Je l’ai laissé mariné celui-là, et je pense avoir bien fait. En effet, à peine l’album dans les bacs qu’on avait déjà le droit à un complexe interdiscursif indéchiffrable et nauséabond (autant positif que négatif, d’ailleurs). Pour en sortir, une seule solution : attendre que le soufflé retombe. On est en juin, ça fait donc plus de six mois que l’album a pris le chemin des platines (pour les plus heureux) ou de la poubelle (pour les réactionnaires).

Le temps est donc venu d’en parler.

Contre toute attente, ma première écoute d’Æther fut consommée à la release party des Acteurs De L’Ombre à Nantes, et mon avis sur la prestation fut somme toute positif : du charisme sur scène, des pistes puissantes et immersives, une ambiance travaillée et d’emblée accrocheuse, de quoi ravir n’importe quel spectateur. Je voyais bien ce qui dérangeait certains de mes camarades, mais n’y prêtais pas plus attention qu’à l’accoutumée.

Je décide ensuite de l’écouter plusieurs fois à la maison, sans esprit critique particulier, histoire de profiter simplement de la musique et de l’atmosphère délivrée tout au long de l’opus. Le temps passe encore et je me retrouve enfin devant mon petit papier pour mâcher mes premiers mots sur Déluge. Le résultat est pour moi largement positif et l’ambition du groupe tout à fait justifiée (n'en déplaise aux faux modestes).

Si Æther semble vouloir mélanger la force brute du Black Metal à la violence décharnée du Postcore, ce n’est que pour mieux déclencher une atmosphère propice au déluge auditif. Déluge symbiotique, harmonieux et très bien orchestré. Le chant est tout à fait adapté au propos avec son timbre criard et un peu « cavernal ». Déluge est en fait le juste milieu entre un Rorcal agressif et un So Hideous symphonique. Plusieurs pistes disposent en effet de plages plus calmes, qui mènent progressivement vers la violence et « l’irrémédiabilité » d’une catastrophe sonore.

On ne s’ennuie pas, même si le sample de pluie répété sur tout l’album peut agacer sur la durée (pas autant que chez Eldamar,ceci dit). La diversité des pistes permet d’oublier les gouttes d’eau et de profiter des ambiances pré- et post-apocalyptiques comme il se doit !

Æther est donc un album ambitieux qui gère bien le mélange des genres sans pourfendre l’un ou l’autre style. Une découverte intéressante qui laisse place au plaisir du texte musical.


Tracklist de Æther :

01. Avalanche
02. Appât
03. Mélas | Khōlé
04. Naufrage
05. Houle
06. Klarträumer
07. Vide
08. Hypoxie
09. Bruine