Artiste/Groupe:

Der Weg Einer Freiheit

CD:

Finisterre

Date de sortie:

Août 2017

Label:

Season Of Mist

Style:

Black Metal épique

Chroniqueur:

Mythos

Note:

17/20

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« Là où se finit la Terre »

Der Weg Einer Freiheit a parcouru du chemin depuis leur album éponyme de 2010. Depuis lors, le groupe s’est forgé une solide réputation en France et plus largement sur la scène européenne (voire même internationale), grâce à des albums majestueux (je pense notamment à Unstille et Stellar) et des EPs tout aussi incroyables (mon coup de cœur allant vers Agonie). On a ensuite pu compter sur des prestations lives immersives dans toute la France, m’amenant à voir le groupe plus de trois fois au total. Non, décidément DWEF s’est consolidé avec le temps. Alors forcément, quand le groupe annonce un nouvel album, on ne peut que se réjouir.  

M’étant procuré leur sublime « boxed set » titrée Neubeginn, contenant toutes les œuvres rééditées en vinyle (et en K7 pour le premier), accompagnées d’un patch, d’un recueil et de logos sous formes d’autocollant, je me suis mis à réécouter leur discographie anté-chronologiquement. Ma passion pour DWEF s’est affinée vers les premières sorties des Allemands, plus fouilli et aussi plus « crues » que le dernier Stellar en date. Le summum étant Unstille, l’un de mes albums de BM préféré tous sous-genres confondus. Finisterre a la lourde tâche de succéder à toutes ces œuvres.

D’emblée, on se rappelle que rien n’est jamais laissé au hasard chez Der Weg’ et qu’il faut donc se pencher un minimum sur le concept du nouvel arrivant pour en comprendre la logique interne et ses significations postérieures. Pour cela, revenons-en à l’étymologie. Vous le savez tous, Finistère, c’est le nom que porte notre département français à la pointe extrême de la Bretagne. Et Finistère prend en fait ses racines dans une métaphore latine toute simple : « finis Terrae », « là où se finit la Terre ».

Notre Dame Des Naufragés à la pointe du Raz en Bretagne

Finisterre possède une symbolique forte, celle d’une époque où les marins rêvaient de voyages aux confins des océans et des mers les plus éloignés, d’une époque où le « connaissable » se limitait à la pointe du Raz, espace propice aux projections les plus romantiques. Inévitablement, l’album de DWEF occupe cet espace avec réussite. Le style pratiqué est épique, pousse l’imagination aux extrêmes, dans une cavalcade métallique où la voix de Nikita Kamprad s’envole vers des sommets arrachés et nostalgiques. La première piste nous lance illico dans le grand bain. « Aufbruch » (le départ) est la piste qu’il fallait pour entamer l’aventure. Quasiment dix minutes de BM épique, de complexités harmoniques et d’instants ralentis propices à l’immersion auditive la plus totale. On ne peut qu’être séduit.

Mads Mikkelsen dans Le Guerrier SilencieuxMads Mikkelsen dans Le Guerrier Silencieux

L’album suit ensuite une logique toute simple : celle de l’aventure où l’on « danse une dernière fois » avant la mort (Ein Letzter Tanz), où l’on doute de l’intérêt du voyage entrepris par la difficulté du trajet (Skepsis Part I et Part II) à la manière du mythique Le Guerrier Silencieux incarné par Mads Mikkelsen dans le film de Winding Refn. C’est en tout cas la première image qui m’est venue à l’écoute de ces pistes, et elles y correspondent très bien tant le travail de Winding Refn est lui aussi marqué par des passages musicaux intenses. Finisterre finit ensuite évidemment en beauté, avec un violon languissant et mélancolique qui rappelle que l'histoire se termine ici. Bien sûr, on pourrait en dire bien plus sur ce sublime opus, mais le format « chronique » m’oblige à m’arrêter, vous forçant ainsi à rêver à votre tour à l'aventure...

Finisterre est en somme un excellent album, un lieu où « l’imagination peut poser son pied pour rêver » (pour paraphraser l’écrivain Barbey d’Aurevilly), une nouvelle pierre à l’édifice construit par DWEF lui permettant ainsi de renouveler un peu son style, tout en le confirmant dans son efficacité et sa justesse technico-épique.


Tracklist de Finisterre :

01. Aufbruch
02. Ein Letzter Tanz
03. Skepsis Part I
04. Skepsis Part II
05. Finisterre

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