Artiste/Groupe:

Black Book Lodge

CD:

Steeple And Spire

Date de sortie:

Mai 2018

Label:

Mighty Music

Style:

Metal Progressif

Chroniqueur:

dominique

Note:

18.5/20

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Et si nous tenions là le meilleur album progressif de l’année ? S’il semble exagéré d’affirmer ceci au mois d’avril déjà, il faut reconnaitre que les progrès réalisés par Black Book Lodge sont simplement impressionnants. J’avais déjà beaucoup aimé leur premier album, Tûndra, sorti en 2014. Mais là on tape clairement dans une autre catégorie. Je regrette d’avoir misérablement raté le plus expérimental Entering Another Measure sorti en 2015 ; ce dernier est une sorte de suite logique de Tûndra. Cette suite souligne déjà une plus grande maturité du groupe et démontre un désir de chercher d’autres voies d’explorations. Manquer le nouveau, Steeple And Spire, aurait été une sorte de crime. Avec ce disque, le groupe explore de nouvelles avenues, plus larges et plus accessibles, sans être plus faciles. Steeple And Spire est en tout point remarquable. C’est un parfait mélange entre le metal progressif harmonieux et mélodique qui nous vient d’Angleterre et le rock puissant et rocailleux d’outre-Atlantique. Cette balance équilibrée rend Steeple And Spire non seulement moins sombre, plus rock, mais également plus volumineux et plus musical. Une perle qu’il vous faudra écouter au plus vite. Et même, pour bien cerner l’évolution constante du groupe danois, je vous encourage à vous replonger, au préalable, dans les excellentes sorties de 2014 et 2015 du quatuor.

Les titres un peu plus courts de Steeple And Spire permettent à Ronny Jønsson d’étaler ses talents de chanteur. Sa voix, proche du regretté Chris Cornell, rend à merveille et se positionne clairement comme un quatrième instrument essentiel au groupe. La partie rythmique, Trygve Borelli à basse et Jakob Gundel à la batterie, ne sert pas de faire valoir à Ronny (guitare et voix) et Kristian Klaerke (guitare), mais un peu comme pour Muse, laisse une place naturellement plus visible au chanteur - guitariste, sans pour autant que celle-ci soit castratrice pour les autres membres du groupe. Peut-être que le plus bel exemple de cet équilibre sont les deux titres d’entrée de l’album, Weightless Now Part I et Part II. Batterie omniprésente, basse pour souligner le trait et offrir les ruptures musicales et rythmiques, guitares et voix pour l’émotion et raconter une histoire. En un peu plus de onze minutes au total, Black Book Lodge nous montre la voie, fait éclater à nos yeux les progrès réalisés et matérialise les compétences de composition des musiciens du groupe. J’avais depuis le début de l’année écouté des choses bien, voir même très bien ; mais ces deux titres « pur progressifs » font simplement monter le niveau plus haut. Construction parfaite, lignes musicales claires, originales et cohérentes, voix et instruments complémentaires. C’est limpide, évident : Black Book Lodge est rentré dans le cercle des meilleurs groupes de metal progressif.

L’ouverture plus fine de The Tower Bell, suit naturellement, tout en douceur. Voix claire, mélodie lancinante et répétitive qui laisse place après une minute à un rock simple et efficace. Oscillant entre KingBathmat et Soundgarden, le titre est musicalement revigorant, tout en envolées lyriques. La batterie complémente parfaitement le travail de la guitare et de la voix. Encore un bel équilibre. Le style épique, presque guerrier de Steeple And Spire lance parfaitement les deux titres qui suivent. Deux morceaux qui s’avèrent finalement plus fins à défaut d’être plus calmes. Dans Steeple And Spire et Spoil The Child, l’influence progressive britannique est nettement plus sensible. Même si ne sont pas mes titres préférés de l’album, les deux morceaux possèdent ce côté facile et ces boucles musicales attachantes qui les rendent immédiatement attractifs. In Halves est plus brutal, plus haché, presque martial et plus proche du travail antérieur du groupe. Il y a du Mastodon dans ce titre. Jouissif à l’écoute, il est remarquablement construit. Les instruments, riffs de guitare en tête, prennent une place prépondérante. C’est de rock progressif organique de la meilleure veine. *
La courte rupture de Walls s’appuie sur la voix haute, aux tonalités suprasensibles de Ronny ; une minute trente de langueur infinie. Teething est ultra musical. Les influences, Muse, Soundgarden et Mastodon entre autres, sont perceptibles sans être omniprésentes. C’est ultra musical, épique et poignant. Les guitares sont si bien dosées que nous avons l’impression que le groupe nous raconte réellement une histoire vécue. Sum of Every I est un titre final parfait, de ceux qui vous poussent à remettre le disque au début. Rupture, arythmie, lignes musicales différentes qui oscillent et se rejoignent à des points précis pour mieux repartir chacune de son côté après. Une gemme de metal progressif qui semble se polir et se tailler tout au long de ses six minutes pour finir par incruster en son centre ce joyau qu’est Steeple And Spire. Exquis et appétant.

Oui je le répète et je le souligne, écoutez d’urgence ce troisième album de Black Book Lodge. C’est une révélation, une réussite musicale, un album qui fera sans aucun doute partie de mon podium de fin d’année. Bravo !

 

Tracklist de Steeple And Spire :

01. Weightless Now PT. I
02. Weightless Now PT. II
03. The Tower Bell
04. Steeple And Spire
05. Spoil The Child
06. In Halves
07. Walls
08. Teething
09. Sum Of Every I