En préambule, je tiens à dire que je te vois venir Kévin et que tu es déjà en train de te dire que Didier Super n’a rien à faire sur un magazine de qualité comme Aux Portes du Metal. Et que la ligne éditoriale est vraiment en train de se casser la gueule !  Alors tout d’abord Kevin, nous sommes d’accord sur le fait que Didier Super n’est pas un Metalleux au sens premier du genre. Pour autant il a, comme Georges Brassens, un côté punk qui moi me plait beaucoup. Mais non, Kévin, tu le fais exprès ou quoi, je ne compare pas Brassens et Super, je parle d’une forme de pensée contestataire.

Et puisqu’il faut tout justifier en ce bas monde de pensée unique, je te renvoie vers son album le bien nommé La Merde Des Autres (ci-dessous un presque teaser), qui là aussi laisse bien transpirer son côté punk. Et pour conclure ce justificatif en trois exemplaires, un album qui se nomme Rire Une Dernière Avant La Fin Du Monde, comment faire plus No Futur que ça ?

Alors pour vous donner le contexte, comme tout le monde, ce bon Didier est coincé chez lui pendant le confinement de mars de cette bien belle année 2020. Il s’ennuie et cherche à s’occuper. Il décide donc de reprendre les bases de sa renommée, une boite à rythme, une guitare, basse et choeur à l'occasion, et des textes acerbes toujours bourrés d’un humour décapant. Rire Une Dernière Avant La Fin Du Monde est « en marche ». Sur les dix-sept titres que composent l’album, on retrouve des nouvelles versions de titres présents sur d’autres albums, quelques titres déjà partagés mais retravaillés, et des titres totalement inédits.

Je vais forcément passer assez vite sur la partie musicale, les titres sont majoritairement des boucles rythmiques qui durent le temps d’un titre souvent court entre une et trois minutes grand maximum. Quelques reprises de titres déjà connus, On va Tous crever 2020 et Rien à Foutre, troisième du nom, et leur gimmick musical déjà bien usité. Il reste donc une pointe de punk chez lui, il suffit de prendre le titre Téléthon pour en être convaincu. Les styles musicaux abordés sont le punk, de la variétoche de supermarché, du roots, mais cet univers musical est globalement sympa et efficace. Tout en sachant que ce n’est au final qu’un soutien mélodique aux paroles.

Et donc les textes, ben ils sont toujours ciselés en quartier de bœuf. Je veux dire par là que de prime abord on peut retenir son aspect bourrin, un brin bas du front, beauf, le tout accentué par un phrasé Ch’ti du plus bel effet.  Mais si l’on prend le temps de tendre l’oreille il y a un fond, une forme de volonté d’alerter sur un certain nombre de sujets. Loin de moi l’idée de vous dire que le bonhomme est philosophe mais il se penche sur des sujets parfois de fonds, parfois de cons, le tout avec une bonne couche de second (et encore) degré. Je le vois comme un fils illégitime de No One Is Innocent, de Les Nuls, le tout saupoudré d’une pointe d’Audiard. Maintenant que l’on adhère ou pas au discours, je ne me lance pas là-dedans, les points de vues il y en a autant que de personnes capable de faire une phrase.

Et puis l’avantage avec Didier Super, c’est qu’il « tape » sur tout le monde, sauf sur les handicapés parce qu’eux n’ont pas choisi d’être cons. Alors, il a bien une petite préférence pour les riches et ses « amis » de LREM, bonnets blancs (…), qui exploitent jusqu’à la moelle aussi bien l’Afrique, éclatent le code du travail, pour continuer à cumuler de manière assez indécente des richesses personnelles. Tout en continuant à faire croire que nous sommes en perpétuelle crise à cause des chômeurs dont le boulot a été transmis à l’autre bout du monde. Les religions, la bêtise humaine, le racisme ordinaire, bref tout y passe et on sourit autant que l’on peut grincer des dents. Et même la mort en prend pour son grade, puisqu’il a écrit une chanson qui « globalement se positionne contre », même si nous avons la parade ultime avec les assurances vie qui permettent aujourd’hui de ne pas être triste puisqu’on « nous rembourse nos morts ».

Alors Didier Super (à ne pas confondre avec notre super Didier) n’a peut-être pas sa place ici. Mais concrètement je m’en balance. Il est un artiste atypique qui propose encore aujourd’hui un album caustique, et si je vous le propose c’est qu’il questionne, interroge, et surtout reste un des innombrables maillons de la liberté d’expression, qui elle, est régulièrement étouffée.

Tracklist de Rire Une Dernière Avant La Fin Du Monde :

01. On va tous crever 2020
02. Vive l'armée de terre
03. Arrête un peu ta parano
04. Les putains de gros riches
05. Rien à foutre (du confinement)
06. Pierre Alexandre
07. La mort
08. Debout chômeur
09. Les couillons
10. C'est vous les meilleurs
11. Manipulez nous mieux
12. Tiens encore une hystérique
13. Toxico
14. Le téléthon
15. Showbiz et politique
16. CRS-je suis un con
17. Fin de la mort