Endings. Et les premiers extraits dévoilés avant sa sortie me font m'interroger sur la direction prise par les Finlandais. En effet, avec la chanson titre puis Eden, il semble clair que Battle Beast s'éloigne encore un peu plus du heavy des débuts. Impression confirmée par le troisième single, Endless Summer, un titre très FM illustré par une vidéo où l'on voit le groupe rouler le long d'une côte, les cheveux au vent, quand ses membres ne se font pas un petit feu de camp sur la plage en chantant un refrain calibré pop des années 80. Plus très "Battle" tout ça... ni franchement "Beast". No More Hollywood Endings signe-t-il un certain renoncement au heavy metal où cache-t-il bien son jeu par le biais des chansons mises en avant pour sa promo ? Réponse tout de suite.

A l'écoute des cinq premières pistes du nouvel album, pas de doute, c'est vraiment moins metal qu'avant. Cela dit, ça commence de façon énergique avec Unbroken, un titre assez power symphonique dans l'esprit. Quelques orchestrations et chœurs se font entendre dès le démarrage, le tempo est entraînant, Noora Louhimo chante toujours aussi bien (quelle voix, quelle prestance !), le pré-refrain a une touche hard rock old-school assez inhabituelle pour du Battle Beast... le tout est franchement pas mal. Arrivent ensuite les deux premiers singles de l'album. Tout d'abord la chanson titre qui, c'est sûr, ne porte pas vraiment l'étendard du heavy metal... mais par contre, quelle compo ! Ce petit riff entêtant, ce chant particulièrement expressif et émouvant, cette ambiance particulièrement travaillée (avec un peu de violon, de piano...) et ce refrain à la mélodie imparable en font, en ce qui me concerne, l'une des meilleures chansons de l'album. On voit là un groupe qui continue sa mutation et s'éloigne des sonorités plus typiquement metal et 80s de ses débuts (où de celles, carrément plus kitsch, adoptées par Beast In Black, le nouveau groupe de Kabanen). Puis c'est au tour d'Eden de montrer un autre visage. On retrouve l'atout majeur du combo, à savoir un talent indéniable pour pondre de la mélodie qui accroche. Pour autant, le titre, bien que très agréable à écouter, me laisse un peu plus mitigé. C'est un peu trop powersymphopop à mon goût et surtout, je trouve que ça ressemble plus à ce que d'autres groupes peuvent proposer (on pense à du Nightwish soft, du Dark Element ou du Delain). Et là, vous vous dites (ou espérez) "Bon, avec la quatrième piste, c'est sûr, Battle Beast va quand même finir par durcir le ton, ressortir les gros riffs Acceptiens, voire un peu de double grosse caisse, non ?"... Non, pas du tout. Unfairy Tales, c'est Battle Beast qui se la joue Bon Jovial. Ca commence avec un riff à la It's My Life et sur le refrain, on se croirait en 1986... You Give Love A Bad Name n'est pas loin ! Surprenant. Et pour clore cette première moitié d'album, on a Endless Summer, sans conteste le morceau qui divisera le plus tant la touche AOR est poussée à son paroxysme (ce n'est cependant pas la première fois que le combo prend ce genre de "risque", souvenez-vous de Touch In The Night ou Dancing With The Beast qui n'officiaient pas exactement dans le même style - c'était plus dance/pop - mais étaient bien gentillets eux aussi). 

Mais ceux qui espérent encore un peu de muscle feraient bien de persister car la suite de l'album est un peu différente. Ca commence déjà avec The Hero sans être totalement probant (le titre a une intro très 80s avec des sonorités synthétiques assez proches de ce que l'on peut entendre chez Beast In Black et certaines mélodies évoquent vaguement Maniac, le tube du film Flashdance). Le tempo est quand même enlevé, Noora est plutôt conquérante (le premier "Ooooh Yeaaaaaah" donne bien le ton) et le tout est efficace. Et la deuxième moitié du disque va en effet proposer des morceaux globalement plus heavy dont certains se rapprochent plus des travaux antérieurs de Battle Beast. Piece Of Me balance du bon gros riff et met en avant une chanteuse (toujours impeccable) qui a envie d'en découdre. Voilà un bon mid-tempo qui ramène le metal au centre du jeu avec quelques effets modernes. Un peu plus loin (je passe vite sur I Wish, grosse ballade sympho qui ne me passionne pas mais qui, dans son style, reste bien faite et très bien interprétée), on trouve même de la compo épique, nettement plus power metal, avec de la lead guitare héroïque et une touche celtique bien sympa. C'est Raise Your Fists et c'est un hymne ! Et ce n'est pas fini, avec The Golden Horde, ça y est, on a enfin un titre speed et rentre-dedans (avec double grosse caisse et riffs acérés à l'appui). Voilà du bon power véloce et tranchant. La conclusion portée par World On Fire fait un peu redescendre la pression mais reste pêchue et nous sert encore une fois de la mélodie accrocheuse et efficace (et en ce qui me concerne, c'est toujours mieux que les ballades qui clôturaient les deux albums précédents).

Au final, avec No More Hollywood Endings, Battle Beast se diversifie et présente un effort multi-facettes qui passe du heavy au hard rock, avec des détours par l'AOR ou le power légèrement symphonique et "popisant"... L'ensemble est plutôt bien composé, très bien produit et mené par des musiciens habiles et une chanteuse qui est incontestablement l'un des gros points forts du groupe. J'ai eu quelques réticences au moment de m'attaquer à ce disque, je n'ai pas accroché à tout ce qui m'a été proposé (je continuerai de zapper deux ou trois pistes) mais globalement, ce cinquième opus, varié et montrant un groupe s'éloignant de plus en plus de ce qu'il a fait sur ses trois premiers albums (et se distinguant donc davantage de Beast In Black) sans complètement se renier pour autant, est plutôt séduisant.

Tracklist de No More Hollywood Endings :

01. Unbroken
02. No More Hollywood Endings
03. Eden
04. Unfairy Tales
05. Endless Summer
06. The Hero
07. Piece Of Me
08. I Wish
09. Raise Your Fists
10. The Golden Horde
11. World On Fire

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