Bigelf

Artiste/Groupe

Bigelf

CD

Into The Maelstrom

Date de sortie

Mars 2014

Label

InsideOut Music

Style

Metal Progressif

Chroniqueur

Didier

Note Didier

14/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

C H R O N I Q U E

J'étais prévenu ! Bigelf = OVNI disait le pitch. Bon je me renseigne, comme toujours quand je découvre un groupe que je ne connais pas et découvre que la presse est unanime pour classer Bigelf, comme... inclassable justement. D'où l'appellation OVNI, ou OMNI plutôt mais bon. Bigelf est un groupe américain, de Los Angeles, qu'on est obligé de mettre quand même dans le rayon metal/rock progressif tendance psyché, puisqu'il n'y a pas de rayon OMNI chez les disquaires (oui, les jeunes, vous savez, ces boutiques où l'on va discuter musique et acheter des CD). Le groupe existe depuis 1991 avec aux commandes un certain Damon Fox, qui est aux claviers et au chant, et même à la guitare par moment. Ils sortent trois albums, Money Machine (2000), Hex (2003) et Cheat The Gallows (2007), et tournent avec les plus grands noms du milieu comme Dream Theater, Opeth, Unexpect, Beardfish, Pain of Salvation et Porcupine Tree. Après quelques années de vide dues à une implosion du groupe, voilà que sort aujourd'hui un nouvel album, Into The Maelstrom. Bigelf avait créé la surprise en annonçant que le batteur y est nul autre que Mike Portnoy. On retrouve aussi le bassiste habituel de Bigelf, Duffy Snowhill et un nouveau guitariste, Luis Maldonado. Bigelf est bien de retour. Que le délire commence :

Car on a quand même l'impression de rentrer dans une sorte d'asile à l'écoute de cet Into The Maelstrom (un peu comme chez Unexpect d'ailleurs). Ceci dit, j'ai écouté des extraits des albums précédents, et je rassure les fans du groupe, ça n'est pas plus délirant qu'avant... ni moins. Pour ceux qui ne voient pas de quoi je veux parler, imaginez un cocktail avec une dose de Beatles, une de Pink Floyd, une grosse de Black Sabbath, une lichette de Zappa, vous secouez le tout dans un shaker et servez accompagné de zestes de tous les groupes précités avec lesquels Bigelf a tourné. Vous imaginez ? Non ? C'est normal, et pourtant c'est à peu près ça. Rappelez-vous qu'on parle d'eux comme d'un OVNI.

Alors forcément, tout ne peut pas plaire à tout le monde. C'est même assez extrême dans le cas de Bigelf, on peut dans le même quart d'heure adorer un morceau et haïr un autre, ou un passage par rapport à un autre. Par exemple, pour moi, le premier morceau ne passe pas. L'Incredible Time Machine me gave. Y'a des bruits (la machine à voyager dans le temps), je n'aime pas beaucoup le chant de Damon, dans un style John Lennon hippie, ça ne me plait guère. C'est le cirque et ça fait penser au Magical Mystery Tour des Beatles. Encore dans le style Beatles, mais plus à mon goût, Already Gone, permet d'apprécier le talent de la section rythmique classieuse. Le morceau, comme souvent, change de tempo dans le dernier tiers, et finit bien plus heavy, style un peu Rainbow. Je trouve que Mr. Harry McQuhae est aussi très inspiré des "FabFour". Dans le chant, par exemple, mais aussi les claviers, l'orchestration ou les chœurs du groupe. Je n'accroche pas trop, mais comme je commence à comprendre le principe, j'attends et je fais bien car après un break de violoncelle, ça change de style pour du plus musclé. Puis ça tourne au génial avec un passage de batterie assez démoniaque. Mike est dans la place. Le final est carrément différent, presque à la Neal Morse. Je suis un peu perdu. Theatre Of Dreams est encore d'inspiration Beatles, ou plutôt de Tears For Fears version (un peu) plus metal.

J'aime pas mal leur côté sludge, avec des gros riffs saturés à la Black Sabbath, et des ambiances pesantes. C'est le cas du morceau Hypersleep. Ca change de rythme, c'est bourré de bruitages électro, et même si j'aime encore pas trop le chant, c'est un morceau sur lequel on accroche bien, grâce, aussi à un bon refrain. Même remarque sur le très hippie The Professor & The Madman et sa cithare gonflante, ça part mal, mais quand les riffs de guitare démarrent avec un bon effet de wah-wah, ça le fait. Là encore les tempos changent, ça breake un peu dans tous les sens, on s'y perd un peu par moment. Dans cette même catégorie lourde et pesante, Edge Of Oblivion vaut son pesant de cacahouètes. Dans l'intro déjà, Damon montre que quand il arrête de chanter comme un hippie, il maîtrise carrément sa voix. Après, le morceau est très typé Black Sabbath, l'ombre d'Ozzy et Tony plane.  

Par contre, je trouve excellent un morceau comme Alien Frequency. Ca commence pourtant encore avec une bizarrerie style Beatles, mais quand le riff décolle, c'est du lourd et le refrain est un monstre. Sont ajoutés des sons électro (à la Skrillex) qui, pour une fois, apportent (c'est un morceau sur les aliens ne l'oublions pas). Mike Portnoy fait un petit show, sur un break. J'aime bien aussi le morceau le plus court de l'album, Vertigod (deux minutes cinquante), très prog, un peu fou-fou, avec un bon solo de guitare et un refrain entêtant. Ca fait penser à Neal Morse, dans un pur style prog, que les spécialistes apprécieront forcément

Comme tout groupe prog, vous trouverez des morceaux fleuves. Par exemple un High de sept minutes, plus prog classique, assez vintage dans les sons de clavier. Le duo basse - batterie est au top, et permet à Damon de placer des couches de claviers assez inspirées. Mais le pompon revient à ITM (Into The Maelstrom, je suppose) de huit minutes dix, découpé en trois parties, démarche assez classique dans le prog. Une grosse minute d'intro, puis une première partie Neal Morsiène, puis une autre plus Floydiène, puis un passage Jethro Tullien, puis un truc de musique de cirque, un bon solo de piano, bref du changement, presque trop de changements car ce morceau m'exaspère un peu, c'est le dernier, on est déjà à plus d'une heure d'écoute, je perds le fils conducteur (y'en a t-il un ?)...


Au final, difficile de retranscrire par des mots l'expérience Bigelf. Si vous connaissez déjà le groupe, vous ne serez pas surpris, l'album est dans la lignée des précédents, peut-être plus heavy que psyché, mais dans la même veine. Si vous ne connaissez pas, comme moi il y a encore une semaine, alors, c'est album intéressant qui ne laisse pas insensible, mais qui demande un esprit des plus ouverts. C'est très changeant, pas forcément linéaire, et ça risque de plaire surtout aux fans de metal prog habitués à ce genre d'exercice. Dommage quand même que l'album ne soit pas livré avec un échantillon de magic mushroom...

 

Tracklist de Into The Maelstrom

1. Incredible Time Machine
2. Hypersleep
3. Already Gone
4. Alien Frequency
5. The Professor & The Madman
6. Mr. Harry McQuhae
7. Vertigod
8. Control Freak
9. High
10. Edge of Oblivion
11. Theater of Dreams
12. ITM - I. Destination Unknown
13. ITM - II. Harbinger Of Death
14. ITM - III. Memorie

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