Cult Of Luna fait partie de ces groupes qualifiés d’atypiques… Mouais, je n’aime pas ce terme quand il s’applique à des groupes qui se donnent les moyens de produire leur propre vision de la musique, sans contrainte et sans pression. C’est d’autant plus vrai pour ce groupe, puisqu’ils ne sont pas obligés d’enfiler les albums et les tournées pour pouvoir remplir le frigo. C’est uniquement à la passion et à l’envie que fonctionne le sextet. Il est composé, à l’heure actuelle, de Magnus Líndberg (percussions, guitares additionnelles), Johannes Persson (guitare, chant), Andreas Johansson (basse), Thomas Hedlund (batterie), Fredrik Kihlberg (guitare, chant) et de Kristian Karlsson (chant, claviers, samples).
Aussi sensible que viscérale, la musique de Cult Of Luna rassemble autant qu’elle peut rebuter, cette recette post-(ce-que-vous-voulez) existe depuis 1998, reste à voir si elle est toujours d’actualité en 2019… Je vais avoir du mal à vous parler exclusivement musique car, sur un album comme celui-ci, ce sont les tripes qui parlent ; cet album s’adresse à l’âme et non à l’homme. Ne soyez donc pas surpris si, dans cette chronique, je peux aussi bien parler de ce qu’entendent mes oreilles que de ce que je ressens.
Pour vous donner un exemple, Lay Your Head To Rest donne la sensation de vouloir nous emmener vers les cieux mais à chaque coup de basse ronflante, c’est comme un choc qui attire vers le bas. Ce titre à la fois variable et invariable par sa structure stable et volatile. Il est un voyage à lui tout seul, comme les autres compositions au final... C’est une des sensations principales présentes ici, le sentiment d’être à la fois libre et contenu, de ne pouvoir respirer que par intermittence tant l’étreinte mise en place par l’intensité de composition schizophrène est serrée.
Le titre éponyme est plus « léger », « aérien », ce qui tranche avec les anciennes productions des Suédois. We Feel The End est une longue descente aux enfers, portée par une atmosphère à la fois légère et inquiétante, compte tenu du propos. Ces ambiances où sont utilisées samples, claviers, instruments à cordes (…) sont magnifiquement inquiétantes.
Mais tout cela est tellement loin de ce que le groupe peut également proposer sur un titre comme Inland Rain nettement plus sombre, empli de noirceur. Un morceau porté par des percussions remarquables, ainsi qu’un chant nettement plus agressif. Cult Of Luna n’épargne personne, même pas lui-même, dans ce tiraillement perpétuel entre le clair et l’obscur, le yin et le yang, une forme de psychose conscientisée.
Il reste tout de même quelques titres, en dehors de cet aspect bicéphale. The Silent Men, qui ouvre l’album, intègre aussi bien du xylophone, des claviers bien 70’s, pour un des titres les plus variés. Il donne l’impression d’avoir été « non réfléchi », je veux dire par là qu’il transpire un brin la naïveté, la désinvolture, qui usuellement n’existe pas chez nos amis suédois. Nightwalkers pourrait être dans cette même tendance avec son pont quasiment disco, limite dansant, s’il ne possédait pas les riffs les plus lourds de l’album.
Accompagné par une production dantesque, A Down To Fear ne peut que ravir les fans, mais également pour les moins initiés dont je fais partie, pour peu que l’on accepte de se laisser emmener, ce n’est pas un simple voyage que nous propose Cult Of Luna mais bien une odyssée sans fond, sans limite et sans faille.
Tracklist de A Down To Fear:
01. The Silent Man 02. Lay Your Head To Rest 03. A Dawn To Fear 04. Nightwalkers 05. Lights On The Hill 06. We Feel The End 07. Inland Rain 08. The Fall
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