Artiste/Groupe:

Black Sabbath

CD:

The Eternal Idol

Date de sortie:

1987

Label:

Style:

Heavy Metal

Chroniqueur:

Orion

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Après le départ de Ronnie James Dio en 1982, après deux albums devenus totalement cultes, ce fut le début du déclin pour Black Sabbath.
Le groupe qui avait inventé le Heavy Metal allait se retrouver sérieusement à la traîne.

Tout a commencé avec, en 1983, la sortie d’un album en demi-teinte, Born Again avec l’ex-Deep Purple Ian Gillan au chant. Après la sortie de ce disque, Bill Ward (qui déjà avait fait quelques allers-retours dans le groupe) et surtout Geezer Butler, les deux membres historiques encore présents, mettaient les voiles, Ian Gillan allant de son côté participer à la reformation de Deep Purple. Tony Iommi se retrouvait alors seul et décida d’enregistrer un album solo avec Glenn Hughes (ex-Deep Purple lui aussi) au chant. Hélas, pour ajouter à la confusion, ce disque sortit sous le nom de Black Sabbath (featuring Tony Iommi), apparemment sous la pression du label, alors qu'il n'aurait jamais dû être considéré comme un album du Sab'...
Après encore pas mal de changements de line-up (notamment Hughes remplacé par Ray Gillen), Tony Iommi recruta au chant un certain Tony Martin, originaire lui aussi de Birmingham. Avec lui s’ouvrit une nouvelle ère pour le groupe britannique, appelée "l’ère Martin" tout simplement, certainement la période la moins faste de Black Sabbath (ou du moins pour son seul membre originel encore à bord, Tony Iommi).

C'est donc avec ce Tony Martin qu'est finalement enregistré l'album The Eternal Idol en 1987 (Martin réenregistre en fait toutes les parties vocales de son prédécesseur). Ce n’est toutefois pas encore tout à fait un véritable groupe qui est rassemblé autour de Iommi sur cet album. En effet, sont également crédités sur l'enregistrement pas mal de musiciens : Geoff Nicholls aux synthés (le seul ancien avec Iommi, puisqu'il assurait déjà les synthés sur Heaven And Hell mais n'était pas alors considéré comme un membre du groupe), les bassistes Bob Daisley (fraîchement viré de chez Ozzy Osbourne) et Dave Spitz (il semblerait que ce dernier n’ait pas enregistré grand chose) et les batteurs Bev Bevan (qui avait assuré la tournée Born Again) et Eric Singer (futur Kiss).

The Eternal Idol n’est pas vraiment l’album du retour en grâce auprès du public mais il remet tout de même les pendules à l’heure. On y retrouve les riffs typiques d’un Iommi plus inspiré que sur son album solo (The Shining, Born To Lose, Eternal Idol) qui reviennent vers un style plus heavy et surtout, on découvre un chanteur qui colle bien au style du groupe, nettement plus que ses prédécesseurs (avec tout le respect qu’on leur doit), Ian Gillan et Glenn Hughes. Sa voix rappelle même par moments celle de Ronnie James Dio, c’est notamment assez flagrant sur le morceau d’ouverture, The Shining. On en est même à se demander s’il ne pousse pas un peu sa voix pour que la ressemblance soit plus criante car sur les autres morceaux de l’album, c’est un peu moins évident.


L’album débute donc par son meilleur morceau à mon sens, le fabuleux The Shining. On y retrouve le Black Sabbath aux grandes envolées et donc cette voix qui rappelle les grandes heures du groupe. Il se termine par un autre excellent titre, Eternal Idol, qui renoue avec le style bien lourd et sombre des premières heures du Sab’. Entre les deux, on a des titres qui vont de moyen à pas mal. Je retiens plus particulièrement la triplette Hard Life To Love, Glory Ride (quel riff encore !) et Born To Lose qui contient un solo d’enfer. En revanche, Ancient Warrior, Nightmare et Lost Forever (bon riff et bon solo pourtant mais je trouve le refrain un peu plat) sont un peu moins intéressants à mon goût. Ca n’en fait pas des morceaux ratés pour autant. On trouve enfin le court instrumental présent sur la plupart des albums du groupe depuis Paranoid, Scarlet Pimpernel, joué à la guitare acoustique avec fond de synthé. A ce propos, on note que même si Geoff Nicholls a été nommé membre à part entière dans le groupe, le synthé reste tout de même discret, joué surtout en arrière-plan. Black Sabbath résiste donc à l’évolution de l’époque, qui voyait les sonorités du synthé s’inviter de plus de plus en plus dans la musique, même dans le Heavy Metal (Judas Priest, Iron Maiden, Pretty Maids…)

Pour terminer, une petite anecdote concernant la photo de la pochette, inspirée de la célèbre sculpture de Rodin, intitulée l’idole éternelle. Et comme, pour d’obscures raisons, le groupe n’a pas eu l’autorisation d’utiliser un cliché de la sculpture, ce sont deux vraies personnes, recouvertes de peinture et de boue, qui posent dans une position rappelant celle de l’oeuvre. Hélas, le produit dont ils ont été badigeonné se révéla toxique et les deux modèles durent faire un séjour à l’hôpital à la suite de la séance photo.

C’est le début d’une assez longue collaboration entre les deux Tony (entrecoupée par le retour éphémère de Dio, Geezer Butler et Vinnie Appice en 1992 pour l’album Dehumanizer) puisqu’ils vont enregistrer ensemble cinq albums studio entre 1987 et 1995. Black Sabbath va ainsi vivoter pendant toutes ces années, ne retrouvant jamais l’aura qui fut la sienne dans les années 70 et au début des années 80. Mais Iommi a réussi à maintenir ce groupe à flot en sortant des albums corrects à défaut d’être incontournables, ce qui n’est pas le cas d’autres dinosaures des années 70 qui ont, à un moment donné, cessé toute activité. Tony Iommi, lui, est quelqu’un de persévérant.

Tracklist de The Eternal Idol :

01. The Shining
02. Ancient Warrior
03. Hard Life To Love
04. Glory Ride
05. Born To Lose
06. Nightmare
07. Scarlet Pimpernel
08. Lost Forever
09. Eternal Idol