Après deux albums corrects, le gardien aveugle revient en 1990, et cette fois, ça y est : c'est la grosse claque !! Un monde nouveau s'offre au fan de speed mélodique et même si le guide a perdu la vue, ce serait pure folie que de refuser une telle invitation !
A l'aube des 90s, alors qu'Helloween sort le très décevant Pink Bubbles Go Ape et que Gamma Ray enregistre le sympathique (mais pas franchement speed) Sigh No More, le monde a besoin qu'un challenger vienne assurer la relève et fasse perdurer un style en train de passer de mode... Blind Guardian est ce groupe. Une seule écoute de Tales From The Twilight World (ainsi qu'un seul coup d'oeil jeté au sublime artwork signé Andreas Marschall, artiste qui a signé un nombre incalculable de pochettes de groupes européens dans les années 90) suffit à s'en convaincre !
Avec ce troisième opus, Blind Guardian affine son style. La musique est moins brute que sur le précédent Follow The Blind mais conserve tout ce qu'il faut de vitesse, de maîtrise et d'agressivité pour séduire. La voix d'Hansi Kürsch est un peu moins verte, elle sonne plus adulte et ne manque pas de puissance. Celle-ci n'en est pas encore à un stade de mélodie ou de complexité très avancé tel qu'on le connaîtra un peu plus tard (au niveau des harmonies ou nombreux chœurs qui participent à l'identité du groupe aujourd'hui) mais elle s'en rapproche doucement. Les mélodies sont plus travaillées et accrocheuses que par le passé, les refrains sont plus mémorables et épiques, le grandiose s'invite sur des compositions telles que Traveler In Time, Lost In The Twilight Hall (sur laquelle un certain Kai Hansen passe faire un petit coucou, comme il l'avait déjà fait sur Valhalla sur l'album précédent) ou The Last Candle. Une ballade intitulée Lord Of The Rings (premier essai de ballade médiévale que le groupe développera de plus en plus par la suite) pointe le bout de son nez et apporte un peu de douceur et de mélancolie à un ensemble déjà bien riche. En plus des compositions devenues des classiques déjà citées quelques lignes plus haut, n'oublions pas d'ajouter la furieuse Tommyknockers ou l'incontournable Welcome To Dying souvent jouée en concert... Au niveau de l'inspiration des textes, vous l'aurez deviné en lisant les titres des morceaux, on est dans un univers où se côtoient fantasy (Lord Of The Rings), science-fiction (Traveler In Time est inspirée par Dune, Altair 4 fait référence au film Planète Interdite) et fantastique ou horreur (Tommyknockers est le titre d'un roman de Stephen King).
Bref, nos quatre fantastiques Allemands signent là leur premier classique. Le travail est de qualité, les guitaristes André Olbrich et Marcus Siepen s'en donnent à cœur joie, Thomas "Thomen" Stauch ne laisse que peu de répit à sa batterie, qui a probablement dû décéder suite à l'enregistrement de cet album... Par rapport aux débuts du quartet, le niveau d'ensemble est plus mature, plus efficace mélodiquement parlant tout en proposant des tempos toujours aussi effrénés, avec du riff imparable à foison ! Ce disque frôle la perfection et laisse songeur. On se demande si Blind Guardian va pouvoir continuer sur cette voie et être capable d'offrir un prochain album aussi fort, voire plus... Car, dans ce genre, il ne semble pas très raisonnable d'espérer des œuvres encore plus abouties que celle-ci. On se dit que si ça continue comme cela, Blind Guardian va devenir le plus grand groupe de speed mélodique au monde... Eh bien, tout ce que je peux vous dire, c'est qu'en 1990, on était encore loin d'avoir tout vu (ou entendu plutôt) !
Tracklist de Tales From The Twilight World :
01. Traveler In Time 02. Welcome To Dying 03. Weird Dreams 04. Lord Of The Rings 05. Goodbye My Friend 06. Lost In The Twilight World 07. Tommyknockers 08. Altair 4 09. The Last Candle 10. Run For The Night
|