Artiste/Groupe:

Delta Tea

EP:

The Chessboard

Date de sortie:

Février 2020

Label:

Indé

Style:

Metal progressif instrumental

Chroniqueur:

Didier

Note:

16.5/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

Delta Tea est un groupe de la région parisienne qui nous propose ici son premier EP, The Chessboard. Le groupe est composé des deux frères Antoine et Clovis Gehin, respectivement claviers et guitare, d’une section rythme composée d’Oscar Decamps (basse) et de Kilian Beyly (batterie) et au chant… ben personne justement puisque le groupe officie dans un style musical metal progressif instrumental. C’est un style que j’affectionne particulièrement et c’est donc avec joie que j’ai extrait le CD de son classieux emballage pour le glisser dans mon lecteur. Vous allez comprendre qu’avec Delta Tea on ne lésine pas sur la qualité et ça commence dès la pochette, format digipak, rare pour un EP, et son artwork fort réussi. 

Côté son, c’est aussi du haut de gamme, progressif, très inspiré et interprété avec beaucoup de soin, attaché aux moindres détails. Le premier morceau, qui donne son titre à l’EP, commence tout en finesse. Les instruments arrivant chacun leur tour en crescendo. C’est technique, c’est mélodieux, c’est pas mal mené par les claviers d’Antoine. Je sais que ça ne va pas forcément plaire à tout le monde mais ça me fait penser à l’ambiance de The Astonishing de Dream Theater, que j’avais vraiment aimé (contrairement au reste des fans de Dream Theater). Le duo Antoine/Clovis est au cœur du projet, ils alternent les passages plutôt menés par la guitare et ceux menés par les claviers. J’aime bien les chœurs d’église qui ajoutent une touche de solennel à l’ensemble. Les petits solos de Clovis sont mélodieux et inspirés, la section rythmique est bien en place. Le morceau suivant, Delocalized, bénéficie d’une petite vidéo que voici :

L’intro durcit un peu le ton avec un bon riff qui rappelle Pain Of Salvation, avant qu’un piano à la Jordan Rudess n’intervienne pour calmer le débat. Le morceau se compose de pas mal d’alternances de moments calmes qui mettent en valeur de belles lignes de basse (à la Klone) et de petits moments presque jazzy. J’aime beaucoup le petit gimmick de guitare de l’intro qui revient plusieurs fois dans le morceau, notamment encadré par un très bon travail de Killian aux fûts. Celui-ci nous fait aussi une belle petite démonstration de signatures de temps exotiques en duo avec les claviers en fin de morceau. Until Dust, c’est le morceau metal prog par excellence, avec plus de neuf minutes au compteur. La guitare est plus aggressive, le riff assez massif, appuyé parfois par une cloche lugubre à la Black Sabbath. Dans le premier break, très calme, des chœurs d’église viennent donner une dimension plus mystique à ce petit cocktail déjà bien agréable. Le break calme se fait plus jazzy, avec une belle basse et un bon travail de rimshots, la guitare se morphe brièvement en une guitare classique, avant de replonger dans le riff principal. Ce morceau permet de voyager en restant dans son canapé (pas si mal en ces temps de confinement), on décolle, on vole, entre ciel et terre, on accélère, en rase motte, on remonte lentement, en planant entre les nuages, pour enfin atterrir et revenir à la réalité. Pas longtemps car le morceau qui suit, Share, nous fait repartir vers d’autres espaces et d’autres éléments. On se croirait même sous la mer dans le début du morceau, à nager au milieu des baleines. Là encore, presque dix minutes d’alternance de plans, d’ambiances, de paysages musicaux, d’envolées, de calmes, de petits solos de guitares appuyés par la batterie, de duos guitare/claviers : fais ton marché mec, tout y est. L’EP se termine par une Outro de deux petites minutes, oeuvre d’Antoine aux claviers et initiée par de jolis arpèges de piano, petit à petit stressés et bousculés par des synthés inquiétants, genre la marche vers la fin du monde. Une sorte de palier de décompression avant d’affronter notre réalité actuelle en quelque sorte.

Premier EP réussi pour Delta Tea, en ce qui me concerne. Les amateurs de prog, metal prog, musique instrumentale vont être ravis, car ce EP d’environ trente-six minutes a de quoi satisfaire tout ce petit monde. L’album est une véritable invitation au voyage. Je craignais, avec le nom du groupe et de l’album (le thé, les échecs), quelque chose de super intello, archi technique, mais je découvre un album de metal prog inspiré, mélodieux et qui fait voyager, ce qui, en cette période de confinement qui me semble interminable, est déjà une très belle chose. A l’heure du thé, du café ou d’une bonne binouze, avec Delta Tea, j’infuse, tu infuses, ils infusent… et on se régale.

Tracklist de The Chessboard :

01. Chessboard 
02. Delocalized 
03. Until Dust 
04. Share 
05. Outro

Venez donc discuter de cette chronique sur notre forum !