C H R O N I Q U E

L'année metal 2013 commence avec (entre autres) le retour du grand Zak Stevens (excellent chanteur qui s'est fait connaître avec Savatage et Trans-Siberian Orchestra) et son groupe Circle II Circle. Dix ans d'existence, cinq albums studio, un best of sorti l'été dernier... et voici maintenant le sixième opus des Américains, celui-là même qui va devoir nous redonner foi en un groupe dont les dernières tentatives (enfin, surtout le passable Consequence of Power) ne furent pas franchement inoubliables. Et bien, après plusieurs écoutes, je suis en mesure de vous dire : mission (en partie) accomplie ! 

C'est clair, sur l'album précédent, l'inspiration semblait tarie, trop de titres se ressemblaient et n'offraient rien de bien exceptionnel, la production laissait à désirer (c'était déjà le cas sur le bien meilleur mais perfectible Delusions of Grandeur), et le style du groupe avait évolué vers quelque chose de moins épique et lyrique pour aboutir à une musique plus classique, brute et passe-partout. Avec Seasons Will Fall, Circle II Circle progresse et fait un pas dans la bonne direction. J'aurais préféré qu'il en fasse encore un ou deux de plus mais pour l'heure, je saurai me contenter de cet album très agréable qui renoue parfois avec la classe des légendaires Savatage.

Commençons par les points positifs. Dès les premières secondes, on constate que le son du groupe s'est amélioré et se rapproche de celui de ses débuts. Il ne s'agit pas d'affirmer que la production est étincelante, mais elle ne sonne pas cheap et brouillonne comme c'était le cas sur les deux albums précédents. Cette amélioration est globale et concerne aussi la direction musicale (et la qualité des compos). Au niveau du style, le combo revient à ses premières amours : un heavy mid-tempo mélodique, solide et sensible à la fois, mais jamais trop rageur. En gros, l'influence Savatage dont le groupe s'était assez récemment débarrassée est de retour, et Seasons Will Fall ressemble bien plus à Burden of Truth (ou Watching in Silence) qu'à Delusions of Grandeur qui restera une sorte d'OVNI (que je continue d'aimer) dans la discographie des Américains. C'est particulièrement flagrant sur des compos comme l'épique Epiphany (de neuf minutes) dont la rythmique, le piano et les choeurs nous font inévitablement penser à du Savatage période Edge Of Thorns ou Handful Of Rain. Même remarque pour Dreams That Never Die sur laquelle Stevens et sa bande nous ressortent les fameux choeurs en canon développés par l'ancien groupe de Zak depuis la fameuse Chance. La compo Seasons Will Fall a un feeling très Handful of Rain (la chanson), avec son intro calme, son couplet heavy, ses accalmies et ses guitares sèches qui viennent s'ajouter sur le refrain. Et comment ne pas penser à une ballade de Savatage en écoutant Only Yesterday qui s'inscrit dans la lignée stylistique d'une Alone You Breathe ? Mais le plus important, c'est surtout que ces nouvelles chansons sont bonnes. Les mélodies, les riffs et solos, tout accroche et retient l'attention... sans toutefois atteindre le niveau ou la magie des meilleurs albums du 'Tage. Et oui, manquent quand même la sensibilité et la touche d'un compositeur de génie comme Jon Oliva pour rendre le tout exceptionnel. Néanmoins, le travail de Stevens est appliqué, sa voix puissante et chaleureuse fait encore des merveilles, le jeu des guitaristes est classe et évoque parfois celui du regretté Criss Oliva. Disons alors que c'est toujours ça de pris. D'autant plus que quelques autres compos toujours heavy, mid-tempo et mélodiques (c'est une constante ici, n'attendez pas de titres speed ni de double grosse caisse) tirent leur épingle du jeu. Diamond Blade ouvre le bal avec panache, End Of Emotion possède un refrain à la mélodie entêtante, Isolation, au riff bien heavy, apporte une petite variation de tempo bienvenue et se révèle très entraînante. C'est sûr, malgré une homogénéité un peu trop marquée, cet album ne manque vraiment pas de bonnes chansons. 

Alors, il est certain qu'avec la petite touche de génie / magie / folie supplémentaire, une production plus impressionnante et quelques longueurs en moins (on frôle quand même les soixante-dix minutes, une ou deux pistes plus anecdotiques et un peu trop similaires auraient pu, me semble-t-il, être retirées), on aurait obtenu un excellent disque. En l'état, Seasons Will Fall a donc quelques menus défauts mais reste un album de qualité, et meilleur que Consequence of Power en tout cas. Les fans de Circle II Circle peuvent donc se réjouir et attendre impatiemment la tournée à venir (qui ignorera sûrement encore la France) en continuant d'espérer (en vain ?) la vraie claque : le grand retour de Savatage !

Tracklist de Seasons Will Fall :

01. Diamond Blade
02. Without A Sound
03. Killing Death
04. Epiphany
05. End Of Emotion
06. Dreams That Never Die
07. Seasons Will Fall
08. Never Gonna Stop
09. Isolation
10. Sweet Despair
11. Downshot
12. Only Yesterday

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