C H R O N I Q U E

Inutile d'énumérer le CV très complet de ce guitariste virtuose ô combien apprécié dans le milieu, Zakk le bûcheron – vous ne trouvez pas qu'il ressemble à un bûcheron ? - est de retour ! Pour moi, Black Label Society, ce sont des hauts et des bas. L'album précédent Order Of The Black était un haut donc Catacombs of the Black Vatican est maintenant... un bas. Pourtant, la couverture splendide, peut-être la plus réussie du groupe, annonçait une musique dantesque ! Ne vous trompez pas, son titre n'évoque rien de la capitale de la Chrétienté mais mentionne le studio personnel que notre guitar hero s'est construit chez lui. D'ailleurs, il faudrait peut-être penser à aérer un peu car on commence sérieusement à tourner en rond...

Le premier titre présente tous les ingrédients clés de l'album : des guitares lourdes et denses, son chant long mais non crié et un petit air de désert américain. Un peu comme toujours, en fait ? Oui, mais ce qui me plaisait avant, c'était l'énergie des morceaux. Dans Order Of The Black, on pouvait sentir le guitariste transpirer dans son bunker, se déchaîner comme un animal sur les riffs hardus et même se renverser une bouteille d'eau sur la tête tant la chaleur qui se dégageait de ses morceaux était pesante. Pour ce nouvel album, on a plutôt l'impression qu'il a bu le thé pendant qu'il l'écrivait. Fields of Unforgiveness, pour une première chanson, n'annonce vraiment rien de renversant.

Il est amusant de découvrir que le second titre reprend exactement la même formule que la chanson précédente... et fonctionne beaucoup mieux ! Pas étonnant que Zakk Wylde l'ait choisi comme single car s'il n'y a qu'un morceau à écouter de cet album, c'est celui-là. Le chant prolongé s'accorde parfaitement à la dynamique de la batterie, absolument excellente. On en voudrait plus, des comme ça !

Après un morceau aussi réussi, on retombe directement dans la caricature de Black Label Society. Le riff de Believe est, d'un côté, trop lourdingue, et de l'autre, trop propre. On dirait que Zakk Wylde n'y croit même plus tant le chant est plat et paresseux. Tout semble automatique et dénué de recherche. Heureusement, un solo de guitare magistral vient clôturer la chanson. On peut au moins toujours compter sur cette valeur. Mes impressions seront les mêmes pour Beyond The Down, Dark Side Of The Sun (clin d'oeil très raffiné à Pink Floyd) et Empty Promises.

Le bûcheron étant réputé pour être un dur au cœur tendre, la quatrième piste doit être une ballade. Angel Of Mercy, comme tous les slows du bûcheron, souffre d'un gros défaut : les musiciens de Black Label Society sont des metalleux, et si leurs cœurs sont tendres, leur interprétation ne l'est pas franchement. La batterie frappe trop fort et la voix du guitar hero n'est pas du tout adaptée à la légereté de la musique. C'est bien dommage car le morceau n'est pas mauvais en soi. Il aurait même été parfait pour un chanteur de blues comme Joe Cocker. Mélodique et intense, Zakk Wylde nous offre encore une fois un solo absolument grandiose ! Ces commentaires seront aussi valables pour Scars, Shades of Gray et Nomad.

Finalement, on parvient à dénicher encore quelques morceaux intéressants. Heart Of Darkness a un changement de dynamique assez prenant bien que le riff demeure plutôt plat. Damn The Flood transpire la vitesse ! Enfin un morceau qui donne envie de foncer à vive allure sur la route 66, ce à quoi nous avait habitué notre bon vieux Zakk. I've Gone Away est assez mélodieux et sonne presque comme du hard blues, un titre qui se démarque légèrement – seulement légèrement - de l'esprit habituel.

Cet album n'est donc clairement pas la meilleure production de Black Label Society. Je suis assez déçu par l'inégalité des morceaux, d'autant plus que la formule est toujours la même. Si vous êtes un fan qui veut entendre une recette identique, il est impossible que vous soyez déçu ! Si vous n'avez jamais été convaincu, en revanche, ce n'est pas cet opus qui vous fera changer d'avis. Mais il reste au groupe un atout excellent : la personnalité fort charismatique de Zakk Wylde qui définit son album avec ironie : « Si tu me demandes la différence entre cet album et les huit ou neuf précédents ? Ce sont les titres des chansons ». Si seulement tous les musiciens du metal faisaient preuve d'autant de lucidité...

Tracklist de Catacombs Of The Black Vatican :

01. Fields of Unforgiveness
02. My Dying Time
03. Believe
04. Angel of Mercy
05. Heart of Darkness
06. Beyond the Down
07. Scars
08. Damn the Flood
09. I've Gone Away
10. Empty Promises
11. Shades of Gray
12. Dark Side of the Sun (Bonus Track)
13. Nomad (Bonus Track)

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