Devin Townsend Project

Artiste/Groupe

Devin Townsend Project

Album

Ki

Date de sortie

Mai 2009

Style

Dev Metal

Chroniqueur

Damien

Note Damien

17/20

Site Officiel

C H R O N I Q U E

Il est enfin de retour. Et mazette qu'est ce que ça fait du bien. Devin Townsend, génie intemporel et grand créateur de douce musique, au repos bien mérité suite à l'éreintante tournée de Strapping Young Lad après la sortie du très bon The New Black, Devin était partit se reposer dans son Canada natal, profiter de sa famille en nous laissant en guise d'au revoir le monstrueux Ziltoïd ainsi que le best of posthume du grand Strapping. Déjà deux ans sans nouvelles, on ne se faisait pas trop de soucis, Townsend ne fait rien comme tout le monde et lorsqu'il devra réapparaître il le fera surement de manière originale. Et comme le diable sortant de sa boite voici que deux ans donc après son départ en vacances il annonce sur son forum qu'il reviendra en 2009 avec pas moins de 4 albums. Rien que ça. Le premier est l'apéritif. Ki.

Annoncé comme varié, froid, heavy et bizarroïde par le maître lui même, forcément on ne peut être empli que d'excitation a l'idée d'écouter ce nouvel album estampillé Devin Townsend Project. Entouré de musiciens divers, il dépose donc cet étrange album devant nos yeux. La pochette est très réussie, rappelant la couverture d'un livre avec comme seule illustration les lettres DTP entremêlées comme lors du Devin Townsend Band et de Strapping Young Lad. Traditionnel logo typé du canadien fou donc. Et on lance l'écoute, en sachant que quoi qu'il arrive, on sera forcément surpris et en présence d'une musique sans commune mesure avec le reste.

Et donc A Monday lance la partie. Guitare sobre (Devin l'est a nouveau, lisez l'interview de mon collègue avec le grand magicien d'or réalisée pour la sortie de ce disque), petite mélodie, 1 minute 43 qui déboulent de nulle part et qui nous perdent un peu. Coast débarque et là on sait que rien ne sera plus jamais comme avant. Devin chante, divinement, mieux que jamais, calme, sur une petite mélodie à la guitare qui paraît indécise dans ces émotions, le milieu du morceau lance une sorte de dynamique, le canadien monte sa voix sans pour autant hurler, très classe. Une sorte de seconde intro. Et soudain tout se trouble. La rythmique s'alourdit très légèrement, Disrupt nous embarque dans une nouvelle vision de l'univers Townsend. On s'énerve tout en douceur, le souffle mystique de Ziltoïd pointe le bout de son nez dans une vapeur fantomatique, Devin conte, oh oui, qu'il conte bien ! Une montée en puissance d'école, très sobre, sans trop en faire, quasiment sans saturer quoique ce soit, avec toujours ce surplus mélodique qui semble venir des années 70.
Menaçant, voilà le terme qui décrit le mieux cette suite. Car oui, lorsque débute Gato tout change, seul l'atmosphère reste. Apparition de la chaleureuse Che Dorval, discrète mais puissante, parfaite contre balance des hurlements du Dev. Terminal change encore de direction, plus progressif dans l'idée, parfois pop, très relaxant. Et là tout s'entremêle, les thèmes musicaux s'entremêlent dans une parfaite cohésion, une partie se développe et prend son envol (Heaven Send) lorsque qu'une autre se pose en fragile pose (Lady Helen). Et comme cela jusqu'à la fin. Entrecoupé de deux morceaux exceptionnels. Tout d'abord Winter, développement d'on ne sait quelle partie, et juste l'un des plus beaux morceaux composés par le Dev. Un morceau acoustique, enveloppé d'une tristesse contenue mais palpable, avec ce petit truc qui vous harcèle toute la journée tellement sa beauté ne peut vous sortir de la tête. Ecoutez le donc après une journée difficile ou après avoir appris une mauvaise nouvelle, il prend toute sa dimension (il faudra tester un après midi pluvieux ou un dimanche après midi d'hiver mais ça doit marcher de toute façon). Seconde pépite le morceau qui vient juste après; Trainfire. Délire halluciné qui voit Devin se prendre pour ce que le King Elvis Presley serait en 2009, dans un esprit très années 50-60 mixé à une modernité presque en avance sur son temps. Composition très élaborée et finissant en une sorte de long soupir, voici quelque chose d'osé et d'inattendu qu'on avait plus entendu depuis la folie des Ants et Bad Devil de l'époque Infinity. Et oui.
Les détails. Devin s'est rasé la tête. Comme à la grande époque. Le génie est revenu et s'est en plus doté d'une production très classe, toujours sans excès et dans le ton de l'émotion passée à l'instant T. Certes ce grand monsieur n'est pas encore totalement calmé (Disrupt et Gato, à écouter si vous en voulez la preuve), mais il semble avoir changé. N'utilisant plus 5000 superpositions de couches sonores, il semble être revenu à quelque chose de plus intimiste et au final de plus réfléchi.

Un bon album donc, un excellent apéritif, mais pour ceux qui seraient déçu n'oubliez pas : il y a encore trois chapitres à venir (dont un dédié aux fans de Strapping Young Lad et Ziltoïd, ça promet non ?) et après avoir re-dessiné les bases de son royaume, le canadien semble nous réserver encore beaucoup de surprises et de créations totalement nouvelles dans le monde musical actuel. Devin est grand, Devin est de retour. 2009 sera son année ou ne sera pas. Vous voilà prévenus.